[A] Le "show" vs le "tell"

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arwen

Re: Show, don't tell

Message par arwen »

Isaiah a écrit :Un truc que je repère assez souvent dans la catégorie "show, don't tell", c'est la redondance du show et du tell (parce qu'un peu de tell, parfois, c'est bien. Quand le tell se chevauche avec le show, on lit avec une impression de "déjà lu".
Robert s'insurgea contre le gouvernement.
- Non, le gouvernement ne peut pas augmenter les taxes ! C'est impossible ! On ne peut pas les laisser faire.
- Eh si, dit Louise. Il va falloir s'y faire.
Sauf que ton exemple c'est pas du show and tell, c'est du "tell and tell !" ;)
Tu dis qu'il s'insurge, tu ne le montres pas s'insurgeant. et ensuite le dialogue explique le pourquoi ( avec une certaine redondance dans les mots)
En vous lisant, je me demande s'il n'y a pas un cas où le "show don't tell" ne l'emporte pas :
- en cas de narrateur au "je"

C'est tout de même le but de pouvoir, en introspection, donner plus de renseignements sur les sentiments.
Je pense que les sentiments complexes sont difficiles, voire impossible à faire passer sans un peu de "tell".
Tout dépend !
Dans une de mes nouvelles, le personnage est terrifié, il se liquéfie sur place. J'utilise le "je". et bien je ne le lui fais pas dire " je suis terrorisé", je lui fait décrire ses symptômes physiques. Tout simplement parce que dans ces moments là on n’analyse pas ses émotions, on les ressent, physiquement...
Après bien sur, tu peux faire analyser les choses à ton personnage et les expliciter, a posteriori, ( comme dans l'exemple que tu donnes, la lettre ou le cahier intime) ou quand il en a le temps, ça dépend des situations.
Pour les sentiments, c'est pareil. Un personnage amoureux, je ne passe jamais par le "je t'aime !" passionné.
Ce personnage est fou amoureux de sa compagne dans cette nouvelle. C'est jamais dit... Cependant, par ce qu'il est capable de faire pour elle, par son attitude, je pense que c'est très clair. Mais remarque bien que c'est un choix, le personnage ne fait pas d'introspection ( très masculin dans le genre ! ;) ) il raconte des faits, des gestes, là où un autre, une autre se pencherait sur ses réflexions sur le sujet.

Garg
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Re: Show, don't tell

Message par Garg »

arwen a écrit :Tout dépend !
Dans une de mes nouvelles, le personnage est terrifié, il se liquéfie sur place. J'utilise le "je". et bien je ne le lui fais pas dire " je suis terrorisé", je lui fait décrire ses symptômes physiques. Tout simplement parce que dans ces moments là on n’analyse pas ses émotions, on les ressent, physiquement...
Il faut un sacré talent pour ne pas que le personnage s'auto-analyse. Car s'observer, c'est aussi se détacher de soi et ne pas ressentir vraiment les sentiments, à mon sens.

D'après tout ce que je lis ici, il faut pratiquer et comparer. Il est vrai que j'aurai tendance à la paresse (le tell étant plus facile).
arwen a écrit :Pour les sentiments, c'est pareil. Un personnage amoureux, je ne passe jamais par le "je t'aime !" passionné.
Ton personnage a le droit de le dire, ne le censure pas ;) !

arwen a écrit :Mais remarque bien que c'est un choix, le personnage ne fait pas d'introspection ( très masculin dans le genre ! ;) ) il raconte des faits, des gestes, là où un autre, une autre se pencherait sur ses réflexions sur le sujet.
Je ne sais pas si c'est un trait masculin (la guerre des sexes n'aura pas lieu ici :wamp: ) mais cela me ressemble bien.

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Eva
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Re: Show, don't tell

Message par Eva »

Je ressors ce fil parce que je viens de faire un tour sur le site où Orson Scott Card donne des conseils d'écriture. Dans une de ses réponses, il parle des limites du "show don't tell". Pour les anglophones, c'est par ici.

Pour les autres, je veux bien tenter une traduction, mais je ne suis pas une professionnelle, donc ne m'en veuillez pas si le résultat n'est pas parfait. :P

Donc ici, Orson Scott Card répond à la question d'un écrivain en herbe qui se demande comment expliquer au lecteur la motivation d'un personnage (motivation dans le sens : raisonnement qui pousse le personnage à agir comme il le fait) :
Orson Scott Card a écrit : Vous dites : "Tout au long du roman, je me suis attaché non pas à dire les motivations, mais à essayer de les montrer."

Et vous l'avez fait à cause... de ces crétins qui vous ont dit "show don't tell" ? Parce qu'on ne peut pas montrer la motivation. On doit la dire. (En fait, la plupart des choses doivent être dites.) Le conseil "show don't tell" ne s'applique qu'à peu de situations -- la plupart du temps, pour la plupart des choses, on dit-et-ne-montre-pas. J'en ai vraiment assez de ce conseil idiot qui a tourmenté les écrivains pendant des générations.

La motivation est précisément la chose qu'on ne peut pas montrer. Ce que font les films -- utiliser les dialogues ou les motifs-les-plus-faciles-à-deviner pour indiquer la motivation n'est en fait pas un très bon procédé parce qu'il n'y a ni nuance ni subtilité et peut rarement être fait (ça prend sacrément trop de pellicule !). C'est tout simplement une des raisons pour lesquelles les films ne réussissent pas très bien à mettre en scène des motivations subtiles, et doivent constamment utiliser des grosses ficelles pour gagner la sympathie des spectateurs.

Quand vous utilisez la focalisation interne, la chose la plus importante que vous devez dire au lecteur est la raison précise qui pousse le personnage à agir, dès que celui-ci en est conscient. Si vous ne le faites pas, vous trichez, et les lecteurs perdent patience petit à petit, jusqu'à ce qu'ils se désintéressent parce que vous ne leur donnez pas l'information la plus importante que les gens recherchent dans les histoires -- en particulier dans la fiction !
Modifié en dernier par Eva le mer. mai 02, 2012 10:03 pm, modifié 1 fois.
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Siana
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Re: Show, don't tell

Message par Siana »

Il y a bien sûr un dosage à faire entre le tell et le show, et il faut souvent un peu de tell pour bien faire comprendre le show. Mais là j'ai du mal avec ce passage. Je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas montrer les motivations. Parce que si le personnage parle souvent d'un sujet (pire, s'il est obsédé), ou qu'il essaye de réussir un truc, bref, si sa détermination apparaît à travers ses actes et paroles, alors on voit bien qu'il est motivé. Evidemment, rien n'empêche un peu de tell pour appuyer l'idée.

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Eva
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Re: Show, don't tell

Message par Eva »

Siana a écrit :Mais là j'ai du mal avec ce passage. Je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas montrer les motivations.
C'est de ma faute, je n'ai pas assez expliqué le contexte. Il ne s'agit pas de montrer qu'un personnage est motivé, mais d'expliquer le raisonnement qui l'amène à agir comme il le fait.

Je vais prendre un exemple :

M. Crapaud s'apprête à sonner à la porte de son voisin, quand il s'interrompt, serre les poings, relève le menton et fait demi-tour. Bon, ce personnage a l'air déterminé, mais pourquoi a-t-il fait ça ? Une raison possible : il allait rendre service à son voisin en lui signalant qu'il a oublié d'éteindre les phares de sa voiture, mais il s'est dit soudain que le voisin en question n'a jamais été très aimable, au contraire, et que du coup, il peut bien aller se faire voir. Est-ce qu'on peut montrer cette motivation ? Est-ce qu'il n'est pas plus simple et efficace de la dire ? ;)
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Mélanie
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Re: Show, don't tell

Message par Mélanie »

Pour ce coup, le conseil qu’il donne n'est pas du tout contraire à ce qu’il m’arrive de penser quand je me laisse penser. Je suis très d’accord que des motivations profondes paraissent moins subtiles quand on les rend visibles. Pour prendre un petit exemple, un demi-amour que l’on se cache avec pudeur, on raterait à mon avis la finesse de la situation en la révélant aux yeux du lecteur.
Ensuite, quoi qu’il en soit, rien n’est jamais simple. Il y a des choses qui valent mieux d'être dites (comme les détails psychologiques) et d’autres qui prennent plus de force en les montrant (je pense aux sentiments violents). Et puis aussi, il y a le style global de l’auteur qui oriente ces choix.
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Re: Show, don't tell

Message par takisys »

c'est un exemple effectivement très parlant!

Dans mon tome 1, j'ai essayer d'appliquer le show don't tell au maximum, et je me rens compte que pour certain passage, non seulement ça ne fonctionne pas, mais en plus ça créait une distance avec mes personnages.

Je crois, je me trompe peut-être, mais pour que le show don't tell fonctionne, il faut pouvoir utiliser un registre qui soit commun au lecteur et au personnage, sinon, le lecteur va passer à coté de l'intention parce qu'il ne va pas décoder les actes et émotions du perso... en tout cas, c'est l'impression que j'ai eu suite au différentes bêta et retour dont ce tome a bénéficié.

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Siana
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Re: Show, don't tell

Message par Siana »

Eva a écrit :
Siana a écrit :Mais là j'ai du mal avec ce passage. Je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas montrer les motivations.
C'est de ma faute, je n'ai pas assez expliqué le contexte. Il ne s'agit pas de montrer qu'un personnage est motivé, mais d'expliquer le raisonnement qui l'amène à agir comme il le fait.

Je vais prendre un exemple :

M. Crapaud s'apprête à sonner à la porte de son voisin, quand il s'interrompt, serre les poings, relève le menton et fait demi-tour. Bon, ce personnage a l'air déterminé, mais pourquoi a-t-il fait ça ? Une raison possible : il allait rendre service à son voisin en lui signalant qu'il a oublié d'éteindre les phares de sa voiture, mais il s'est dit soudain que le voisin en question n'a jamais été très aimable, au contraire, et que du coup, il peut bien aller se faire voir. Est-ce qu'on peut montrer cette motivation ? Est-ce qu'il n'est pas plus simple et efficace de la dire ? ;)
Je comprends mieux. :) Et je pense que le contexte peut justement nous aider à déterminer si l'on a besoin de tell ou non. Dans certains cas, c'est préférable, mais à mon avis il est aussi possible de placer du show à condition de ne pas le montrer n'importe comment. Par exemple, à la place de l'explication sur le voisin peu aimable, on peut placer un flash-back de la dernière méchanceté qu'il a jeté au visage du personnage (ou autre souvenir du genre). C'est l'idée qui me vient là, pour montrer, mais dans d'autres circonstances, on pourrait peu-être montrer la motivation d'une autre façon. Je pense que c'est une question de contexte et de scénarisation. C'est aussi et surtout à doser et pas à placer n'importe où. Chaque situation me semble spécifique, dans ce cas.
Évidemment, selon le traitement de la scène, le tell pourrait être plus efficace. C'est à voir.
takisys a écrit :c'est un exemple effectivement très parlant!
Dans mon tome 1, j'ai essayer d'appliquer le show don't tell au maximum, et je me rens compte que pour certain passage, non seulement ça ne fonctionne pas, mais en plus ça créait une distance avec mes personnages.
Je pense plutôt au fait que l'homme n'a pas souvent des pensées très élaborées. L'homme est instinctif par nature. Lorsqu'il a peur, il a peur, et il pense à sa peur et à la chose qui l'effraie. Il ne pense pas à "mes jambes qui flageolent et la sueur froide qui coule le long de mon dos". Il n'a ni le recul ni l'esprit assez ouvert pour penser à son corps. Il a l'esprit trop obnubilé par ce qu'il vit et par l'émotion. C'est pour ça que trop de show à la première personne me donne souvent l'impression d'un récit trop artificiel, parce que le personnage fait trop attention à lui et aux moindres réactions de son corps. C'est le cas pour les émotions fortes, en particulier. Mais il y a aussi des exceptions, comme les mains moites que l'on remarque en attendant dans le couloir le jour d'un oral. :wamp:



Désolée, j'ai un peu de mal à m'exprimer... Bonne nuit ! :zzz:

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Roanne
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Re: Show, don't tell

Message par Roanne »

Siana a écrit :Je pense plutôt au fait que l'homme n'a pas souvent des pensées très élaborées. L'homme est instinctif par nature. Lorsqu'il a peur, il a peur, et il pense à sa peur et à la chose qui l'effraie. Il ne pense pas à "mes jambes qui flageolent et la sueur froide qui coule le long de mon dos". Il n'a ni le recul ni l'esprit assez ouvert pour penser à son corps. Il a l'esprit trop obnubilé par ce qu'il vit et par l'émotion.
En même temps, réduire la peur à "mes jambes qui flageolent et la sueur froide qui coule le long de mon dos", c'est à la fois un cliché et un mauvais cliché (il faut être limite terrorisé pour que le corps envoie des signaux aussi forts).
La peur, en général, s'exprime par le cœur qui bat plus vite, la bouche sèche (ce qui peut amener des difficultés pour s'exprimer) et un corps prêt à partir en courant (peur = adrénaline = réaction de fuite ou d'agressivité). Le personnage doit, par instinct, chercher une échappatoire, donc être dans la recherche d'action (quitte à ce que celle-ci soit offensive). Ce qui agit aussi sur ses yeux (regard qui balayent la scène à la recherche d'une solution). De mon point de vue, c'est lorsque l'action et/ou la fuite ne sont pas possible qu'on en vient aux genoux qui flagellent, à la sueur qui dégouline, et là je ne vois pas pourquoi le personnage ne pourrait pas en avoir conscience puisque cela signifie que sa peur a perduré... et qu'il a le temps d'être gêné par ses "symptômes".

Bon, ok, tout dépend du contexte, mais tout ça pour dire que c'est très variable d'une scène à l'autre ou d'un auteur à l'autre.

Note que je suis quand même globalement d'accord avec toi : pendant que le personnage à peur, il doit avant tout être à la recherche d'une solution - ou sinon avoir conscience qu'il est bloqué, être paralysé, etc.
C'est ensuite seulement, une fois la situation résolue (en bien ou en mal) qu'il peut vraiment prendre conscience de ses effets sur son corps, pleinement. Le retour de bâton émotionnel fait parfois plus mal que ce qui l'a déclenché.

Une autre solution que j'aime aussi beaucoup, et tout à fait exploitable en narration interne : le regard des autres. Ce qu'ils expriment, montrent, de nos propres réactions.
Une fois, à un oral, je me souviens avoir flippé vu le sujet sur lequel je suis tombée. Là bien sûr, pas de fuite possible... Je me rappelle avoir pensé très clairement "bon sang, heureusement que je suis assise !", puis avoir vu dans l'expression du prof qui me le faisait passer, tout aussi clairement, qu'à ma réaction, à la tête que je devais faire, il avait compris que ce sujet-là me posait problème.
C'est le genre de choses qu'un auteur peut exploiter.
(il peut aussi exploiter l'inverse, c'est à dire le vis-à-vis qui ne devine pas le malaise parce que le personnage a parfaitement contrôlé ses émotions et rien exprimé, c'est tout aussi intéressant selon le contexte !)
Siana a écrit :C'est pour ça que trop de show à la première personne me donne souvent l'impression d'un récit trop artificiel, parce que le personnage fait trop attention à lui et aux moindres réactions de son corps. C'est le cas pour les émotions fortes, en particulier. Mais il y a aussi des exceptions, comme les mains moites que l'on remarque en attendant dans le couloir le jour d'un oral. :wamp:
Tu peux ajouter l'envie de faire pipi au dernier moment ou la gorge sèche... ^^ Oui, bon, le premier n'est pas très glamour.
Vous n'aimez pas Noël ? ça tombe bien, nous non plus ! Du coup, avec Chapardeuse, nous vous invitons sur Wattpad pour (re)découvrir le Noël cataclysmique de Claire et Chan.

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Re: Show, don't tell

Message par Stef- »

Je suis comme Card, sans doute car je suis influencé par ses conseils, ou plutôt, que je recherche à atteindre une manière d'écrire proche de la sienne...

Je me méfie de l'adage "show don't tell" comme de la peste. Souvent c'est important de s'efforcer de l'appliquer, car quelque part, tout expliquer au lecteur en permanence peut être vite agaçant pour ce dernier (et là je me souviens d'un conseil simple et accessible, basé sur des ressentis de lecture, de Lucie Chenu)

Mais il faut aussi garder à l'esprit que lorsqu'on écrit en pdv interne, depuis les perceptions des personnages (1ère ou 3ème personne peu importe), on ne peut passer sous silence ou juste suggérer les émotions de ces derniers, lorsque celles-ci sont directement nécessaires à leur caractérisation et la bonne compréhension de l'intrigue.

En d'autres termes, je crois que le lecteur doit être en possession, au minimum, des mêmes clés que les personnages, voire plus (par exemple en maniant l'ironie dramatique), et qu'être obnubilé par le show don't tell, à l'excès, peut parfois incliner l'auteur sans qu'il se rende compte à omettre des choses importantes, que lui croit évidentes, comme acquises, mais qui ne le sont pas pour le lecteur.

Il y a un dosage à trouver. Et pour reprendre des mêmes conseils issus de Personnages & points de vue, Card compare l'exposition des informations à une plante, qui doit être bien arrosée : ni trop, ni trop peu...

Pas simple ! :)

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Re: Show, don't tell

Message par Beorn »

Je pense qu'il y a beaucoup de confusion autour du "show don't tell".
On est effectivement parasités par le cinéma, ou le "tell" signifie "dialogue" et le "show" signifie "image", ce qui n'est pas du tout le cas à l'écrit.

Je reste persuadé que dans les scènes d'action (lutte, peur, traque, assaut) le "show" est plus intéressant car il reflète mieux la réalité. Les personnages pensent peu, leurs rares idées sont simples et leurs gestes parlent d'eux-mêmes.
Je pense que dans les dialogues ou dans les descriptions, il y a toujours un grand danger de "show+tell" comme le disait Isaiah il y a un an, qu'il faut traquer au maximum.
Il y a aussi dans le "show" un moyen de faire comprendre les choses avec poésie (sourire à un portrait, lui caresser les cheveux du doigt) ou subtilité (montrer la nervosité par les dialogues, par un geste brusque).

En revanche, rien ne remplace complètement le "tell" dès qu'on s'invite dans les pensées profondes du personnages. Ses rêveries, ses déceptions, ses espoirs...
Bref, il faut savoir utiliser les deux... ^^
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Re: Show, don't tell

Message par Stef- »

Je crois que ce qui défend le show don't tell, c'est qu'il faut éviter de se répéter, et parfois ces effets de répétitions ne sont pas évidents à déceler. Pour ma part j'ai mis beaucoup de temps à m'en rendre compte et quand je repasse dans mon texte je m'efforce d'alléger ce qui est superflu, par exemple si deux répliques de dialogue illustrent bien une émotion chez un personnage, il devient alors inutile de rajouter une phrase descriptive, le lecteur risque d'être agacé et de se dire "c'est bon, on a compris, pas la peine d'en rajouter une couche" etc.

Mais c'est difficile de bien doser tout cela.
Modifié en dernier par Stef- le jeu. mai 03, 2012 12:25 pm, modifié 1 fois.

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Re: Show, don't tell

Message par Celia »

Je peux témoigner aussi d'un gros défaut que j'avais (ou ai encore de temps en temps) C'est de vouloir faire raconter un évènement ou une émotion à un personnage, alors que l'efficacité est démultipliée si on (d)écrit l'évènement ou l'émotion en question.
C'est ça, pour moi, le "show don't tell".
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Re: Show, don't tell

Message par Stef- »

Cela aussi c'est intéressant comme problématique :)

Quand décrire au "passé" relaté (par exemple imparfait/plus que parfait si on écrit au passé simple, ou bien passé composé si on écrit au présent), et quand décrire dans l'action ? (le présent dans la fiction)

Parfois ces choix sont cornéliens ! Trouver le moment où "l'action" commence, le point de départ de la scène par exemple, mais qui est introduit par un passage d'exposition au passé...

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Re: Show, don't tell

Message par Celia »

En fait j'ai eu le souci très récemment dans les Bracelets.
A un moment, dans l'avant-dernier chapitre, mon héroïne est enfermée. C'est elle le pdv interne depuis le début, mais là, j'ai du prendre un second point de vue pour éviter le "tell" : je n'avais pas envie que, une fois libérée, quelqu'un lui raconte ce qui s'était passé pendant son absence de l'action.
Du coup ça a posé un déséquilibre sur le reste du texte.
La solution de facilité aurait été de ne garder que son point de vue à elle, d'ôter le second point de vue qui gêne, et de passer par le "tell" en deux ou trois pages.
La solution que j'ai choisi est de garder le "show" et d'utiliser le second point de vue à d'autres reprises dans le texte, pour y habituer le lecteur dès le départ.
C'est plus long, plus complexe, mais en même temps cela ouvre d'autres possibilités au texte en son entier.
Ceci dit, j'ai du y réfléchir longtemps avant de me décider, et peut-être que quelqu'un d'autre aurait choisi le "tell" et en aurait fait quelque chose de bien ^^
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