Nommer c'est connaître ?

[macalys]

Sujet très intéressant !
C'est une question que je ne me suis jamais posée, c'est rigolo d'y réfléchir et de voir que je fais certaines choses sans m'en rendre compte...

Quand je fais le plan de mes nouvelles, le personnage est représenté par sa fonction dans le récit : le Pioupiou, la fée, le professeur. Le nom vient en dernier, juste avant l'écriture. En général, j'essaie d'accorder les sonorités du nom au caractère du personnage. Physiquement, mes personnages ne sont jamais figés, donc le nom n'a souvent aucun rapport avec leur physique, sauf s'il occupe une place importante dans leur personnalité et leur façon d'agir avec les autres.

Quand un nom est le bon, en général, je le sens.
Quand un nom ne me convient pas tout à fait, ça ne me dérange pas de commencer à écrire en attendant qu'un meilleur surgisse. D'ailleurs j'adore la méthode de Swald, je crois que je vais tester (enfin, sans la couleur qui ne m'évoque rien)

[Stef-]

Marrant que vous soyez plusieurs à évoquer la couleur.

Ça ne me parle pas du tout. Sans doute que je passe par un autre canal. Ou que mes histoires sont en N&B.

Je suis étonné aussi, mais c'est bien de savoir que ces interprétations existent.

Je crois que je suis comme Macada, j'ai besoin de placer des noms au départ, mais ce n'est pas immuable, certains peuvent changer ensuite. Cela a été le cas de l'un de mes protagonistes dans mon projet actuel.

Je pense que l'évocation suscitée par les noms est importante, pour le lecteur également, même si elle ne correspond pas toujours aux idées que l'auteur lui s'en fait ? Auquel cas préciser les significations voulues des noms ne me paraît pas indispensable...

[anonymedeux]

Personnellement, personnages et nom vont de concert, ils se nourrisent mutuellement.

J'ai une idée de personnage, son nom paraît et ça devient plus clair.

Donc, effectivement, pour moi, nommer c'est connaître.

Par contre, ce sont plus les sonorités et les sens des noms qui me marquent. La couleur... euh... je suis comme Pingu !

De même, j'adore les sonorités galloises et grecques ou françaises... donc, mes personnages ont de facto des noms avec ces consonances.

[Boite en carton]

Bah, quand je parle de couleur, vous savez que chez moi c'est littéral.

[Pandora]

Bah, quand je parle de couleur, vous savez que chez moi c'est littéral.

Tu as de la chance, comme Pingu ou Daerel, je ne vois pas en couleurs (ça a un nom spécial je crois de voir en couleur)
Et je trouve difficile de trouver les noms de mes perso dans lesquels je ne cherche pas vraiment à mettre du sens, davantage une musicalité...

[Boite en carton]

Bah, quand je parle de couleur, vous savez que chez moi c'est littéral.

Tu as de la chance, comme Pingu ou Daerel, je ne vois pas en couleurs (ça a un nom spécial je crois de voir en couleur)
Et je trouve difficile de trouver les noms de mes perso dans lesquels je ne cherche pas vraiment à mettre du sens, davantage une musicalité...

Mais la musicalité, c'est de la couleur
(ça s'appelle la synesthésie, et c'est souvent casse-pied...)

[pingu]

Notre synesthète est mélomane.

(hum. Bref. Revenons au sujet. J'y vais à mon tour de comment-que-moi-je-fais, parce que j'ai l'impression que je ne suis pas dans le courant majeur qui se dessine dans ce topic, ce qui fait que je m'estime être un genre contre-poids éventuellement intéressant)

A propos de la "signification" des noms : en tant que lectrice et en tant qu'auteur, et sauf sur les noms de héros légendaires (ex. : truc le valeureux, c'est-à-dire un surnom post-mortem ou post-épreuves) ou de sobriquet de roi (ex. : Charles le chauve), je n'en ai rien à faire (sauf si ça a un rapport étroit et intéressant avec l'intrigue, par exemple l'orphelin qu'on appelle Trouvé ou la pauvre Belle qui est laide comme un poux).
Peut-être parce que mon propre prénom de la vraie vie a une signification particulière et que j'en ai soupé.

Pour ce qui est de nommer mes perso dans les histoires fantastiques (donc ancrées dans le réel), il y a quelques prénoms que je n'utilise pas parce que je les déteste, et sinon comme il s'agit souvent de gens au départ "sans histoire", "banals", je prends leur lieu, leur date de naissance et leur sexe et je cherche quels ont été les prénoms les plus donnés à ce moment dans les maternités. Je choisis dans le top 3 ou 4 en fonction de mon humeur et de la sonorité (par exemple un nom commençant par un "A" ou "I" (les terminaisons verbales au passé) peuvent être assez lourds d'emploi, ai-je remarqué ("appela Arthur" "lui dit Isidore")).

Pour les histoires fantasy, je pioche facilement dans les vieux prénoms français, que je trouve souvent sympathiques et rigolos.

Quand ce sont des noms inventés, c'est qu'il y a une raison pour ça dans l'histoire même. Sinon autant prendre des trucs qui existent. (je ne suis pas une fan du fun pour le fun)

[Roanne]

Pour moi non plus les noms n'ont pas de "couleur".

Après, quelque soit la façon dont un auteur les sélectionne, j'aime bien qu'un nom colle à son personnage mais je n'ai pas trop de temps d'expliciter pourquoi je trouve que tel perso est bien baptisé et tel autre moins.

Pour ma part, si je peux me permettre de rapporter une expérience personnelle, c'est étrange mais j'ai vraiment eu besoin de modifier Roanne en Romane quand j'ai commencé l'écriture de la version roman de mon délire fantasy. Pour moi ce n'était plus le même personnage et j'avais besoin de les distinguer.
Par contre, je n'ai pas eu ces scrupules avec les autres personnages du roman, ils ont changé (en mieux j'espère, car j'aimerais parvenir à leur donner plus de consistance) mais ont conservé le nom de la version feuilleton sans que cela me gêne.

[NB]

J'ai impérativement besoin de nom pour caractériser.

Et, pour moi, les significations m'aident (mais je ne donne pas les clefs au lecteur, c'est pour moi). Souvent, je pars des significations pour trouver le prénom qui colle.
J'aime aussi, dans les romans de fantasy où la création a une part importante (ex : les fedeylins) partir de la racine du nom (ex : Dayan est la racine (ou dérivé de la racine, je ne sais plus) de Daniel).

Par contre, j'ai quelques prénoms récurents pour les nouvelles et je lutte contre (des fois, je ne m'en rends pas compte tout de suite).

Il y a des fois ou le prénom ne colle pas du tout et change en cours d'écriture ou entre le syno et la rédaction (ex : dans les élémentaires, "Marie" est devenue "Philippine") mais c'est surtout pour les persos secondaires. Sinon, soit j'ai du mal à écrire (pas le bon prénom), soit j'ai du mal à changer (ça cloche).

Parfois, je fais des annagrammes de prénoms de mes proches (ou seulement des morceaux de ceux-ci : ex Olyne pour Pauline).
Pour les créations et souvent pour les persos qui n'apparaîssent qu'une fois ("de décors"), je laisse mes yeux se promener autour de moi et je bidouille d'après les lettres ou les mots que je vois (ex : Ater et Ierman viennent d'un stylo Waterman. Ouais, c'est nul.)

Voilà. Je ne sais pas si j'ai répondu à la question, ni si ça à ajoute à la discussion, mais c'est comme ça que je fais.

J'ai essayé une fois [insérer ici le nom] mais c'était juste mauvais, donc depuis, je sais que j'ai besoin de noms du départ.

[pingu]

(mais je ne donne pas les clefs au lecteur, c'est pour moi)

La bonne tambouille. J'aime. Ça m'arrive aussi (en fait). Mais c'est perso et au final tellement bidouillé que je ne sais plus que quoi je suis partie (pour les trucs fantasy). Une fois que j'ai l'impression d'avoir déjà entendu ce nom et de l'avoir chipé à quelqu'un d'autre ou au guide Michelin (pour les noms de lieux), mais que google ne le connaît pas, je le garde.
Même si je peux changer tous mes noms n'importe quand ou presque (je l'ai fait pour les Laborantins, par exemple, mes héros ont changé de nom. Mais c'était pas des noms inventés.)

[NB]

En plus, ça fait de chouettes réactions des lecteurs quand tu leur donne des infos/bonus après lecture (me souviens l'avoir fait au sujet de Sperare, notament )

[Mélanie]

Vrai que construire une histoire avec un personnage sans nom, ça me coince quelque part l'imaginaire. Autant s'il faut décrire un combat sanglant entre Patapon et Boulébill dans la trouée brûlante de Pêchelapoche...

Beaucoup de mal avec les noms de personnages qui m'intéressent (mon record c'est presque une semaine sur un nom). C'est très important et pour moi ça fait déjà partie du travail sur le style et l'ambiance que je veux utiliser. Par contre je ne cherche pas à donner de signification particulière à un nom, pas plus que je ne recherche d'adéquation nom-physique ou nom-caractère. Je veux juste le sentiment que ce nom pourrait être le sien. Étrangement ça reste difficile.

Pour les personnages archi-secondaires suis une grosse adepte de la méthode de NB. La limite étant la décoration de ma chambre et mes pistes de musique.

Edit sur la couleur des noms : Comme les m&ms !

[Boite en carton]

Les personnages sans noms, c'est comme les parents qui ne veulent pas dire le nom de l'enfant à naitre avant qu'il soit là, ça m'agace.
(je sais, ça n'a presque pas de rapport, mais j'assume )

Il faut que les gens aient un nom. Bon, les perso secondaires sont à peine des humains, ça passe, mais pas les perso principaux.

Pour ceux qui changent les noms de leur personnages en cours d'écriture, est-ce que cela a une influence sur leur personnalité ? est-ce que Marie est la même que Phillipine ? J'avoue que ça me fascine.

[NB]

(Dans mon cas, Marie n'a jamais vraiment existé, seulement sur le syno. Elle n'avait pas encore de personnalité... donc pas de comparaison possible.)

[pingu]

Pour ceux qui changent les noms de leur personnages en cours d'écriture, est-ce que cela a une influence sur leur personnalité ? est-ce que Marie est la même que Phillipine ? J'avoue que ça me fascine.

Mon dernier changement en date, sur nouvelle de 50 000 signes, s'est fait avec un "rechercher-remplacer tout", dans les dernières réécritures de la chose, et ça n'a pas changé la personnalité du personnage.

Ce qui est ennuyeux, c'est quand on passe d'un prénom commençant par une voyelle à un prénom commençant par une consonne, ou inversement. Un rechercher-remplacer est moins drôle, d'un coup ("Les beaux yeux d'Vincent" "La bouche purpurine de Eglantine")