Le syndrome de l'imposteur et la peur de l'échec chez l'écrivain

Sujets inactifs depuis un an ou plus
Avatar du membre
Sytra
Voleuse-magicienne chargée de refermer un portail démoniaque. Enseigne accessoirement les techniques d'écriture sur son temps libre
Messages : 3639
Enregistré le : jeu. déc. 09, 2010 12:29 pm
Rang special : Batracienne occitane
Localisation : Toulouse
Contact :

Le syndrome de l'imposteur et la peur de l'échec chez l'écrivain

Message par Sytra »

Je pense que nous sommes nombreux à connaître, de manière plus ou moins ponctuelle, ces deux états d'esprit. Et à ce que notre écriture en pâtisse, car dans les deux cas le manque de confiance en soi à généralement comme principal impact d'être un énorme frein à la créativité.

Ca fait un moment que ça me trotte dans la tête, mais je me décide à ouvrir ce sujet car je suis tombée sur deux articles qui en parlent (pas forcément sous l'angle spécifique de l'écrivain, mais c'est vraiment totalement applicable) :
- Sur le syndrome de l'imposteur
- Sur la peur de l'échec
Ce qui est intéressant avec ces articles, c'est qu'ils parlent surtout des solutions qui peuvent être mises en place pour lutter contre ces deux états d'esprit néfastes.

En ce qui me concerne, je ne suis pas du tout sujette au syndrome de l'imposteur pour mon boulot professionnel, mais j'y suis énormément sensible pour l'écriture. Il s'est développé après mon arrivée sur Cocyclics, parce que j'ai alors pris conscience de deux choses :
- tout le chemin qu'il me restait à parcourir dans l'apprentissage de l'écriture
- que j'avais la possibilité d'être éditée
Depuis, j'ai quasiment tout le temps l'impression de ne pas faire assez bien. Pour l'écriture de mon roman, ça se concrétise par des blocages que je n'arrive à lever que lorsque j'ai corrigé ce qui est déjà écrit en fonction de ce que j'estime "mal fait" à ce moment-là. Du coup, dans les faits, ça fait cinq ans que Byakko est dans les challenges, et j'ai dû passer plus de temps à corriger/modifier/réécrire qu'à avancer dans le premier jet. (Concrètement, ce à quoi j'ai passé le plus de temps, c'est à ne pas écrire parce que je me sentais bloquée par l'impression de ne pas faire assez bien, parfois pendant des mois... :fatigue: )
Pour l'écriture des nouvelles, ça se concrétise généralement par le fait que je ne vais pas jusqu'au bout. Neuf fois sur dix, je me dis que l'idée que j'ai pour un AT n'est pas assez bonne pour valoir la peine d'être écrite. Dans les cas où j'arrive à écrire une nouvelle, je la trouve généralement très bonne au moment où je la soumets. Et c'est paradoxalement si j'ai un "oui" que ressurgit alors de plein fouet le syndrome de l'imposteur. Invariablement, à ce moment-là je me demande pourquoi l'anthologiste a choisi mon texte, parce qu'en fait je ne le trouve plus si bon/si original/si abouti que ça. Je prends conscience qu'il va être publié au milieu de plein d'autres textes, assurément bien meilleurs me souffle mon syndrome de l'imposteur, et je prends peur (essentiellement de la critique des lecteurs, je pense).
Une solution que j'ai appliqué il y a quelques temps pour retrouver le courage d'écrire, ce fut de lister tous les commentaires positifs reçus sur mes textes (soit en bêta sur la mare, soit pour les quelques chroniques que j'ai pu avoir sur des nouvelles publiées). Ca fait parti des conseils donnés dans l'article, et personnellement j'ai trouvé ça plutôt efficace. Le seul inconvénient de la méthode, c'est qu'il faut avoir reçu des commentaires pour pouvoir s'en faire une liste.

Pour la peur de l'échec, je pense qu'on peut la subir à l'état brut, ou de manière plus insidieuse (par ex., ça peut être un des éléments qui alimente le syndrome de l'imposteur : inconsciemment on a peur d'échouer, donc on ne se sent pas assez doué pour ce qu'on fait). Dans le monde de l'édition, je pense qu'il est très difficile d'y échapper, parce qu'on est tout le temps confronté à des jugements sur notre travail : d'abord lors de la phase de soumission où la plupart d'entre nous recevrons bien plus de refus que d'acceptations ; mais aussi une fois publié, lorsque les chroniques de lecteurs commencent à tomber (et on sait très bien qu'un texte ne peut jamais plaire à tout le monde, donc on recevra forcément des chroniques moins enthousiastes voir négatives).
Je trouve intéressant les conseils qui sont donnés pour s'en débarrasser et se donner une dynamique ascendante. Notamment celui de viser 100 refus dans l'année. Ce n'est pas du masochisme, car concrètement ça oblige à produire (on ne peut pas atteindre un tel score avec un seul texte ^^) et à aller de l'avant. Et en allant de l'avant, on progresse forcément.
Je trouve intéressant aussi de voir les refus sous un angle positif en se disant que si l'on n'en reçoit quasiment plus, c'est qu'on stagne dans sa zone de confort. Progresser implique de prendre des risques, et s'il y a risque ça veut dire qu'il ne peut pas y avoir à chaque coup réussite (sinon, il n'y a pas de risque :P ).

Que pensez-vous de tout ça ? Etes-vous vous-même sujet à l'un et/ou l'autre de ces états d'esprit ? Comme les combattez-vous ? :please:
La lettre de l'arpenteuse : Chaque semaine, j'y parle de webtoons, de procrastination et d'écriture bien sûr !
Ecrire & Inspirer : Formations et accompagnements individuels :sg:

Avatar du membre
Kinvara
Muse canine et taquine
Messages : 1427
Enregistré le : mar. sept. 23, 2014 12:11 pm
Rang special : Padawan

Re: Le syndrome de l'imposteur et la peur de l'échec chez l'écrivain

Message par Kinvara »

Spoiler: montrer
Modifié en dernier par Kinvara le ven. oct. 20, 2017 7:35 am, modifié 1 fois.

Avatar du membre
sherkkhann
C'est moi que tu regardes ?
Messages : 3633
Enregistré le : mer. janv. 20, 2010 4:33 pm
Rang special : hu

Re: Le syndrome de l'imposteur et la peur de l'échec chez l'écrivain

Message par sherkkhann »

Que pensez-vous de tout ça ? Etes-vous vous-même sujet à l'un et/ou l'autre de ces états d'esprit ? Comme les combattez-vous ? :please:
Je ne suis pas du tout sujette à ces deux états d'esprit (je ne savais même pas qu'il existait un syndrome de l'imposteur). Je pense que c'est dû au fait que je prend l'écriture comme un jeu uniquement. Je n'écris pas du tout pour publier, mais parce que ça m'amuse, qu'en rentrant du boulot le soir, ça me détend de plonger dans mes univers. Je suis aussi perfectionniste donc je re-travaille inlassablement les mêmes ouvrages jusqu'à ce qu'ils collent à 100% à ce que j'ai dans la tête pour eux.
Je trouve intéressant aussi de voir les refus sous un angle positif en se disant que si l'on n'en reçoit quasiment plus, c'est qu'on stagne dans sa zone de confort. Progresser implique de prendre des risques, et s'il y a risque ça veut dire qu'il ne peut pas y avoir à chaque coup réussite (sinon, il n'y a pas de risque :P ).
C'est peut être pour ça aussi que je ne suis pas sujette aux deux syndromes. Je pars du principe où y'a du positif dans absolument tout ce qui nous arrive (bon faut pas abuser, quand c'est des expériences vraiment grave, des fois, y'a pas de positifs) que rien n'est dû au hasard. Très récemment, un des mes romans a été refusé en cycle par exemple, et ça ne m'a pas blessé/bloqué ou quoi que ce soit d'autre. J'ai été déçue, forcément, parce que j'avais envie de bosser, mais je me suis aussi aperçu que le refus avait été une très bonne chose parce que sans ça, je n'aurais jamais pris conscience que mon roman pouvait être perçu d'une manière sérieuse/que je ne prenais pas les syno sous le bon angle, que les notes d'intentions sont vitales, etc, etc. Pour moi, chaque expérience de vie est riche d'enseignement.
En ce qui me concerne, je ne suis pas du tout sujette au syndrome de l'imposteur pour mon boulot professionnel, mais j'y suis énormément sensible pour l'écriture. Il s'est développé après mon arrivée sur Cocyclics, parce que j'ai alors pris conscience de deux choses :
- tout le chemin qu'il me restait à parcourir dans l'apprentissage de l'écriture
- que j'avais la possibilité d'être éditée
Depuis, j'ai quasiment tout le temps l'impression de ne pas faire assez bien. Pour l'écriture de mon roman, ça se concrétise par des blocages que je n'arrive à lever que lorsque j'ai corrigé ce qui est déjà écrit en fonction de ce que j'estime "mal fait" à ce moment-là.
:love: je comprends tes blocages. Tu as l'impression de ne pas faire assez bien pour qui ? Pour toi ou pour les autres ? Est-ce que tu as tendance à comparer ton travail à celui des autres ?
Je ne sais pas si ça va pouvoir t'aider, mais je fonctionne comme ceci :
* Je suis toujours satisfaite de ce que je fais (pourtant, je ne suis pas quelqu'un qui déborde de confiance en soi => je suis hyper réservé/timide), même si je sais qu'il reste beaucoup de boulot (sinon, je ne pourrais plus écrire parce que l'écriture doit rester un plaisir, alors si la quantité de travail à faire me déprime...)
* Ce qui m'amuse dans l'écriture, c'est justement d'améliorer sans cesse mes écrits. A chaque fois que je découvre une nouvelle technique d'écriture ou qu'on me donne un conseil avisé, j'en met à toutes les sauces, comme un nouveau pouvoir :D

Avatar du membre
Crazy
Impératrice incontestée du Pareil © Crazy
Messages : 5826
Enregistré le : mer. juin 05, 2013 9:30 pm
Rang special : Chieuse pas tentée
Localisation : IdF
Contact :

Re: Le syndrome de l'imposteur et la peur de l'échec chez l'écrivain

Message par Crazy »

Me semblait qu'il y avait déjà un sujet sur le sujet (mais pe pas indexé :oops: )

Sinon, l'avis de Gaiman sur la question : http://neil-gaiman.tumblr.com/post/1606 ... h-impostor ;)

Avatar du membre
Kahena Dakini
Messages : 232
Enregistré le : mar. sept. 19, 2017 9:53 am
Rang special : Eleveuse de lutins

Re: Le syndrome de l'imposteur et la peur de l'échec chez l'écrivain

Message par Kahena Dakini »

Ah mais totalement... Et comme toi, presque pas dans mon domaine pro (qui est un peu particulier vu que je suis en reprise d'études depuis 5 ans et que ç fait 5 ans que je répète, ils vont se rendre compte que je les vaux pas leurs notes !) Mais avant, je n'y étais pas du tout sujette. Mais l'écriture a toujours été mon point faible. On voit tellement de talents uniques et depuis que je suis ici, mon ego en a repris un violent coup et comme toi tout vient en même temps.

Bref, merci pour ce partage !
"Les choses qui vont sans dire vont toujours mieux en les disant " (le plus grand sage)
Petite tétarde deviendra grande !

Avatar du membre
Sytra
Voleuse-magicienne chargée de refermer un portail démoniaque. Enseigne accessoirement les techniques d'écriture sur son temps libre
Messages : 3639
Enregistré le : jeu. déc. 09, 2010 12:29 pm
Rang special : Batracienne occitane
Localisation : Toulouse
Contact :

Re: Le syndrome de l'imposteur et la peur de l'échec chez l'écrivain

Message par Sytra »

Il y a effectivement des sujets qui se rapprochent beaucoup de ces questions (et où il est possible que le syndrome de l'imposteur ait été évoqué, car j'ai effectivement déjà vu passer cette notion sur le forum, même si je ne me rappelle plus où). Mais, au-delà de la discussion générale autour de la confiance en soi, je voulais vraiment aborder le sujet spécifique du syndrome de l'imposteur (j'y ai ajouté la peur de l'échec parce que les deux articles dont j'ai mis le lien étaient liés).

Ca a été une sorte de révélation pour moi de comprendre que je souffrais du syndrome de l'imposteur. Parce que juste se dire "je manque de confiance en moi", c'était trop vague pour moi. Autrefois je n'en manquais pas. Et depuis, j'avais certes reçu des refus, mais j'avais aussi réussi à publier des textes. Ce qui aurait dû valider ma confiance en mon écriture, alors que c'était le phénomène contraire qui se produisait. Le syndrome de l'imposteur, c'est plus que de manquer de confiance en ce qu'on fait. C'est avoir l'impression que même ce qu'on a réussi n'est qu'une illusion, un malentendu. Et qu'il y a un moment où forcément quelqu'un va s'en rendre compte et dénoncer la supercherie. Et donc on vit dans l'angoisse de ce moment. :ronge: Je crois que c'est aussi à cause de ce syndrome que les avis positifs des personnes que je connais bien (même si elles sont BL sur cocy) n'ont plus d'impact pour moi. Parce que je ne peux m'empêcher de penser qu'elles me ménagent et ne sont plus objectives dans leurs retours sur mes textes. Seuls les avis positifs "d'inconnus" arrivent à avoir un impact moteur sur mon écriture.
La lettre de l'arpenteuse : Chaque semaine, j'y parle de webtoons, de procrastination et d'écriture bien sûr !
Ecrire & Inspirer : Formations et accompagnements individuels :sg:

Avatar du membre
Agathe Flore
L'alchimiste qui transforme les pierres en fleurs
Messages : 1777
Enregistré le : mer. juin 08, 2016 3:19 pm
Rang special : Elfe sylvestre qui court avec les loups
Localisation : Au fin fond de la forêt ardennaise...

Re: Le syndrome de l'imposteur et la peur de l'échec chez l'écrivain

Message par Agathe Flore »

Sytra a écrit :
jeu. oct. 19, 2017 1:48 pm
En ce qui me concerne, je ne suis pas du tout sujette au syndrome de l'imposteur pour mon boulot professionnel, mais j'y suis énormément sensible pour l'écriture. Il s'est développé après mon arrivée sur Cocyclics, parce que j'ai alors pris conscience de deux choses :
- tout le chemin qu'il me restait à parcourir dans l'apprentissage de l'écriture
- que j'avais la possibilité d'être éditée
Depuis, j'ai quasiment tout le temps l'impression de ne pas faire assez bien.


Que pensez-vous de tout ça ? Etes-vous vous-même sujet à l'un et/ou l'autre de ces états d'esprit ? Comme les combattez-vous ? :please:
C'est le contraire pour moi : je suis plus sujette au syndrome de l'imposteur dans ma vie professionnelle et peu pour l'écriture. Mon arrivée sur Cocyclics m'a enthousiasmée : wouah, maintenant j'appartiens à une vraie communauté d'écrivains (donc j'en suis une aussi), je vais pouvoir m'améliorer jusqu'à une qualité suffisante pour être éditée ! Le chemin à parcourir est long entre la grenouille vert clair qui débarque et la grenouille vert sapin qui écrit des textes parfaits après ses cycles, mais cela ne me décourage pas car l'écriture est une passion, que je suis heureuse de perfectionner jusqu'à mon meilleur niveau possible.

Je pense que le syndrome de l'imposteur est fortement lié aux retours, aux refus. Le conseil de viser 100 refus par an me laisse sceptique, dans mon cas ce serait plus destructeur qu'autre chose, si je compare avec l'effet d'une recherche d'emploi plus intensive sur mon moral. Au début, je postulais seulement là où mon profil correspondait en grande partie aux exigences et dans mes secteurs de prédilection, avec beaucoup de candidatures spontanées, avec des retours assez positifs et un moral bien meilleur qu'aujourd'hui. Ensuite, l'exigence d'un certain nombre de candidatures par semaine et par mois pour conserver le droit au chômage m'a obligée à postuler dans d'autres secteurs, et dans des emplois où je n'ai que la moitié des compétences exigées. Avec des refus secs et un gros sentiment d'imposture, l'impression d'être "finie" ...
Pour l'écriture, j'ai eu la chance de trouver mon éditeur très vite et de ne recevoir aucun refus pour mon roman ! Si j'avais dû attendre très longtemps et essuyer beaucoup de réponses négatives, j'aurais sûrement déprimé de la même manière que dans la recherche d'emploi. Pour les nouvelles, les refus ne m'atteignent pas car il y a peu d'enjeu, juste le plaisir d'écrire sur un thème inspirant.
Malgré tout, la longueur du processus éditorial me donne parfois des petites angoisses liées au syndrome de l'imposteur, le début des corrections éditoriales aussi cet été. Pour couper court à ces pensées négatives, je dois me répéter que si mon éditeur a sélectionné mon manuscrit, c'est qu'il est bon. J'ai mis tous ses mails dans un dossier spécial et je vais parfois relire les enthousiastes du début, dans les moments creux :rougit:
Les premiers jours, je peinais à y croire et j'allais vérifier le matin que mon contrat était toujours bien à sa place ! :rougit:
Certaines réactions sceptiques au report de publication de novembre 2017 à février/mars 2018 me glacent, comme si les gens ne me croyaient pas capable de réussir dans UN domaine !
Les commentaires positifs dans la mare, sur les challenges, les papyrus et le syno, sont excellents pour le moral aussi.

À mon avis, le syndrome de l'imposteur vient d'abord de l'éducation qu'on a reçue : des parents et profs hyper exigeants, jamais contents, ou qui dénigrent sans cesse. Ensuite, dès qu'un pan de notre vie ne va pas bien, le syndrome de l'imposteur contamine tous les autres domaines. Les thérapeutes n'arrêtent pas de dire qu'on doit trouver la confiance en soi et pas dans les retours des autres, mais ce n'est quand même pas facile !
Modifié en dernier par Agathe Flore le jeu. oct. 19, 2017 4:38 pm, modifié 1 fois.
Mu: L'ombre d'Atlantis T1 et Mu : La foudre de Quetzalcoatl T2 aux Éditions Underground
La cité des alchimistes et L'aigle et le lys en soumission :croise:

Avatar du membre
Umanimo
La preuve par neuf que le rock et le folk sont nés en Mongolie
Messages : 2670
Enregistré le : dim. avr. 19, 2015 3:14 pm
Rang special : Whovianne
Localisation : Dans le temps et l'espace
Contact :

Re: Le syndrome de l'imposteur et la peur de l'échec chez l'écrivain

Message par Umanimo »

Kahena Dakini a écrit :
jeu. oct. 19, 2017 4:26 pm
depuis que je suis ici, mon ego en a repris un violent coup

Pareil. Quand je vois les talents qui se déploient ici, je me sens toute petite, petite. Et le syndrome de l'imposteur ricane méchamment dans son coin.
Pour ce qui est de la peur de l'échec, dans ce domaine-là, j'y suis moins sujette, parce que je n'attends rien de mon écriture. Je veux dire par là que mon ambition n'est pas réellement de me faire éditer, même si je vais le tenter quand même, comme une part de l'aventure.
Je balise beaucoup plus quand je fais lire à des amis, parce que j'aime ce que j'écris et je serais désolée qu'on n'aime pas ou plutôt qu'on trouve ça mal écrit (on peut ne pas aimer, tous les textes ne peuvent pas plaire à tous les publics).

Avatar du membre
Sytra
Voleuse-magicienne chargée de refermer un portail démoniaque. Enseigne accessoirement les techniques d'écriture sur son temps libre
Messages : 3639
Enregistré le : jeu. déc. 09, 2010 12:29 pm
Rang special : Batracienne occitane
Localisation : Toulouse
Contact :

Re: Le syndrome de l'imposteur et la peur de l'échec chez l'écrivain

Message par Sytra »

Agathe Flore a écrit :
jeu. oct. 19, 2017 4:30 pm
À mon avis, le syndrome de l'imposteur vient d'abord de l'éducation qu'on a reçue : des parents et profs hyper exigeants, jamais contents, ou qui dénigrent sans cesse. Ensuite, dès qu'un pan de notre vie ne va pas bien, le syndrome de l'imposteur contamine tous les autres domaines.
Permet-moi de ne pas être tout à fait d'accord avec ça. L'éducation joue sans doute un rôle (en ce qui me concerne, ce fut un rôle très positif quant à ma confiance en moi pour le boulot, j'en suis consciente). Mais le syndrome de l'imposteur ne nait pas forcément d'une hyper exigence et/ou de dénigrements incessants de la part de personnes extérieures. L'exigence peut venir de soi-même, parce que c'est un domaine qui nous tient à cœur et qu'on veut y être bon (et qu'on a l'impression de ne pas l'être assez).
J'apprends la harpe depuis quelques années pour le plaisir, et je n'y ressens pas ce syndrome. Mais je me suis rendue compte que si je devais donner des concerts, je le ressentirais probablement, car je passerai mon temps à me comparer à des harpistes professionnels (et à me rendre compte du gouffre qui me séparent d'eux).
C'est ce qui m'arrive en écriture : tant que je n'envisageais pas la possibilité de publier mes textes, ce n'était qu'un loisir pour lequel j'avais un niveau que j'estimais tout à fait suffisant. Mais depuis que j'ai cette petite espérance de la publication en toile de fond, je m'évalue à l'aune des auteurs publiés et de ce que j'estime être le niveau que doit avoir un texte pour être publié. Et j'ai l'impression d'en être encore bien trop loin pour avoir le droit qu'on trouve mes textes biens. Comme si à la harpe on m'applaudissait à niveau égal avec un harpiste de l'orchestre du Capitole. :?

edit : bref, tout ça ne dit pas forcément comme combattre ce syndrome... :lect:
Modifié en dernier par Sytra le jeu. oct. 19, 2017 4:46 pm, modifié 1 fois.
La lettre de l'arpenteuse : Chaque semaine, j'y parle de webtoons, de procrastination et d'écriture bien sûr !
Ecrire & Inspirer : Formations et accompagnements individuels :sg:

Avatar du membre
Kahena Dakini
Messages : 232
Enregistré le : mar. sept. 19, 2017 9:53 am
Rang special : Eleveuse de lutins

Re: Le syndrome de l'imposteur et la peur de l'échec chez l'écrivain

Message par Kahena Dakini »

Agathe Flore a écrit :
jeu. oct. 19, 2017 4:30 pm
Mon arrivée sur Cocyclics m'a enthousiasmée : wouah, maintenant j'appartiens à une vraie communauté d'écrivains (donc j'en suis une aussi), je vais pouvoir m'améliorer jusqu'à une qualité suffisante pour être éditée ! Le chemin à parcourir est long entre la grenouille vert clair qui débarque et la grenouille vert sapin qui écrit des textes parfaits après ses cycles, mais cela ne me décourage pas car l'écriture est une passion, que je suis heureuse de perfectionner jusqu'à mon meilleur niveau possible.
Mais alors tout à fait.

Pour l'écriture, j'ai eu la chance de trouver mon éditeur très vite et de ne recevoir aucun refus pour mon roman ! Si j'avais dû attendre très longtemps et essuyer beaucoup de réponses négatives, j'aurais sûrement déprimé de la même manière que dans la recherche d'emploi. Pour les nouvelles, les refus ne m'atteignent pas car il y a peu d'enjeu, juste le plaisir d'écrire sur un thème inspirant.
Malgré tout, la longueur du processus éditorial me donne parfois des petites angoisses liées au syndrome de l'imposteur, le début des corrections éditoriales aussi cet été. Pour couper court à ces pensées négatives, je dois me répéter que si mon éditeur a sélectionné mon manuscrit, c'est qu'il est bon. J'ai mis tous ses mails dans un dossier spécial et je vais parfois relire les enthousiastes du début, dans les moments creux :rougit:
Les premiers jours, je peinais à y croire et j'allais vérifier le matin que mon contrat était toujours bien à sa place ! :rougit:
Certaines réactions sceptiques au report de publication de novembre 2017 à février/mars 2018 me glacent, comme si les gens ne me croyaient pas capable de réussir dans UN domaine !
Les commentaires positifs dans la mare, sur les challenges, les papyrus et le syno, sont excellents pour le moral aussi.
Je suis toujours admirative de ton parcours (et un peu beaucoup) envieuse aussi :D :rougit:
À mon avis, le syndrome de l'imposteur vient d'abord de l'éducation qu'on a reçue : des parents et profs hyper exigeants, jamais contents, ou qui dénigrent sans cesse. Ensuite, dès qu'un pan de notre vie ne va pas bien, le syndrome de l'imposteur contamine tous les autres domaines. Les thérapeutes n'arrêtent pas de dire qu'on doit trouver la confiance en soi et pas dans les retours des autres, mais ce n'est quand même pas facile !
Tout à fait... et plus la sensibilité existe, plus c'est destructeur. Et qu'on me point du doigt un auteur insensible pour rire.
"Les choses qui vont sans dire vont toujours mieux en les disant " (le plus grand sage)
Petite tétarde deviendra grande !

Avatar du membre
Sandrinoula
Prescriptrice en bonnes lectures
Messages : 1445
Enregistré le : mar. mars 03, 2009 5:08 pm
Rang special : Grenouille volante narquoise
Contact :

Re: Le syndrome de l'imposteur et la peur de l'échec chez l'écrivain

Message par Sandrinoula »

Sytra a écrit :
jeu. oct. 19, 2017 4:45 pm
edit : bref, tout ça ne dit pas forcément comme combattre ce syndrome... :lect:
Ce syndrome de l'imposteur est ce qui m'a fait quitter la branche professionnelle où j'évoluais avant et où, plus je gagnais ma vie, plus j'avais l'impression de ne pas être à ma place parce que je n'avais pas la formation technique qui allait avec. Dans ma vie professionnelle, après la période enthousiaste de "découverte", ce sentiment d'imposture ou de manque de légitimité me rattrape toujours à un moment ou à un autre. Donc Sytra, je n'ai aucune idée de la façon de le combattre, si ce n'est acquérir davantage de connaissances et d'expérience dans le domaine - ou faire semblant !
Pour l'écriture, c'est différent: j'écris pour partager des histoires, des sensations, des expériences. Ce qui va me bloquer est plutôt la peur que cela n'intéresse personne que moi... Ah mais ça rejoint un peu, non ? :argh:
Fondatrice de Gephyre éditions
:stylo: Désormais un seul blog
:yata: Anacalypse Grèce contemporaine, séismes et résilience... chez les Amazones

Avatar du membre
Umanimo
La preuve par neuf que le rock et le folk sont nés en Mongolie
Messages : 2670
Enregistré le : dim. avr. 19, 2015 3:14 pm
Rang special : Whovianne
Localisation : Dans le temps et l'espace
Contact :

Re: Le syndrome de l'imposteur et la peur de l'échec chez l'écrivain

Message par Umanimo »

Sandrinoula a écrit :
jeu. oct. 19, 2017 5:20 pm
Ce qui va me bloquer est plutôt la peur que cela n'intéresse personne que moi... Ah mais ça rejoint un peu, non ? :argh:
Moi aussi. Et le fait d'avoir peu de monde qui suive mes challenges n'arrange pas ce côté-là. Je pense que ça procède du même esprit que le syndrome de l'imposteur tout en étant un peu différent. Parce que l'imposteur, c'est plus "on croit que ce que je fais est bien, mais en fait c'est nul et les gens vont finir par s'en apercevoir". Ce qui fait qu'en effet, ça peut s'accentuer avec le succès.

Avatar du membre
Kahena Dakini
Messages : 232
Enregistré le : mar. sept. 19, 2017 9:53 am
Rang special : Eleveuse de lutins

Re: Le syndrome de l'imposteur et la peur de l'échec chez l'écrivain

Message par Kahena Dakini »

Umanimo a écrit :
jeu. oct. 19, 2017 5:38 pm
Sandrinoula a écrit :
jeu. oct. 19, 2017 5:20 pm
Ce qui va me bloquer est plutôt la peur que cela n'intéresse personne que moi... Ah mais ça rejoint un peu, non ? :argh:
Moi aussi. Et le fait d'avoir peu de monde qui suive mes challenges n'arrange pas ce côté-là. Je pense que ça procède du même esprit que le syndrome de l'imposteur tout en étant un peu différent. Parce que l'imposteur, c'est plus "on croit que ce que je fais est bien, mais en fait c'est nul et les gens vont finir par s'en apercevoir". Ce qui fait qu'en effet, ça peut s'accentuer avec le succès.
Bah on est tous pareil de ce côté là :D Moi je sous marine souvent chez toi, je réagis pas tout le temps parce que des fois je vais pas pouvoir lire et la fois suivante lire 3 extraits d'un coup. Ton monde est super, ton imagination complètement barrée (et ça j'adore) et p..... tu dessines en plus :D
"Les choses qui vont sans dire vont toujours mieux en les disant " (le plus grand sage)
Petite tétarde deviendra grande !

Avatar du membre
FGFT
Tolkienologue de haut vol
Messages : 485
Enregistré le : ven. sept. 11, 2015 11:53 am
Rang special : Rouge et Noir
Localisation : En bas, à gauche.

Re: Le syndrome de l'imposteur et la peur de l'échec chez l'écrivain

Message par FGFT »

En ce qui me concerne, je souffre beaucoup plus du syndrome de l'imposteur dans ma vie professionnelle que du côté de l'écriture, mais je crois en connaître la raison.
Mon chef et patron, un type important, était très très dithyrambique sur mon travail, aussi bien avec moi qu'avec des tiers, alors que je n'estimais pas être aussi bon qu'il le disait, notamment parce que je le faisais avec beaucoup de facilité.

Du côté de l'écriture, en revanche, c'est différent. Je n'estime toujours pas que mon travail soit bon (je pense même qu'il est moins bon que mon travail professionnel), même s'il me demande beaucoup d'efforts, mais comme il n'est pas encensé, faute d'être lu, je le vis bien ^^
Challenge :
- Les Messagères [Public très averti] (Dark fantasy politique)


Nouvelle en BL :
- Dix ans pour Mathilde (OLT) -- (BL ON en bêta-off)

Avatar du membre
Morgane
Cupidon délatrice de sorcières
Messages : 346
Enregistré le : mar. juin 30, 2015 8:35 pm
Rang special : Spécial

Re: Le syndrome de l'imposteur et la peur de l'échec chez l'écrivain

Message par Morgane »

Crazy a écrit :
jeu. oct. 19, 2017 4:05 pm
Me semblait qu'il y avait déjà un sujet sur le sujet (mais pe pas indexé :oops: )

Sinon, l'avis de Gaiman sur la question : http://neil-gaiman.tumblr.com/post/1606 ... h-impostor ;)
J'avoue que c'est rassurant que même Gaiman s'y retrouve.

Pour ma part, professionnellement je n'ai jamais eu le problème. Par contre dans l'écriture...

Le pire n'est pas tant pour écrire, je suis dans l'action et fais au mieux. Non, c'est quand je dois me vendre, en salon par exemple, que là c'est le plus délicat. J'ai l'impression d'être un voleur, qui insiste pour vendre une babiole cassée à un client un peu trop confiant. Vraiment, c'est dans ces moments que le syndrome de l'imposteur me touche le plus. Et après, il suffit d'un avis négatif pour le conforter.

J'ai bien conscience que ce que je fais n'est pas si mal que ça, mais malgré tout, et même quand je suis à peu près satisfait, il y a cette petite voix, cette parodie de muse qui me murmure que je devrais abandonner, que c'est gênant de voir des textes aussi mauvais en bouquin.

Je ne la fais jamais vraiment taire, mais je continue malgré tout d'écrire et j'avance dans mes projets. L'action est le meilleur remède, je trouve. Et je compte aussi sur les soutiens honnêtes de proches ou d'inconnus, qui aiment ce que je fais. Ils ont mauvais goût, comme me le dit ma muse noire, mais tant pis.

Répondre