Soyez autonomes

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desienne
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Re: Soyez autonomes

Message par desienne »

Je pense qu'au lieu de règle, on parlerait d'usages généraux (le fameux trois actes par exemple) que presque tous suivent.
Certes il n'existe pas de recettes, mais si on veut que certains mécanismes fonctionnent, il est nécessaire des les exploiter.
Je ne dis pas appliquer, mais bien exploiter, c'est à dire tirer le meilleur parti de la règle et même la modifier pour ses besoins,
voire de les détourner.

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Selsynn
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Re: Soyez autonomes

Message par Selsynn »

Je trouve ce débat particulièrement intéressant, car il y a six ou sept ans, on m'aurait posé la question, avertie qu'il y avait des livres pour écrire, j'aurais hurlé que je n'en avais pas besoin, que je n'écris pas une recette de cuisine, mais une histoire originale !
J'ai retrouvé le même procédé pour le fait de devoir faire des recherches. J'ai mis du temps à accepter que pour écrire un roman de fantasy, il faille faire des recherches. Parce que pour moi, recherche, c'est un terme scolaire. Comme règle, c'est un terme autoritaire. Et j'aime pas l'autorité de manière générale.

Je me reconnais parfaitement dans ce qui est décrit. Du moins, j'ose espérer que je l'ai été, mais que je n'ai plus cette attitude, plus destructrice qu'autre chose, à mon avis.

Maintenant, je dirais qu'il y a des conseils qui existent. Comme cela déjà été dit avant moi, ce n'est pas absolu, et très souvent ce sont des choses qui permettent de mettre le nom / le principe sur "ce qui cloche", "ce qui nous fait tiquer".
En bêta-lecture, il y a plus de choses qui ressemble à des recettes de cuisines (compter les adverbes, les répétitions...), mais ce n'est pas pour autant qu'une bêta lecture est un acte froid, sans ressenti. Au contraire, je pense que ce ne sont que des outils qu'on peut utiliser pour verbaliser, communiquer ce qui nous fait froncer le nez, ou au contraire, nous enchante.

Bref, mon message ne sert à rien, si ce n'est à dire que je suis parfaitement d'accord, et pour le fond, et pour l'analogie. Et je pense qu'avec un certain recul, on peut réaliser que notre révolte ne sert à rien...
Mais personnellement, je crois que c'est à cause de la terminologie un peu trop "scolaire" de ces conseils.

Edit ; ya quinze message (+1) qui sont publié entre temps, désolé si je radote ce qu'a dit quelqu'un d'autre
Selsynn
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Tristeplume
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Re: Soyez autonomes

Message par Tristeplume »

Aelys a écrit :Le danger, pour moi, c'est plutôt de me retrouver "sous le joug" de ses règles sans le vouloir. La plupart du temps, elles me fascinent, je les imagine, j'en fais un récit dans ma tête... Et je me dis que je vais les appliquer sur mon prochain roman. Oui, mais après, je me dis : "mais si je les applique comme ça, est-ce que ça va faire un bon roman, un roman qui vient de moi, ou juste un exercice de style ou une pâle copie des excellents romans que j'ai analysés à travers la règle ?"
En gros, je me demande si je suis vraiment capable de les appliquer consciemment sans perdre ce qui fait de moi une auteur.
Je suis d'accord qu'il faut être autonome par rapport aux règles, bien sûr, mais pour moi, c'est plus facile à dire qu'à faire :wamp:
Le souci des règles, c'est que ça reste de la théorie. Et rien ne vaut la pratique pour maîtriser la théorie. Donc, oui, il ne faudrait pas hésiter à appliquer ces règles... quitte à se planter. Mais au moins, on en tirera une expérience qui nous permettra de savoir si cette règle est faite pour soi et si oui, comment bien l'utiliser.
Après, faut aussi pouvoir se payer le luxe de ces expérimentations.
— Malach, avez-vous entendu ça ? Je suis, je cite, "drôle, tourmenté, incompris".
— Je ne vois pas en quoi c'est flatteur.
— Mon cher, cela veut dire que je plais aux femmes !
— Décidemment, je ne les comprendrai jamais.

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Milora
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Re: Soyez autonomes

Message par Milora »

tigrette a écrit :J'ai l'impression que certains auteurs (de la mare où d'ailleurs) considèrent ce genre de livres comme étant incompatibles, voire néfastes à la créativité artistique (souvent sans les avoir lus d'ailleurs).
C'est à mon avis là qu'ils se trompent, car si l'on étudie les chef d'oeuvres de la littérature et du cinéma, ils contiennent tous plus ou moins ces règles décrites dans les livres consacrés à l'écriture, ce qui ne les empêche pas d'être tous personnels et originaux.
Ces livres ne peuvent que nous aider à affiner notre écriture, notre habilité à construire une intrigue, et à voir ce qui pêche dans notre histoire lorsqu'on est bloqué.
Moi, je les trouve passionnants et utiles, après certains peuvent être perturbés parce qu'ils considèrent ça comme un recette artificielle à appliquer, alors que rien n'est moins juste. Cela ne fonctionne que si ces règles régissent notre texte personnel avec nos idées originales.
Je suppose que j'entre entièrement dans ta définition.
L'ennui c'est que les classiques (en littérature du moins ; j'ai un parcours littéraire, pas du tout de formation en cinéma) qu'on étudie, sont généralement, précisément, des livres qui ont tenté un renouvellement, tenté d'imposer quelque chose de nouveau. Ronsard, Flaubert, Baudelaire, Victor Hugo (Cf. Hernani), tous ces gens-là ont voulu renverser des règles qu'on disait immuables et universelles. C'est pour ça que je trouve très discutable l'idée selon laquelle on ne peut rien faire de productif en partant de l'idée qu'on va contredire une règle.

Ce qui n'empêche rien au fait qu'une oeuvre qui suit parfaitement les règles "classiques" puisse être passionnante, hein ! Moi j'aime pas Flaubert et j'adore Star Wars :lol:

Ensuite, pour ce qui est de connaître lesdites "règles", j'avoue avoir un a priori négatif envers les livres écrits à destination des apprentis auteur. Le Lavandier a l'air différent, à ce que vous dites. Mais je suis souvent tombée sur des sites qui prétendent expliquer comment écrire, ou qui résultent des livres de la sorte, et j'ai été plutôt estomaquée du côté "mouton" des histoires que ça décrit. Il y en avait un, je m'en souviens, qui basait même l'exemple-type de la bonne histoire sur Indiana Jones. Alors, qu'on ne s'y méprenne : je suis une grande fan d'Indiana Jones. Mais bon, faut avouer que c'est quand même pas super élaboré niveau scénarios ou construction des personnages :lol:
(Après il y a des sites de trucs et astuces très bien, hein. Je pense à celui de Beorn par exemple, qui, à mes yeux, ne se situe pas dans l'optique que je critique mais plutôt dans celle que j'aime bien, à savoir : prenons une histoire et observons comment elle marche.)
Du coup, quitte à se pencher sur les règles de la littérature, je préfère m'appuyer sur des ouvrage de critiques classiques (Barthes et compagnie), ou sur l'observation - de classiques ou d'histoires qui fonctionnent bien - plutôt que sur un condensé écrit par quelqu'un d'autre. :roll:

C'est sans doute pour ça que je me suis un peu emballée dans mon message précédent, alors qu'en relisant à tête reposée ce que cite Garulfo, je ne suis pas aussi réfractaire à ce qu'il dit. (Je crois que c'est se donner pour base la comparaison avec Hollywood qui m'a fait voir rouge :mrgreen: )



ZUT, plein de messages entre-temps ^^
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Garulfo
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Re: Soyez autonomes

Message par Garulfo »

(j'ai été grillée par plein de monde mais je poste quand même)
Milora a écrit : La deuxième chose qui m'agace dans cette citation, c'est l'exemple sur lequel il s'appuie. Hollywood. D'abord, hollywood c'est du cinéma. On ne raconte pas une histoire pareil au cinéma et dans un livre. Non seulement les contraintes sont différentes, mais le type d'histoire n'est pas le même, et enfin, le public visé n'est pas le même. Je trouve qu'une histoire hollywoodienne peut rendre super bien en film, mais pas forcément en livre. Dans l'autre sens, on voit bien à quel point les livres adaptés en film sont modifiés pour cadrer avec le format cinématographique (je ne parle pas seulement en durée).
Ensuite, hollywood c'est quand même un type d'histoire assez caractérisée par la marque américaine. Vous avez des tonnes d'autres genres. D'autres façons de raconter des histoires. Certaines sont moins commerciales, oui ; d'autres sont juste moins diffusées hors frontières. Du coup (j'arrête pas de dire "du coup", dites-moi) supposer qu'on ne s'éloigne d'Hollywood que par petite crise d'indépendance futile, je trouve pas ça très cohérent, ni universellement vrai ^^
Bien sûr que ça parle de cinéma, Yves Lavandier écrit sur la dramaturgie :) Et à Hollywood, il y a un cinéma d'auteur extrêmement fort, il ne faut pas réduire Hollywood à "films commerciaux", c'est bien mal connaître ce milieu. Le point commun entre dramaturgie et littérature, c'est l'émotion que l'on peut ressentir à la lecture/au visionnage d'un film. Et cette émotion, Yves Lavandier explique qu'on peut la susciter et comment, et surtout comment mieux la susciter. C'est là qu'il aborde le principe du conflit notamment. La dramaturgie est avant tout un art émotionnel. Même quand on veut susciter la réflexion du spectateur avec un récit, il faut d'abord créer une émotion chez lui. Eh bien, pour moi, la même chose est vraie en littérature.

Concernant les règles, depuis 5 ans que je consacre de nombreuses heures par semaine à la bêta-lecture, le constat que je fais est celui-ci : plus les auteurs ont appris et compris les règles de construction du récit, même s'ils en sont sortis, mêmes s'ils ont fait "à leur sauce", meilleurs sont les textes. Plus ils parviennent à susciter de l'émotion, plus ils sont lisibles, compréhensibles, accrocheurs, plus on a envie de poursuivre le récit, plus on ressent de l'empathie, plus on tient aux personnages et on veut savoir ce qu'il leur arrive.

Et je crois très fort à une chose également : les idées comptent moins que la façon dont elles sont exploitées. Avoir des idées originales, c'est formidable, mais si on ne réussit pas à construire correctement son récit, il tombera des mains de la plupart des lecteurs. Il y a des choses qu'on fait intuitivement mais les génies qui peuvent se passer de l'apprentissage des règles et qui réussissent à me bluffer, je n'en ai pas croisés souvent dans ma vie...

Encore récemment, j'ai lu un texte d'auteur avant et après sa propre lecture et application de certains mécanismes narratifs. La différence est juste époustouflante. Là où le récit était juste agréable, il est devenu passionnant, émouvant, ma lecture devenait fébrile. A ma première lecture, je trouvais le texte bien écrit et intéressant, mais à ma deuxième lecture, j'ai ressenti des frissons, j'ai été émue, j'ai vibré. Et pour moi, ça fait toute la différence :)
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Garulfo
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Re: Soyez autonomes

Message par Garulfo »

tigrette a écrit :J'ai l'impression que certains auteurs (de la mare où d'ailleurs) considèrent ce genre de livres comme étant incompatibles, voire néfastes à la créativité artistique (souvent sans les avoir lus d'ailleurs).
C'est à mon avis là qu'ils se trompent, car si l'on étudie les chef d'oeuvres de la littérature et du cinéma, ils contiennent tous plus ou moins ces règles décrites dans les livres consacrés à l'écriture, ce qui ne les empêche pas d'être tous personnels et originaux.
Ces livres ne peuvent que nous aider à affiner notre écriture, notre habilité à construire une intrigue, et à voir ce qui pêche dans notre histoire lorsqu'on est bloqué.
Moi, je les trouve passionnants et utiles, après certains peuvent être perturbés parce qu'ils considèrent ça comme un recette artificielle à appliquer, alors que rien n'est moins juste. Cela ne fonctionne que si ces règles régissent notre texte personnel avec nos idées originales.
Dans mes bras ! ^^
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Monsieur Loup
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Re: Soyez autonomes

Message par Monsieur Loup »

Pas grand chose à rajouter si ce n'est que je plussoie fortement Sytra.
Et je viens de me faire griller par Garulfo pour la suite, donc mon poste est parfaitement inutile :lol:

En tout cas merci pour le post initial ! Et j'aime beaucoup la citation.
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Milora
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Re: Soyez autonomes

Message par Milora »

desienne a écrit :Je pense qu'au lieu de règle, on parlerait d'usages généraux (le fameux trois actes par exemple) que presque tous suivent.
Certes il n'existe pas de recettes, mais si on veut que certains mécanismes fonctionnent, il est nécessaire des les exploiter.
Je ne dis pas appliquer, mais bien exploiter, c'est à dire tirer le meilleur parti de la règle et même la modifier pour ses besoins,
voire de les détourner.
Très d'accord ! :)
Sytra a écrit :Je crois qu'il suffit de parcourir les différents fils de discussion pour se rendre compte qu'on cite souvent des films en exemple (ou contre-exemple). Pourtant, nous parlons bien de points d'écriture à la base. Donc pour moi, non, ce qui fait un bon personnage n'est pas foncièrement différent entre un film et un livre. Il y aura toujours des petits aspects qui varieront d'un media à l'autre, par implication du moyen d'expression employé. Mais la base, celle qui solidifie l'ensemble, restera la même. Et ça s'applique à la majeur partie des différents aspects d'une histoire, selon moi. ;)

edit : je rejoins complètement le propos de Tigrette. Avoir peur de ces livres, j'ai l'impression que c'est un peu comme craindre qu'Antidote écrive un texte formaté à votre place. Dans tous les cas, ça ne reste que des outils. Mais l'outil ne fait rien sans l'artisan. :mage:
...moins d'accord :roll:
Pour la construction du personnage... Comme je disais, c'est quelque chose de tellement général que, si c'est bien fait, je veux bien vous croire si vous me dites que Lavandier dit des choses universelles.
Par contre, pour le fait de citer des films, ben... Ça dépend carrément du sujet. Vous allez pas citer un film pour parler de focalisation, par exemple. On n'écrit pas un film comme on écrit un livre, ce sont des procédés et des façons de raconter bien différentes, je trouve. Oui oui, bien sûr, les deux racontent une histoire - et à ce titre, il y a des points communs -. Mais la Chanson de Roland aussi raconte une histoire. C'est pas pour ça qu'on l'écrit pareil qu'un roman. Les séries télé racontent aussi des histoires. Mais pas de la même façon qu'un film, ni qu'un livre.
Du coup, oui, pour ce qui est de l'histoire elle-même, on peut comparer. Pour ce qui est du récit (=la façon de raconter l'histoire), non.
Et tu cites les exemples repris dans les fils de discussion... Mais ça prouve pas grand chose ^^ Moi ce qui me frappe dans ces fils-là, c'est qu'on n'y parle que de SFFF. Quasiment tous nos exemples (les miens aussi, hein), sont tirés de la SFFF. Or, la norme globale de ce genre-là tire vers un certain type d'intrigues, un certain type de personnages. Vous prenez Proust, et grand nombre de nos observations sur les fils de discussion tombent à l'eau. Pourtant, Proust a beaucoup été lu, lui aussi - plus que le Seigneur des Anneaux sans doute.
Je relève ça simplement pour dire que toute généralisation vers une règle est immédiatement limitée. Sauf pour des choses vraiment fondamentales (et là je veux bien croire que la dramaturgie en fait partie). Mais du coup, pré-définir des règles, ça me semble pas super constructif.



Enfin, de toute façon, cette discussion a déjà été soulevée plein de fois sur ce forum ^^ La différence fondamentale c'est pas une question de règle ou autres. J'ai l'impression que la différence fondamentale c'est que pour certains, l'écriture est une activité qui s'apprend, avec une partie théorique et une application pratique. Pour d'autres (dont moi), l'écriture est quelque chose qui s'apprend nécessairement en autodidacte, et la réflexion théorique l'accompagne mais ne vient pas en amont. ^^ Elle doit être une réflexion, et pas quelque chose qu'on apprend. Woilà, c'est ça mon point de vue résumé, en fait^^
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Aelys
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Re: Soyez autonomes

Message par Aelys »

Tristeplume a écrit :
Aelys a écrit :Le danger, pour moi, c'est plutôt de me retrouver "sous le joug" de ses règles sans le vouloir. La plupart du temps, elles me fascinent, je les imagine, j'en fais un récit dans ma tête... Et je me dis que je vais les appliquer sur mon prochain roman. Oui, mais après, je me dis : "mais si je les applique comme ça, est-ce que ça va faire un bon roman, un roman qui vient de moi, ou juste un exercice de style ou une pâle copie des excellents romans que j'ai analysés à travers la règle ?"
En gros, je me demande si je suis vraiment capable de les appliquer consciemment sans perdre ce qui fait de moi une auteur.
Je suis d'accord qu'il faut être autonome par rapport aux règles, bien sûr, mais pour moi, c'est plus facile à dire qu'à faire :wamp:
Le souci des règles, c'est que ça reste de la théorie. Et rien ne vaut la pratique pour maîtriser la théorie. Donc, oui, il ne faudrait pas hésiter à appliquer ces règles... quitte à se planter. Mais au moins, on en tirera une expérience qui nous permettra de savoir si cette règle est faite pour soi et si oui, comment bien l'utiliser.
Après, faut aussi pouvoir se payer le luxe de ces expérimentations.
Tu as raison. J'ai tendance à être perfectionniste et à ne pas avoir envie de me planter :mrgreen:
L'idéal, c'est quand on a intégré ces règles et qu'on les applique inconsciemment, mais qu'on est capable de s'en démarquer pour une raison bien précise qui prend tout son sens dans le récit. Mais pour ça, faut avoir bien compris la règle et toutes ses facettes, et seule la pratique peut nous confronter aux cas délicats.
Bon, bein du coup, j'hésite plus ^^

Je pense par contre que pour commencer, choisir une ou deux règles qui nous parlent bien est déjà amplement suffisant : si on essaie d'intégrer trop de consignes d'un coup, on ne pourra aller au bout d'aucune et surtout, on sera trop contraint pour écrire encore une histoire, ça ne deviendra rien d'autre qu'un exercice de style. Qui perd son sens, puisque le but reste d'écrire une histoire :D
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Tsumire
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Re: Soyez autonomes

Message par Tsumire »

J'avoue apprendre beaucoup sur moi-même dans ces lectures. La conception d'une histoire se fait avec beaucoup plus de retenu qu'à mes débuts. C'est peut-être en cela que certains évoquent une perte de créativité mais je différencie deux créativités :
- La spontanée, l'inattendue, celle qui initie un mouvement et qui est en-dehors de toutes règles.
- La réfléchie, le raisonnée, celle qui va entretenir le mouvement créatif.
Dans mon cas, avant la lecture de Lavandier, ma créativité se composait de 80% de spontanée et 20% de réfléchie. Alors, il y avait beaucoup de mouvements dans mes histoires mais il m'était difficile de les traiter en profondeur. En fait, ils s’essoufflaient.
Aujourd'hui, lorsque je pense à une histoire, je suis dans la retenue vis-à-vis d'une seule et unique créativité, la spontanée, et j'essaye de développer la créativité réfléchie. Et cette créativité, mine de rien, elle opère mieux lorsque l'on a pris conscience de certaines règles.

Je pense que c'est l'effort à fournir pour passer d'une bonne histoire à celle qui vous prend au ventre.
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Celia
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Re: Soyez autonomes

Message par Celia »

Aelys a écrit :Je pense par contre que pour commencer, choisir une ou deux règles qui nous parlent bien est déjà amplement suffisant : si on essaie d'intégrer trop de consignes d'un coup, on ne pourra aller au bout d'aucune et surtout, on sera trop contraint pour écrire encore une histoire, ça ne deviendra rien d'autre qu'un exercice de style. Qui perd son sens, puisque le but reste d'écrire une histoire :D
C'est tout à fait vrai !
On peut, si on veut, se donner des petits objectifs :
- Cette fois-ci, j'essaie de faire un plan (parce que la dernière fois j'en avais pas et j'ai mis des jours à corriger mon texte pour qu'il soit équlibré)
- Cette fois, j'ai un plan où j'identifie clairement les enjeux dramatiques (et j'essaie de connaître la fin et de la visualiser concrètement avant de l'écrire)
- Cette fois, je vais essayer un personnage qui ne me ressemble pas
- Cette fois, je vais tenter un point de vue interne
- Bon alors cette fois, je vait tenter un point de vue multiple
Etc, etc...
Et ces buts-là, on n'est pas obligés de les appliquer à un roman entier (un but = un roman), on peut les bosser sur des textes courts, ou les bosser sur un seul roman, qu'on reprend plusieurs fois, pour savoir dans quel sens on le prend (bon si possible avant d'avoir dépasser les 300 pages de rédaction quand même ^o^... Bien que cela arrive, c'est mon cas sur Les Chasseurs)
Après, je suis très hypocrite sur ce genre de "conseil", parce que 75% de ce que j'écris se fait à l'instinct. Mais pour les 25% qui restent, ils m'ont permis de découvrir ou redécouvrir des choses que je savais déjà, d'améliorer mon travail voire mon écriture, et, surtout, de gagner une masse de temps considérable.
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Tristeplume
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Re: Soyez autonomes

Message par Tristeplume »

Aelys a écrit :Tu as raison. J'ai tendance à être perfectionniste et à ne pas avoir envie de me planter :mrgreen:
Je ne pense pas que c'est propre à toi. A mon avis, la grande majorité des auteurs débutants espèrent réussir un "coup de maître" dès le premier coup et peuvent se mettre une pression folle.
C'est aussi un cap à franchir, accepter d'écrire des choses imparfaites.

Remarque, je dis ça, mais quand j'ai vraiment commencé à écrire, j'avais zéro pression parce que je n'avais aucun objectif d'édition (c'est plutôt elle qui est venue à moi), aucune connaissance de cette communauté d'écrivains SFFF et encore moins connaissance d'un quelconque mode d'emploi pour écrire. Du coup j'écrivais, j'écrivais tout et n'importe quoi, du mauvais, du moyen et quelque fois des trucs pas trop mauvais. Mais au moins j'écrivais.

D'ailleurs, c'est limite un truc que je regrette que d'avoir mis les pieds sur Cocy (regret fugitif, je vous rassure). J'ai perdu cette fraîcheur et cette spontanéité. En revanche, en terme d'écriture, j'ai indéniablement progressé (à mon avis).
C'est pas un truc simple à gérer cette pression "d'exigence" qu'on peut se mettre (et Cocy n'y est pour rien !).
On peut, si on veut, se donner des petits objectifs :
- Cette fois-ci, j'essaie de faire un plan (parce que la dernière fois j'en avais pas et j'ai mis des jours à corriger mon texte pour qu'il soit équlibré)
- Cette fois, j'ai un plan où j'identifie clairement les enjeux dramatiques (et j'essaie de connaître la fin et de la visualiser concrètement avant de l'écrire)
- Cette fois, je vais essayer un personnage qui ne me ressemble pas
- Cette fois, je vais tenter un point de vue interne
- Bon alors cette fois, je vait tenter un point de vue multiple
Etc, etc...
Tout à fait.
Y a quelques temps, j'ai commencé à me faire une sorte de boîte à outils à partir de tous les débats tenus ici sur tel ou tel thème, telle ou telle "règle".
Pas dans l'idée de tout appliquer mais plutôt de pouvoir piocher dedans lors de la conception d'un projet en me disant "tiens, ce truc là, ça pourrait bien coller à ce que j'ai en tête !".
— Malach, avez-vous entendu ça ? Je suis, je cite, "drôle, tourmenté, incompris".
— Je ne vois pas en quoi c'est flatteur.
— Mon cher, cela veut dire que je plais aux femmes !
— Décidemment, je ne les comprendrai jamais.

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Re: Soyez autonomes

Message par Beorn »

Personnellement, je pense que ces livres (les meilleurs, du moins) peuvent vraiment nous permettre d'écrire de meilleures histoires.
Et je le dis de manière parfaitement empirique : parce que je pense cela m'a aidé, moi, à m'améliorer.

Cependant, je comprends les réticences de Milora ou de takisys, que je trouve parfaitement normales et même saines de la part d'un auteur. Je les ai longtemps partagées et il a fallu que Garulfo me harcèle pendant près de deux ans pour que j'ouvre enfin le Lavandier (merci ô Garulfo :heart: )

1) Non, un film n'est pas un livre. Il y a le souci de la forme (l'image plutôt que le mot, qui change notre manière de présenter l'action) et un souci de longueur (un film, c'est une histoire beaucoup plus courte qu'un roman).
Le livre pourra sans doute se permettre plus de digressions, d'intrigues secondaires, de personnages etc. du fait de sa longueur, et certains procédés narratifs seront différents,

Et pourtant, les deux racontent une histoire.
Théâtre, roman, film, série, conte pour enfant... Ce sont toujours des histoires, même si la manière de les raconter diffère. Il y a des choses différentes, mais il y a aussi des mécanismes communs.

2) Oui, je suis convaincu qu'écrire doit rester un acte spontané, ou du moins, le plus possible.
C'est notre imagination, notre inconscient, notre "génie mystérieux" qui nous pousse à écrire un roman. Ce n'est pas notre cerveau bien conscient ou du moins, il ne suffit pas. Je pense qu'il est important de le rappeler et de défendre cette idée, de ne jamais l'oublier.
Ecrire, c'est aimer la liberté ! Et les auteurs réticents me le rappellent : ils défendent cette liberté, tant mieux, ils ont raison ! Je vais essayer de les convaincre quand même mais leur réaction première me semble bonne.

Et pourtant, je crois que nous pouvons consciemment, de manière réfléchie, appliquée, améliorer ce qui nous vient spontanément. Le mettre en ordre, le faire briller, le dire mieux.
Ces règles, à défaut d'être impératives, permettent de se poser les bonnes questions pour le faire.
Site officiel
Bragelonne : Le 7ème Guerrier-Mage / Calame T1
Castelmore : Le jour où... / 14-14 / Un ogre en cavale / Lune rousse
Rageot : Le club des chasseurs de fantômes 1 et 2

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Milora
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Re: Soyez autonomes

Message par Milora »

Non mais Beorn, un jour faudra que tu m'expliques comment tu fais : même quand tu soutiens le point de vue opposé à celui où je me reconnais, t'arrive à me mettre d'accord avec toi :lol:
Ces règles, à défaut d'être impératives, permettent de se poser les bonnes questions pour le faire.
Oui voilà. Se questionner et réfléchir sur les méthodes, ça me semble très positif.
Après, je préfère faire ça à partir d'observations de livres plutôt qu'à partir de règles théoriques...
C'est notre imagination, notre inconscient, notre "génie mystérieux" qui nous pousse à écrire un roman. Ce n'est pas notre cerveau bien conscient ou du moins, il ne suffit pas.
Esactement, môssieur. Je plussoie.
Tout ce qu'on lit (que ce soient d'autres romans, ou que ce soit des réflexions dessus), ça fait sa petite tambouille tout seul à l'intérieur, et c'est ça qui permet d'écrire à son tour une histoire. Après on peut réfléchir dessus. AMHA.
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Tristeplume
Grenoumpf grognon
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Enregistré le : jeu. juin 05, 2008 8:59 am

Re: Soyez autonomes

Message par Tristeplume »

Milora a écrit :Non mais Beorn, un jour faudra que tu m'expliques comment tu fais : même quand tu soutiens le point de vue opposé à celui où je me reconnais, t'arrive à me mettre d'accord avec toi :lol:
Il a surtout loupé sa vocation. Il pourrait vendre de la gomina à un chauve.
Un tel talent gaché, c'est triste.
Surtout pour les chauves.
— Malach, avez-vous entendu ça ? Je suis, je cite, "drôle, tourmenté, incompris".
— Je ne vois pas en quoi c'est flatteur.
— Mon cher, cela veut dire que je plais aux femmes !
— Décidemment, je ne les comprendrai jamais.

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