J'allais répondre, et puis après j'ai lu le post de Beorn, et j'avais plus rien à dire
Au-delà du fait que, concrètement, un nom c'est utile et ça a une fonction et [insérez ici les arguments du post de Beorn], d'un point de vue plus "psychologique", Ivan, quand même, la plupart des gens aime pas qu'on l'appelle pas comme ils le veulent. Personnellement j'ai un nom un peu compliqué et je m'en fiche si les gens se trompent (y a même une prof d'anglais qui a été persuadée pendant toute une année que mon deuxième nom de famille était mon prénom, et qui m'appelait comme ça
Je l'ai pas détrompée parce que je voulais pas la gêner
). Mais maintenant que je suis prof, des fois, il suffit que je prononce de travers de façon mineure le nom d'un étudiant en faisant l'appel, et il me fait bien comprendre que ça me courrouce
(aaah, j'avais envie d'utiliser ce mot ). Du coup, on peut disserter sur ce que tu disais du droit de nommer les choses, mais concrètement, un nom ça a une fonction et beaucoup de gens vont pas aimer que tu la dévoies.
Et, surtout, si on parle de nom d'auteur ou de pseudo, c'est pas comme un "vrai" nom. Je veux dire que si on dit "Voltaire", ça renvoie à un ensemble de texte, d'attitudes publiques, qu'a eues le personnage. Je dis bien personnage : c'est l'image, publique, qu'il s'est construite. Pareil si on dit Robin Hobb ou J.R.R. Tolkien. D'ailleurs, personne ne dit "John Tolkien", pourtant c'est son nom aussi.
Bref, un nom de personnalité vaguement publique (c'est-à-dire tout nom qui apparaît sur la couverture d'un roman), c'est pas tant une identification personnelle de l'auteur en tant qu'individu etc. etc., c'est l'identification d'un "produit" (j'aime pas ce mot parce qu'il fait penser à la dimension marketing alors que c'est pas ce que je veux évoquer ici). L'identification d'une sorte de marque de fabrique. Un "signifiant". Si tu dis "j'adore tes Croquettes", parce que tu as décidé de ne pas employer le mot "Nike", ça va pas marcher, parce que le nom a ici la même fonction que le mot "table" évoqué par Beorn.
La preuve : les auteurs qui écrivent sous deux noms (et ne disent pas que c'est le même auteur). C'est la même personne, mais pour tous les lecteurs, ce sont deux signifiants différents, qui renvoient à des choses différentes, à des référents distincts : l'un écrit de la romance et l'autre du thriller (ou que sais-je).
C'est pas la même fonction du nom propre, du coup ça peut pas renvoyer à la problématique identitaire que tu soulèves.
(Mon Dieu, j'ai écrit problématique identitaire ; faut que j'arrête la thèse, bientôt je vais me mettre à employer des mots comme "paroxystique" au quotidien).
Bon, ceci dit, là je disserte pour le simple plaisir de disserter, parce que concrètement, quelle que soit notre position existentialo-philosophique, ça change pas grand chose au fait que c'est - ou pas - utile de prendre un pseudo pour publier
Conclusion : "Ne m'appelez pas Junior !"