[A] Le "show" vs le "tell"

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Stef-
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Re: Show, don't tell

Message par Stef- »

Aaah les choix des pdv... ! ^^

Je me pose aussi souvent de gros dilemmes ! J'ai l'impression que c'est beaucoup une question d'expérience, et qu'au fil du temps, on acquiert une sorte d'instinct pour aller plus naturellement vers le pdv adapté (mais j'en suis trèès loin...)

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Siana
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Re: Show, don't tell

Message par Siana »

Roanne a écrit : En même temps, réduire la peur à "mes jambes qui flageolent et la sueur froide qui coule le long de mon dos", c'est à la fois un cliché et un mauvais cliché (il faut être limite terrorisé pour que le corps envoie des signaux aussi forts).
La peur, en général, s'exprime par le cœur qui bat plus vite, la bouche sèche (ce qui peut amener des difficultés pour s'exprimer) et un corps prêt à partir en courant (peur = adrénaline = réaction de fuite ou d'agressivité). Le personnage doit, par instinct, chercher une échappatoire, donc être dans la recherche d'action (quitte à ce que celle-ci soit offensive). Ce qui agit aussi sur ses yeux (regard qui balayent la scène à la recherche d'une solution). De mon point de vue, c'est lorsque l'action et/ou la fuite ne sont pas possible qu'on en vient aux genoux qui flagellent, à la sueur qui dégouline, et là je ne vois pas pourquoi le personnage ne pourrait pas en avoir conscience puisque cela signifie que sa peur a perduré... et qu'il a le temps d'être gêné par ses "symptômes".
J'ai exagéré mon idée, mais je pensais à toute sorte de réaction physiques, y compris un cœur qui bat vite ou une gorge sèche. Mais je voulais juste dire qu'un être humain, en situation d'émotion intense, ne remarque pas tout de suite son état. Ce n'est pas sa première préoccupation. Ce qui ne l'empêche pas de s'en rendre compte au bout de quelques minutes, ou si la situation change. Enfin, dans le fond, on est d'accord.

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Roanne
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Re: Show, don't tell

Message par Roanne »

Siana a écrit :J'ai exagéré mon idée, mais je pensais à toute sorte de réaction physiques, y compris un cœur qui bat vite ou une gorge sèche. Mais je voulais juste dire qu'un être humain, en situation d'émotion intense, ne remarque pas tout de suite son état. Ce n'est pas sa première préoccupation. Ce qui ne l'empêche pas de s'en rendre compte au bout de quelques minutes, ou si la situation change. Enfin, dans le fond, on est d'accord.
Oui, tout à fait en définitive.
Parfois on s'en aperçoit, mais le plus souvent tu as raison, on est trop obnubilé pour y faire attention (ce qui n'est pas forcément le cas des gens en face).
Vous n'aimez pas Noël ? ça tombe bien, nous non plus ! Du coup, avec Chapardeuse, nous vous invitons sur Wattpad pour (re)découvrir le Noël cataclysmique de Claire et Chan.

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Anaïs
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Re: Show, don't tell

Message par Anaïs »

Hello !

Depuis un retour de bêta, je me pose plein de questions sur le "show don't tell" qui semble si important quand on veut prendre la plume.

J'ai beaucoup de mal à l'identifier, ça ne me vient pas naturellement. Du coup, je me demande si d'autres grenouilles ont remarqué des cas de "tell" (ou de "show") surexploité dans leurs lectures, avant qu'on ne leur pointe cette règle dans une bêta-lecture ou dans tout support présentant les techniques d'écriture ?

Ce qui m'amène à la question suivante : ne peut-on pas considérer que la répartition show/tell fait partie intégrante d'un style propre à l'auteur ?
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Macada
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Re: Show, don't tell

Message par Macada »

Anaïs a écrit :ne peut-on pas considérer que la répartition show/tell fait partie intégrante d'un style propre à l'auteur ?
Qu'entends-tu par là ?
C'est bien sûr à l'auteur de décider quand il veut faire du show et quand il veut faire du tell. C'est à lui de décider, au cas où ses bêtas lui reprochent l'un ou l'autre, s'il désire ou non les avoir dans le le lectorat du texte, quel compromis/modifications il est prêt ou non à mettre en oeuvre.

Quant à la différence entre le show et le tell, pour moi c'est la différence entre "je suis dans la peau du personnage, je ressens ce qu'il ressent" et "je regarde (d'assez loin) le personnage, je sais ce qu'il ressent sans le ressentir directement moi-même".
Le show te fera monter - directement - les larmes aux yeux par empathie, le tell te montrera quelqu'un en train de pleurer et tu devras passer par des analogies avec ta propre expérience si tu veux avoir les larmes aux yeux.
Ou le show te fera - directement - combattre avec ta belle épée, le tell te montrera le guerrier en train de combattre.

Bref, le "show" pour moi s'adresse à des lecteurs qui ont envie de ressentir/vivre très directement l'histoire/la scène, le tell plutôt à ceux qui ont envie "d'écouter" une histoire/une scène sans trop s'y impliquer. Et je précise "scène" parce que souvent dans une même histoire, le show et le tell alternent, histoire de ne pas être toujours en pleine tension émotive ou, à l'inverse, de trop se distancier de l'histoire.

Aussi, le show exige un rythme temporel très lent - pour qu'un lecteur ressente (directement) une émotion/vive (directement) une action, cela demande des détails pour qu'il s'imprègne bien de la scène et qu'il la "vive".
Tandis que le tell, n'exigeant pas cette imprégnation, peut exposer des faits les uns après les autres. Plusieurs siècles peuvent s'écouler en une seule phrase (ou une bataille complète en 1/2 page ou un deuil en quelques lignes,...).

Perso, la façon dont je décide ça est fonction de la tension que je veux mettre dans une scène/une péripétie. Les retour des bêtas me permet ensuite de savoir si j'ai réussi mon coup ou pas - si mon tell n'est pas trop sec, si mon show est réussi - , et me guident dans l'amélioration du texte.
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Beorn
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Re: Show, don't tell

Message par Beorn »

Macada a écrit :Quant à la différence entre le show et le tell, pour moi c'est la différence entre "je suis dans la peau du personnage, je ressens ce qu'il ressent" et "je regarde (d'assez loin) le personnage, je sais ce qu'il ressent sans le ressentir directement moi-même".
Personnellement, je ne vois pas trop les choses comme toi, Macada.
Je pense que la notion de "show" et de "tell" est en partie indépendante de la proximité avec le personnage ou l'immersion dans le récit.

Si on a un récit très détaché des personnages, par exemple avec une narration omnisciente, on peut effectivement raconter au lecteur que untel est coureur de jupon, unetelle adore la bonne cuisine et que le volcan endormi à côté du village va bientôt entrer en éruption (tell).
Mais on peut avoir exactement le même genre de récit qui va montrer untel en train de draguer trois filles dans la même soirée, untelle en train de lécher le plat avec son doigt et la terre gronder autour du volcan (show).

Le "show" met les gens en situation, il laisse la scène elle-même expliquer qui sont les personnages, ce qu'ils veulent, qu'elle est la situation dans laquelle il se trouve. Il permet de donner du sens, sans alourdir la narration (en principe)
Le "tell" explique les choses. Il est souvent plus indigeste par nature, mais avec une belle plume ou de l'humour, cela peut être magnifique aussi.

A mon sens, aucune des deux techniques n'est ni bonne ni mauvaise. Le problème, c'est que beaucoup d'auteurs ont tendance à choisir le "tell" sans trop y penser, de façon naturelle, c'est un peu la voie de la facilité ("je vais vous expliquer les choses"). A mon sens, c'est la raison de l'adage "show don't tell", qui, bien entendu, n'est absolument pas une "règle" à suivre, mais plutôt un conseil pour ne pas oublier le "show" quand c'est nécessaire.
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Re: Show, don't tell

Message par Beorn »

Emmanuelle a écrit :Son point de vue à lui, que je partage largement, c'est que le show/dont tell permet de parler davantage à l'inconscient du lecteur, donc favorise ce que les auteurs cherchent avant tout = l'identification du lecteur au personnage.
Emmanuelle a écrit :et j'ai appris l'écriture auprès d'un scénariste, ce qui oriente probablement mon point de vue.
Oui, je pense qu'en matière de show don't tell, le fait qu'on travaille sur du cinéma ou sur un roman, cela change tout.
Au cinéma, on peut difficilement faire autrement que "montrer" les choses - sauf avec une voix off, ou avec un personnage qui énonce tout haut ce que le spectateur est censé comprendre (ce qui est souvent affreusement lourd).
Le roman, c'est l'art de dire les choses, on est dans l'écrit, dans l'usage des mots. Je pense que le "tell" y a beaucoup plus de légitimité et qu'on peut aussi toucher l'inconscient du lecteur par la poésie ou la beauté des mots.

Il n'en reste pas moins que le "show don't tell" reste un bon conseil dans pas mal de cas, à mon avis, même pour un roman.
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Macada
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Re: Show, don't tell

Message par Macada »

Beorn a écrit : Si on a un récit très détaché des personnages, par exemple avec une narration omnisciente, on peut effectivement raconter au lecteur que untel est coureur de jupon, unetelle adore la bonne cuisine et que le volcan endormi à côté du village va bientôt entrer en éruption (tell).
Mais on peut avoir exactement le même genre de récit qui va montrer untel en train de draguer trois filles dans la même soirée, untelle en train de lécher le plat avec son doigt et la terre gronder autour du volcan (show).
Oui, ces sont de bonnes illustration du tell et du show pour moi aussi. Et c'est aussi la définition officielle, technique.

Mais, pour moi le tell n'engendre pas d'émotions directes, tandis que l'autre j'y suis. Et j'utilise ce point de vue pour guider mon écriture, une sorte de corollaire à la def/technique de base.
Autrement dit, une sorte de définition équivalente : faire une scène où on s'y croit == (ou presque) à une scène show

Un autre corollaire est le fait que "montrer" demande des scènes "détaillées" et prend généralement plus de place que "dire" les choses. (décrire une éruption, c'est plus long que de dire que le volcan est en éruption)
Ca signifie concrètement que quand on est limité en nombre de signes, il va falloir jouer avec. Et aussi que modifier une scène tell en une scène show ou inversement n'est plus de l'ordre de la modif mais bien de la réécriture qui va demander plein de place (et de connaissances/infos) en plus dans le cas tell-->show, et savoir synthétiser dans le cas show--> tell.
D'où, pour éviter ça, je conçois un texte selon les tensions et les relâchements de tension que je désire et cela me définit où je dois mettre une scène en show/émotions/détaillée et où je peux(dois) mettre du tell/reposant/synthétique.

Edit : grillée par Emmanuelle et Beorn. ^^
Modifié en dernier par Macada le mar. mai 06, 2014 8:09 pm, modifié 1 fois.
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Francis Ash
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Re: Show, don't tell

Message par Francis Ash »

Anaïs a écrit :Hello !

Depuis un retour de bêta, je me pose plein de questions sur le "show don't tell" qui semble si important quand on veut prendre la plume.

J'ai beaucoup de mal à l'identifier, ça ne me vient pas naturellement. Du coup, je me demande si d'autres grenouilles ont remarqué des cas de "tell" (ou de "show") surexploité dans leurs lectures, avant qu'on ne leur pointe cette règle dans une bêta-lecture ou dans tout support présentant les techniques d'écriture ?

Ce qui m'amène à la question suivante : ne peut-on pas considérer que la répartition show/tell fait partie intégrante d'un style propre à l'auteur ?
Rassure-toi jeune padawane, j'ai découvert le show don't tell en mettant la première palme dans la mare ;)
En fait, avant, j'avais déjà cette notion à l'esprit. Pour moi, ça consistait à décrire une émotion plutôt que de la nommer. Par exemple : ne pas dire "Billy bob avait peur" mais "les yeux de Billy bob s'exorbitaient. Ses mains tremblaient et ses genoux effectuaient un numéro de claquette." (bon exemple pourri, je te le concède, mais exemple quand même ^^ )

En revanche, je ne dirais pas que la répartition show/tell fait partie du style propre à tout auteur. De mon point de vue, les deux s'alternent au fil du récit. Le tell, c'est à mes yeux ce qui relie deux scènes, le fil conducteur indispensable qui fait qu'on raconte une histoire. Le show, c'est pour les scènes sur lesquelles on met l'accent. Et dans lesdites scènes, les détails sur lesquels on choisit de zoomer. C'est ce qui donne de l'ampleur, de la couleur à ces passages. Ce qui permet au lecteur de se sentir impliqué dans l'action, d'en ressentir les émotions.
On a parfois l'impression de le faire, mais non, on se contente de survoler. C'est comme ça que j'ai compris les BL qui me disaient d'être plus dans le show a certains moments. Du coup, j'ai repris les passages concernés, je les ai étoffés, j'ai été plus vigilant sur les détails que j'avais dans la tête mais que je n'avais pas retranscris sur le papier... Et ça a été mieux, du coup ;)

Autre vertu du show : ça m'oblige à mieux visualiser ce que je décris. A me focaliser sur tous les sens que je fais entrer en scène (souvent, on se contente de la vue et d'un peu d'ouïe... Sur le dévoreur, une de mes BL m'a fait remarquer que le sens olfactif était absent, ce qui est quand même dommage pour une nouvelle ou l'action se passe dans une forêt humide ou au bord de l'océan... Il y a des odeurs, elles produisent un effet sur les gens, donc autant que je m'en serve ;))

Mais tout est question de dosage. On ne peut pas tout mettre en show, sinon une nouvelle de 30K SEC se transformerait en novelle de 100K, et on perdrait toute variation d'intensité. De la même manière, tout en tell, pour moi ce n'est plus une nouvelle... C'est un article de presse. Ca va raconter ce qui s'est passé, mais pas faire vibrer le lecteur :)

Une fois encore, ceci n'est que ma vision des choses. Mais depuis que je prête plus attention aux détails du show, j'ai l'impression que mes récits plaisent davantage à mes lecteurs, j'ai plus de :love: et de :heart: dans mes bêtas, et ça fait plaisir :mrgreen:
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Re: Show, don't tell

Message par Beorn »

Emmanuelle a écrit :Mais si le but est que le lecteur rentre dans la peau du personnage, vive son histoire, soit incapable de lâcher le bouquin, et reste dedans alors même qu'il est terminé, je ne suis pas sûre que la poésie et la beauté des mots soit le meilleur moyen.
Je vais me retrouver à défendre le tell alors que je prêche toujours le show d'habitude. ^^
Mais si, je crois qu'on peut provoquer de l'émotion avec des mots, et pas simplement parce qu'ils sont "jolis", mais parce qu'ils ont du sens, qu'ils évoquent des images et qu'ils touchent les gens. ;)

Dire qu'un enfant est triste, cela peut passer par le show (il a les yeux vides, il pleure, il baisse la tête) mais cela peut aussi passer par le tell (raconter que sa mère le battait à mort, que dans sa tête, c'est un abîme de tristesse, etc.). ça peut-être très émouvant, et ce n'est pas quelque chose de désincarné, mais de très concret aussi.
Emmanuelle a écrit :Je pense qu'il y a plus efficace, et que ça passe par le sous-texte.
Je dirais que... pt'êt ben que oui, pt'êt ben que non. ^^
ça dépend des fois, ça dépend de la plume de l'auteur, de son intention de départ, de la manière dont il a voulu construire son roman.
Cela dit, je t'accorde que oui, souvent, le sous-texte est sous-employé par les auteurs qui débutent.
Macada a écrit :Mais, pour moi le show n'engendre pas d'émotions directes, tandis que l'autre j'y suis. Et j'utilise ce point de vue pour guider mon écriture, une sorte de corollaire à la def/technique de base.
Autrement dit, une sorte de définition équivalente : faire une scène où on s'y croit == (ou presque) à une scène show
Si on s'y croit, n'est-ce pas une émotion directe ? Pardon, je crois que je n'ai pas bien compris ce que tu as dit. :oops:
Macada a écrit :Un autre corollaire est le fait que "montrer" demande des scènes "détaillées" et prend généralement plus de place que "dire" les choses. (décrire une éruption, c'est plus long que de dire que le volcan est en éruption)
Ca signifie concrètement que quand on est limité en nombre de signes, il va falloir jouer avec. Et aussi que modifier une scène tell en une scène show ou inversement n'est plus de l'ordre de la modif mais bien de la réécriture qui va demander plein de place (et de connaissances/infos) en plus dans le cas tell-->show, et savoir synthétiser dans le cas show--> tell.
D'où, pour éviter ça, je conçois un texte selon les tensions et les relâchements de tension que je désire et cela me définit où je dois mettre une scène en show/émotions/détaillée et où je peux(dois) mettre du tell/reposant/synthétique.
Je pense que c'est vrai dans certains cas, dans le sens où certains éléments ne peuvent être "showed" qu'avec une scène suffisamment longue et bien préparée (le volcan, par exemple).
Mais je crois que ce n'est pas toujours le cas. Il y a aussi ce que j'appellerais le "micro-show" et le "micro-tell" inséré en permanence dans le texte. Quand on dit d'une personne qui sort "il partit en claquant la porte" ou "il partit furieux", on fait un choix entre les deux qui ne prend pas plus de place.

EDIT : grillé par Francis ;)
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Re: Show, don't tell

Message par Beorn »

Emmanuelle a écrit :Désolée Beorn, je ne voulais pas forcément défendre le show à tout prix.
Oh mais il n'y a aucun souci Emmanuelle. :love:
On papote, c'est tout. Désolé si je t'ai paru moi-même trop péremptoire, ce n'est pas du tout mon intention. ;)
Emmanuelle a écrit :Je pense que c'est un problème de définition, et que je n'ai pas tout compris, parce que pour moi, évoquer une image, c'est totalement du show.
Alors là, je ne sais pas du tout quoi te répondre.
Une métapohore, c'est du show ? Une comparaison aussi ? Même quand on décrit un état de tristesse intérieure ? Dans ce cas, il reste effectivement bien peu de place au tell. je ne l'ai jamais considéré ainsi, mais après tout pourquoi pas.
Moi quand j'entends "show", je pense plutôt à des actes, à des situations concrètes. En fait, je ne sais pas si j'ai la bonne définition ?
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LynVie
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Re: Show, don't tell

Message par LynVie »

Bonjour tous^^

Je viens de passer ces quatre pages de fil au crible. Je connaissais le principe de nom (et l'ai vu vaguement au fil de mes lectures propres), et je découvre qu'au final cette notion n'est pas aussi simple qu'elle m'y paraissait. Chacun finalement a une approche un peu différente du show ou du tell, et même une définition un peu différente. Mais au-delà de ça, cette notion m'a un peu perturbée, dans le sens où elle m'est apparue contradictoire avec la notion de "chaque mot doit être utile". En gros il est souvent conseillé pour élaguer le texte de supprimer les mots dits superflus (tels adverbes et autres de cet acabit) mais quand on y regarde de plus près, le show est souvent plus long à écrire que le tell et est plus truffé de qualificatifs que le tell... Et après avoir tenté d'écrire une scène avec le tell ou le show... je constate effectivement que la scène de show est bien plus longue que la scène de tell. Pas facile du coup de tout concilier...

En tout cas, vos exemples sont véritablement enrichissants. Merci à tous :)

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Francis Ash
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Re: Show, don't tell

Message par Francis Ash »

EDITY : grillé par Francis
^^ :sg:
Emmanuelle a écrit :
Je pense que c'est un problème de définition, et que je n'ai pas tout compris, parce que pour moi, évoquer une image, c'est totalement du show.

Alors là, je ne sais pas du tout quoi te répondre.
Une métapohore, c'est du show ? Une comparaison aussi ? Même quand on décrit un état de tristesse intérieure ? Dans ce cas, il reste effectivement bien peu de place au tell. je ne l'ai jamais considéré ainsi, mais après tout pourquoi pas.
Moi quand j'entends "show", je pense plutôt à des actes, à des situations concrètes. En fait, je ne sais pas si j'ai la bonne définition ?
pour moi une simple évocation d'image n'est pas du show. Si je dis qu'elle a les yeux bleus comme l'océan, déjà c'est un gros cliché ^^ et puis c'est plutôt du tell qu'autre chose. Ca parle un peu, mais ça ne donne pas la profondeur de son regard, ni l'expression qui émane de son regard, donc ça ne fera pas vibrer le lecteur.
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ilham
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Re: Show, don't tell

Message par ilham »

Je pense que le show veut juste dire : montrer ;).
Et il existe différentes manières de montrer : en décrivant des actions, des émotions,des personnages, des paysages...
Et la description elle même peut se décliner sous différentes formes : poétique, réaliste, homérique, et les figures de style comme la comparaison ou la métaphore sont donc des outils utilisables à cette fin.

Tell : veut juste dire.
Exemple : Il était triste.

Show :
Les larmes lui montaient aux yeux, telle une lame de fond implacable (comparaison). Une boule se formait dans sa gorge. Fossile ( métaphore) réduit au silence, il ne pouvait que se taire.

Bon c'est pas génialissime... mais ça illustre la chose.

Ah si, il y a des auteurs qui ont fait du "tell" leur style. On les trouve sur les têtes de gondoles des grandes surfaces. Je ne donne pas de nom, mais il suffit d'ouvrir au hasard un de leurs livres et on tombera sur ce genre de choses...
C'est facile à lire. Simple à comprendre. Personnellement, je trouve ça ennuyant, mais c'est édité. Ce n'est donc pas interdit en soi.
Faut juste se demander ce qu'on veut produire comme littérature, je pense.
quelque chose de simple, lecture divertissante . Ou quelque chose de plus littéraire...

Je crois aussi que tout débutant commence ainsi, sans vraiment trop y réfléchir. Parce qu'on a du mal à développer ses idées, ses descriptions, à enrichir ses personnages. Enfin, je l'ai vécu ainsi. Une fois qu'on a conscience de ce penchant quasi naturel, on peut tout à fait choisir de l'entretenir, en sachant l'effet que ça produit. Tout le monde n'aimera pas, mais ça ne fermera pas forcément les portes de l'édition si par ailleurs le récit a d'autres qualités. Les bouquins dont je parle plaisent par leurs thèmes, par exemple.
C'est une lecture qui se veut d'emblée facile, divertissante. Ce qui n'est pas péjoratif, forcément.
Bernard Werber ne brille pas par l'élégance de sa plume, de ses descriptions, mais j'aime certains de ses livres parce que... le thème m'a plu et que j'ai laissé de côté ces question de style, de montrer ou de dire...

En littérature, vu la variété de façon d'aborder l'écriture, tout est question de choix, je crois...
Si c'est cohérent, si on assume...( à savoir que ces auteurs à succès sont critiqués de façon très virulente, par exemple ) y'a rien d'interdit a priori.
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Kam'Ui
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Re: Show, don't tell

Message par Kam'Ui »

Mon petit avis personnel, rapidement :

Je pense que le "Tell" impose de la distance entre le lecteur et le personnage. De ce fait, il rend plus difficile l'empathie et demande plus d'efforts au lecteur.
Le "Show" est plus brut, il permet de mieux coller au personnage et d'imerger plus facilement le lecteur.

Pour ce qui est de la longueur, j'ai tendance à considérer que le Show est peut-être plus long, en nombre de signes, mais qu'il donnera un rythme plus élevé au récit.

Je pense également que les extrêmes (full-Tell ou full-Show) sont à éviter et que tout réside dans un équilibre propre à chaque plume et chaque histoire (voire chaque scène). Et que les deux peuvent se rater, malheureusement.

Personnellement, je ne fais pas la chasse au Tell. Parfois, je le trouve justifié et j'adore en trouver dans mes lectures. Parfois en revanche, dans mes écrits notamment, je trouve qu'un passage manque de rythme/émotion, et lorsque je le retravaille avec moins de Tell et plus de Show cela fonctionne mieux.
En soit, peut-être le "Show don't tell" n'est-il a prendre qu'en solution à un problème identifié. Car lorsque le Tell fonctionne, on ne va pas chercher à l'éradiquer.

Enfin, je ne considère par que l'un soit gage de qualité et l'autre signe de pauvreté littéraire.
Des grenouilles plus érudites me contrediront peut-être, mais je garde de lectures de classiques des souvenirs de Tell assez marqué voire clairement prédominant (je pense ici à Stendhal et Hugo notamment). (C'est juste mon impression et souvenir hein, ne vous enflammez pas.) Et j'ai adoré ces lectures, ce qui me fait me dire que cet équilibre du ShowVsTell varie peut-être selon les époques, ce qui m'amène à penser que notre culture visuelle nous pousse peut-être également à favoriser davantage de Show.
Est-ce un mal ? Aucune idée, à chacun de se faire sa propre opinion, je ne juge évidemment pas.
Lord Hamlet, with no hat upon his head.

Pensée du jour :
« La police, par sa nature, est antipathique à toute liberté. » (Alphonse de Chateaubriand, Opinions et discours politiques, 1828)

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