[A] Récits de batailles : clichés à éviter

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anonymedeux

Re: Récit de bataille

Message par anonymedeux »

Merci vraiment à tous, ça enrichit vraiment de tous vous lire et ça me conforte dans certaine sidées que j'avais.

Dans mon synopsis, j'ai changé le but des trois jours. C'est le temps de retour de l'armée cocagnaise pour pouvoir défendre la cité.

Après, l'armée ennemie a des chefs, oui... mais ils ne négocient jamais, ils dévorent.

Vraiment plein de pistes intéressantes. Cela commence à me faire peur car je vois dans ma tête de plus en plus de scènes tant de batailles que de préparation.

J'ai juste le souci de savoir qui va raconter. A chercher donc !

Pour simplifier, je sais déjà comment meurent les 2/3 de mes héros.

Il faut aussi que j'imagine le champs de bataille. Il y a un fleuve et une immense forêt de feuillus... je n'ai pas de défilés ou autres. Ptêt un souci mais bon, le final est assez pyromane.

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alaric
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Re: Récit de bataille

Message par alaric »

Si c'est un siège d'une cité, comment l'armée cocagnaise pourra-t-elle rejoindre la ville?

Il y aura simplement une armée ennemie en surnombre sur son chemin.

anonymedeux

Re: Récit de bataille

Message par anonymedeux »

Non, les compagnies fées tentent d'arrêter l'armée ennemie à une dizaine de kilomètres de Cocagne qui est une cité sans murailles. Enfin bref, te focalise pas sur mon synopsis, c'est pas le sujet :D

anonymetrois

Re: Récit de bataille

Message par anonymetrois »

Tristeplume a écrit :La bataille est un long et douloureux cheminement qui amènera tes héros aux confins de la folie. Il peut être intéressant de décrire cette frénésie qui emporte tes héros qui les fait se sublimer tout en se détruisant. Même s'ils sont condamnés, avant de mourir physiquement, ils sont déjà morts "spirituellement".
Je voudrais contredire Tristeplume. Il y a d'autres façons de faire face à la mort que d'être anéanti et de l'attendre comme un soulagement, tremblant dans son armure. L'idée que la destruction physique entraîne la destruction morale me paraît fausse.

A partir du moment où une personne prend une décision entraînant, en connaissance de cause, sa mort, ou du moins un risque énorme, elle prend une décision très forte, qui glorifie le libre arbitre. Certes, l'assumer est douloureux, tragique, mais ça reste un acte très fort.

Je pense à Moby Dick. Ismael, au début, se pose la question du risque de l'expédition. Il la résout en rédigeant son testament, et je ne peux pas citer de tête, mais le soulagement qu'il éprouve après avoir réglé ses affaires terrestres m'a semblé très juste dans ce passage. "Je suis en règle, mes regrets restent à terre, je peux me lancer dans l'inconnu", en gros.

A mon avis, la proximité de la mort peut aussi réveiller ce que la routine ou la résignation du quotidien étouffent. En bien ou en mal. Telle personne qui a toujours haï son voisin pourrait décider qu'elle n'a plus aucune raison de ne pas l'égorger dans son sommeil. Telle autre, qu'elle peut enfin rejeter les valeurs de sa famille et assumer son homosexualité. Exemples caricaturaux je sais, mais je ne souscris pas à l'idée que se sacrifier implique l'anéantissement moral. C'est ce à quoi je m'attendrais pour un prisonnier qui sait qu'il sera exécuté à l'aube, mais justement, celui-là est entièrement passif.

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Tristeplume
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Re: Récit de bataille

Message par Tristeplume »

Ce que je voulais dire c'est que ce cheminement aboutit à un bouleversement profond de la personnalité du personnage, allant jusqu'à la destruction de ce qu'il était "avant", de toutes ses convictions, de sa manière de voir le monde.
Dans ce sens, ça rejoint tout à fait ce que tu dis.
— Malach, avez-vous entendu ça ? Je suis, je cite, "drôle, tourmenté, incompris".
— Je ne vois pas en quoi c'est flatteur.
— Mon cher, cela veut dire que je plais aux femmes !
— Décidemment, je ne les comprendrai jamais.

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Lùani
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Re: Récit de bataille

Message par Lùani »

L'avant bataille est aussi importante que la bataille elle-même. C'est le calme avant la tempête, une tension à trancher au couteau, le moment où tu peux faire s'exprimer tes héros et leurs questions existentielles.
Entre l'avant-bataille et la bataille elle-même, il y a "les prémisses"....
Ca fait aussi un peu cliché, mais j'aime bien. Le moment où il y a les premiers morts (ceux partis en éclaireurs, les victimes du premiers assaut ou de la première volée de flèche...).
C'est le moment où les héros entrevoient ce qui va être leur propre mort, où les grandes résolutions d'avant-bataille se confrontent à la réalité, où le courage vacille...

Pour ce qui est d'avoir peur des clichés, je pense qu'en terme de bataille, tout a déjà été écrit. Tu n'arriveras jamais à être original. Ce qui fera la différence entre un bon texte et un autre, c'est la qualité de la caractérisation. Car si les situations de guerres ont déjà toutes été jouées milles fois, c'est la réaction de tes héros qui sera unique.
Daerel a écrit :J'ai une petite dizaine de personnages qui vont être les points de focalisation de la bataille. Il n'y a pas de suspense. Ils vont tous y passer, de façon héroïque, pathétique ou comique.
Comique ? Est-ce compatible avec le souffle épique que l'on tartine depuis 2 pages de posts ? J'ai peur, là !
En tout cas, super intéressant comme discussion...

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Roanne
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Re: Récit de bataille

Message par Roanne »

L'après bataille aussi est important.
Quand on sait le nombre de poilus qui ont finis traumatisés, drogués, alcooliques et bien souvent oubliés à l'HP... Même catalogué "héros", on reste humain.
On ne peut pas survivre à ce genre de chose en restant intact, sauf si on a été éduqué à ça depuis l'enfance (et encore...).
Vous n'aimez pas Noël ? ça tombe bien, nous non plus ! Du coup, avec Chapardeuse, nous vous invitons sur Wattpad pour (re)découvrir le Noël cataclysmique de Claire et Chan.

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Tristeplume
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Re: Récit de bataille

Message par Tristeplume »

Comique ? Est-ce compatible avec le souffle épique que l'on tartine depuis 2 pages de posts ? J'ai peur, là !
Legolas et Gimli font bien un concours de morts au Gouffre de Helm. :wamp:

Au passage, il y a peut-être un autre truc à penser, comment maintenir le suspense auprès du lecteur ?
Il s'agira de bien doser les éléments d'indécision et d'espoirs. Si tes héros sont condamnés quoiqu'il arrive, il faut quand même maintenir une petite lueur d'espoir pour le lecteur. Si ton texte annonce de manière trop catégorique l'issue de la bataille, ça peut nuire à l'intérêt du lecteur.
Même si c'est très mal engagé, est-ce que le lecteur doit pouvoir quand même croire à une issue favorable ? Doit-il parier sur le/les survivants possibles ?
L'après bataille aussi est important.
Quand on sait le nombre de poilus qui ont finis traumatisés, drogués, alcooliques et bien souvent oubliés à l'HP... Même catalogué "héros", on reste humain.
On ne peut pas survivre à ce genre de chose en restant intact, sauf si on a été éduqué à ça depuis l'enfance (et encore...).
Cela rejoint ce que je disais sur la destruction morale. Le fameux syndrome post-traumatique, très à la mode en ce moment.
— Malach, avez-vous entendu ça ? Je suis, je cite, "drôle, tourmenté, incompris".
— Je ne vois pas en quoi c'est flatteur.
— Mon cher, cela veut dire que je plais aux femmes !
— Décidemment, je ne les comprendrai jamais.

anonymetrois

Re: Récit de bataille

Message par anonymetrois »

Au passage, il y a peut-être un autre truc à penser, comment maintenir le suspense auprès du lecteur ?
Il s'agira de bien doser les éléments d'indécision et d'espoirs. Si tes héros sont condamnés quoiqu'il arrive, il faut quand même maintenir une petite lueur d'espoir pour le lecteur. Si ton texte annonce de manière trop catégorique l'issue de la bataille, ça peut nuire à l'intérêt du lecteur.
Même si c'est très mal engagé, est-ce que le lecteur doit pouvoir quand même croire à une issue favorable ? Doit-il parier sur le/les survivants possibles ?
Il y a d'autres enjeux, non ? Comme par exemple ; une petite unité ennemie parvient à passer les défenseurs, il faut leur courir après ; sera-t-elle rattrapée avant de faire d'horribles ravages dans une population civile désemparée, en proie à la panique ? Arriveront-ils, tout simplement, à donner aux habitants le temps de fuir ?

Ensuite, on peut se le demander, y aura-t-il des survivants "accidentels" ; laissés pour morts, fuyards, capturés et rançonnés, etc... Sachant que l'issue sera quand même un massacre.

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Lùani
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Re: Récit de bataille

Message par Lùani »

Tristeplume a écrit :
Comique ? Est-ce compatible avec le souffle épique que l'on tartine depuis 2 pages de posts ? J'ai peur, là !
Legolas et Gimli font bien un concours de morts au Gouffre de Helm. :wamp:
C'est différent.
Je pense que l'humour (voire le rire) fait partie des réactions humaines (ou elfes ou naines...) qui permettent de supporter le critique d'une situation. Un bon mot avant la bataille, c'est aussi défier l'ennemi, le destin, voire la mort elle-même. Cela n'enlève rien à la grandeur des personnages, ni au côté épique des actions accomplies. Un personnage qui se moque de lui-même, de la situation absurde dans laquelle il se retrouve (le nain qu'il faut lancer !!), mais qui ensuite agit en héro, ça va bien dans le sens du "souffle épique", voire ça le renforce. (A un bémol près : il faut bien sûr que ce soit bien écrit, et qu'on ne tombe pas dans le ridicule. Ah, la vanne-d'avant-combat de l'auteur débutant !)

Mais là, on parlait de les faire mourir de manière comique. Hum... Imagine 299 braves tués aux thermophiles de manières glorieuse, et le dernier qui succombe en s'empalant tout seul après avoir glissé sur une bouse d'éléphant. A mes yeux, cette mort idiote "annulerait" le sacrifice de celui-là, mais aussi diminuerait le sens de celui des autres.

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pingu
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Re: Récit de bataille

Message par pingu »

Perso, je vois le comique en situation affreuse (le gars qui s'empale) comme l'absurde de la vie, le destin tragique qui secoue les tripes tellement c'est "injuste", et j'aime bien.
(notez que mes bêtas sont peu d'accord avec moi sur ce point mais, pour l'heure, je tiens ma position)

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Macada
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Re: Récit de bataille

Message par Macada »

A noter aussi que n'importe quelle guerre est pleine de ce genre de morts. Certains conflits d'ailleurs dénombre plus de ce genre de victimes que de morts directes par l'ennemi. Personnellement, je ne vois guère de différence d'absurdité de crever d'une piqûre de moustique sur-infectée, de conserves avariées ou de la balle d'un parfait inconnu.
Et je pense que tout peut être présenté de façon épique.
En cours : Bob le Blob et les Poubelles
100%
Actualité :
Les Garloup, ed.ActuSF
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Rencontre autrice : "Pass Culture" sur Adage

anonymedeux

Re: Récit de bataille

Message par anonymedeux »

Je ne l'ai pas encore dit mais merci pour toutes ces remarques et réflexions très intéressantes qui m'ont bien inspirées et rassurées !

Mille bisous !

Daerel.

Mael

Re: Récit de bataille

Message par Mael »

Mon modèle :
Salammbô de Flaubert a écrit :Mais un cri, un cri épouvantable éclata, un rugissement de douleur et de colère : c'étaient les soixante-douze éléphants qui se précipitaient sur une double ligne, Hamilcar ayant attendu que les Mercenaires fussent tassés en une seule place pour les lâcher contre eux ; les Indiens les avaient si vigoureusement piqués que du sang coulait sur leurs larges oreilles. Leurs trompes, barbouillées de minium, se tenaient droites en l'air, pareilles à des serpents rouges ; leurs poitrines étaient garnies d'un épieu, leur dos d'une cuirasse, leurs défenses allongées par des lames de fer courbes comme des sabres, - et pour les rendre plus féroces, on les avait enivrés avec un mélange de poivre, de vin pur et d'encens. Ils secouaient leurs colliers de grelots, criaient ; et les éléphantarques baissaient la tête sous le jet des phalariques qui commençaient à voler du haut des tours.

Afin de mieux leur résister les Barbares se ruèrent, en foule compacte ; les éléphants se jetèrent au milieu, impétueusement. Les éperons de leur poitrail, comme des proues de navire, fendaient les cohortes ; elles refluaient à gros bouillons.
Avec leurs trompes, ils étouffaient les hommes, ou bien les arrachant du sol, par-dessus leur tête ils les livraient aux soldats dans les tours ; avec leurs défenses, ils les éventraient, les lançaient en l'air, et de longues entrailles pendaient à leurs crocs d'ivoire comme des paquets de cordages à des mâts. Les Barbares tâchaient de leur crever les yeux, de leur couper les jarrets ; d'autres, se glissant sous leur ventre, y enfonçaient un glaive jusqu'à la garde et périssaient écrasés ; les plus intrépides se cramponnaient à leurs courroies ; sous les flammes, sous les balles, sous les flèches, ils continuaient à scier les cuirs, et la tour d'osier s'écroulait comme une tour de pierre. Quatorze de ceux qui se trouvaient à l'extrémité droite, irrités de leurs blessures, se retournèrent sur le second rang ; les Indiens saisirent leur maillet et leur ciseau et l'appliquant au joint de la tête, à tour de bras, ils frappèrent un grand coup.

Les bêtes énormes s'affaissèrent, tombèrent les unes par-dessus les autres. Ce fut comme une montagne ; et sur ce tas de cadavres et d'armures, un éléphant monstrueux qu'on appelait Fureur de Baal pris par la jambe entre des chaînes, resta jusqu'au soir à hurler, avec une flèche dans l'oeil.

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