[I] Mon personnage est passif, que faire ?

[Arya]

C'est vraiment très intéressant, l'article de Alex Evans et le listing de Lofarr...
Je m'inquiète beaucoup de ça pour le roman que j'écris en ce moment.
D'un côté, je me dis, la vie, c'est comme ça, on n'est pas toujours les acteurs de son destin, on peut être démoralisé, passif, éteint par des événements trop bouleversant ou trop traumatisant... Et en même temps, j'entends bien, comme l'écrivait Tigrette à un moment dans ce fil, que quand on lit un roman, on n'a pas forcément envie que ce soit décalqué de la vraie vie (parce que ça risque d'être chiant). On attend du héros du courage, du rebond, de faire face, de prendre les choses en mains pour changer ce qui l'accable.
Je sens que je vais avoir du boulot...

[Ifuldrita]

Arya !

[Lofarr]

D'un côté, je me dis, la vie, c'est comme ça, on n'est pas toujours les acteurs de son destin, on peut être démoralisé, passif, éteint par des événements trop bouleversant ou trop traumatisant... Et en même temps, j'entends bien, comme l'écrivait Tigrette à un moment dans ce fil, que quand on lit un roman, on n'a pas forcément envie que ce soit décalqué de la vraie vie (parce que ça risque d'être chiant). On attend du héros du courage, du rebond, de faire face, de prendre les choses en mains pour changer ce qui l'accable.
Je sens que je vais avoir du boulot...

Si un personnage a subi des évènements très lourds, il parait normal que son comportement s’en ressente et qu’il traine ses casseroles tout au long du roman et, pourquoi pas, qu’il passe par une phase apathique. Robin Hobb avec son assassin s’en est sortie avec brio
(Ingrédients principaux : une cabane dans la forêt, un loup télépathe et un gros rouleau de parchemin. Rajoute à ça 10 ans d’élevage de poules et de coucher de soleil sur la falaise, là où y’a des mouettes en haut et la mer en bas — et hop, voilà le travail )

Ce qui rend aussi une histoire intéressante, je trouve, c’est de voir les chemins que prennent les personnages pour cohabiter avec leurs démons. Ce n’est pas forcement de grosses choses au début, on commence petit quand on part de tout en bas. Perso, j’aime les histoires de reconstruction, car, même si elles sont dures, elles contiennent souvent quelque chose de très positif, elles montrent qu’il existe toujours un chemin.

Et c’est là où je suis d’accord avec l’analyse de Tigrette, à un moment ou un autre on a envie de voir le héros se reprendre en main, car sinon, ça voudrait dire qu'il n'y a pas de chemin ou pire, que l'on ne peut compter que sur la chance pour s'en sortir. Et ça, c'est triste.

Tu vas trouver Arya il y a toujours un chemin

[Kushiel]

Bon courage à toi, Arya et un grand merci à toi, Lofarr, pour le lien Mon petit doigt me dit que je vais bientôt l'utiliser

[Arya]

Merci les filles !

D'un côté, je me dis, la vie, c'est comme ça, on n'est pas toujours les acteurs de son destin, on peut être démoralisé, passif, éteint par des événements trop bouleversant ou trop traumatisant... Et en même temps, j'entends bien, comme l'écrivait Tigrette à un moment dans ce fil, que quand on lit un roman, on n'a pas forcément envie que ce soit décalqué de la vraie vie (parce que ça risque d'être chiant). On attend du héros du courage, du rebond, de faire face, de prendre les choses en mains pour changer ce qui l'accable.
Je sens que je vais avoir du boulot...

Si un personnage a subi des évènements très lourds, il parait normal que son comportement s’en ressente et qu’il traine ses casseroles tout au long du roman et, pourquoi pas, qu’il passe par une phase apathique. Robin Hobb avec son assassin s’en est sortie avec brio
(Ingrédients principaux : une cabane dans la forêt, un loup télépathe et un gros rouleau de parchemin. Rajoute à ça 10 ans d’élevage de poules et de coucher de soleil sur la falaise, là où y’a des mouettes en haut et la mer en bas — et hop, voilà le travail )

Oui, je suis tout à fait d'accord (même si l'exemple de Fitz marche moyen sur moi, parce que justement j'avais tellement envie de lui mettre des claques (à ma décharge, j'étais ado quand je l'ai lu)).

C'est "drôle" parce que je suis dans la même situation que Célia, en début de topic, avec un personnage qui est enlevé pour un motif "politique", et qui au début, n'adhère pas du tout au motif politique et ne se soucie que de sa propre situation, ruminant le passé auquel on l'a arraché. Du coup, je redoute qu'on le trouve à la fois passif et même un peu antipathique. Bien sûr, le personnage évolue. Il y a une vraie trajectoire, mais comme l'apathie intervient dans le premier quart du roman, j'ai peur que ça influe vraiment négativement sur l'image que renvoie le personnage.
Enfin, je vais travailler tout ça, c'est le but des corrections après tout...

Ce qui rend aussi une histoire intéressante, je trouve, c’est de voir les chemins que prennent les personnages pour cohabiter avec leurs démons. Ce n’est pas forcement de grosses choses au début, on commence petit quand on part de tout en bas. Perso, j’aime les histoires de reconstruction, car, même si elles sont dures, elles contiennent souvent quelque chose de très positif, elles montrent qu’il existe toujours un chemin.

Oui, moi aussi, ça m'intéresse beaucoup.

[Lofarr]

C'est "drôle" parce que je suis dans la même situation que Célia, en début de topic, avec un personnage qui est enlevé pour un motif "politique", et qui au début, n'adhère pas du tout au motif politique et ne se soucie que de sa propre situation, ruminant le passé auquel on l'a arraché. Du coup, je redoute qu'on le trouve à la fois passif et même un peu antipathique. Bien sûr, le personnage évolue. Il y a une vraie trajectoire, mais comme l'apathie intervient dans le premier quart du roman, j'ai peur que ça influe vraiment négativement sur l'image que renvoie le personnage.
Enfin, je vais travailler tout ça, c'est le but des corrections après tout...

ça me fait penser à un bouquin que j'avais étudié en 6e et que j'avais adoré Prisonnière des Mongols

C'était justement l'intérêt du roman: montrer le ressentiment, la colère de cette femme qui avait été arrachée à son ancienne vie, ses stratagèmes pour éviter les corvées qu'on lui imposait, ses rapports houleux avec la tribu, ses plans pour s'échapper et enfin le long chemin vers l'acceptation.
En ce sens, je crois qu'elle était très active, au contraire.

Je crois qu'il est assez facile de s'identifier à un personnage dans ce type de situation. Je me souviens de la dualité des sentiments, l'envie qu’elle réussisse à retrouver son ancienne vie, mais aussi qu'elle s'adapte à la nouvelle, car, à travers elle, je m'étais attachée aux personnages de la tribu.

ce n'est pas facile à mettre en place ce genre d'histoire, mais ça peut donner quelque chose de très fort émotionnellement

[Elikya]

ça me fait penser à un bouquin que j'avais étudié en 6e et que j'avais adoré Prisonnière des Mongols

Prisonnière des mongols, mon roman préféré de l’adolescence, je ne sais plus combien de fois je l’ai lu et relu. Je précise juste que Tsing Tchao est une jeune fille, elle a environ 13 ans, donc même si elle a été enlevée pour épouser le fils du chef, je ne la considère pas comme une femme.

[Lofarr]

ça me fait penser à un bouquin que j'avais étudié en 6e et que j'avais adoré Prisonnière des Mongols

Prisonnière des mongols, mon roman préféré de l’adolescence, je ne sais plus combien de fois je l’ai lu et relu. Je précise juste que Tsing Tchao est une jeune fille, elle a environ 13 ans, donc même si elle a été enlevée pour épouser le fils du chef, je ne la considère pas comme une femme.

dans mon souvenir elle avait 18-20 ans. (bon, c'était il y a 30 ans aussi )

[Elikya]

Eh oui, tout cela ne nous rajeunit pas !

[Arya]

Merci pour ce conseil de lecture qui fait bien écho à mon projet !
Je vais le lire !

[Sytra]

Je trouve ce fil super intéressant, et je devrais prendre des notes à relire à chaque fois que je construis une nouvelle intrigue. Car mes personnages principaux ont pour défauts récurrents généralement de ne pas avoir de but clairement identifié qui les pousse à avancer dans l'histoire, et donc de se retrouver bien plus dans la réaction que dans l'action. Pour ma part, c'est à la création des intrigues que je n'ose pas trop en faire voir de toutes les couleurs à mes personnages. Plus je me plonge dans mon histoire, et plus je suis prête à les torturer.

Pour ce qui est des personnages qui deviennent passifs suite à un choc/traumatisme, je rencontre justement cette situation dans Byakko. Et je me suis rendue compte en écrivant le passage concerné que ce qui serait humainement logique devient vite ennuyeux à lire. Je pense qu'il ne faut pas s'interdire d'avoir un personnage passif suite à un choc, et il peut même le rester longtemps. Mais il ne faut pas qu'en terme de ksec ce soit long, sinon on perd le lecteur. Il vaut mieux alors faire quelques ellipses, montrer juste le nécessaire pour que le lecteur comprenne l'impact du choc sur le personnage, et ensuite reprendre la narration à partir du moment où le personnage va redevenir actif pour se sortir de ce choc.

[Lofarr]

Pour ce qui est des personnages qui deviennent passifs suite à un choc/traumatisme, je rencontre justement cette situation dans Byakko. Et je me suis rendue compte en écrivant le passage concerné que ce qui serait humainement logique devient vite ennuyeux à lire. Je pense qu'il ne faut pas s'interdire d'avoir un personnage passif suite à un choc, et il peut même le rester longtemps. Mais il ne faut pas qu'en terme de ksec ce soit long, sinon on perd le lecteur. Il vaut mieux alors faire quelques ellipses, montrer juste le nécessaire pour que le lecteur comprenne l'impact du choc sur le personnage, et ensuite reprendre la narration à partir du moment où le personnage va redevenir actif pour se sortir de ce choc.

Tout à fait d’accord avec toi Sytra, l'ellipse c'est le bien , par contre la stratégie de l’ellipse est difficile à mettre en place en roman jeunesse. Si on laisse passer suffisamment de temps pour que le protagoniste se remette d’un évènement vraiment traumatisant, il lui faudra un an ou plus et cela décale l’âge du héros.

J’ai eu le souci dans mon dernier (et premier ) roman et j’ai fait sauter l’évènement traumatisant sinon j’aurais créé un problème d’identification, car, comme Macada me l’a fait remarquer avec justesse, pour un public jeunesse, un héros qui a 12 ans au début d’histoire et presque 16 à la fin, ce n’est tout simplement plus le même héros.

Sinon, toujours sur le thème des personnages passif, j’ai découvert grâce à Shalnya un bouquin intéressant : « Writing the breakout Novel Workbook » de Donald Maass (malheureusement, pas de traduction française disponible) il propose des exercices concrets pour tester/améliorer son texte.

J’en ai tiré une méthode qui marche pas mal pour moi.
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Sur chaque scène, je me demande :

1. est-ce que la scène rapproche le héros de son but ?
— > Si la réponse est non, la deuxième question est : est-ce que la scène fournit un élément important qui fait avancer l'histoire. Si oui j'arrête, si non j'essaye de raccorder la scène au but du héros et si ça ne marche pas je sors la tronçonneuse ( résultat: - 200Ksec sur 700)

2. Si la scène fournit quelque chose qui rapproche le héros de son but, je regarde qui est à l'origine de ce quelque chose.
Si la réponse n'est pas le héros, je retravaille le texte

Par exemple, lorsqu'il y a une révélation, il faut qu'elle soit provoquée par le héros
S'il reçoit un artefact, même chose
Un allié, il faut qu'il ait provoqué/mérité cette aide, etc.

3. Je vérifie que le héros a conscience de ce qu'il fait et de son but

Bien sûr, cette méthode appliquée sur toutes les scènes pourrait donner un résultat très artificiel, mais elle m'a quand même bien aidé à sortir mon manu du sable
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Et vous, vous avez aussi une méthode pour vérifier la passivité de vos personnages ?

[Ifuldrita]

oh, je note, je note !

[NaNa]

2. Si la scène fournit quelque chose qui rapproche le héros de son but, je regarde qui est à l'origine de ce quelque chose.
Si la réponse n'est pas le héros, je retravaille le texte

Ca c'était ce qui clochait dans ma trilogie : mon héros avait beau avoir un but clair, ce n'était jamais lui qui prenait les décisions qui l'en rapprochait. Dans mon cas c'était voulu, puisqu'on est censé apprendre qu'en fait il n'était qu'une marionnette et que quelqu'un tirait les ficelles. Mais ça durait longtemps, et qu'en ajoute sa phase de dépression quand il a compris qu'on se servait de lui... Bref, il ressemblait à une larve.
Ma solution, c'est d'essayer de faire croire que c'est bien lui qui est à l'origine des actions, alors qu'en fait il fait juste ce qu'on lui dit. C'est pas facile, mais bon, ce serait pas drôle si ça l'était .

Sinon, pour vérifier qu'un héros n'est pas passif, je vérifie ses réactions face à ce qui lui arrive. Est-ce qu'il passe son temps à s'apitoyer sur son sort sans rien faire, ou est-ce qu'il essaye de changer sa situation? C'est typiquement le problème de Fitz. Amha, l'histoire aurait été écrite d'un autre pdv, tout le monde aurait vu en lui un guerrier badass plutôt qu'un type qui prend cent pages avant de décider de faire quelque chose.

Après, quand c'est fait de façon consciente, les personnages passifs peuvent donner de chouettes résultats, même si ce sont des personnages assez clivants. Suffit de voir Fitz : soit on le déteste, soit on l'adore.

[Lofarr]

Après, quand c'est fait de façon consciente, les personnages passifs peuvent donner de chouettes résultats, même si ce sont des personnages assez clivants. Suffit de voir Fitz : soit on le déteste, soit on l'adore.

J'aime beaucoup cette analyse