[A] Ecrire, talent inné ou travail acharné ?

Sujets inactifs depuis un an ou plus

Ecrire, talent inné ou travail acharné ?

Talent inné bien sûr, il faut naître avec !
1
1%
Travail acharné évidemment, tout cela ne se fait qu'à la sueur et l'huile de coude !
10
10%
Sûrement des deux, on a tous des prédispositions.
77
79%
C'est autre chose et je vais vous expliquer mon idée...
9
9%
 
Nombre total de votes : 97

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K-rine
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Re: Ecrire, talent inné ou travail acharné ?

Message par K-rine »

Zygomatique a écrit :Si je peux apporter une contribution subjective, je dirais que l'intérêt pour la littérature est peut-être inné, et que tout démarre à ce stade.
Je ne pense pas que l'intérêt pour la littérature est forcément inné ! Une amie qui détestait les livres et n'en lisait jamais a eu une "révélation" après avoir lu Le Seigneur des Anneaux (elle l'avait lu parce qu'elle était fan du film :D). Et c'est vachement étonnant de la voir ingurgiter des romans de 600 pages alors qu'il y a quelques années, ouvrir le moindre bouquin l’horripilait.

Je suis par contre d'accord avec toi lorsque tu dis que la lecture est très importante. Elle permet de découvrir comment font les autres auteurs pour construire leur histoire et, surtout, de comparer plusieurs styles d'écriture. Cela se ressent d'ailleurs énormément dans l'écriture, je trouve : lire Zola, par exemple, m'a fait comprendre l'importance des descriptions (moi qui n'en mettait jamais, je me suis, un peu, améliorée).


Pour en revenir au débat, j'ai voté pour une combinaison des deux, moi-aussi ^^. Parce que, même si certaines personnes ont plus de facilité à progresser que d'autres et apprennent plus vite (ici est le talent, selon moi), il faut travailler encore et encore pour s'améliorer.
Savoir plus ou moins écrire ne suffit pas : si on ne travaille pas, on reste au même point, on stagne.

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Naraphel
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Re: Ecrire, talent inné ou travail acharné ?

Message par Naraphel »

J'ai répondu que pour moi, écrire relevait du talent inné et du travail acharné. Je pense que nous avons tous la capacité d'écrire des choses et d'y faire passer une émotion, une idée ou autre. Je crois cependant que c'est un talent inné qui va séparer à la base, le bon du moyen, l'éducation va ensuite pousser ou non la personne à écrire, à lire et à se perfectionner.

Enfin, une fois ces deux phases passées, vient celle du travail qui va permettre à l'auteur de se perfectionner tout au long de sa vie. Je compare mes textes d'aujourd'hui et ceux q'il y a un an, mon style à évolué, il s'est enrichi. C'est une chose qui ne semble pourtant pas évidente quand on n'y fait pas attention. Il faut donc persévérer, peu importe son niveau ! :rha:

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mirkie
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Re: Ecrire, talent inné ou travail acharné ?

Message par mirkie »

Beorn a écrit :
ancz a écrit :Il faut regarder la réalité en face, on n'est pas tous égaux et ça se constate presque tous les jours. Certains réussissent tout, d'autres ne réussissent jamais rien, la plupart se situe entre les deux.
Oui, mais si tu regardes la réalité en face, tu vois que ceux qui réussissent tout ont souvent un entourage qui s'est investi (les parents notamment, que ce soit dans ce domaine précis ou en général dans l'attention portée à leurs enfants), qu'ils ont souvent montré de la force de caractère qui leur a permis de surmonter les échecs et souvent prouvé leurs capacités de travail supérieures à la moyenne.

Donc ce que tu appelles "génie" (ou talent), je l'appelle moi, "acquis" - en partie acquis volontairement, en partie acquis par chance.
Un entourage qui s'est investi, et un "receveur" qui reçoit ça plus ou moins bien, avec plus ou moins d'envie de s'affirmer, de se différencier, ect. : c'est ce qui différencie (exemple bidon) deux jumeaux inséparable élevés de la même manière.

Par contre, je suis d'accord qu'on est pas tous égaux au départ.

Donc pour moi, écrire, c'est un mélange d'inné (tu est généralement brillant ou bien dyslexique, pas fute-fute ect.), d'acquis sociaux (ton entourage t'a volontairement ou involontairement boosté) et de beaucoup de travail. Tout le monde a les éléments, peut en développer certains pour atteindre la bonne alchimie, mais tu peut aussi faire le choix (conscient ou non) de développer d'autres capacités, pour progresser dans un autre domaine.
Les différentes "alchimies" expliquant aussi les différences de méthodes et de points de vue...

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Nath
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Re: Ecrire, talent inné ou travail acharné ?

Message par Nath »

Perso, je ne suis pas d'accord avec le "10% de talent, 90% de travail".

Douze pages, pendant lesquelles vous avez tous discuté de la notion de talent, de génie. Et au final, tout ce qui a été cité comme étant du talent sont pour moi des choses qui se travaillent.

Ecrire, pour moi c'est
- Une envie, un besoin. Peut-être la seule part d'innée que je pourrais accorder au processus d'écriture, et encore. Cette envie vient le plus souvent de nos lectures, et de notre éducation. Pas totalement inné, donc. De plus, je connais de nombreuses personnes qui n'aimaient pas du tout lire, et qui en grandissant se sont mises à avaler quantité de livres, voire à commencer d'écrire des fan-fics. (Oui, je sais qu'on parle du fait d'écrire dans le but d'être publié, mais l'un comme l'autre ça commence là. La seule différence que je fais entre les deux est l'envie de partager avec le plus grand nombre de personnes possibles, l'envie de reconnaissance aussi - et là encore pour moi ça vient en grande partie de l'éducation) A noter que quand je parle d'éducation, je parle de l'éducation par l'entourage, quelqu'il soit : parents, famille, amis, mais aussi l'éducation que l'on se donne à soi même en s'intéressant à des choses sur lesquelles on peut tout à fait tomber par hasard.

- De l'inspiration. Je relie fortement celle-ci à l'envie, dans le sens où pour être inspiré sur une histoire, il faut vouloir la raconter. Si on n'a pas envie de raconter comment machin devient machine, on pourra se forcer à le raconter, ça n'aura jamais la force d'un récit dans lequel l'auteur s'est investi.
Je relie aussi l'inspiration à la quantité de travail fournie auparavant : c'est en écrivant qu'on devient écrivain. Quand je me suis arrêtée d'écrire, j'ai eu du mal à retrouver ce qui auparavant m'était si facile (imaginer mon monde, mes personnages), et petit à petit, à force d'y réfléchir, ça revient, plus ou moins naturellement d'ailleurs. De plus, allez faire un petit tour sur write or die : de ce que j'en ai moi-même expérimenté, et de ce que j'en ai lu, ça marche pour pas mal de monde. Ecrire quelques lignes, sur tout à fait autre chose que notre projet du moment, relance le processus, comme si on était de nouveau "inspiré".

- L'orthographe, la grammaire, la façon de construire ses phrases, la façon de présenter ses personnages, qui sont des choses qui s'apprennent.

- La volonté, la motivation. Là aussi ça se travaille. Exemple purement personnel : je faisais du sport, j'adorais ça. J'aime toujours, quand j'en fait. Mais souvent je ne suis pas motivée pour y aller, après une journée de taf. Si je le voulais, sans nul doute que je me ferais violence pour y aller. Et pour avoir testé avec l'écriture il y a peu, se faire violence pour reprendre quelque chose au début, si on aime vraiment ce quelque chose, la motivation suit.

- Une chose qui rejoint la volonté : nos choix. On a tous gribouillé quelques mots inventés sur une feuille de papier, ne serait-ce que pour les écritures d'invention au collège et au lycée. Ces choix que l'on fait ne sont pas inscrits dans notre patrimoine génétique, et heureusement !

- Du temps. Ca rejoint la motivation pour moi, car comme l'a si bien dit Chuck Wendig ici (traduit icipar nos chères petites grenouilles :love: ), si on est motivé pour écrire on ne le casera pas en cinq minutes entre "nettoyer la cage du hamster" et "se mettre au macramé".

- De la concentration. Ca aussi, ça se travaille. Parole d'une fille qui est passée par une année de concours et qui au début de l'année ne pouvait pas bosser plus de vingt minutes d'affilées. En juin, attendre deux ou trois heures pour me faire une pause ne me dérangeait plus vraiment ^^

- Un travail sur soi-même, qui est la partie la plus difficile de l'écriture dans le sens où apprendre des règles et une chose, apprendre à se connaître en est une autre, bien plus difficile pour la plupart des gens. Apprendre à prendre du recul par rapport à soi-même, par rapport à nos actes, par rapport à nos créations, nos écrits. Apprendre à gérer sa motivation, aussi, et apprendre à gérer ses choix (pour reprendre l'exemple que j'ai cité dans la partie "volonté, motivation", si je ne me suis pas motivée à reprendre vraiment le sport, c'est parce que j'ai fait le choix de faire passer mes études et l'écriture avant, et que les deux conjugués me fatiguent assez comme ça)

Mon père m'a toujours dit "quand on veut, on peut". Pas dans le sens où quand on veut quelque chose, il nous suffit de tendre la main pour l'avoir, mais dans le sens où quand on veut vraiment quelque chose, on se donnera toujours les moyens pour l'avoir. Et je suis on ne peut plus d'accord avec ça.


Après, je suis d'accord avec le fait qu'il y ait des prédispositions (à apprendre plus rapidement, à se concentrer plus longtemps), mais pour moi ces prédispositions font gagner du temps, c'est tout. Pour moi, n'importe quelle idée de base peut être enrichie à force d'y réfléchir, de travailler dessus justement. Pour moi, on peut toujours travailler à aller à l'encontre de ses prédispositions, ou de ses non-prédispositions justement.

Weber décrit dans son livre "Nouvelle encyclopédie du savoir relatif et absolu" une expérience avec des puces. Pour résumer, des puces sont mises dans un bocal. Au début elles sautent plus haut que la hauteur du-dit bocal. On met un couvercle transparent et, à force de se cogner, elles sautent moins haut. On retire le couvercle, elles sautent toujours à la même hauteur (soit moins haut qu'au début). L'ëtre Humain est pour moi distingué des autres espèces animales par son intelligence, qui justement permet de se rendre compte qu'il n'y a pas de couvercle. S'il s'en aperçoit (il a l'intelligence pour, non ?) et s'il en a envie, il sautera plus haut de façon à pouvoir sortir du bocal.

Du coup, mon crédo, c'est plutôt 0,1% d'inné, 99,9% de travail.
de retour... ? :ange:

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Sycophante
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Re: Ecrire, talent inné ou travail acharné ?

Message par Sycophante »

J'ai dévoré ce fil passionnant :heart:

En ce qui me concerne, je suis persuadé que deux facteurs essentiels entrent en ligne de compte : une volonté acharnée et le temps alloué à l'écriture.
Pour moi, la volonté recoupe le talent et le travail : avec elle, on peut soulever des montagnes.
Une détermination extrême permet de pallier un manque de talent, et sert de carburant pour alimenter un travail quotidien.
Qui dit travail quotidien dit temps accordé : si un "génie" et/ou un travailleur acharné ne sacrifie pas du temps, il est évident qu'il n'arrivera à rien.
Dans "Ecriture", Stephen King évoque d'ailleurs d'une autre manière cet aspect quand il dit qu'un auteur professionnel doit écrire plusieurs heures par jour.
Sur le long terme, ce temps investi fait toute la différence (hélas ou heureusement, tout dépend si on en a ou pas...).

Pour moi, ce cocktail de volonté acharnée et de temps sacrifié est primordial.
Modifié en dernier par Sycophante le mer. févr. 08, 2012 10:40 am, modifié 1 fois.
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Tsumire
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Re: Ecrire, talent inné ou travail acharné ?

Message par Tsumire »

Il y a peut-être un point qui est plus intime que les autres : notre sensibilité.
Je différencie sensibilité et inspiration. L'inspiration est le moteur de l'idée, la sensibilité, elle, donne une direction.

La sensibilité est une chose très personnelle. Elle n'est pas véritablement innée puisqu'elle se développe au fil des années, et selon nos expériences, notre vécu et nos rencontres, mais elle reste néanmoins différente d'un individu à l'autre. Et, le plus important, est qu'elle est en grande partie responsable de l'approche que nous prenons vis-à-vis d'une histoire. Pourquoi deux auteurs n'écrivent pas la même histoire sur le même sujet ? Et pourquoi, à qualité équivalente, l'un sera sélectionné et pas l'autre? Parce que la sensibilité de l'auteur à rejoint celle du lecteur dans un cas.

Pour moi, cette sensibilité s'exprime à tous les niveaux : déroulement narratif, caractérisation des personnages, gestion des dialogues et des descriptions, et le style également. A mon avis, le travail permet de perfectionner le brut mais il n'en change pas l'essence. Et c'est pour cela que nos romans sont différents, qu'ils touchent des lecteurs et des éditeurs différents.

Ce n'est pas du talent à proprement parler. Ce n'est pas un don. A mon sens, c'est plus intime que ça. C'est ce qui me différencie de chacun de vous, et vous différencie de moi. Et ce qui fait que mes histoires et les vôtres sont uniques.
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Stef-
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Re: Ecrire, talent inné ou travail acharné ?

Message par Stef- »

Mariesb, je suis d'accord avec toi :)
Tsumire a écrit : Ce n'est pas du talent à proprement parler. Ce n'est pas un don. A mon sens, c'est plus intime que ça. C'est ce qui me différencie de chacun de vous, et vous différencie de moi. Et ce qui fait que mes histoires et les vôtres sont uniques.
C'est très vrai aussi ! C'est sans doute un tort de chercher à quantifier nos aptitudes en parlant de talent... En considérant des textes, le potentiel et le pouvoir évocateur d'une histoire sont en fait plus subtils que cela, et les lecteurs ne sont pas toujours d'accord entre eux... :lect:

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Nath
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Re: Ecrire, talent inné ou travail acharné ?

Message par Nath »

Stef- a écrit :
Tsumire a écrit : Ce n'est pas du talent à proprement parler. Ce n'est pas un don. A mon sens, c'est plus intime que ça. C'est ce qui me différencie de chacun de vous, et vous différencie de moi. Et ce qui fait que mes histoires et les vôtres sont uniques.
C'est très vrai aussi ! C'est sans doute un tort de chercher à quantifier nos aptitudes en parlant de talent... En considérant des textes, le potentiel et le pouvoir évocateur d'une histoire sont en fait plus subtils que cela, et les lecteurs ne sont pas toujours d'accord entre eux... :lect:
+1

Et puis, j'y ai repensé après m'être couchée, mais en fait je pense que ça relève aussi de la croyance. Quand j'étais au lycée, pour moi c'était plutôt quelque chose du genre 70% de talent, 30% de travail. Quand on croit fermement à ce genre de choses, deux solutions : ou bien on se dit qu'on est un dieu et on continue (non non je n'étais pas imbue de moi même à l'époque ahah), ou bien on se dévalorise et on abandonne.
C'est peut-être pour ça que je pense maintenant que c'est 0,1% d'inné et 99,9% de travail : ça laisse plus de marge de manoeuvre. (Même si je pense sincèrement ce que j'ai écris plus haut)

Si on ne croit pas en ce qu'on fait, comment est-ce que ça peut être bon/bien fait ?? Au fond, peu importe que l'on pense qu'il faille un certain pourcentage de talent et de travail, ce qui compte c'est de croire en soi, en son talent si on pense que le talent est nécessaire, et en tout cas au travail et en l'histoire que l'on veut raconter. Assez en tout cas pour s'y investir vraiment. (Mais comme tout c'est une question de dosage : il faut aussi savoir prendre le recul nécessaire pour se dire qu'on peut faire mieux, ou que la scène qu'on vient d'écrire n'a rien à faire là.)
de retour... ? :ange:

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Milora
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Re: Ecrire, talent inné ou travail acharné ?

Message par Milora »

J'ai pensé à ce fil en tombant sur une interview de Jasper Fforde (en anglais, mais ça se comprend assez bien). En gros, il y dit qu'il n'est pas nécessaire de faire des études pour écrire un roman, que quiconque a l'idée d'une histoire devrait se mettre à l'écrire. Mais que, évidemment, pour arriver à bien la raconter, il faut s'entraîner, écrire et écrire, faire plein de romans avant d'arriver à un qui soit bien ; et ensuite, s'entraîner encore et encore pour se dépasser et faire des romans chaque fois mieux. Et que c'est comme ça qu'on devient écrivain.
J'aime bien cette façon de voir. Ça élimine un peu l'idée de talent, tout en n'axant pas uniquement sur une idée de travail au sens mécanique ou stakhanoviste : pour lui, s'entraîner c'est juste raconter et raconter encore des histoires, et ce faisant, on s'améliore. (Pour ma part je dirais : ça s'améliore "tout seul").
Ça me va assez, comme vision des choses ! ^^
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Celia
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Re: Ecrire, talent inné ou travail acharné ?

Message par Celia »

Je me retrouve finalement à 200% dans les propos de Tsumire. Je n'aurai pas réussi à exprimer mieux mon avis sur The Question ! :)
Des fois je me dis : est-ce que j'écrirai la même chose et de la même façon si je n'avais pas vécu ce que j'ai vécu ?
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Creep Show en recherche d'éditeur

Isa S

Re: Ecrire, talent inné ou travail acharné ?

Message par Isa S »

Merci beaucoup Milora pour le lien vers cette interview ! J'aime beaucoup cette façon de voir. *write better books*, voilà un leitmotiv que je peux adopter.

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Asia M
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Re: Ecrire, talent inné ou travail acharné ?

Message par Asia M »

Mais la capacité à travailler, n'est-ce pas un talent, un don?

Pour moi c'est une question sans fond, mais passionnante. C'est comme la question du libre arbitre. Nous sommes libres, mais nous ne sommes pas libres d'être libres (ou pas)... Nous sommes nés comme ça. Humains. Donc ultimement, 100% déterminés?

Comme je n'arrive pas à apporter de réponse rationnelle à ce questionnement, il y a quelques années j'avais élaboré un projet de fiction qui en traitait:
Le travail faisait horreur à Florian [c'était le nom de mon héros], non dans le principe, car son orgueil ne s'étendait point à cet endroit-là, mais dans son expression... Il abhorrait le travail comme l'homme nu le vide abyssal, à qui l'on demande de voler et qui, pour le souhaiter et s'y employer de toutes ses forces, n'en est pas moins trahi par sa congénitale impuissance.
Bien évidemment, ce héros est inspiré de moi-même. En effet, à ma grande honte et à mon éternelle souffrance, je n'aime pas le travail. Je supporte mal de travailler et je n'ai jamais réussi à me forcer. :cry: Chacun porte sa croix...

D'un autre côté, je ne peux pas me plaindre. C'est là, à mon avis, que se trouve la limite du discours qui dit "90% de travail/de sueur", voire encore plus. Selon cette théorie, je devrais être une totale loseuse... Or ça va plutôt bien, merci. Je suis juste un peu plus lente que certaines autres personnes. Alors, qu'en déduire?

L'interview de Jasper Fforde postée par Milora donne la clef de cet apparent mystère, à mon avis. Il est très important de faire la distinction entre "s'entraîner/écrire beaucoup" et "travailler". Très franchement, je ne vois même pas à la rigueur en quoi les deux ont rapport.

J'écris beaucoup (tenez, sur ce forum à cet instant même), mais ce n'est pas du "travail" pour autant. Sinon tout devient du travail... Le sexe, c'est du travail? Pourtant on s'améliore en pratiquant, comme pour tout. On devient bon à marcher en talons hauts quand on pratique depuis des années; on n'a jamais "travaillé" cette compétence pour autant.

Bien sûr on pourrait la travailler. On pourrait se forcer à s'entraîner dur et souvent à marcher en talons hauts, comme on pourrait se forcer à avoir des relations sexuelles de façon acharnée; sans doute qu'on deviendrait meilleur plus vite que quelqu'un qui n'y "travaille" pas activement. Mais au final, on peut aussi ne jamais travailler à écrire (comme je le fais) sans pour autant être condamné à ne jamais rien accomplir ou réussir.

Peut-être que la réponse est: écrire, 5% de talent, 5% de travail, 90% de pratique?
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Bergamote
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Re: Ecrire, talent inné ou travail acharné ?

Message par Bergamote »

Le truc Asia, c'est que même en jouant sur les mots, pour moi écrire est un travail. Et je ne parle pas d'entraînement hein ! Je veux dire par là que je m'y investis comme je m'investirai dans n'importe quel super boulot de la mort qui tue. Pratiquer l'écriture même à titre de loisir, même en ne souhaitant pas être lu et publié, c'est un travail pour moi. Certains ne le ressentent pas comme tel, ok. Mais au final...
Pour préciser ma pensée, je pense que l'écriture est un artisanat avant d'être un art. Et c'est ce qui fait que pour moi le travail prime sur le talent.

Ensuite, je peux comprendre que le mot travail effraie un peu et qu'il peut d'ailleurs bloquer certaines personnes. On pourra même avoir l'impression que les personnes qui aborde l'écriture comme un travail se prennent un peu trop au sérieux.
Personnellement, je ne me prends pas au sérieux lorsque j'écris, ni quand j'évoque le fait d'être écrivain. Ce que je prends au sérieux c'est le besoin qui me pousse à raconter des histoires. Si c'est à ce point nécessaire pour moi, je dois y faire attention, prendre soin de mon équilibre personnel.
Cette nécessité n'a toutefois rien à voir avec le travail ou l'inné, je pense. C'est juste que je suis une personne qui se réalise à travers de multiples activités et qu'une de celle-ci (la plus importante, c'est certain !) est l'écriture.

Ensuite, est-ce que je le fais avec talent ? Ou pour aller plus loin, avec plus de talent que quelqu'un d'autre ? Sincèrement, je ne le crois pas. Par contre, le fait que je travaille quotidiennement sur mes textes, peut faire que j’acquiers quelques notions de base que n'auront pas des personnes qui débutent tout juste devant leur cahier ou leur clavier.
Et s'il s'avère que ces "débutants" se débrouillent mieux que moi, je ne mettrais pas ça non plus sur le compte de l'inné. Mais simplement parce qu'ils seront plus imaginatifs/pragmatiques/assidus/inspirés/éduqués que moi.
Le côté talent inné me semble en fait plutôt réducteur lorsque je vois la masse de travail qu'abattent chaque jour tous les écrivains et auteur de la mare.

Est-ce que leur texte sont uniquement à mettre sur le compte du fait qu'ils ont une facilité naturelle, et totalement injuste, à écrire des histoires ?
D'expérience, je constate que non. Écrire est un travail (et une joie hein, je n'enlève pas du tout le côté ludique), la mare aux nénuphars en est pour moi l'exemple type.

Lorsque les grenouilles postent dans les papyrus/crawl/challenges/port, elles ne demandent pas à connaître la dose de leur talent, mais à évaluer dans quel sens elles doivent travailler pour être plus cohérente/claire/évocatrice de sensations et de sentiments.
D'ailleurs, ça me ferait froid dans le dos d'imaginer un forum basé sur la dose de talent de chacun. Je crains que l'on en viendrait à un truc plutôt élitiste où chacun se gargariserait de son premier jet, ou se flagellerait d'avoir moins de talent que prévu.

Pour rester dans le cadre de la mare, je pense qu'on est tous capables mais vraiment tous, d'écrire des textes de qualité. Ce qui varie, ce sera notre capacité à accepter ou non les bêtas et les remarques justifiées, à ne pas lâcher l'affaire même lorsque les retours sont plus décevants que ce que l'on pensait, à s'investir auprès de nos histoires.

Et pour moi, cela fait partie du travail et non du talent.

Anonyme_Quatre

Re: Ecrire, talent inné ou travail acharné ?

Message par Anonyme_Quatre »

Je crains que l'on en viendrait à un truc plutôt élitiste où chacun se gargariserait de son premier jet, ou se flagellerait d'avoir moins de talent que prévu.
Tous les forums de poésie quoi x) *sort se fouetter ailleurs en précisant qu'il y avait 1% d'ironie*

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Beorn
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Re: Ecrire, talent inné ou travail acharné ?

Message par Beorn »

Milora a écrit :J'ai pensé à ce fil en tombant sur une interview de Jasper Fforde (en anglais, mais ça se comprend assez bien). En gros, il y dit qu'il n'est pas nécessaire de faire des études pour écrire un roman, que quiconque a l'idée d'une histoire devrait se mettre à l'écrire. Mais que, évidemment, pour arriver à bien la raconter, il faut s'entraîner, écrire et écrire, faire plein de romans avant d'arriver à un qui soit bien ; et ensuite, s'entraîner encore et encore pour se dépasser et faire des romans chaque fois mieux. Et que c'est comme ça qu'on devient écrivain.
J'ai enfin écouté l'ITW et je suis absolument d'accord: écrire, c'est comme le reste, cela s'apprend (je rejoins Asia sur ce point). Il faut toujours avoir l'objectif en tête de "faire un meilleur texte" (innover, chercher, apprendre, se remettre en question en permanence).

J'aime particulièrement quand il dit que :
-10 ans passés à écrire et à enchaîner les refus des éditeurs ne sont pas 10 ans de perdus si cela nous sert d'apprentissage.
-Une fois qu'on est publié, on est "en haut de la montagne" mais il reste une autre montagne à gravir : celle qu'il appelle "being established", qui prend 10 ans à gravir elle aussi.

Ce n'est certainement pas vrai pour tout le monde, mais je pense que c'est le cas général.
Asia a écrit :L'interview de Jasper Fforde postée par Milora donne la clef de cet apparent mystère, à mon avis. Il est très important de faire la distinction entre "s'entraîner/écrire beaucoup" et "travailler". Très franchement, je ne vois même pas à la rigueur en quoi les deux ont rapport.
J'ai essayé de demander aux grenouilles ce qu'elles entendaient par "travail" sur l'écriture, mais apparemment, personne n'a la même idée de ce que c'est. ^^
Je pense que la question est là : le mot "travailler" a un côté rébarbatif et désagréable, alors qu'écrire, c'est un plaisir. Mais comme le dit Bergamote, "travailler" son écriture n'est pas quelque chose de désagréable.

Peu importe comment on appelle cela : l'idée importante, c'est qu'écrire, cela s'apprend.
Bergamotte a écrit :Pour rester dans le cadre de la mare, je pense qu'on est tous capables mais vraiment tous, d'écrire des textes de qualité.
Ben là... Je vais dire de vilaines choses pas consensuelles, mais je ne suis pas d'accord (ou alors le début de ta phrase restreint la suite aux seules grenouilles ? auquel cas, oui, je suis d'accord).

Autant je pense comme toi que le travail est un artisanat, que énormément de gens, par exemple quasi toutes les grenouilles, peuvent très bien y arriver si elles s'y mettent vraiment sérieusement pendant des années avec beaucoup de persévérance. Parmi ceux-là, beaucoup échoueront mais uniquement parce qu'ils choisiront finalement de faire autre chose de leur vie, tout simplement.
Autant que je pense que non, tout le monde ne peut pas y arriver.

Je reste convaincu qu'il y a un grand nombre de gens qui ne sont pas faits pour ça. Soit parce qu'ils ont un tel retard à rattraper en Français/lecture/culture au sens large qu'il leur faudrait une vie pour le combler (oui, oui, il y a des gens qui vivent dans une misère intellectuelle effrayante, et parmi ceux-là, certains écrivent), soit parce qu'ils n'ont pas les capacités pour ce travail.
Je suis navré de dire cela, mais moi-même, je ne serai jamais basketteur ni bûcheron : je n'ai pas le physique pour ça. Par ailleurs, je suis extrêmement distrait et je pense que des métiers comme chirurgien ou pilote d'avion ne seraient vraiment pas pour moi. De même, je pense que certaines personnes n'ont pas les capacités pour écrire. Pas la concentration, pas la capacité d'abstraction, pas l'imagination.

Pour moi, il ne s'agit pas d'avoir un "talent" particulier, quelque chose de rare, unique, propre à chaque personne. Si ce "talent" existe, je pense que de très nombreuses personnes l'ont et peuvent le développer.
Mais il s'agit de dire que tout le monde ne peut pas écrire. Cela me paraît faux et quand on est membre d'un comité de lecture, on en a très vite la conviction.

Ces gens se détournent le plus souvent d'eux-mêmes de l'écriture.
Le drame, c'est que ce n'est pas toujours le cas.
Site officiel
Bragelonne : Le 7ème Guerrier-Mage / Calame T1
Castelmore : Le jour où... / 14-14 / Un ogre en cavale / Lune rousse
Rageot : Le club des chasseurs de fantômes 1 et 2

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