[A] Ces clichés qui nous horripilent

[Anaïs]

Il faut quand même noter que le handicapé est rarement le héros lui-même. L'intérêt du handicapé tout gentil est de permettre soit de critiquer la société (Des Fleurs pour Algernon), soit de permettre au héros de montrer toute sa bonté d'âme (Notre-Dame de Paris, en blanche).

Ces deux exemples que tu donnes sont justement ceux d'un protagoniste handicapé...

Par ailleurs, une histoire trouve son intérêt dans la présence de conflits. Un héros intéressant doit avoir un adversaire, sans ça, pas d'histoire. D'où ce thème certes éculé mais toujours efficace des contraires qui s'attirent, que ce soit dans la relation amoureuse ou pas.

Je crois qu'il y a une différence entre l'archétype de l'histoire, le schéma de base qui ne peut guère varier, et la façon dont l'auteur l'exploite.

[Crazy]

A propos des clichés de style, il y a un petit livre que j'avais feuilleté et qui est assez sympathique C'est le dictionnaire des clichés littéraires
http://www.placedeslibraires.fr/detaill ... 2869596047

Lu et approuvé !

[ilham]

Si l'intrigue du roman ne tourne pas exclusivement autour de l'histoire d'amour, cela ne me gêne absolument pas de connaitre à l'avance l'évolution du couple... Je pense particulièrement au film Out of Africa. Les deux personnages sont opposés, ne se supportent pas mais s'attirent. Archétype du cliché !
Et c'est un film ( et un roman !) magnifique pourtant ! L'enjeu n'est pas de savoir si oui ou non ils finiront ensemble, c'est plus subtil que ça... et pas du tout infantile !

Sinon, ben, mes personnages sont quasiment tous affublés d'un handicap physique, mental ou social, quand j'y pense... que ce soit les conséquences d'un traumatismes crânien, la surdité, mais aussi les séquelles d'un stress post traumatique, une timidité handicapante...
Mais j'ai aussi quelques exemples de personnages handicapés en tete : boro reporter, personnage qui boite ce qui ne l'empêche pas de vivre de sacrés aventures ! Stephen King a des personnages âgés dans plusieurs de ses romans ou handicapés suite à un accident.

D'ailleurs le handicap peut aussi s'entendre comme handicap social et là, les exemples sont encore plus nombreux !

ps : d'accord avec Anais !

[tomate]

Je pense particulièrement au film Out of Africa. Les deux personnages sont opposés, ne se supportent pas mais s'attirent. Archétype du cliché !
Et c'est un film ( et un roman !) magnifique pourtant ! L'enjeu n'est pas de savoir si oui ou non ils finiront ensemble, c'est plus subtil que ça... et pas du tout infantile !

Justement, c'est un bon roman, réaliste et loin du cliché (d'autant plus qu'il est semi-autobiographique).

Stephen King a des personnages âgés dans plusieurs de ses romans ou handicapés suite à un accident.

Encore une fois la différence entre un bon écrivain et quelqu'un qui aligne les stéréotypes.
Je crois que le problème avec Stephen King, c'est qu'il a fini par avoir des imitateurs beaucoup moins subtils que lui.

[YeuxVerts]

Je n'ai pas tout lu (loin de là, ce sujet compte déjà 27 pages), mais je vais me permettre d'intervenir quand même. Na !

Je hais les clichés. Contrairement à la plupart des gens, je les déteste même au cinéma, là où ils sont d'habitude mieux tolérés.
Le pire à mes yeux reste sans doute la prophétie en fantasy. Je déteste tellement ce cliché que j'ai écrit une novella pour le prendre à contrepied dans une histoire que j'espère originale.

Bien sûr, le classique fils de forgeron qui devient roi/élu m'horripile aussi, mais il va souvent de paire avec une prophétie, alors ça se comprend.

Un autre plutôt agaçant, c'est l'immuabilité. Combien y a-t-il de royaumes/mondes médiévaux qui restent indécrottablement ancrés dans des paradigmes technologiques dépassés, et ça pendant plusieurs milliers d'années, alors qu'ils sont décrits comme cultivés et ouverts aux idées nouvelles ? Combien décrivent une forteresse construite mille ans auparavant, et dont personne n'a trouvé le point faible où une technique ou technologie capable de percer ses murs ? Combien de royaumes n'ont pas vu leur frontière changer en trois mille ans, alors qu'elle ne repose sur aucun obstacle naturel (rivière, montagne) ?

En science-fiction, les clichés sont beaucoup moins présents, je trouve.

[Edité] Un autre cliché agaçant est le mentor du héros qui sait plein de choses et refuse de les dire au héros, tout simplement parce que l'auteur veut préserver son intrigue jusqu'au bon moment. La raison invoquée est généralement très mauvaise, quand elle existe.

[Anaïs]

Sinon, ben, mes personnages sont quasiment tous affublés d'un handicap physique, mental ou social, quand j'y pense... que ce soit les conséquences d'un traumatismes crânien, la surdité, mais aussi les séquelles d'un stress post traumatique, une timidité handicapante...
Mais j'ai aussi quelques exemples de personnages handicapés en tete : boro reporter, personnage qui boite ce qui ne l'empêche pas de vivre de sacrés aventures ! Stephen King a des personnages âgés dans plusieurs de ses romans ou handicapés suite à un accident.

D'ailleurs le handicap peut aussi s'entendre comme handicap social et là, les exemples sont encore plus nombreux !

Mais justement ! Quand un personnage a un handicap qui s'intègre bien à l'histoire, c'est là que ça devient intéressant. Tout doit servir la construction du récit, et un handicap n'est jamais qu'une autre caractéristique d'un personnage. Elle peut le rendre plus "vrai", être un obstacle, ou au contraire une aide insoupçonnée.

[Colcoriane]

Un autre plutôt agaçant, c'est l'immuabilité. Combien y a-t-il de royaumes/mondes médiévaux qui restent indécrottablement ancrés dans des paradigmes technologiques dépassés, et ça pendant plusieurs milliers d'années, alors qu'ils sont décrits comme cultivés et ouverts aux idées nouvelles ? Combien décrivent une forteresse construite mille ans auparavant, et dont personne n'a trouvé le point faible où une technique ou technologie capable de percer ses murs ? Combien de royaumes n'ont pas vu leur frontière changer en trois mille ans, alors qu'elle ne repose sur aucun obstacle naturel (rivière, montagne) ?

ça c'est bien vrai
ça me fait penser aux Chroniques de Krondor et à la Trilogie de l'Empire de Feist (contrairement à Kea, j'ai adoré, même si moi aussi j'ai un peu buté sur l'histoire de Tomas dont je me serais bien passée). On y dépeint un univers où l'empire, Tsuranuanni, est resté inchangé depuis des siècles, tout en se glorifiant d'être supérieur et très raffiné ; mais justement, l'un des points qui reviennent un peu dans les Chroniques et surtout dans la Trilogie, c'est que cette stagnation, d'une, n'est pas naturelle, elle est forcée par certains, et de deux, elle est en train de provoquer l'effondrement de toute la société. C'était une façon d'aborder la chose que j'ai trouvé très intéressante.

[Anaïs]

Tsuranuanni, est resté inchangé depuis des siècles, tout en se glorifiant d'être supérieur et très raffiné ; mais justement, l'un des points qui reviennent un peu dans les Chroniques et surtout dans la Trilogie, c'est que cette stagnation, d'une, n'est pas naturelle, elle est forcée par certains, et de deux, elle est en train de provoquer l'effondrement de toute la société. C'était une façon d'aborder la chose que j'ai trouvé très intéressante.

Du coup, c'est un cliché volontaire et exploité par l'auteur, non ? Est-ce que ce genre de clichés vous horripile autant, vous ?

[Roanne]

Je pense particulièrement au film Out of Africa. Les deux personnages sont opposés, ne se supportent pas mais s'attirent. Archétype du cliché !
Et c'est un film ( et un roman !) magnifique pourtant ! L'enjeu n'est pas de savoir si oui ou non ils finiront ensemble, c'est plus subtil que ça... et pas du tout infantile !

Justement, c'est un bon roman, réaliste et loin du cliché (d'autant plus qu'il est semi-autobiographique).

J'ai lu Out of Africa , ou plutôt La ferme africaine récemment et j'ai justement été surprise... par l'absence TOTALE de l'arc romanesque !
En effet, ce livre parle de tout, sauf des relations sentimentales de son auteur !
Celles-ci ont été développées pour le scénario du film, alors que le roman n'en est pas vraiment un, c'est plus un recueil de tranches de vie, décousu, et un long chant d'amour nostalgique envers l'Afrique.
Si je n'avais pas vu le flim avant, je n'aurais jamais compris que l'auteur était mariée avec un amant pendant cette période de sa vie... (même de son époux, elle n'en parle pas de façon explicite).
C'était étonnant comme lecture, du coup.

En tout cas, quand on parle justement de clichés, ce roman en explose pas mal, ça vaut vraiment le coup de prendre le temps de le lire (sans parler du style, un régal).

[ilham]

c'est plus un recueil de tranches de vie, décousu, et un long chant d'amour nostalgique envers l'Afrique.
Si je n'avais pas vu le flim avant, je n'aurais jamais su que l'auteur était mariée avec un amant pendant cette période de sa vie... (même de son époux, elle n'en parle pas !).
C'était étonnant comme lecture, du coup.

Sans avoir lu le roman, j'avais compris le développement de l'histoire romantique dans le film ainsi : un hymne, nostalgique en effet, à l'Afrique... une métaphore, quoi.

Si j'ai donné tous ces exemples c'est pour dire qu'un personnage handicapé, une histoire d'amour qui commence mal, n'est pas synonyme forcément de clichés et de mauvais livre !

[Colcoriane]

Tsuranuanni, est resté inchangé depuis des siècles, tout en se glorifiant d'être supérieur et très raffiné ; mais justement, l'un des points qui reviennent un peu dans les Chroniques et surtout dans la Trilogie, c'est que cette stagnation, d'une, n'est pas naturelle, elle est forcée par certains, et de deux, elle est en train de provoquer l'effondrement de toute la société. C'était une façon d'aborder la chose que j'ai trouvé très intéressante.

Du coup, c'est un cliché volontaire et exploité par l'auteur, non ? Est-ce que ce genre de clichés vous horripile autant, vous ?

Pour moi du coup, ce n'est plus un cliché quand il est retourné de cette façon. En tout cas, ça ne me pose aucun problème à lire.

[Anaïs]

Pour moi du coup, ce n'est plus un cliché quand il est retourné de cette façon. En tout cas, ça ne me pose aucun problème à lire.

Exactement

[Roanne]

Si j'ai donné tous ces exemples c'est pour dire qu'un personnage handicapé, une histoire d'amour qui commence mal, n'est pas synonyme forcément de clichés et de mauvais livre !

Là-dessus, on est d'accord !

Note que d'ailleurs, les lecteurs s'approprient les clichés, quelque part souvent ils les attendent, en demandent ou simplement se raccrochent à eux comme à des repères (surtout dans certains genres).
Ce qui peut avoir des résultats très drôles... Sur l'un de mes projets (Devoir de réserve), un lecteur (masculin en plus, je ne dirai pas qui ) est parti du principe que les deux personnages présentés au départ allaient forcément finir ensemble et se demandait comment.
(ce qui m'a bien fait glousser, j'avoue ! et je me demande combien de lecteurs se feront avoir)

[Crazy]

Sur l'un de mes projets (Devoir de réserve), un lecteur (masculin en plus, je ne dirai pas qui ) est parti du principe que les deux personnages présentés au départ allaient forcément finir ensemble et se demandait comment.
(ce qui m'a bien fait glousser, j'avoue ! et je me demande combien de lecteurs se feront avoir)

[tomate]

Ce qui peut avoir des résultats très drôles... Sur l'un de mes projets (Devoir de réserve), un lecteur (masculin en plus, je ne dirai pas qui ) est parti du principe que les deux personnages présentés au départ allaient forcément finir ensemble et se demandait comment.
(ce qui m'a bien fait glousser, j'avoue ! et je me demande combien de lecteurs se feront avoir)

Tiens, c'est aussi le cas du roman que je viens de finir
Cependant, j'avais eu des retours avec "La chasseuse de livres" où les lectrices étaient justement très déçues que l'héroïne ne parte pas dans le couchant, l'un de ses soupirants au bras. Bref, il y a des gens qui y tiennent beaucoup!