[A] Vocabulaire et idées modernes en médiéval-fantasy

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Elhyane
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Re: Pensées modernes dans médiéval-fantasy

Message par Elhyane »

(eh ben, si je m'attendais à autant de réponses... je commence par quel bout moi ?)
Nariel Limbaear a écrit :Je vais essayer de développer plus tard, mais pour commencer, beaucoup de gens ont une vision assez caricaturale du Moyen Âge. Que se soit en matière de droit, de droit des femmes, d'hygiène et même de religion, une bonne partie du Moyen Âge a été beaucoup plus "clémente" que le début de l'époque moderne. Si je devais choisir où le point où tout a basculé, c'est la Peste Noire ;p
Ah ça, je n'ai jamais dis le contraire. Je suis en train de me documenter sur les conditions de vie des français au Moyen-Âge, et effectivement, je m'aperçois que beaucoup de choses sont "fausses" dans le sens où ce n'est pas une généralité sur toute la période. Seulement, le MA s'étale sur presque un millénaire, donc les évolutions ont été nombreuses, et notre vision "noire" de cette période n'est pas totalement dénuée de vérité si on regarde un siècle en particulier, notamment le XIVeme comme tu le souligne avec l'apparition de la Peste Noire puisque c'est là que l'Eglise a sérieusement commencé à faire pencher la balance du mauvais côté, notamment sur la condition féminine (du moins, je l'interprète ainsi, même si elle agissait dans le soucis de préserver l'espèce humaine malgré ses paradoxes franchement hilarants).
Toutefois, j'admets avoir caricaturé pour ne pas avoir à choisir une période plus précise et ainsi à nuancer ma question. En disant MA, je savais que tout le monde comprendrais ;)
Nariel Limbaear a écrit :Ensuite, toutes les unités métriques, c'est très très récent, c'est le résultat d'une uniformisation qui aurait du mal à exister au Moyen Âge (faute de moyens de transports ou de communication rapide), au même titre qu'une langue unique comme le français est également très récent. Il y a même un siècle ou deux (je rallonge pour pas dire de bêtise), certains bretons ou occitans ne parlaient pas le français.
Au MA, je suis d'accord. Mais le systèmes métrique (entre autre) est une évolution récente due à une combinaisons de facteurs qui ont conduit à prendre ces unités. Sans forcément reprendre exactement les mêmes facteurs, qu'est-ce qui empêche un peuple de déclarer que la mesure officielle sera le mètre ? Pareil pour la langue : si un roi veut s'arranger pour que tout le monde parle la même langue, il le pourra facilement à mon avis.
Nariel Limbaear a écrit :Plus précisément, le statut de la femme : elle gérait la maison, les comptes, l'éducation des enfants. Je ne sais plus où je l'ai lu, mais si l'homme est la "tête" de la maison, la femme en est le cou, la nuque : elle fait tourner la tête vers là où elle veut. C'est plus tard que ça s'est vraiment dégradé (je ne dis pas que sa condition était idéale, il y avait tout de même quelques croyances "fermées" d'esprit)
Moui et non. La femme est la reine dans la maison, tant qu'elle ne déborde pas de son rôle. Je ne dis pas que toutes les femmes étaient nécessairement soumises, mais même avant la Peste Noire, la femme avait le devoir de gérer la maison, de s'occuper des enfants, de dire à son mari s'il faisait des erreurs. Mais (car il y en a bien un), elle s'occupait des enfants en bas-âge avant que l'éducation n'échoit au père. De même, la femme ne pouvait s'opposer clairement à son mari, et lui dire gentiment ses erreurs, sans lui faire comprendre qu'il était en tord ou quelque chose du genre. Plus d'autres petites choses qui ne me reviennent plus à l'esprit. Pour reprendre la métaphore que tu as citée, personnellement, je dirais plutôt que le cou peut faire tourner la tête dans un sens, mais jamais (ou très rarement) la forcer.
Booz a écrit : ça, par contre, ça me dérange. Les unités de mesure dépendent de l'évolution de la société, si ta société n'évolue pas mais les unités de mesure si, il vaudra une meilleure justification qu'un TGCM pour moi (et, si c'est présent de manière assez récurrente dans le texte, personnellement, je ferme le roman et passe à autre chose).
Une société évolue nécessairement, peut importe le sens dans lequel elle part. Pour reprendre ce que j'ai dis un peu plus haut : qu'est-ce qui empêche le gouvernement de décréter que le mètre sera la nouvelle mesure ? Après tout, le mètre, bien que récent, n'est pas issu d'une machination tout à fait moderne, il sort bien de quelque part, non ? :D
Scipion a écrit :Pour les unités de mesure : je suis un militant anti -mètre, anti -gramme etc. Anti toute expression trop marquée genre "c'est la berezina", "comme en Quarante", etc
Dommage pour ce militantisme, cependant, je suis bien d'accord avec les expressions trop marquées. Là je fabrique une poupée vaudou à l'effigie de l'auteur car j'aurai l'impression qu'il se fiche de moi :lol: Cependant, je parle bien de mode de pensées et de mesure. Les expressions sont nées de l'histoire, de notre Histoire. Un autre monde, ayant sa propre Histoire, aura nécessairement ses propres expressions.
Scipion a écrit :Si tu regardes le cinéma, nombre de films "historiques" mettent des mentalités contemporaines dans des personnages des temps passés. Le premier exemple qui me vient en tête est Maximus, dans Gladiator. Il veut les droits de l'homme, pour schématiser. Or ce genre de notion ne pouvait simplement pas exister à cette époque...
Le film a fait un carton...
Mon visionnage de ce film remonte, donc je peux me tromper, mais n'est-il pas possible qu'il y ait eu un amalgame entre les droits de l'homme, et les droits des citoyens ? Autant que je m'en souvienne, les droits du citoyen, notamment dans la Grèce et la Rome Antique, ont toujours été présents ou presque. Bien sûr, ça n'inclue pas autant de protection que les droits de l'homme tel que nous les connaissons, mais c'était déjà une mesure à l'avantage des citoyens.
Ange a écrit :Par contre à ce niveau là, ça me paraîtrait être un vrai anachronisme vu que les mètres, les grammes,... sont apparus à la Révolution française et sur le principe ça pourrait être dérangeant.
Anachronisme ? Pourquoi donc ? Qu'est-ce qui empêche ce monde d'avoir eu sa propre Révolution qui a conduit à ce système ?
(j'ai conscience que je peux donner l'impression de vouloir tout justifier, mais j'essaye de comprendre avant toute chose)
Macada a écrit :En ce qui concerne l'égalité des sexes, vu le niveau technologique de ta société, j'aurais besoin d'arguments pour m'expliquer comment ta société a pu en venir à ne pas différencier de rôles sociaux sexuée à partir des différences physiques. A ma connaissance, toutes les sociétés (d'un même ou moindre niveau technologiques que celle de l'Europe de l'ouest depuis 1950/1960 (le pétrole et ses appareils ménagers à bon marché ont libéré bien des femmes ^^) sont sexuées. Mais peut-être qu'en mixant des arguments de sociétés matriarcales et patriarcales, on pourrait inventer une société égalitaire plausible. J'aime beaucoup l'idée d'ailleurs.
Je ne prétends pas avoir eu une telle idée, mais d'après ce que j'en sais, les femmes perses de l'Antiquité, sans atteindre le niveau d'"égalité" que nous connaissons aujourd'hui, étaient plus libre que les femmes du MA. Et l'Empire Perse était très grand à cet époque, avec donc un haut niveau de spécification des tâches. Cependant, j'avoue ne pas connaître le sujet sur le bout des doigts, il faudrait que je me renseigne un peu plus.
Macada a écrit :Et pour les histoires de mesures en tout genre, un argument pour garder celles que nous connaissons, c'est qu'a priori le monde du roman ne parle pas français et que si on se permet de traduire ses langues en français actuel, pourquoi pas les mesures ?
Effectivement, c'est une solution possible (yeah, j'ai un argument supplémentaire pour conserver mes mesures ! :yata: ). Maintenant, si c'est un accord implicite entre l'auteur et le lecteur, ce dernier n'en a peut-être pas entendu parler, et donc ne cherchera pas plus loin. Peut-être que pour lui, un monde médiéval ne peut avoir que des mesures médiévales, même si c'est de la fantasy. C'est surtout ce mode de pensée que je cherche à comprendre.
Eschylle a écrit :Je crois que la réponse à ta question est la vraisemblance.
Peu importe que le monde soit médiéval-fantastique et qu'il y aient des mètres et des secondes du moment que l'ensemble est crédible. Après tout, s'il y a de la magie, la société est nécessairement différentes et les manipulateurs de cette magie y jouent un rôle énorme...
D'autre part, l'époque correspondant au Moyen-âge ne s'est pas traduite socialement et technologiquement de la même manière en Europe, en Asie, en Afrique et au Moyen-Orient... Le progrès n'est absolument pas linéaire. L'auteur possède donc une très grande latitude pour composer sa société. Et suivant les lieux de son monde, les rapports hommes/femmes (puisque tu en parles) peuvent être très différents... Un peu comme dans notre monde actuel, non ?
Effectivement, les situations à une même époque peuvent être très différentes. Toutefois, comme notre culture est de type occidentale, on se réfère plus facilement au Moyen-Âge, qui est typiquement européen, qu'à la même période en Chine par exemple. Peut-être était-ce la même chose, sincèrement je n'en sais rien. Mais la fantasy prend plus facilement l'image du MA que de l'ère des Seize Royaumes chinois, et le lecteur peut donc s'imaginer que le monde créé doit reprendre rigoureusement (ou presque) cette période.
Nariel Limbaear a écrit : Même sous cet angle, certaines choses me posent problème x) Par exemple, la notion de temps : au Moyen Âge, les gens se basaient sur les cycles du soleil et parfois au son de l'église qui sonnait les différentes messes (et pas à chaque heure, concept plus que vague pour le paysan moyen). D'ailleurs, si on se donnait rendez-vous, on ne s'étonnait pas de devoir attendre deux heures si on était dans le même village, ou deux jours ou plus...
Deux jours, et même plus, ça me paraitrait un peu énorme quand même :shock: Les calendriers étaient relativement bien fixés à l'époque, non ? Cependant, la mesure du temps à toujours été outillé. Les orateurs grecques utilisaient des clepsydres pour connaître leur temps de parole. Le sablier est scientifiquement avéré dès le Xeme siècle. Qu'est-ce qui empêcherait la construction d'une machine, même rudimentaire, à partir de ces éléments, surtout avec l'intervention de la magie ?
sherkkhann a écrit :Par exemple j'adore lire des romans médiéval-fantastique, et pourtant je ne supporte pas les vouvoiements à chaque dialogue "parce que ça fait médiéval selon l'auteur" ou retrouver des mentalités d'époques. C'est un avis très personnel mais pour moi, à trop vouloir faire "vrai" on bride la fantasy.
En quoi le vouvoiement ferait "plus médiéval" ? :shock: Là, j'avoue que je suis également perplexe. Le vouvoiement est une marque de politesse avant tout, et la mesure du pouvoir : je ne pense pas que le premier quidam venu interpelle son roi en le tutoyant. Je doute également que les paysans se vouvoyaient entre eux :lol:
sherkkhann a écrit :Tiens, pas mal les mesures de blé :mrgreen:
+1
Merci Nariel pour l'idée :mrgreen:
Milora a écrit :Après, pour ce qui est des mentalités, là, je m'insurge. D'abord, parce que la mentalité d'un peuple est quelque chose de très complexe, qui peut suivre plein de voies, et n'a aucune obligation de suivre une évolution similaire à celle qu'a connue nos sociétés.
Justement. C'est là que je ne comprends pas, car certains considère qu'un monde au technologie similaire au Moyen-Âge doit nécessairement être comme au Moyen-Âge. Or, comme tu le dis, les voies possibles sont infinies. Comme je le mentionne dans mon premier post, du moment que ça reste crédible, pourquoi pas ?
Milora a écrit :Ensuite, parce que... ils étaient pas arriérés au Moyen âge, na ! On plaque souvent sur cette époque des représentations qui sont issues du "mythe" du Moyen Âge qui a été forgé à la Renaissance (le MA comme une période sombre et obscurantiste) ou au XIXe siècle (le MA romantique avec la belle dame et le chevalier type Ivanohé).
Hey, j'ai jamais dis qu'ils étaient arriérés ! :cruel: Aucune civilisation n'est arriérée, elle a juste ses propres codes. Cependant, si je suis d'accord de dire que le MA n'est pas QUE une période sombre et obscurantiste, il faut aussi reconnaître qu'après les dégâts de la Peste Noire, ce n'était pas spécialement joyeux à l'époque :D

(... je pensais pas faire une aussi long post. Et si je raconte n'importe quoi, c'est normal, faut que j'aille dormir !)
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C’est difficile de mettre un peu d’absolu dans la mare aux grenouilles. (Pablo Picasso)

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Ellie
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Re: Pensées modernes dans médiéval-fantasy

Message par Ellie »

Sur les (kilo)mètres, je crois que ça me choque pas plus d'en voir dans un roman de fantasy que, je sais pas, «il roulait à 90km/h» dans un roman qui se passe aux États-Unis. (D'ailleurs, je trouve ça drôle, en français la «tradition» est d'utiliser les pieds/pouces dans les bouquins de Fantasy, tandis que j'avais vu un article en anglais qui recommandait d'utiliser le système métrique pour la SF) Par contre je crois que ce qui me ferait bizarre c'est de voir un chevalier médiéval qui dit que son cheval peut atteindre une vitesse de pointe de 60km/h :)

Pour ce qui est de «mode de pensées» différents de ce qu'il y avait à une époque donnée, ça me choque pas non plus, je pense que ce qui est important c'est que je puisse me faire une vague idée de comment cette société fonctionne et que ça semble cohérent (sans avoir non plus l'impression de lire une thèse de sociologie).

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Beorn
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Re: Pensées modernes dans médiéval-fantasy

Message par Beorn »

Je pense que si tu décides de combiner le moyen-âge avec une telle "anomalie", alors c'est tellement "difficile à avaler" que cela doit devenir l'un des thèmes majeurs de ton roman, pas juste un élément de décor.
Ton univers représente ton histoire, il est un reflet des thèmes que tu souhaites aborder, il incarne les grands enjeux de l'intrigue. Une bizarrerie aussi énorme, on risque de la voir comme le nez au milieu de la figure.
Si l'égalité homme-femme est un thème qui te tient à coeur, alors c'est une bonne idée. Mais l'intrigue et les personnages devront alors être en partie tournés vers ce thème-là : un méchant veut-il rétablir la domination d'un sexe sur l'autre ? Notre héros/héroïne doit-elle défendre/prouver/représenter son sexe face à l'autre ?

En tout cas, si tu fais un tel choix, je pense qu'il faudra travailler cet univers dans ce sens. Il faudra prévoir des détails porteurs de sens pour bien montrer comment il fonctionne, en quoi il est différent du moyen-âge que l'on connaît et pourquoi.
Par exemple, il pourrait être intéressant qu'à côté de cette société-là, il existe dans ton monde d'autres sociétés étrangères beaucoup plus sexuées. Tes personnages jugent-ils que ces gens sont des barbares ? Ou au contraire, tel ou tel personnage admire-t-il leur façon de penser ?
Je trouve que la comparaison est toujours un excellent moyen d'exprimer ce qu'on a à dire.

En revanche, je pense qu'il faut justifier tes différences. Si on se contente de reprendre exactement les mêmes causes (le mode de vie du moyen-âge, le système féodal) on obtiendrait logiquement les mêmes effets (société sexuée, religion très présente).
A l'inverse : une société égalitaire et peu religieuse pourrait-elle aboutir à un monde tel que notre moyen-âge ? Je ne pense pas.

Technologiquement, peut-être. Il y aurait sans doute des épées et des chevaux. Mais y aurait-il des châteaux ? des Eglises ? Y aurait-il des chevaliers ? Y aurait-il même une noblesse ?

Bref. Il faut que tu sois convaincante, moyennant quoi tout est possible. La magie est un élément déterminant pour expliquer cette anomalie, mais on peut aussi imaginer des traditions égalitaires, une religion ouverte, une histoire commune où les femmes ont eu un grand rôle, etc.
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Beorn
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Re: Pensées modernes dans médiéval-fantasy

Message par Beorn »

Ah oui, concernant les unités de mesure, je n'ai pas répondu. Il me semble qu'il y a eu un fil là-dessus mais je ne sais plus où.

Pour moi, il ne s'agit ni d'un problème de traduction (en effet, les personnages parlent français dans un monde où la France n'existe pas, donc pourquoi pas des milligrammes ?), ni de réalisme (c'est effectivement irréaliste, mais je pense que cela choquera très peu de gens), ni d'anachronisme (le monde est différent, donc l'anachronisme est une notion assez floue).
En revanche, c'est une question d'ambiance.
Si tu veux nous faire sentir qu'on est au moyen-âge, il faut que tu nous donnes des mots qui nous font partir très loin d'ici et qui créent des images. Nous réagirons tous à des choses différentes.
Il est certain que le mot "château-fort", le mot "blason", le mot "houppelande" évoquent tout de suite des images de moyen-âge.
Pour moi, "lieue" aussi (les "bottes de sept lieues", l'expression "à cent lieues de...").
En revanche, "kilomètre", ça m'évoque un panneau d'autoroute.
"kilogramme", ça m'évoque une balance de cuisine.

Pour moi, ça réduira à néant toutes les autres images que tu auras réussi à construire à côté. Bien sûr, comme nous sommes tous différents, nous n'aurons pas tous la même réaction, mais cela veut dire que tu te coupes quand même d'une partie du lectorat.
Et pour ce qui est d'évoquer avec précision les mesures et les distances, je pense que c'est vraiment un faux problème. A moins que ton intrigue ait une raison particulière de tout le temps utiliser des unités de mesure, un auteur n'a presque jamais besoin d'autant de précision. Au contraire, c'est souvent une erreur de débutant de tout mesurer au millimètre.

Dire "l'abbaye est à 50km", je trouve que c'est plat, ça n'évoque qu'une bête distance mathématique, ce n'est porteur d'aucune image.
Dire "elle est à une journée de cheval", c'est beaucoup plus parlant pour moi. Tout de suite, on voit l'image du cheval, on comprend la mentalité de celui qui parle (celle d'un monde ancien, sans voiture) on a l'odeur du crottin dans les narines et on ressent l'effort à fournir pour aller jusqu'à la fameuse abbaye.
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Scipion
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Re: Pensées modernes dans médiéval-fantasy

Message par Scipion »

Beorn a très bien dit ce que je pensais aussi sur les unités de mesure. + 1 avec lui !
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Anonyme_Quatre

Re: Pensées modernes dans médiéval-fantasy

Message par Anonyme_Quatre »

Sans forcément reprendre exactement les mêmes facteurs, qu'est-ce qui empêche un peuple de déclarer que la mesure officielle sera le mètre ? Pareil pour la langue : si un roi veut s'arranger pour que tout le monde parle la même langue, il le pourra facilement à mon avis.
Pas trop le temps de développer, mais non, il ne pourrait pas, si tu veux garder un monde médiéval :
1) Manque d'éducation des paysans car ils manquent de temps
2) Isolement de certains régions
3) Manque de communication entre les régions. Certains seigneurs de campagne (on les oublie souvent ceux-là) n'ont même jamais vu le roi.

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Tristeplume
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Re: Pensées modernes dans médiéval-fantasy

Message par Tristeplume »

J'avoue qu'en tant qu'auteur ça me gonfle un peu de devoir TOUT justifier. Je fais de l'imaginaire, j'attends quand même un minimum d'imagination de la part du lecteur.
Et en tant que lecteur, j'essaye d'être complètement open. Si je tombe sur une horde de barbares sanguinaires qui arrêtent le combat à 16h00 parce qu'ils doivent aller chercher leurs gamins à l'école, je trouverai ça sympa. Si le baron Maurice se retrouve du jour au lendemain à devoir labourer son champ parce qu'il vient de se prendre une raclée aux dernières élections de la baronnie, ça ne me gênerait pas.
Ce n'est pas parce que les mentalités ont évolué d'une certaine manière dans notre monde que ce schéma est immuable et qu'on ne peut pas avoir une société médiévale égalitaire et démocratique.
D'ailleurs, on associe peut-être un peu trop évolution des mentalités et évolution technologiques. On ne se gêne pas pour décrire des sociétés technologiquement très avancées mais à la mentalité barbare (cf le cyberpunk), pourquoi ne pas décrire des sociétés barbares avec une mentalité sociale très avancée ? D'autant que ce n'est pas si loin d'une certaine réalité (les vikings étaient très "modernes").

Bref, je n'attendrai pas une explication de la part de l'auteur. On reproche trop souvent de calquer les stéréotypes moyennageux, ce n'est pas pour faire la fine bouche quand l'auteur s'en écarte.
— Malach, avez-vous entendu ça ? Je suis, je cite, "drôle, tourmenté, incompris".
— Je ne vois pas en quoi c'est flatteur.
— Mon cher, cela veut dire que je plais aux femmes !
— Décidemment, je ne les comprendrai jamais.

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Re: Pensées modernes dans médiéval-fantasy

Message par Beorn »

Si tu choisis de montrer une société vkings, libre à toi, tu n'auras pas à justifier l'égalité des sexe (bon en fait je n'en sais rien, je n'y connais rien aux vikings).
Si tu "fais de l'imaginaire", comme tu dis, tu fais ce que tu veux de ton monde.

Par contre, si tu fais le choix du moyen-âge, alors tu branches le lecteur sur toute une imagerie médiévale qu'il possède déjà en lui.
Nous avons tous la tête remplie de films, de romans, de châteaux forts, de bouquins de vulgarisation et autres infos (ou clichés) sur le moyen-âge. C'est d'ailleurs bien pour cette raison qu'on a envie d'utiliser cette époque-là.

Donc il faut faire avec. Soit tu suis l'imagerie médiévale, soit tu la détournes. Et si tu la détournes, il vaut mieux éviter le ridicule.
Il n'y avait pas de femmes-chevalier, ça n'existait pas. Si on en crée une, ça va surprendre. Ce n'est pas un problème en soi, en fait, ça peut être très chouette. Mais il faudra montrer soit que ce personnage est complètement hors norme, soit que la société est différente du moyen-âge qu'on connaît par plein de détails. Si c'est juste pour avoir une belle image de perso féminin dans une armure dans une joute et que pour le reste, on semble en plein moyen-âge classique, ça ne passera pas. Ce sera juste n'importe quoi.

Evidemment, si le but est d'écrire un bouquin parodique, la question ne se pose pas... L'anomalie fera partie de l'intérêt du texte.
On peut aussi imaginer qu'on n'utilise que des éléments très éloignés du moyen-âge (juste les armures et les épées), dans ce cas, on n'est plus dans l'hypothèse de départ, pour moi, à savoir un univers fondamentalement moyenâgeux.
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Re: Pensées modernes dans médiéval-fantasy

Message par Beorn »

Tristeplume a écrit :J'avoue qu'en tant qu'auteur ça me gonfle un peu de devoir TOUT justifier.
En réalité, tu n'as rien à justifier. Tu as juste un lecteur à convaincre.
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Tristeplume
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Re: Pensées modernes dans médiéval-fantasy

Message par Tristeplume »

Beorn a écrit :Donc il faut faire avec. Soit tu suis l'imagerie médiévale, soit tu la détournes. Et si tu la détournes, il vaut mieux éviter le ridicule.
Il n'y avait pas de femmes-chevalier, ça n'existait pas. Si on en crée une, ça va surprendre. Ce n'est pas un problème en soi, en fait, ça peut être très chouette. Mais il faudra montrer soit que ce personnage est complètement hors norme, soit que la société est différente du moyen-âge qu'on connaît par plein de détails. Si c'est juste pour avoir une belle image de perso féminin dans une armure dans une joute et que pour le reste, on semble en plein moyen-âge classique, ça ne passera pas. Ce sera juste n'importe quoi.
Là il s'agit juste d'illuster, ça n'a rien à voir avec le fait d'expliquer pourquoi c'est comme ça et, surtout, pourquoi c'est différent du schéma "classique", pourquoi ma société a évolué différemment de celle qu'on connaît. On peut le faire bien sûr mais ça ne me paraît nullement indispensable.
Là on parle de l'univers, de la toile de fond de l'histoire qui est toujours présente et qui s'exprime par tout un tas de détails/différences tout le long du roman.
Cela ne me gêne pas d'illustrer, bien au contraire, c'est là que ce genre d'exercice est marrant.
En réalité, tu n'as rien à justifier. Tu as juste un lecteur à convaincre.
En revanche, je pense qu'il faut justifier tes différences. Si on se contente de reprendre exactement les mêmes causes (le mode de vie du moyen-âge, le système féodal) on obtiendrait logiquement les mêmes effets (société sexuée, religion très présente).
A l'inverse : une société égalitaire et peu religieuse pourrait-elle aboutir à un monde tel que notre moyen-âge ? Je ne pense pas.
Je n'ai pas compris le deuxième quote alors. ;)
— Malach, avez-vous entendu ça ? Je suis, je cite, "drôle, tourmenté, incompris".
— Je ne vois pas en quoi c'est flatteur.
— Mon cher, cela veut dire que je plais aux femmes !
— Décidemment, je ne les comprendrai jamais.

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Re: Pensées modernes dans médiéval-fantasy

Message par Beorn »

Il n'y a pas de contradiction.
"Justifier", ça ne veut pas dire se lancer dans un grand discours pour expliquer que les femmes sont les égales des hommes à cause de la magie blabla et des traditions blabla. ;)
Enfin, si on est très doué, on peut toujours essayer mais ce sera dur de ne pas paraître creux et didactique.
De manière générale, pour créer un univers, le "show" est souvent bien plus efficace que le "tell". La justification passera donc à travers des détails bien choisis, des allusions, des personnages qui incarnent cet univers etc. Ce que tu appelles "illustrer", en fait.
Pour moi, c'est de la justification.
Tristeplume a écrit :Là il s'agit juste d'illuster, ça n'a rien à voir avec le fait d'expliquer pourquoi c'est comme ça et, surtout, pourquoi c'est différent du schéma "classique",
Voilà, exactement. On dit la même chose en fait.

C'est ce que je disais là :
En tout cas, si tu fais un tel choix, je pense qu'il faudra travailler cet univers dans ce sens. Il faudra prévoir des détails porteurs de sens pour bien montrer comment il fonctionne, en quoi il est différent du moyen-âge que l'on connaît et pourquoi.
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Re: Pensées modernes dans médiéval-fantasy

Message par Tristeplume »

C'est trop compliqué la communication, en fait. :(

Mais je suis content quand même qu'on soit d'accords. ^^
— Malach, avez-vous entendu ça ? Je suis, je cite, "drôle, tourmenté, incompris".
— Je ne vois pas en quoi c'est flatteur.
— Mon cher, cela veut dire que je plais aux femmes !
— Décidemment, je ne les comprendrai jamais.

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Re: Pensées modernes dans médiéval-fantasy

Message par Beorn »

Youpi ! ^^
Pardon, je :arrow:
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Anonyme_Quatre

Re: Pensées modernes dans médiéval-fantasy

Message par Anonyme_Quatre »

Voilà, j'ai claqué mes partiels et j'ai du temps pour répondre :D
et notre vision "noire" de cette période n'est pas totalement dénuée de vérité si on regarde un siècle en particulier, notamment le XIVeme comme tu le souligne avec l'apparition de la Peste Noire puisque c'est là que l'Eglise a sérieusement commencé à faire pencher la balance du mauvais côté, notamment sur la condition féminine (du moins, je l'interprète ainsi, même si elle agissait dans le soucis de préserver l'espèce humaine malgré ses paradoxes franchement hilarants).
Toutefois, j'admets avoir caricaturé pour ne pas avoir à choisir une période plus précise et ainsi à nuancer ma question. En disant MA, je savais que tout le monde comprendrais ;)
Comme tu dis, le MA dure presque un millénaire, donc le réduire à un siècle précis, bah c'est très réducteur x) Et si tu fais déjà dans le cliché "pour que tout le monde comprenne", fais attention aux clichés sur le MA que tu vas employer dans ton récit.

Pour la femme, vouip, je parlais du contexte de la maison uniquement, où comme tu dis, elle est presque reine. Concrètement, c'est quand même elle qui s'occupait beaucoup des enfants, pour cause que le père passait beaucoup de temps aux champs qui est une tâche très physique (trop pour un enfant, je veux dire) tandis que la mère pouvait emmener les enfants durant ses autres tâches (bah oui franchement, tant qu'à se balader des boulets, vaut mieux que ça soit la faible femme hu)
D'ailleurs à noter, quitte à naitre femme, mieux valait le faire au MA qu'à l'époque romaine ou sous Napopo (qui a plus ou moins repris le code pénal romain), car les lois se montraient "assez compréhensives" (heu, gasp ?) pour les femmes. Je pense entre autre au cas de l'avortement ou de l'abandon d'enfant (rappelons-le, un enfant au MA, c'est la prunelle de tes yeux, c'est presque Dieu en personne et s'il arrive à 10 ans, voireeee à l'âge adulte, alors c'est supra génial de la mort qui tue, donc l'abandonner ou tuer une chance d'avoir un adulte potentiel, c'était vraaaaiment super mal vu), la loi est très pragmatique (adjectif qui peut qualifier beaucoup de choses au MA). Si la femme est pauvre, je vais pas dire qu'elle sera pardonnée, mais presque. Si elle est riche et adultère (qu'elle se débarrasse d'un enfant adultérin donc), là, elle est un peu plus dans la mouise :mrgreen:

D'ailleurs, sur les langues, je rajoute que le français est parlé dans toutes la France depuis à peine un siècle, et il a fallu pousser et forcer pour le faire. Pour le mètre : http://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A8tre moi je trouve ça vachement technique et pas pratique pour l'usage qu'aurait pu en faire un paysan, par exemple. Autant compter en pas, grossiers ok, mais mesurer le cadastre pour ta grange n'a besoin d'être fait au millimètre x) (pragmatique) Ca ne me parait pas anachronique dans le sens où si tu veux, ils peuvent très bien avoir des montres (et encore, l'utilité est à démontrer), mais ça ne me parait pas adapté à la situation d'un monde médiévalisant.
Pour l'histoire des deux jours, je n'exagère pas. Mettons, tu habites à une semaine de marche à pied (tout le monde n'a pas de cheval) et tu envoies une lettre à un ami (disons que tu es un prêtre d'un tout petit village) et tu lui dis "j'arrive jour X de tel mois". Entre la pluie, une cheville foulée, devoir donner une extrême onction ( :mrgreen: ) au passage, tu as largement de quoi prendre du retard x)
Pour le temps, c'est franchement une question d'utilité : pas de rendez-vous important chez un employeur, le blé, tu le vois pousser tout seul, les enfants reviennent quand ils veulent des quelques cours que peut dispenser le curé... L'heure n'avait pas beaucoup d'utilité (et très franchement, quand tu es dans certains villages de campagne, n'en a toujours pas)

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MarquiseArtémise
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Re: Pensées modernes dans médiéval-fantasy

Message par MarquiseArtémise »

Je suis du courant qui pense que côté mentalités, on peut se permettre beaucoup de choses dans un monde médiéval fantastique (justifié par l'Histoire, la religion, l'héroïne machin qui a sauvé le monde en 743 ou je ne sais quoi), mais que "mètre" sort direct du monde (pas au point de mettre le bouquin à la poubelle, mais quand même, je n'aime pas).

Nariel a bien expliqué le pourquoi du comment, je préciserai que :
Elhyane a écrit :Pareil pour la langue : si un roi veut s'arranger pour que tout e le monde parle la même langue, il le pourra facilement à mon avis.
L'édit royal imposant le français comme unique langue administrative en France date, si je ne me trompe, de1518, ça m'empêche pas qu'à la fin du XIXème, nombre de gens ne parlaient que leur langue régionale.
Elhyane a écrit :Ange a écrit:
Par contre à ce niveau là, ça me paraîtrait être un vrai anachronisme vu que les mètres, les grammes,... sont apparus à la Révolution française et sur le principe ça pourrait être dérangeant.

Anachronisme ? Pourquoi donc ? Qu'est-ce qui empêche ce monde d'avoir eu sa propre Révolution qui a conduit à ce système ?
Il faut une certaine connaissance scientifique du monde pour calculer un mètre-étalon. De plus, dans mon esprit "un mètre" d'un monde imaginaire ne sera pas forcément de la même longueur qu'un mètre du nôtre (de la même façon qu'une mesure, un journal, une séterée ou autre mesure du passé changeait d'une région à l'autre).
Plus ceux qui font de la résistance partraditionnalisme ou esprit de contradiction (les Anglais, par exemple ^^. J'ai un copain qui se régale de donner son poids en stones (1 stone = 14 pounds :lol: )

De façon générale, je trouve qu'il est rare d'avoir besoin de mesures physiques précises qui ne puissent avoir un équivalent facilement compréhensible (la taille d'un poing, une journée de cheval me semblent préférables à 150 grammes ou à 25 kilomètres).

Pour ma part, c'est surtout la mesure du temps qui me pose problème, je dois faire attention aux "il mit quelques secondes à... " et autres détails du genre :P (mon monde est antique, mais une partie des problématiques en terme de mesure sont identiques. J'en profite pour te préciser qu'à l'époque antique, certes, les citoyens avaient certains droits, mais qu'on était très très loin des droits de l'homme, et encore plus de ceux de la femme).
It is one of those lessons that every child should learn : don't play with fire, sharp objects or ancient artifacts. Patricia Briggs

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