[A] Une narration à la deuxième personne ?

Sujets inactifs depuis un an ou plus
Répondre
Avatar du membre
Asrahal
Messages : 21
Enregistré le : sam. avr. 23, 2011 9:02 pm
Rang special : Grenouille en grenouillère
Localisation : Belgique

[A] Une narration à la deuxième personne ?

Message par Asrahal »

Je me pose une épineuse question de narration pour les tomes deux et trois de l'oeuvre que j'écris.

Pour planter rapidement le décor, mon histoire narre la guerre entre les démons, désireux de retrouver a lumière et de se construire un avenir et les anges, qui cherchent à préserver leur mode de vie ainsi que l'ordre du monde.

Jusqu'à présent, je me servais de la narration à l première personne pour le protagoniste principal des démons et la narration à la troisième personne pour les anges.

Dans le tome 2, la guerre débute et elle débute sur Terre. J'ai donc décidé d'introduire un nouveau personnage, une humaine, ainsi qu'une nouvelle narration, à la deuxième personne.
Cela pour deux raison : la première, insiter sur la banalité e la protagoniste. Elle est "toi", elle est l'humanité. Je cherche à créer un sentient de proximité entre elle et le lecteur. La deuxième : j'apprécie l'esthétique d'avoir trois narrations pour trois factions et le sens de chaque narration ; le "je" démoniaque, pour le démon intérieur, le "il" angélique, pour l'idéal céleste, forcément plus lointain, et le "tu" humain, puisque la plupart de mes lecteurs seront humains ^^

Cela dit, et voici enfin ma question, la narration à la deuxième personne est assez peu usitée. J'ai donc peur de créer une distanciaion entre l'héroine et le lecteur, ce qui serait le contraire de l'effet escompté.

Qu'en pensez-vous ? =)

Avatar du membre
NaïveAlternative
Messages : 3
Enregistré le : jeu. avr. 01, 2010 10:20 pm
Rang special : Batracien
Localisation : Lyon

Re: Une question de narration.

Message par NaïveAlternative »

Hello,

En attendant les lumières de grenouilles sans doute plus éclairées que moi, voici mon ressenti:

Partant du principe que la narration à la 2ème personne est très peu employée, je ne pense pas que ce soit par ce biais que tu souligneras la "banalité de la protagoniste", bien au contraire. C'est percutant car tu prends le lecteur à témoin, voire (même carrément) tu t'adresses à lui. Ici, ce serait la seule narratrice humaine parmi les anges et les démons. Ton lecteur l'étant aussi, tu pourrais instaurer une certaine complicité (empathie/sympathie, etc...).

Partant du principe que le "tu" est un "je" distancié, que ce "je" est le démon et le "il" les anges, cette humaine serait donc symboliquement plus proches des démons. C'est intéressant mais peut-être à contre-sens de ce que tu veux exprimer. Il y aurait donc distanciation avec les anges, ce "il".

Partant du principe que le "je" et le "il" sont déjà utilisés, restent le "nous" et le "tu". Je vote pour le "tu", plus intime.

Bref, utiliser ces trois pronoms personnels reviendrait à explorer la multiplicité des points de vue et des ressentis. Une espèce de trinité logique finalement: le Bien, le Mal et nous au milieu (quoique ce "nous" joue sur les deux tableaux, on est jamais vraiment au milieu :wamp: ). Si cette envie ne répond pas à un prétentieux (car rare) procédé stylistique et que c'est bien fait (bah oui, faudra bien), moi je dis oui, vas-y!

Avatar du membre
Bergamote
Plume alerte et sensuelle.
Messages : 445
Enregistré le : ven. déc. 21, 2007 10:42 am
Rang special : Batracien
Localisation : C'est rose et c'est une ville

Re: Une question de narration.

Message par Bergamote »

Coucou,

Le truc c'est que je vois pas techniquement comment tu peux créer une narration à la deuxième personne du singulier, sans introduire du "je" ou alors un autre personnage qui sera le narrateur mais qui devra au moins à la fin être présenté. Avoir une identité, et donc un rapport avec ton humaine.

Et comme il y a une partie de narration en "je", concernant les démons, pour moi il sera logique, que celui qui tutoie l'humaine est un démon. Si ce n'est pas le cas, et qu'en gros c'est ton humaine qui parle à la deuxième personne du singulier en s'adressant directement au lecteur, le fait est que tu vas basculer dans une narration à la premier personne du singulier. Quand elle va s'adresser au lecteur elle le tutoiera mais quand il s'agira de parler d'elle-même, elle utilisera forcément le je.

Ou alors elle va se parler à elle-même en utilisant "tu" et là pour le coup ça risque de créer autre chose qu'une humaine lambda. Pour le coup tu auras les anges lointain, les démons intimes et l'humaine folle... D'autant plus qu'en se parlant à elle-même, elle va se rapprocher de très près de l'intime et donc des démons dans ta trinité symbolique.

Edit : A vouloir répondre trop vite j'ai oublié de nuancer. Quand je parle d'humaine folle, ce n'est tout à fait le terme que je souhaitais utiliser... Donc j'approfondis.

Quelqu'un qui va se parler à elle-même en utilisant des "Ah ! tu te crois maligne, mais tu n'es qu'une humaine, tu vis dans un monde où anges et démons s'affrontent, mais toi tu n'es qu'une humaine." Va finir par aller trop loin en elle-même amha. Et du coup se rapprocher des démons. D'où la notion de folie dans mon esprit un peu étriqué qui ne pense pas un démon comme une créature bienveillante.

J'espère que tu auras compris ce que je voulais te dire :p

Jean-Claude Dunyach
Fleurte avec les étoiles
Messages : 169
Enregistré le : mer. août 06, 2008 11:04 am
Rang special : Vieux crapaud baveux
Localisation : Blagnac
Contact :

Re: Une question de narration.

Message par Jean-Claude Dunyach »

Je ne suis pas convaincu par le procédé, a priori.
L'emploi de la deuxième personne du singulier, en adresse directe, met le lecteur au centre des choses, explicitement. On le désigne du doigt, on le force - assez artificiellement, d'ailleurs - à s'impliquer, mais également à s'exposer.
Or, en même temps, tu veux insister sur sa banalité... Ce qui est difficile à admettre pour soi-même, non ? :-) Et ce qui risque de créer un sentiment de rejet.

Créer un personnage qui incarne l'humanité dans toute sa banalité mais également dans sa profondeur, face aux anges et aux démons, c'est compléter un triangle. Laisse le lecteur s'incarner où il veut, c'est son choix.
Je compte pour un. Comme chacun de vous.

http://www.dunyach.fr

Avatar du membre
Maloriel
Messages : 32
Enregistré le : mer. juil. 13, 2011 11:44 am
Rang special : Batracien
Localisation : Rennes
Contact :

Re: Une question de narration.

Message par Maloriel »

Sur le papier, l'idée me paraît très intéressante. Mais comme dit Bergamote, le problème principal qui risque de se poser à mes yeux, c'est qu'on croit que c'est le démon qui tutoie l'humaine, et on risque du coup de ne plus rien comprendre. Je ne sais pas si on peut contourner cette difficulté ; cela dit, j'ai lu tout un roman écrit à la deuxième personne, La Modification, de Michel Butor. Cela avait créé une atmosphère très particulière, ou ce n'était clairement pas le personnage qui se parlait à lui-même, c'était plutôt la main de l'auteur qui se sentait, s'adressant à la fois à son personnage et au lecteur.. Le personnage de ce roman est justement assez banal, c'est un homme de la quarantaine un peu perdu qui trompe sa femme, mais on ne se sent pas pour autant accusé, juste étrangement concerné... Je pense donc que ce procédé peut avoir des avantages comme des inconvénients, et le mieux est peut-être de voir ce que ça donne (même si, je te l'accorde, ça va être très chiant pour toi de changer tous les pronoms si ça ne fonctionne pas ;) )

Avatar du membre
Asrahal
Messages : 21
Enregistré le : sam. avr. 23, 2011 9:02 pm
Rang special : Grenouille en grenouillère
Localisation : Belgique

Re: Une question de narration.

Message par Asrahal »

Merci pour vos avis ;)
Voici une réponse plus ou moins détaillée pour chacun :p

A NaïveAlternative :
Spoiler: montrer
NaïveAlternative a écrit :Hello,

En attendant les lumières de grenouilles sans doute plus éclairées que moi, voici mon ressenti:

Partant du principe que la narration à la 2ème personne est très peu employée, je ne pense pas que ce soit par ce biais que tu souligneras la "banalité de la protagoniste", bien au contraire. C'est percutant car tu prends le lecteur à témoin, voire (même carrément) tu t'adresses à lui. Ici, ce serait la seule narratrice humaine parmi les anges et les démons. Ton lecteur l'étant aussi, tu pourrais instaurer une certaine complicité (empathie/sympathie, etc...).

Partant du principe que le "tu" est un "je" distancié, que ce "je" est le démon et le "il" les anges, cette humaine serait donc symboliquement plus proches des démons. C'est intéressant mais peut-être à contre-sens de ce que tu veux exprimer. Il y aurait donc distanciation avec les anges, ce "il".

Partant du principe que le "je" et le "il" sont déjà utilisés, restent le "nous" et le "tu". Je vote pour le "tu", plus intime.

Bref, utiliser ces trois pronoms personnels reviendrait à explorer la multiplicité des points de vue et des ressentis. Une espèce de trinité logique finalement: le Bien, le Mal et nous au milieu (quoique ce "nous" joue sur les deux tableaux, on est jamais vraiment au milieu :wamp: ). Si cette envie ne répond pas à un prétentieux (car rare) procédé stylistique et que c'est bien fait (bah oui, faudra bien), moi je dis oui, vas-y!
Merci pour ton avis, déjà très éclairé ;)
Ta réponse me conforte dans ce que je cherchais à créer : explorer la multiplicité des points de vue et des ressentis.
Tu as raison, la narration ne renforcera pas la banalité du personnage à elle-seule ; je m'en chargerai via le scénario :D
A Bergamote :
Spoiler: montrer
Coucou,

Le truc c'est que je vois pas techniquement comment tu peux créer une narration à la deuxième personne du singulier, sans introduire du "je" ou alors un autre personnage qui sera le narrateur mais qui devra au moins à la fin être présenté. Avoir une identité, et donc un rapport avec ton humaine.

Et comme il y a une partie de narration en "je", concernant les démons, pour moi il sera logique, que celui qui tutoie l'humaine est un démon. Si ce n'est pas le cas, et qu'en gros c'est ton humaine qui parle à la deuxième personne du singulier en s'adressant directement au lecteur, le fait est que tu vas basculer dans une narration à la premier personne du singulier. Quand elle va s'adresser au lecteur elle le tutoiera mais quand il s'agira de parler d'elle-même, elle utilisera forcément le je.

Ou alors elle va se parler à elle-même en utilisant "tu" et là pour le coup ça risque de créer autre chose qu'une humaine lambda. Pour le coup tu auras les anges lointain, les démons intimes et l'humaine folle... D'autant plus qu'en se parlant à elle-même, elle va se rapprocher de très près de l'intime et donc des démons dans ta trinité symbolique.

Edit : A vouloir répondre trop vite j'ai oublié de nuancer. Quand je parle d'humaine folle, ce n'est tout à fait le terme que je souhaitais utiliser... Donc j'approfondis.

Quelqu'un qui va se parler à elle-même en utilisant des "Ah ! tu te crois maligne, mais tu n'es qu'une humaine, tu vis dans un monde où anges et démons s'affrontent, mais toi tu n'es qu'une humaine." Va finir par aller trop loin en elle-même amha. Et du coup se rapprocher des démons. D'où la notion de folie dans mon esprit un peu étriqué qui ne pense pas un démon comme une créature bienveillante.

J'espère que tu auras compris ce que je voulais te dire :p
Merci pour ton avis :)
Par contre, je ne pense pas que nous ayons été sur la même longueur d'onde concernant la narration à la deuxième personne. Il ne s'agit pas du personnage qui se tutoie ou d'un autre qui tutoie le personnage, il s'agit de moi, l'auteur, qui tutoie le personnage pour toucher le lecteur. Je ne sais pas si cela te semble clair. En gros, ça pourrait donner quelque chose du style : "Tu as peur. C'est normal. Qui n'aurait pas peur en pareilles circonstances ? Le monde semble se disloquer autour de toi. Tout ce que tu as connu jusqu'à présent semble s'effriter et disparaître inexorablement. Ta fille dort encore, il va falloir que tu ailles la réveiller. Vous n'êtes plus en sécurité dans la maison, à présent."
A Jean-Claude Dunyach :
Spoiler: montrer
Je ne suis pas convaincu par le procédé, a priori.
L'emploi de la deuxième personne du singulier, en adresse directe, met le lecteur au centre des choses, explicitement. On le désigne du doigt, on le force - assez artificiellement, d'ailleurs - à s'impliquer, mais également à s'exposer.
Or, en même temps, tu veux insister sur sa banalité... Ce qui est difficile à admettre pour soi-même, non ? :-) Et ce qui risque de créer un sentiment de rejet.

Créer un personnage qui incarne l'humanité dans toute sa banalité mais également dans sa profondeur, face aux anges et aux démons, c'est compléter un triangle. Laisse le lecteur s'incarner où il veut, c'est son choix.
Tu as raison et tu rejoins NaïveAlternative quand tu dis que la narration à la deuxième personne ne jouera pas sur la banalité. J'avoue m'être mal exprimé ; le terme "banalité" ne me semble plus être le plus approprié. Ce que je veux, c'est placer le lecteur au centre des choses, l'arracher de son canapé/lit/hamac (je lui laisse le choix de lire où il veut ^^ ) et le plonger dans un monde en ruine, son monde, puisque l'histoire se passe à notre époque, dans notre monde à nous, et le faire réfléchir à "comment je réagirais si des anges et des démons s'affrontaient à deux rues de chez moi ? Vers quel camp me tournerais-je ? Comment ferais-je pour protéger ma famille ? etc."
Pour cela, j'ai besoin d'un personnage banal, une madame-tout-le-monde, avec ses forces et ses faiblesses et des intérêts simples auxquels tous peuvent s'identifier (protéger sa fille, sauver sa peau...) et non un humain tout en muscle et en courage qui part au front pour sauver le monde.
A Maloriel :
Spoiler: montrer
Sur le papier, l'idée me paraît très intéressante. Mais comme dit Bergamote, le problème principal qui risque de se poser à mes yeux, c'est qu'on croit que c'est le démon qui tutoie l'humaine, et on risque du coup de ne plus rien comprendre. Je ne sais pas si on peut contourner cette difficulté ; cela dit, j'ai lu tout un roman écrit à la deuxième personne, La Modification, de Michel Butor. Cela avait créé une atmosphère très particulière, ou ce n'était clairement pas le personnage qui se parlait à lui-même, c'était plutôt la main de l'auteur qui se sentait, s'adressant à la fois à son personnage et au lecteur.. Le personnage de ce roman est justement assez banal, c'est un homme de la quarantaine un peu perdu qui trompe sa femme, mais on ne se sent pas pour autant accusé, juste étrangement concerné... Je pense donc que ce procédé peut avoir des avantages comme des inconvénients, et le mieux est peut-être de voir ce que ça donne (même si, je te l'accorde, ça va être très chiant pour toi de changer tous les pronoms si ça ne fonctionne pas ;) )
Voilà, La Modification est exactement ce que je cherche à créer. J'épingle cette phrase de Wikipédia : L'utilisation du vouvoiement oblige le lecteur à s'identifier au personnage, à être concerné par les idées qui lui viennent sans cesse.
Voilà mon objectif, comme je l'ai expliqué à Jean-Claude Dunyach : arracher le lecteur de son siège et le plonger dans mon monde, qui est aussi le sien, puisque le roman se passe dans notre univers, à notre époque, et le faire s'impliquer davantage auprès d'un personnage pas spécialement puissant ni intelligent et aux objectifs universels (protéger sa vie et celle de son enfant).
En conclusion à tout ce que vous avez dit, je pense que je vais le faire ! :)

Pour clarifier les choses, la narration à le deuxième personne est une narration de moi au lecteur en passant par le personnage. Comme dans certains passages de Si par une nuit d'hiver, un voyageur ou de La Modification
C'est moi, l'auteur, qui tutoie le lecteur pour le placer au centre de l'action, le faire s'interroger, le faire participer au plus près, tout en restant à l'écart (car l'humain lambda ne se lancera pas, amha, au cœur des combats mais préfèrera sauver sa peau et celle de sa famille).

Enfin, pour expliciter les choses et corriger un détail que je n'avais pas précisé dans mon premier message, mes démons ne représentent pas le Mal, ils ne sont pas mauvais. J'ai pris soin de briser toute forme de manichéisme et ai laissé le lecteur s'identifier et s'attacher aux deux camps. Cependant, j'ai tout de même tenu à préserver la sombre aura des démons en les faisant plus sombres, torturés et violents que les anges.

Voilà, merci à tous ;)

Avatar du membre
Asrahal
Messages : 21
Enregistré le : sam. avr. 23, 2011 9:02 pm
Rang special : Grenouille en grenouillère
Localisation : Belgique

Re: Une question de narration.

Message par Asrahal »

Cela a également un deuxième intérêt auquel je viens de songer : créer quelque chose de totalement neuf. Il ne me semble pas -mais ma culture n'est pas sans faille ! - qu'il existe des œuvres de fantasy qui utilisent cette narration.

Je vais sans doute jouer la carte de la narration à la deuxième personne jusqu'au bout, ne donnant pas de nom à ce personnage (ça et le fait que j'ai toujours un mal fou pour trouver des noms humains :lol: ). Cela pourrait donner quelque chose d'à peu près semblable, sur le principe, à La Route de Cormac McCarthy où le père et le fils n'ont pas de nom et tentent de survivre dans un monde dévasté.

Avatar du membre
Syven
Pinky Gothan (transforme les cauchemars en rêves)
Messages : 4130
Enregistré le : dim. juil. 09, 2006 3:03 pm
Rang special : Arf
Localisation : Hondreuse, Cité des Mages
Contact :

Re: Une question de narration.

Message par Syven »

Honnêtement, je suis aussi sceptique pour le "tu". Le "tu" fait du lecteur un interlocuteur du narrateur ou bien il fait naître un personnage dans la bouche d'un narrateur (le narrateur parle à quelqu'un d'autre que le lecteur).
Quid du narrateur ?

Est-ce que sur le papier tu as tenté l'expérience?
L'idée, c'est bien de l'avoir, mais le moment de vérité, c'est quand on la concrétise.

Je te conseillerais d'écrire plusieurs scènes avec cette narration puis de les tester sur des lecteurs pour voir comment ils réagissent.

Je me demande si sur la distance, c'est viable. Sur des scènes courtes, pourquoi pas, mais sur des scènes longues, des pages et des pages, ça risque d'être pesant, non?

Concernant le totalement neuf, je m'en méfierais à ta place. Si ce n'est pas ou peu employé, ce n'est pas sans raison à mon avis. La narration doit servir ton histoire en premier lieu. Faire original pour être original, ça amène souvent beaucoup de contraintes et le lecteur risque de ne pas y trouver son compte.

Avatar du membre
Asrahal
Messages : 21
Enregistré le : sam. avr. 23, 2011 9:02 pm
Rang special : Grenouille en grenouillère
Localisation : Belgique

Re: Une question de narration.

Message par Asrahal »

Syven a écrit :Honnêtement, je suis aussi sceptique pour le "tu". Le "tu" fait du lecteur un interlocuteur du narrateur ou bien il fait naître un personnage dans la bouche d'un narrateur (le narrateur parle à quelqu'un d'autre que le lecteur).
Quid du narrateur ?

Est-ce que sur le papier tu as tenté l'expérience?
L'idée, c'est bien de l'avoir, mais le moment de vérité, c'est quand on la concrétise.

Je te conseillerais d'écrire plusieurs scènes avec cette narration puis de les tester sur des lecteurs pour voir comment ils réagissent.

Je me demande si sur la distance, c'est viable. Sur des scènes courtes, pourquoi pas, mais sur des scènes longues, des pages et des pages, ça risque d'être pesant, non?

Concernant le totalement neuf, je m'en méfierais à ta place. Si ce n'est pas ou peu employé, ce n'est pas sans raison à mon avis. La narration doit servir ton histoire en premier lieu. Faire original pour être original, ça amène souvent beaucoup de contraintes et le lecteur risque de ne pas y trouver son compte.
Tu as mille fois raisons et je partage ces appréhensions. Mais l'idée m'emballe fortement et je la testerai, c'est sûr. Après, si elle n'emballe que moi, je la laisserai tomber, à contre cœur :cruel:
Sur des scènes plus longues, sur des chapitres entiers, cela pourrait s'avérer lassant. Mais j'ai l'espoir d'arriver à accrocher le lecteur quand même. Au pire, si je me trompe, je corrigerai ^^

Quant au reste, j'apprécie fortement l'originalité. Mais je ne joue pas la carte de l'originalité par pur plaisir de l'originalité. Au contraire, dans le cas présent, elle m'effraie car elle risquerait de jouer contre moi.

Enfin, si cela n'a pas été fait auparavant, il y a sans doute des raisons mais elles pourraient se justifier par l'inutilité du processus pour la plupart des histoires, la frilosité de certains auteurs/éditeurs ou l'inadéquation de cette narration pour un grand nombre de romans.
Ici, elle sert mon histoire, mon univers et mon ambiance ; ce ne sera pas la narration principale, loin de là, mais, sporadiquement, elle fera son apparition pour montrer les répercussions humaines qu'ont les actes de mes protagonistes principaux.

Merci pour ton avis =)

Avatar du membre
Siana
Messages : 2933
Enregistré le : dim. janv. 09, 2011 2:55 pm
Rang special : Grenouille-paranormale
Localisation : 49
Contact :

Re: Une question de narration.

Message par Siana »

Dans La beauté du mal, que j'ai terminé il y a quelques semaines, j'ai été surprise de rencontrer deux ou trois chapitres au "tu" alors que le reste était au "je". L'effet était sûrement d'atteindre davantage de lecteur, de lui faire comprendre l'urgence de la situation.
Mais ça n'a pas marché sur moi. Le passage au "tu", inattendu, m'a surprise. J'ai eu l'impression qu'on voulait tout à coup m'en mettre plein la vue. Et du coup j'ai trouvé le truc, la ficelle stylistique mal amenée.

Si tu essayes de bien amener ta deuxième personne dès le début, je pense que ça pourrait donner un effet intéressant. Ce sera toujours mieux que ce que j'ai lu, en tout cas.
Tu pourrais proposer un extrait dans les papyrus pour voir ce que ça donne.

Avatar du membre
Asrahal
Messages : 21
Enregistré le : sam. avr. 23, 2011 9:02 pm
Rang special : Grenouille en grenouillère
Localisation : Belgique

Re: Une question de narration.

Message par Asrahal »

Siana a écrit :Dans La beauté du mal, que j'ai terminé il y a quelques semaines, j'ai été surprise de rencontrer deux ou trois chapitres au "tu" alors que le reste était au "je". L'effet était sûrement d'atteindre davantage de lecteur, de lui faire comprendre l'urgence de la situation.
Mais ça n'a pas marché sur moi. Le passage au "tu", inattendu, m'a surprise. J'ai eu l'impression qu'on voulait tout à coup m'en mettre plein la vue. Et du coup j'ai trouvé le truc, la ficelle stylistique mal amenée.

Si tu essayes de bien amener ta deuxième personne dès le début, je pense que ça pourrait donner un effet intéressant. Ce sera toujours mieux que ce que j'ai lu, en tout cas.
Tu pourrais proposer un extrait dans les papyrus pour voir ce que ça donne.
C'est ce que je ferai, dès que j'en serai arrivé là ;)

Pour l'heure, il me reste six chapitres à boucler avant de terminer le premier tome.

Merci de m'avoir fait part de cette expérience infructueuse, je tâcherai d'éviter ce piège.

Avatar du membre
Zanlicatl
Batracien
Messages : 23
Enregistré le : mer. févr. 03, 2016 9:19 pm
Rang special : Quetzal
Contact :

Re: Une question de narration : tu

Message par Zanlicatl »

Pour ma part, on m'avait un jour répondu, car je m'étais posais la même question, en me disant

" LE TUTU TUE LE TU"

on m'avait dit que beaucoup de lecteur seraient frustrés et pour cause, admettons que tu as un lecteur Musulman et que dans ton texte tu écrits "tu manges un morceau de charcuterie". Je doute que ton lecteur musulman apprécie... c'est un boomerang très tranchant en une phrase tu peux écœuré ton lecteur au point qu'il souhaite plus entendre parler de toi.
Mathieu Gaborit ma dit un jour:"L'écriture est comme un escargot, ce qui compte, ce n'est pas la coquille, l'orthographe, mais la créature à l'intérieur".

Avatar du membre
Crazy
Impératrice incontestée du Pareil © Crazy
Messages : 5829
Enregistré le : mer. juin 05, 2013 9:30 pm
Rang special : Chieuse pas tentée
Localisation : IdF
Contact :

Re: Une question de narration : tu

Message par Crazy »

De mémoire, "La maladie de Sachs" est écrit de cette façon ; sauf que c'est chaque narrateur (qui sont des "je") qui s'adressent (mentalement, en quelque sorte), au personnage principal, le docteur Sachs. Ca donne des trucs du genre "Je remarque que tu as l'air fatigué, ce matin".

C'est un peu déstabilisant au début... mais surtout à cause du changement de narrateur, à mon avis. On s'adapte assez bien à cette voie.

(Et ma seule nouvelle publiée à ce jour a été écrite à la 2e personne ^^).

Répondre