Comment bien dégrossir un texte ?

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NB

Re: Comment bien dégrossir un texte ?

Message par NB »

Xanadu : je pense qu'il ne faut pas chercher un % au départ : on coupe, on réduit, selon ce qui fait du bien au texte pour le rendre meilleur, plus resséré, plus fort. Ensuite on regarde combien ça fait en moins...

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Xanadu
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Re: Comment bien dégrossir un texte ?

Message par Xanadu »

Oui, c'est sûr qu'il ne faut pas considérer un texte en pourcentages... Mon post est un peu angoissé, mais je comprends qu'il faut faire la part des choses. C'est intéressant de voir que certains abordent le texte en fonction, dès le début (Boite en Carton) et que d'autres préfèrent laisser libre court à leurs désirs sans craindre ensuite de devoir couper (Benedicte). Du moins en grossissant le trait, hein, je ne dis pas que Benedicte ne prévoit rien ou que Boite en Carton ne se permet rien, mais j'ai l'impression qu'il y a deux "écoles" en la matière. Après, le texte semble décider de lui-même s'il est dodu ou non... Il se peut que même en ayant tout bien prévu on se retrouve à devoir couper alors qu'à l'inverse certains ajouts se révèlent utiles, ainsi que l'explique Benedicte. Vos avis me permettent de prendre conscience d'un problème personnel : j'aime partir en vrille et en même temps savoir ou je vais. Résultat je psychote et je deviens schizophrène à me demander si chaque chose est utile. Croyez-le ou non, ça s'applique aussi au scénario, du coup je vais aller réfléchir là-dessus.
Merci ! :viva:
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Boite en carton

Re: Comment bien dégrossir un texte ?

Message par Boite en carton »

Au fait, si je travaille avec le format "scène" c'est aussi en grande partie parce que j'utilise lors de la rédaction le logiciel yWriter. Le découpage en chapitres, les fonctionnalités des scènes, plus le syno comme fil conducteur m'ont tout naturellement orienté dans ce sens.

Amibe_R Nard

Re: Comment bien dégrossir un texte ?

Message par Amibe_R Nard »

Xanadu a écrit :Oui, c'est sûr qu'il ne faut pas considérer un texte en pourcentages... Mon post est un peu angoissé, mais je comprends qu'il faut faire la part des choses. C'est intéressant de voir que certains abordent le texte en fonction, dès le début (Boite en Carton) et que d'autres préfèrent laisser libre court à leurs désirs sans craindre ensuite de devoir couper (Benedicte). Du moins en grossissant le trait, hein, je ne dis pas que Benedicte ne prévoit rien ou que Boite en Carton ne se permet rien, mais j'ai l'impression qu'il y a deux "écoles" en la matière. Après, le texte semble décider de lui-même s'il est dodu ou non... Il se peut que même en ayant tout bien prévu on se retrouve à devoir couper alors qu'à l'inverse certains ajouts se révèlent utiles, ainsi que l'explique Benedicte. Vos avis me permettent de prendre conscience d'un problème personnel : j'aime partir en vrille et en même temps savoir ou je vais. Résultat je psychote et je deviens schizophrène à me demander si chaque chose est utile. Croyez-le ou non, ça s'applique aussi au scénario, du coup je vais aller réfléchir là-dessus.
Merci ! :viva:

Effectif ! C'est inquiétant au début. :-)

On se dit, quoi, éliminer 30 % de mon texte ?... je ne vais jamais y arriver.

Mais si, on y arrive (surtout quand il s'agit d'entrer dans le moule d'une AT)
Ça oblige à choisir, donc à savoir ce qui est important ou pas dans un texte.

Une très bonne école.
Idem pour les phrases, où on cherche plus souvent à dire mieux en moins de mots.


Pour les écoles, tu en as effectivement trois.

- La première, où l'écrivain part d'un synopsis (storyboard), avant de tourner son film.
- La deuxième où l'écrivain tourne son film sans s'arrêter. (même s'il sait où il va, et ça il vaut mieux le savoir dès le début, ou le découvrir vite !)

- Et la troisième un mixte des deux. :-)

La première paraît toujours difficile à entreprendre.
Sauf qu'un architecte, un ingénieur, travaillent d'après un plan, et même le peintre ou le dessinateur tracent des esquisses au crayon avant de finaliser leur oeuvre... ou de la donner à un autre pour qu'il l'achève, à sa façon.

Avantage non négligeable que le plan.
[Ou aussi l'idée de donner à un autre pour qu'il l'achève... On va donner l'histoire au lecteur pour qu'il l'achève, ce qui suppose de lui laisser une certaine liberté ;-)]

Sauf que, certains ont besoin de tracer de nombreuses esquisses avant de choisir.
Victor Hugo a commis plus d'une peinture rien qu'avec une bulle d'encre, avant de souffler dessus (oui, Victor Hugo dessinateur, on l'ignore souvent :-) ), il a aussi utilisé son propre sang, la chair de sa chair. Ce qui n'est guère éloigner de l'écriture... :-)

http://www.repro-tableaux.com/a/hugo-victor.html


Bref, il en faut pour tous les goûts.
Et si certaines fois, on peut se sentir sécurisé par un plan/synopsis, il ne faut jamais hésiter à laisser son esprit vagabonder et se libérer.
Car, si tu laisses le juge l'emporter (et juger de l'utile ou du non utile), la monture de ton imagination va se retrouver bridée et elle ne voudra plus avancer. (faut pas vexer la mule de l'imagination ! :o) )

Seulement, que se passe-t-il lorsque tu arrives au bout du premier jet en ayant navigué à l'estime ? (toujours avec un but à atteindre, sinon... mama ! :-))

Il se passe que tu dois retravailler, polir, lisser le texte.
Tu dois donc dégager un plan, un synopsis, afin de râper, scier au bon endroit.
Sinon, tu bosses à l'estime une nouvelle fois, au pif !
Avec beaucoup d'intuition, ça marche... de temps en temps.

Au final, on peut penser qu'il existe deux, trois écoles, au début d'un texte... sauf qu'il n'en existe plus qu'une à la fin du premier jet.
Soit : lorsqu'on passe à la phase construction réelle du bâtiment, du dessin, ou du livre.

C'est là où on comprend pourquoi 30 %, ce n'est peut-être pas si gênant au bout du compte.


Et, si on se rappelle qu'il faudrait écrire une préquelle, ce qui s'est passé avant le début (pour avoir des personnages et un monde en 3D, bien développés, avec des interactions riches entre eux), on comprend vite que le premier jet peut-être réduit d'un bon tiers... parce que c'est le premier jet !

Pas la construction réelle.

Alors 30 %, ce n'est peut-être rien face à la réalité.


Après ça, même avec un plan parfait, on peut avoir des problèmes de perspectives.
Et là, je renvoie au Parthénon grec, dont les colonnes paraissent mal conçues, trop concaves... sauf qu'à la bonne distance (celle de la ville, Athènes), elles sont parfaitement droites.
Ça, on ne le découvre pas par magie. On construit, et on se rend compte du problème... et on revient pour le corriger... le plan !


Un dernier truc.

Les 30 %, c'est pour couper au plus sacrant (comme le disent les canadiens), pour éviter d'être mou, et de se laisser aller. Donc de privilégier certains côtés, au détriment d'autres. Ce qui veut dire les renforcer, savoir avec exactitude ce que l'on dit dans le texte.

Et c'est comme à l'école, on vise 20, ou 19, pour avoir 10. :-))

Si en visant 25 ou 30 %, tu arrives à 10, c'est déjà bien.
Mais si tu vises 10, tu arriveras à 5.

Et tu devras recommencer, sauf que passe après passe, c'est de plus en plus difficile.

Voilà pour l'explication sur le 30 %.
Avec une dérive sur les écoles plan ou pas plan.

Pour le premier jet, il faut juste être confortable, avec l'envie de poursuivre.
La vraie construction, elle commence après.

Avec, parfois le plaisir de se dire : ah ah, quel personnage je vais flinguer, tremblez carcasses. (Non, là, je rigole, je n'ai pas encore utilisé cette astuce. Parce que j'aime bien retravailler les mots, et même les textes... des autres ! pour mieux rebondir sur les miens. :-) Mais bon, elle va me trotter dans l'esprit cette idée ! :yata: )

Bien Amicalement
L'Amibe_R Nard

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Benedict
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Re: Comment bien dégrossir un texte ?

Message par Benedict »

Tu as raison sur la nécessité du plan, Bernard, même si ce plan, on l'écrit parfois après avoir écrit le texte, mais il est effectivement nécessaire pour épurer le texte correctement, savoir où on va, ne pas se prendre les pieds dans le tapis. :)

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Michael
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Re: Comment bien dégrossir un texte ?

Message par Michael »

Salut à tous,
Bon fil !
Mon témoignage sur un texte de 2.000.000 caractères (voir mon papyrus si ça vous tente).
J’ai voulu en enlever un cinquième :boulet:, jusqu’au moment où j’ai plus ou moins abandonné l’idée. Je suis même allé rechercher les passages que j’avais sacrifiés, pour mieux les réintégrer.
En définitive, dix ans après mon premier jet, le temps et le recul aidant, je me rends compte que j’ai changé. Je ne conçois même plus cette écriture déjà ancienne comme la mienne :perplexe: , mais comme celle d’un auteur lointain, que j’avais rencontré, un jour, dans une histoire fantaisiste pleine de descriptions, un peu ampoulée, pseudo-classique.
Aujourd’hui une amie précieuse :mouflu: rencontrée dans la mare aux nénuphars relit « religieusement » ce texte, chapitre par chapitre, et m’en envoie ses conclusions. De mon côté, après avoir pris en compte ses remarques, lesquelles sont surtout axées sur la cohérence et sur mes tics d’écriture, je taille délicatement, sans plus, méthode bonzaï.
J’essaye avant tout de me respecter, de me comprendre et de m’accepter dans ce que j’étais alors et ce que je voulais traduire. Aussi mes retouches sont-elles une nouvelle approche vers la fluidité, :mage: juste un travail d’ajustement sur un style que je n’ai plus mais dont je tiens à en conserver la trace, comme un vestige. Je garde donc toutes mes digressions, mes errements, mes monologues sans fin et mes longues descriptions, parce qu’après tout je me sens bien avec tout ce barda, c’est ma façon d’écrire, de penser intimement la littérature, de composer mes pensées/dialogues, etc.
Après, l’édition, c’est autre chose. Je fonctionne d’abord et avant tout en écrivain. :stylo:
Des bises à tous, bonne année 2016.

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