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Êtes-vous plutôt sombre ou lumineux ?

Posté : dim. avr. 18, 2010 12:33 pm
par Mélanie
Je préfère ces termes à ceux de pessimisme et d'optimisme. Parce que dans le fond, c'est moins du message moral que je veux parler, mais de l'atmosphère du livre. Pour résumer, est-ce que vous aimez les mondes cruels, les héros bassement humains ou bien les monde oniriques et les personnages "positifs" ?

Le sujet m'intrigue parce que je connais des personnes qui pensent que c'est tout ce qui fait la différence entre le succès de la Fantasy face à la SF. Ils prétendent que le public préfère l'enchantement de la Fantasy aux cauchemars de la SF... et qu'il faudrait que les auteurs arrêtent de se la jouer "grand tourmenté"...

Pour ma part, je me placerai plus dans les atmosphères sombres, et c'est ce que j'aime lire comme ce que j'aime écrire (le pire c'est que j'écris de la SF). Voici mon goût. Mais je ne suis fan de noirceur gratuite et de sadisme facile.

Je serais très intéressée de savoir l'avis des grenouilles sur cette question.

Re: Êtes-vous plutôt sombre ou lumineux ?

Posté : dim. avr. 18, 2010 12:49 pm
par Celia
Sachant que j'ai recommencé à lire de la Fantasy avec Dehors les chiens, les infidèles j'ai du mal considérer le postulat de départ avec sérieux. Mais c'est comme affirmer que la fantasy est plus sensuelle que la SF, que la fantasy est plus féminine...Pour moi c'est une vaste blague.
Personnellement j'ai tendance à écrire du sombre, mais dans n'importe quel domine, SF comme fantastique comme fantasy. Alors qu'en tant que lectrice je lis un peu de tout.
De plus associer le sombre à la violence gratuite, à la noirceur pour la noirceur, c'est faire preuve d'un sacré manque de perspective. Et je me permets d'ajouter : à mon humble avis ;) (par exemple Mélanie, je trouve qu'il devrait être inutile de faire la précision que tu fais à la fin de ton post, mais malheureusement, il est souvent nécessaire de le faire, sous peine de se faire cataloguer)

Re: Êtes-vous plutôt sombre ou lumineux ?

Posté : dim. avr. 18, 2010 12:53 pm
par Roanne
Il y a des oeuvres de fantasy qui sont très sombres, j'ai toujours pensé que les raccourcis rapides que tu reportes sont ceux de personnes qui connaissent très mal la SFFF, voir même qui n'en lisent pas et restent sur des a priori. Je les prends donc, personnellement, avec de grosses pincettes.
Je pense que si la fantasy s'en sort mieux, c'est uniquement parce qu'elle offre à ses lecteurs un dépaysement qui leur convient et qu'elle est à la mode actuellement, avec un gros renouveau de ses auteurs et des oeuvres qui plaisent. Pourtant les problématiques peuvent y être les mêmes qu'en SF et il existe des univers fantasy qui sont de purs cauchemars.
De plus encore faut-il distinguer la fantasy en général et les blockbuster destinés à des publics dédiés en particulier (certains tirent une balle dans le pied du genre).

J'ajoute que l'onirisme d'un monde peut très bien aller de paire avec une atmosphère glauque ou sombre : ce n'est vraiment pas incompatible. Pour ma part, je n'aime pas trop les univers oniriques, je préfère le réalisme. Par contre, il est certain que je préfère les lectures "lumineuses" parce que le côté sombre de la vie réelle, j'en soupe déjà assez (et ce week-end, par exemple, j'ai eu ma dose). Je ne me sens pas mieux en suivant les péripéties de personnages qui n'ont aucune chance de s'en sortir ou qui devront faire des compromis qui vont les briser. Cela ne fait qu'accroître mon malaise. Le hic, c'est que c'est justement ce qu'on publie le plus actuellement.
J'avoue que j'ai de plus en plus de mal à trouver des romans qui me plaisent, beaucoup de lectures me déçoivent, je ne lis presque plus de polars pour cette raison (c'est la mode des fins sinistres en eaux de boudin). En plus, comme on le disait sur un autre fil, ce n'est pas parce qu'on a envie d'optimisme qu'on veut du cul-cul la praline... Je n'aime pas plus les textes sirupeux que les textes glauques, et c'est peut-être parce que l'équilibre est difficile à trouver que j'ai du mal à mettre la main sur des romans qui me plaisent.

Re: Êtes-vous plutôt sombre ou lumineux ?

Posté : dim. avr. 18, 2010 12:58 pm
par desienne
Je ne crois pas qu'un genre soit sombre ou lumineux. C'est l'histoire imaginée par l'auteur qui va colorer, assombrir ou éclaircir peu importe qu'il s'agisse de fantastique, SF ou Fantasy.
La Fantasy est autant pleine de cauchemars que la SF et vice versa.
La différence, c'est distance. La SF est plus proche (anticipation, post-apo) que la fantasy (résolument hors du temps, de notre quotidien). On ne verra jamais débarquer des orcs de Tolkien en plein Paris du XXIème siècle... En revanche, la montée des eaux telle qu'imaginée par certains auteurs SF, on peut l'imaginer facilement et ça peut faire peur pour de vrai (Alors que les méchants orcs font peur pour de faux car on sait bien que ça n'arrivera jamais).

Re: Êtes-vous plutôt sombre ou lumineux ?

Posté : dim. avr. 18, 2010 1:10 pm
par Pandora
Ca dépend vraiment des moments
J'aime beaucoup lire le noir très noir et le sombre très sombre, mais aussi les textes parodiques (même si je n'ai pas accroché à mes essais de Prachett, il faut que je recommence)
Et pour ce que j'écris, c'est pareil, autant je peux m'amuser sur un texte parodique et drole (même si souvent grinçant, j'aime beaucoup l'ironie), autant je peux partir sur des ambiances glauques, tristes et sombres...

Re: Êtes-vous plutôt sombre ou lumineux ?

Posté : dim. avr. 18, 2010 1:12 pm
par Celia
desienne a écrit :On ne verra jamais débarquer des orcs de Tolkien en plein Paris du XXIème siècle...
Si, si ce sont des extra-terrestres ! :mrgreen:
Ou qu'il y a un portail interdimensionnel.
Et que les Vulcains se plantent dans un calcul et refusent de l'avouer.

Mais effectivement cette notion de distance est intéressante. Autant je peux prendre avec autant de légèreté (effet "film pop corn") un livre de fantasy et, disons, un space opera, autant pour un livre post-apo (comme "La Route") voire même un livre plus symbolique de fantastique urbain (où la distance entre thriller, horreur et fantastique est plus difficile à déterminer, je pense notamment à certains bouquins de Stephen King), là, l'angoisse monte beaucoup plus vite en moi, justement parce qu'il y a moins de distance entre mon monde et celui de la lecture.

Re: Êtes-vous plutôt sombre ou lumineux ?

Posté : dim. avr. 18, 2010 1:37 pm
par Mélanie
Roanne a écrit :Par contre, il est certain que je préfère les lectures "lumineuses" parce que le côté sombre de la vie réelle, j'en soupe déjà assez (et ce week-end, par exemple, j'ai eu ma dose). Je ne me sens pas mieux en suivant les péripéties de personnages qui n'ont aucune chance de s'en sortir ou qui devront faire des compromis qui vont les briser. Cela ne fait qu'accroître mon malaise. Le hic, c'est que c'est justement ce qu'on publie le plus actuellement.
Je réagis autrement là-dessus. C'est peut-être une différente façon de gérer mon malaise. Quand je vais mal, les légèretés me sont cruelles. La noirceur des livres me permet de dédramatiser ma vie et la mienne m'aide à compatir.

Pour ce que j'écris, c'est en direct calque de ma perception du monde. Du coup, ça ne m'étonne pas que la littérature contemporaine préfère les œuvres sombres, elle s'imprègne seulement de l'ambiance politique.

Re: Êtes-vous plutôt sombre ou lumineux ?

Posté : dim. avr. 18, 2010 1:43 pm
par Roanne
Je fonctionne différemment. Une oeuvre sombre (surtout dans le sens glauque, gore ou trash du terme) ne m'aidera pas à accepter les coups durs de la vie. Elle ne fera qu'ajouter une couche de noirceur.
Après, j'ai conscience que certains romans sombres et cruels n'en sont pas moins de vrais sources de bonheur justement parce que la façon dont les personnages évoluent, la fin et autres détails en font quand même des oeuvres "optimistes".

Heureusement, dans tous les cas, qu'il y en a pour tous les goûts (et pour toute les envies, là c'est sûr que je ne veux surtout pas lire de trucs "humoristiques" ou "gore" car ce n'est franchement pas le moment, mais parfois ça me convient très bien).

Re: Êtes-vous plutôt sombre ou lumineux ?

Posté : dim. avr. 18, 2010 1:47 pm
par Celia
Melanie a écrit :
Roanne a écrit :Par contre, il est certain que je préfère les lectures "lumineuses" parce que le côté sombre de la vie réelle, j'en soupe déjà assez (et ce week-end, par exemple, j'ai eu ma dose). Je ne me sens pas mieux en suivant les péripéties de personnages qui n'ont aucune chance de s'en sortir ou qui devront faire des compromis qui vont les briser. Cela ne fait qu'accroître mon malaise. Le hic, c'est que c'est justement ce qu'on publie le plus actuellement.
Je réagis autrement là-dessus. C'est peut-être une différente façon de gérer mon malaise. Quand je vais mal, les légèretés me sont cruelles. La noirceur des livres me permet de dédramatiser ma vie et la mienne m'aide à compatir.
Personnellement, je mixe les deux, et entretemps j'arrête complètement de lire aussi. La légèreté me fait du bien, me montre qu'on peut voir le monde sous un angle un peu plus "optimiste", y compris quand je lis des oeuvres SFFF. Je n'y vois pas de cruauté, mais je les envie ces personnages. Pas pour rien si finalement il y a quelques années je me suis plongée presque à corps perdu dans la fanfic parodique. Parce que ça fait du bien.
D'un autre côté, le sombre pour se défouler, c'est une carthasis aussi. Par contre le fait d'avoir envie de m'évader parce qu'autrement, ça va pas super fort, me fait détester les personnages qui se plaignent pour rien ou s'en prennent plein la tronche sans réagir. Et ceux-là, on les trouve trop souvent dans la littérature sombre.

Re: Êtes-vous plutôt sombre ou lumineux ?

Posté : dim. avr. 18, 2010 2:02 pm
par Silène
Pour plussoyer (sic !) les grenouilles éclairées qui ont dénoncer le raccourci facile SF=sombre, je rappelle que l'anticipation était à l'origine tout ce qu'il y a de plus lumineux puisqu'il s'agissait des utopies à la Thomas More. Aujourd'hui, les anticipations sont souvent sombres au début parce que c'est leur rôle de refléter les angoisses que l'on a vis à vis de l'avenir mais elles ne sont pas forcément sombres de bout en bout, c'est souvent bien plus mitigé. Au contraire, elles proposent des lumières, retrouvant ainsi leur deuxième fonction essentielle, imaginer des solutions !
De manière extrême, La route en est un exemple ; un monde d'une noirceur sans nom et un espoir immense, une peinture fabuleuse de l'amour paternel que rien ne peut détruire (et pourtant !).
edit : j'aime ces histoires qui commencent dans le noir le plus complet et qui révèlent leur lumière au bout du tunnel au fur et à mesure. J'aime aussi les scénarios catastrophe caricaturaux pour rire et les histoires merveilleuses pour rêver... euh, j'aime tout !

Re: Êtes-vous plutôt sombre ou lumineux ?

Posté : dim. avr. 18, 2010 2:08 pm
par Elikya
Je suis vraiment proche de l'opinion que vient d'exprimer Roanne. Lire des textes sombres et violents, sans une once d'espoir ou de morale, me déprime. Je ne prétends pas que cela ne m'apporte rien, bien au contraire. J'ai beaucoup aimé "La route", mais j'ai fait quelques cauchemars les nuits suivantes.

De façon générale, je suis à la recherche d'un équilibre tant dans mes lectures que dans mon écriture. Pour reprendre l'image de la lumière, j'essaie de varier l'éclairage pour que le relief de l'histoire ressorte.

Re: Êtes-vous plutôt sombre ou lumineux ?

Posté : dim. avr. 18, 2010 3:24 pm
par sherkkhann
Plutôt sombre. Quand j'écris j'aime bien allier une noirceur à quelques pensées optimistes, donner un côté humain à des pourritures de première catégorie. En faite comme dans la vie, les personnages ont des hauts et de bas, un jour ils dépriment et un autre ils rient, etc.

Re: Êtes-vous plutôt sombre ou lumineux ?

Posté : dim. avr. 18, 2010 3:36 pm
par EtienneB
Carrément lumineux. Roanne a décrit de bien meilleure façon que je ne pourrais le faire mon état d'esprit (et je la félicite pour cela). Je lis (et écris) pour m'évader de ce monde que je trouve fort triste (pour ne pas dire pire) et j'ai besoin de choses positives et lumineuses qui savent ne pas tomber dans le sirupeux et le caricatural.

En fait, j'aime bien les héros qui restent fidèles à leurs idéaux, même (et surtout) s'ils doivent composer pour cela.

Je reconnais que des écrits sombres et pessimistes peuvent me séduire s'ils sont tempérés par l'humour et/ou leur qualité d'écriture et/ou l'originalité de leur univers, un peu comme la novella dragonesque d'une certaine grenouille à l'avatar de pingouin farceur que j'ai eu le plaisir de bêta-lire récemment ;-) et qui réunit ces trois aspects...

Mais le glauque, le gore, j'y arrive pas, honnêtement !

Re: Êtes-vous plutôt sombre ou lumineux ?

Posté : dim. avr. 18, 2010 3:49 pm
par NB
J'écris du lumineux parce que je ne peux pas passer des mois et des mois dans des ambiances sombres (ça me bouffe).

A lire, faut voir, selon l'humeur. J'aime qu'un livre me chamboule mais pas qu'il me retourne les tripes, en général, donc dans tous les cas pas du trop sombre.

Re: Êtes-vous plutôt sombre ou lumineux ?

Posté : dim. avr. 18, 2010 3:56 pm
par Parchemin
Hum, je dois avouer que Sombre ou lumineux m'importe peu du moment que l'univers est bien construit et que ce n'est pas manichéen. D'ailleurs, en matière de SF lumineuse, je conseille "Sans parler du chien", de Connie Willis. Un excellent roman traitant de voyage temporel qui m'a fait me rouler par terre.
Il y a des romans de SF lumineux, voire aveuglant, et des romans de Fantasy extrêmement sombres. Je ne pense pas qu'on puisse les séparer ainsi.