La littérature ou la Littérature (respectez la casse) ?

[pingu]

Oui, il en vaut la peine ! (sauf NB. NB n'a pas le droit de lire "Le Moine". "Le Moine" n'est pas une lecture pour anophèle sensible).

[NB]

(Merci, Pingouin de mon )

[Boite en carton]

Tiens, ça me rappelle une discussion que j'ai eu cette semaine:
A votre avis, un texte genre "Andromaque" de Racine est-il de la Littérature?
- oui : la forme et le travail qu'il a fait autour font que c'est finalement une œuvre originale
- non : aussi belle stylistiquement que soit la pièce, il n'a fait que repomper une histoire qui avait déjà été inventée par les auteurs grecs
(bon, légalement, depuis le temps il y avait prescription, mais intellectuellement ça ne change rien à la démarche)

Je ne suis pas du tout convaincu par ton argument du non.
La langue, les traitements, les enjeux, ne sont pas les mêmes. Pour moi, réécrire une histoire c'est écrire une nouvelle histoire. En quoi le fait de reprendre une vieille histoire enlève-t-il de la valeur à une œuvre ? Si racine avait changé les noms et reprit les thèmes, comme c'est souvent le cas en littérature, cela ferait-il plus de la pièce de la Littérature ?
Bref, pour moi les grecs n'ont pas "inventé" l'Andromaque de Racine.

[Silène]

Je suis Bec dans son intervention, pour moi, Racine et aucun autre classique n'ont plagié les grecs, il s'agit d'une interprétation du mythe comme un pianiste interprète une oeuvre et sort un disque à son nom "Lang Lang joue Mozart" par exemple.
C'est un travail que l'on conçoit mal aujourd'hui car l'on considère que l'originalité de l'intrigue est indispensable à la qualité de l'oeuvre mais ce n'est qu'une vue de l'époque. Comme on a pu dire que le roman ne valait pas tripette en un temps et le porter aux nues aujourd'hui : Andromaque est un monument de beauté et de finesse. Il est daté mais il n'en reste pas moins de la littérature à mon sens !
Après, pour la majuscule... cela dépend du contexte : si je parle de littérature avec des grenouilles, je ne lui mets pas de majuscule car nous savons tous que ce terme recouvre le meilleur comme le pire mais si j'en discute avec de gros boeufs, je lui mettrais peut-être une majuscule pour en marquer l'existence majestueuse ! "la Littérature, Monsieur le boeuf !!!"

[Axolotl-a-besicles]

Je sais bien que ce débat est récurrent, mais pourquoi opposer littérature et Littérature ??
Parce qu'on a des gros snobinards et autres intellos typiquement franco-français qui tentent de formater et contrôler les goûts du public ? Et, en face, des maisons commerciales qui tentent de faire exactement la même chose pour de basses questions d'argent ?
Ce que je veux dire, sous mes airs provocateurs, c'est qu'à mon avis la meilleure chose à faire pour un auteur, c'est de ne surtout pas se laisser enfermer dans ce débat ! Et de continuer à écrire ce qu'on a envie d'écrire, en laissant parler notre personnalité à nous ; c'est d'ailleurs de là que naissent et nos thèmes favoris, ceux auxquels on revient texte après texte, et notre style à nous, qui ne se forge pas, mais se révèle peu à peu, comme un joyau que l'on cisèle et qui un jour, devient diamant. (Désolée pour le côté lyrique, je dois être en manque de poésie, en ce moment...)
De mon point de vue, l'essentiel ce sont plutôt les raisons pour lesquelles on écrit : si l'objectif est de distraire, eh bien on est dans une démarche artistique, n'en déplaise à certains modestes ici présents. Il me semble que tant qu'on reste dans une éthique du don et de l'échange, on fait œuvre d'artiste. (Ce qui n'exclut pas de vouloir être rémunéré pour les efforts consentis, si on arrive au bout du chemin.) Bien sûr, d'autres raisons peuvent s'ajouter, mais je crois que la volonté d'alléger la lourdeur du quotidien de nos concitoyens doit rester la première, ou alors on risque de perdre son âme. Or, c'est d'elle que nous tissons les rêves qui enchantent notre public.
Et si le but est à la fois de distraire et de faire réfléchir (ne serait-ce que quelques-uns, en sachant qu'on n'est peut-être pas capable d'écrire un texte à 2 niveaux de lecture), eh bien là on est dans une démarche d'artiste engagé.

Donc, la littérature ou la Littérature, eh bien... ma réponse c'est : ni l'une ni l'autre, la sincérité et la fidélité à soi-même avant tout.

AXO - Salamandre à grosses bésicles

[Mélanie]

Je veux plussoyer Axo !
C'est mon avis, en littérature comme ça doit l'être dans tous les arts, que la réflexion est le Mal. La vérité des choses ne se révèle qu'à l'ombre des raisonnements. Introspection fait plus que calcul dans notre domaine.

[Axolotl-a-besicles]

Merci pour le plussoyage, Melanie !

J'ajoute que de toute façon, le seul juge en matière artistique, c'est le public, si volage et inconstant soit-il.
Pas les universitaires (on écrit pour être lu - ou pas - aujourd'hui), ni les critiques ou toute personne "autorisée" à intervenir sur la scène médiatique (bien qu'on puisse juger méritée l'influence de certains).
L'éditeur, par contre, je le considère comme un membre du public, même si c'est un lecteur d'un genre un peu particulier : il représente une catégorie de lecteurs et nous y donne accès - ou pas... Mais ceci est une autre histoire : la Grande Aventure de la Publication ! *suite au prochain épisode : Le 125e refus*

AXO

[anonymetrois]

Je trouve ceci un peu trop facile, comme opposition.

Si "les universitaires" n'étaient pas là pour entretenir l'intérêt envers la culture du passé, pour la faire continuer de vivre, elle serait vite oubliée. Ce n'est pas comme si "académique" signifiait ennuyeux, formaliste, dogmatique, prétentieux. En général, il me semble que les vrais universitaires sont tout le contraire. La culture classique enrichit. Mais elle est quasiment invisible.

Après, on pourrait parler de gens très différents, qui sont critiques littéraires et encensent BHL, par exemple. Ou comme Angelo Rinaldi qui disait en substance, dans une interview récemment citée dans ce forum (faudrait que je retrouve le lien), que l'écrivain qui choisissait d'écrire de la SFFF avait déjà échoué. Là, il y a des coups de pieds au c... qui se perdent.

[Celia]

C'est mon avis, en littérature comme ça doit l'être dans tous les arts, que la réflexion est le Mal. La vérité des choses ne se révèle qu'à l'ombre des raisonnements.

Alors j'avoue que je n'ai pas compris du tout la seconde phrase, mais si ça veut dire que l'art se fait sans l'étude, j'ai tous les poils du corps qui se hérissent. Parce qu'entre le grand public et le pédant, il y a quand même un monde et, même, un juste milieu.
Les tableaux qui étaient considérés comme de l'art il y a plus d'un siècle sont aujourd'hui jugés (et pas uniquement par les intellectuels) comme des croutes, alors que ceux auxquels le grand public tournaient le dos ont fait avancé le schmilblick. Le "grand public" qui allait au Salon des Refusés (où ont exposé les réalistes et les impressionnistes) y allaient pour rire et se moquer, pas pour deviner les génies (ou non) sous les tableaux.
Alors certains mettront une majuscule à l'art pour en faire de l'Art, et seront pédants. Mais rejeter l'étude, franchement, je ne voit pas ce que ça peut apporter, mais je peux entrevoir ce que ça peut enlever à ces domaines.

[Celia]

Ah ben je me suis faite soufflée et pour une fois je suis d'accord avec Bélier.

[Mélanie]

Alors j'avoue que je n'ai pas compris du tout la seconde phrase, mais si ça veut dire que l'art se fait sans l'étude, j'ai tous les poils du corps qui se hérissent. Parce qu'entre le grand public et le pédant, il y a quand même un monde et, même, un juste milieu.

C'est la même idée que la précédente. Je crois que toute chose a une seconde existence, qui intéresse mon art. Et cette seconde existence résiste aux gens réfléchis. Mais je ne généralise rien du tout (finalement). C'était ma déclaration de foi de la semaine.

[Celia]

Alors j'avoue que je n'ai pas compris du tout la seconde phrase, mais si ça veut dire que l'art se fait sans l'étude, j'ai tous les poils du corps qui se hérissent. Parce qu'entre le grand public et le pédant, il y a quand même un monde et, même, un juste milieu.

C'est la même idée que la précédente. Je crois que toute chose a une seconde existence, qui intéresse mon art. Et cette seconde existence résiste aux gens réfléchis. Mais je ne généralise rien du tout (finalement). C'était ma déclaration de foi de la semaine.

Résiste aux gens réfléchis, ça veut dire quoi ?
J'aurai tendance à penser que ça résiste aux entêtés, qu'ils soient réfléchis ou pas.

[Boite en carton]

Je veux plussoyer Axo !
C'est mon avis, en littérature comme ça doit l'être dans tous les arts, que la réflexion est le Mal. La vérité des choses ne se révèle qu'à l'ombre des raisonnements. Introspection fait plus que calcul dans notre domaine.

C'est un troll ?
Si réfléchir nuisait à l'art ça se saurait quand même.
Cela dit, je ne comprends rien à ton message, donc je passe peut-être à coté de ce que tu essaies de dire.

C'est la même idée que la précédente. Je crois que toute chose a une seconde existence, qui intéresse mon art. Et cette seconde existence résiste aux gens réfléchis. Mais je ne généralise rien du tout (finalement). C'était ma déclaration de foi de la semaine.

Je dois avoir trop bu, je comprends de moins en moins...

[Boite en carton]

Au fait, quand on voit (sur Elbakin par exemple) les top ten de la décennie en terme de meilleurs ventes de livres, l'argument du public qui fait la littérature devient douteux.
Le parallèle succès et littérature, d'une manière générale, me semble trop réducteur.

[Celia]

Au fait, quand on voit (sur Elbakin par exemple) les top ten de la décennie en terme de meilleurs ventes de livres, l'argument du public qui fait la littérature devient douteux.
Le parallèle succès et littérature, d'une manière générale, me semble trop réducteur.

Oui pareil.
Il y a toujours des exceptions : c'est le public qui a "fait" Alexandre Dumas (qui auparavant écrivait des pièces de théâtre aux succès moins grandiloquents) en dévorant ses feuilletons. Mais c'est l'arbre qui cache la forêt des multiples écrivains du XIXème qui ont eu du succès à leur époque mais sont oubliés aujourd'hui ou jugés de façon beaucoup plus négative. Il en sera de même pour les écrivains des XXème et XXIème siècles. Stephenie Meyer et Dan Brown seront-ils des auteurs reconnus (et lus) dans un demi-siècle ?