[A] Pourquoi vous riez ? (comment faire rire)

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Anonyme_Quatre

Re: Pourquoi vous riez ?

Message par Anonyme_Quatre »

Les oeuvres dites "humoristiques", les parodies comme celles de Pratchett, par exemple, renoncent délibérément à explorer en profondeur les autres émotions : le curiosité du mystère, la peur, la colère, le désir, etc.
Pratchett y parvient parce qu'il arrive à être drôle tout le temps, et surtout, extrêmement drôle. Mais c'est un choix qu'il fait au départ. Il renonce à beaucoup de choses.
Par contre, plus on avance dans la série du Disque-Monde, plus il développe ces aspects (et la longueur des romans avec), l'humour s'y fait effectivement plus discret, mais il est toujours présent

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Roanne
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Re: Pourquoi vous riez ?

Message par Roanne »

Beorn a écrit :C'est évidemment à prendre au sens large. Il n'y a pas que les humains qui peuvent nous faire rire, mais nous ne pouvons rire qu'à propos de faiblesses que nous pouvons comprendre et éprouver, nous humains.

Le mot "faiblesse" n'est pas forcément à prendre dans un sens moqueur et péjoratif. Le rire peut effectivement être blessant, mais il existe aussi le rire de compassion ou d'attendrissement.
Je trouve ça quand même triste comme façon de voir car elle retire au rire toute origine purement "joyeuse". Eh bien d'autres choses encore mais je n'ai pas le temps de développer.
De plus, le rire (et l'humour) n'étant pas le propre de l'homme, réduire leur expression à notre nature propre ne parvient vraiment pas à me convaincre (mais j'ai conscience que c'est très subjectif, c'est juste une remarque, je ne cherche nullement à te convaincre toi puisque je n'ai même pas matière à argumenter).
Beorn a écrit :Un humain en position de faiblesse peut inspirer de tout autres sentiments que le rire : la peur, le mépris, la compassion, le désir carnassier, l'amour, et sûrement bien d'autres encore.
Là dessus aussi je ne suis pas d'accord : le rire n'est pas un sentiment mais l'expression d'un sentiment (comme les larmes, les grimaces, etc.).
Modifié en dernier par Roanne le mer. août 29, 2012 2:05 pm, modifié 1 fois.
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Re: Pourquoi vous riez ?

Message par Beorn »

Nariel a écrit :Par contre, plus on avance dans la série du Disque-Monde, plus il développe ces aspects (et la longueur des romans avec), l'humour s'y fait effectivement plus discret, mais il est toujours présent
Ah, d'accord, je n'ai lu que le premier, je crois.
Mais cela confirme un peu : faire rire très longtemps, c'est difficile.

Je reprends mon Lavandier et je reproduis ici les titres de certains paragraphes concernant la comédie (pas exactement le rire, donc) :

1) la comédie diminue l'identification
(c'est ce dont je parlais : rire des gens les met "à distance", peut-être pas de petites touches d'humour, mais une comédie massive et délibérée détruit forcément cette identification : on ne peut pas vibrer pour les personnages du "Père Noël est une ordure")

2) Elle exclut la souffrance réelle
Comme l'identification est détruite, à moins d'une exagération volontaire et quasi absurde (un film de zombie drôle, ou Mars Attacks...), la mort, le sang vont annuler le recul nécessaire au rire.
On ne rit pas de la mort touchante d'un homme, à moins d'être un monstre. On peut rire éventuellement de sa vie devant son cercueil, mais c'est autre chose.

3) la comédie est excessive, elle exagère tout
C'est le principe de l'accumulation, de la répétition

4) la comédie met en scène un décalage
soit entre l'intention et le résultat (l'échec peut être drôle)
soit entre la parole et l'action (je dis une chose, j'en fais une autre, mais cela peut être élargi)
soit entre la situation et l'action/ la situation et la motivation (on attend une certaine réaction d'un personnage, c'est une autre qui survient)
soit entre normalité et anormalité

5) la comédie dénonce
Elle montre des faiblesses humaines (jalousie, avarice, gourmandise, etc.) Pratchette en joue beaucoup, sur un mode parfois politique.

6) le clown est sincère
même si ce qui lui arrive nous semble drôle, lui trouve la chose très sérieuse, il est très préoccupé par ses problèmes. S'il en riait, il mettrait fin à notre rire.

Voilà, c'est l'avis de M. Lavandier, en très, très résumé (le mieux est de lire le livre lui-même), il y a énormément d'autres choses sur la comédie. ;)
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Re: Pourquoi vous riez ?

Message par Beorn »

Beorn :Le mot "faiblesse" n'est pas forcément à prendre dans un sens moqueur et péjoratif. Le rire peut effectivement être blessant, mais il existe aussi le rire de compassion ou d'attendrissement.

Roanne :Je trouve ça quand même triste comme façon de voir car elle retire au rire toute origine purement "joyeuse". Eh bien d'autres choses encore mais je n'ai pas le temps de développer.
Mais non, pas du tout !
Ce n'est pas parce que nous rions d'une faiblesse que ce n'est pas joyeux. Voir nos faiblesses, les tourner en dérision, c'est une manière très joyeuse de les affronter ensemble, au contraire. Voire de les dépasser.
Bien sûr, le rire peut être moqueur, mais il peut aussi être très convivial.
Roanne a écrit :De plus, le rire (et l'humour) n'étant pas le propre de l'homme, réduire leur expression à notre nature propre ne parvient vraiment pas à me convaincre
Mais attention, je n'ai dit nulle part que le rire était le propre de l'homme. Les singes rient, par exemple, mais ils rient de faiblesses qui ont un sens pour eux, les singes.
Comme nous sommes des humains, nous rions de faiblesses qui ont un sens pour nous, les humains.
Et on s'aperçoit que singes et humains peuvent rire des mêmes choses, car beaucoup de faiblesses sont propres aux deux espèces.

On peut très bien imaginer que des extra-terrestres rient de choses qui nous passent complètement à côté, parce que nous ne les comprendrons pas. Ce sera pourtant drôle, de leur point de vue.
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Re: Pourquoi vous riez ?

Message par Roanne »

Je n'arrive tout simplement pas à comprendre ce point de vue, je crois. Je ne peux pas m'empêcher de penser que ça retire toutes ses vertus positives au rire d'affirmer qu'on ne rit que de l'expression de faiblesses. C'est triste, de mon point de vue, peut-être parce que le terme "faiblesse" n'a à mes yeux rien de drôle ?
(à titre personnel, je reste persuadée que je ris pour bien d'autres raisons, parfois même du rire des autres, tout simplement)

(pour ma part, je ne pensais pas aux singes mais aux dauphins, qui ont énormément d'humour, sont très taquins et blagueurs de nature ; ils ne rient pas de la faiblesse mais par jeu, dans une notion de partage, de communication - enfin je crois, après tout je ne suis pas une spécialiste)

Je m'excuse, je fais dévier le sujet, bref, revenons à nos moutons... ^^
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Re: Pourquoi vous riez ?

Message par Beorn »

Roanne a écrit :Pour moi, affirmer qu'on ne rit que de faiblesses, je trouve que ça retire toutes ses vertus positives au rire.
C'est parce que tu te focalises sur le rire moqueur et méchant, je crois, et que tu ne parviens pas à te défaire de cette idée.
Le rire, c'est comme tout, cela peut être "bon" ou "mauvais" selon l'usage qu'on en fait.

En tout cas, le fait qu'il ait pour objet les faiblesses humaines, cela ne retire aucune vertu positive au rire, au contraire.
Nous sommes bourrés de faiblesses, c'est un fait, le rire n'en est pas responsable. Mais c'est ce qui nous rend humains et attachants. C'est ce que nous devons surmonter en permanence et le rire nous y aide. Je trouve que c'est une vertu très positive, au contraire.
Le rire peut nous aider à grandir, à prendre conscience de certaines choses sur soi même (nos propres défauts), à affronter les problèmes que posent les faiblesses des autres (leur violence, leur incompétence, leur rancoeur, y compris si c'est une institution ou un groupe), à résoudre des conflits où les deux parties ont du mal à reconnaître leurs torts (on peut les reconnaître implicitement par le rire).

Rire de soi et accepter de rire de soi, c'est s'exposer un peu, créer un lien avec les autres. Accepter le fait qu'on ne soit pas parfait.
Rire des autres, cela peut être destructeur ou au contraire, les aider et nous aider.
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Re: Pourquoi vous riez ?

Message par Roanne »

Merci pour le complément de point de vue, Beorn.

Du coup, si je relie au sujet, ça pourrait expliquer la difficulté de partager l'humour, de rire de la même chose, car en fonction du lâcher prise qu'on est capable d'appliquer ou pas à une situation donnée (ce que tu qualifies de faiblesse, sans sens péjoratif) on va être capable ou non d'en rire.

Ce qui est encore compliqué par la façon dont la situation est présentée : il suffit de voir comment des comiques parlant du même sujet vont faire rire un public différent, alors qu'ils ont à la base le même "fond".
La forme compte aussi pour beaucoup.
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Re: Pourquoi vous riez ?

Message par Milora »

Sobota et Nariel --> C'est intéressant tout ça ! :)
Par contre, je pense que autant les deux comiques de Sobota que la caricature, ce ne sont pas des ressorts textuels. Du coup j'aurais tendance à demander : qu'est-ce qui, dans le texte fait qu'une caricature est drôle ? (et je pense qu'on retombe sur cette idée de distance). Parce qu'au fond, le comique social dont tu parles, Sobota, c'est une forme de caricature, aussi...
Mais : Sobota : - 3 points : tu as triché pour les citations !


Pour le débat de Beorn et de Roanne :
Ah ben je suis toujours pas convaincue par le Lavandier sur ce coup-là ! Enfin, si : tout dépend de l'échelle. Ce qu'il dit est très vrai si on se concentre sur le moment humoristique lui-même ; mais je n'y crois pas dès lors qu'on juge une plus grande proportion du texte.
1) la comédie diminue l'identification
(c'est ce dont je parlais : rire des gens les met "à distance", peut-être pas de petites touches d'humour, mais une comédie massive et délibérée détruit forcément cette identification : on ne peut pas vibrer pour les personnages du "Père Noël est une ordure")
Oui : on s'identifie moins à ce qui a été mis à distance. Mais l'humour crée par la même occasion une connivence. Un personnage-narrateur drôle va mettre à distance les choses qu'il évoque, mais en même temps, créer une connivence, un rapprochement avec le lecteur.
Donc oui, la comédie peut diminuer l'identification avec ce sur quoi porte le rire ; mais l'élément comique en lui-même peut être facteur d'identification. On rit avec le personnage-narrateur.
2) Elle exclut la souffrance réelle
Comme l'identification est détruite, à moins d'une exagération volontaire et quasi absurde (un film de zombie drôle, ou Mars Attacks...), la mort, le sang vont annuler le recul nécessaire au rire.
On ne rit pas de la mort touchante d'un homme, à moins d'être un monstre. On peut rire éventuellement de sa vie devant son cercueil, mais c'est autre chose.
Je serais d'accord dans l'absolu, mais j'ai un parfait contre exemple : ce fameux dernier chapitre de Bartiméus. Du coup ça m'embête d'ériger ça en règle absolue.
J'irais plus loin (mais là la différence avec Lavandier c'est peut-être qu'il se concentre sur le moment comique alors que je parle de l'oeuvre en entier) : dans Hamletou Roméo et Juliette, je trouve que le comique sert la tragédie. Sans les scènes comiques, l'impact des moments tragiques serait bien moins fort. D'autant que le comique détend, nous porte à faire confiance au texte (on se laisse embarquer pour rire avec lui, ça crée un lien) ; ce qui fait qu'on est encore plus attachés à l'histoire quand elle vire au drame.
La mort de Mercutio n'aurait eu aucun impact émotionnel s'il ne nous avait pas fait rire pendant deux scènes juste avant. Le contraste brutal entre le rire et la mort renforce la souffrance...
3) la comédie est excessive, elle exagère tout
C'est le principe de l'accumulation, de la répétition
Oui... mais...
Je pense que ça dépend de ce qu'il appelle "comédie". Je voulais parler ici des effets comiques dans le texte. Je ne suis pas sûre qu'il s'agisse toujours d'exagération, ni d'excès...
4) la comédie met en scène un décalage
soit entre l'intention et le résultat (l'échec peut être drôle)
soit entre la parole et l'action (je dis une chose, j'en fais une autre, mais cela peut être élargi)
soit entre la situation et l'action/ la situation et la motivation (on attend une certaine réaction d'un personnage, c'est une autre qui survient)
soit entre normalité et anormalité
Bon ben là je serais l'hôpital qui se fiche de la charité si je disais que j'étais pas d'accord :mrgreen:
5) la comédie dénonce
Elle montre des faiblesses humaines (jalousie, avarice, gourmandise, etc.) Pratchette en joue beaucoup, sur un mode parfois politique.
Là par contre, je voudrais savoir ce qu'il dit dans ce point-là, parce que dans l'absolu je ne suis pas trop d'accord, mais c'est que ça dépend de ce qu'il appelle "comédie"...

Mais je reste d'accord sur le fait que gérer l'humour est important. Même dans un texte drôle, il peut y avoir des moments de tension - mais il faut qu'à ce moment-là, l'humour s'éloigne (encore que, contre-exemple : la fin de Bartiméus. Mais bon, c'est quand même très spécifique, donc je pense que ça ne remet pas en cause ce constat).

En même temps :
Beorn-sans-accent a écrit :Les oeuvres dites "humoristiques", les parodies comme celles de Pratchett, par exemple, renoncent délibérément à explorer en profondeur les autres émotions : le curiosité du mystère, la peur, la colère, le désir, etc.
Pratchett y parvient parce qu'il arrive à être drôle tout le temps, et aussi parce qu'il travaille beaucoup sur le double-sens. Mais c'est un choix qu'il fait au départ. Il renonce à beaucoup de choses.
C'est vrai : si tu parles d'oeuvres parodiques, alors tout ce que tu as écrit est justifié.
Mais je pense que l'humour ne se limite pas à la parodie (je pense à Jonathan Stroud, à Jasper Fforde, ou même à Sophie Audouin-Mamikonian).

Et sinon, comme Roanne, je suis toujours pas convaincue par cette idée de faiblesse :roll:
C'est pas parce que ça retire toute émotion joyeuse, mais c'est parce qu'il me semble qu'on ne rit pas toujours des faiblesses.
Je reprends un de mes exemples du début :
Jasper Fforde a écrit :"L'atelier d'architecture était propre et en ordre. Une demi-douzaine de pieuvres vêtues de tartan étaient installées sur des tables à dessin, on aurait dit autant de cornemuses géantes - hormis une, qui était effectivement une cornemuse géante."
Moi cette phrase me fait vraiment rire. Pas parce qu'il y a des pieuvres sur des tables à dessin ; mais à cause de la façon dont le texte introduit cette cornemuse en plein milieu. Pas de faiblesse là-dessus ; juste un effet de surprise, de décalage.
Et s'il avait été écrit "Cinq pieuvres et une cornemuse vêtures de tartan étaient installées à une table à dessin", je n'aurais pas ri. Tout vient de cet écart entre ce que le texte nous a dit "une demie douzaine de pieuvres qui ressemblent à des cornemuses" et ce qu'il nous révèle après coup (l'une d'elles était une cornemuse). Il y a un non-dit, et c'est là que se loge l'humour...


Iluinar -->
Je crois que la difficulté dans le rire, c'est que chacun ne rit pas aux mêmes choses, loin de là. Je ne sais plus qui a dit sur ce fil que l'on ne pleurait pas aux mêmes choses non plus mais je pense qu'il y a moins de différences quand même. On a tous nos sujets "tabous" sur lesquels on supporte difficilement que les autres fassent de l'humour.
Moui... Non c'est certain : on ne rit pas tous de la même chose. Mais du coup, rejeter les textes comiques (ou tout comique) dans la catégorie "inexplicable, impossible de rationaliser ou de travailler dessus", je trouve que c'est un peu trompeur. Un texte ne repose pas uniquement sur le rire, en plus. Mais je suis d'accord sur le fait que vouloir travailler justement les éléments comiques du texte d'un autre est très, très, très délicat.
Au fond, c'est assez fascinant, cette part de mystère dans ce qui nous fait rire :)
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Re: Pourquoi vous riez ?

Message par Zygomatique »

Beorn a écrit :
Eva a écrit :Je dis "faire sourire", parce qu'à mon avis, amuser un peu n'est pas si dur, mais faire rire aux éclats l'est beaucoup plus. Et le plus difficile est sans doute d'écrire un texte qui a l'humour pour vocation première.

Les oeuvres dites "humoristiques", les parodies comme celles de Pratchett, par exemple, renoncent délibérément à explorer en profondeur les autres émotions : le curiosité du mystère, la peur, la colère, le désir, etc.


Pratchett y parvient parce qu'il arrive à être drôle tout le temps, et aussi parce qu'il travaille beaucoup sur le double-sens. Mais c'est un choix qu'il fait au départ. Il renonce à beaucoup de choses.

Ce n'est pas pour autant qu'il faut faire une croix sur le rire, au contraire. On peut avoir de petites touches d'humour dans un récit qui n'est pas "humoristique", mais je crois qu'il faut aborder le problème avec beaucoup de précautions.
Je suis tout à fait d'accord. D'ailleurs, c'est un autre débat, mais je ne pense pas que je me dirigerai de moi-même vers une oeuvre dont la vocation seule est le rire, et pourtant, j'adore l'humour dans un livre !

En revanche, le fait que ça puisse écorcher l'image du héros... Oui, comme tout, mais pas plus ni moins que trop de sensiblerie par exemple, ou au contraire d'insensibilité, etc. Il s'agit d'être juste dans la construction de son personnage et ça n'a pas trait qu'à l'humour en particulier.

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Re: Pourquoi vous riez ?

Message par Eva »

Beorn a écrit :Le rire est une émotion très dangereuse, car elle a tendance à détruire les autres. Ce n'est pas une loi gravée dans le marbre, mais il est plus difficile d'avoir peur de quelqu'un qui nous a fait rire, ou de se passionner pour un personnage qui a l'air d'un clown. C'est un peu un "tue-l'émotion".
Je vois ce que tu vois dire. L'humour dédramatise une situation et il faut effectivement faire attention aux moments et à la façon dont on l'utilise.

J'ai un exemple en tête qui illustre bien ça, tout en montrant que parfois, c'est pas plus mal de dédramatiser un peu, sans le faire complètement. L'exemple est tiré du Baiser du rasoir. Un mélange de fantasy et de polar noir. Le héro (et narrateur) est aussi sombre et violent que le monde où il vit, mais il a de l'humour (noir, évidemment ;) ). Il ne peut pas s'empêcher d'être sarcastique, même dans les pires moment, où sa répartie lui vaut des coups supplémentaires. Pour le lecteur, ses remarques sont d'autant plus drôles que sa situation ne l'est pas (l'humour est renforcé par le fameux décalage dont parle Milora).
L'exemple en question est le suivant : le narrateur est sur le point d'être torturé à mort, prisonnier dans une cave sordide à souhait, sans aucune perspective d'aide extérieure. Il réussi quand même à dire à ses bourreaux : "J'vois que vous êtes tous occupés, je repasserai peut-être une autre fois."
L'ambiance est tellement noire qu'une simple touche d'humour ne peut pas la tuer, juste lui donner un peu plus de contraste et d'équilibre.

D'ailleurs, c'est une des fonctions de l'humour que j'apprécie dans un roman : éviter de tomber dans l'excès d'un autre type d'émotion. Mais comme tu le dis, c'est à manier avec précaution.
Nariel Limbaear a écrit : Par contre, plus on avance dans la série du Disque-Monde, plus il développe ces aspects (et la longueur des romans avec), l'humour s'y fait effectivement plus discret, mais il est toujours présent
C'est vrai que la série évolue, et pour moi, elle tourne à la satyre sociale. Ce qui s'accorde aussi très bien avec l'humour tout en suggérant quelques pistes de réflexion plus profonde. Par contre, je ne peux pas dire que j'ai jamais eu peur ou envie de pleurer en lisant un des romans de la série.
Zygomatique a écrit : Je suis tout à fait d'accord. D'ailleurs, c'est un autre débat, mais je ne pense pas que je me dirigerai de moi-même vers une oeuvre dont la vocation seule est le rire, et pourtant, j'adore l'humour dans un livre !
Quand je dis "vocation première", je ne dis pas non plus que c'est forcément sa seule vocation. Sinon, ce n'est plus un récit, mais un sketch. ;) Du coup, je pensais plutôt à des livres comme ceux de la saga du Disque-Monde ou au Guide du Routard Intergalactique.
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Re: Pourquoi vous riez ?

Message par Sobota »

Milora a écrit :Par contre, je pense que autant les deux comiques de Sobota que la caricature, ce ne sont pas des ressorts textuels. Du coup j'aurais tendance à demander : qu'est-ce qui, dans le texte fait qu'une caricature est drôle ? (et je pense qu'on retombe sur cette idée de distance). Parce qu'au fond, le comique social dont tu parles, Sobota, c'est une forme de caricature, aussi...
Le comique social opère dans le texte par une figure décalée par rapport aux habitus sociaux. On peut caricaturer cette figure pour qu'elle s'en trouve encore plus éloignée (on ne se contente pas d'un avare juste un peu trop économe, parce qu'il ne faut pas blesser les gens pauvres qui comptent leurs centimes, mais on va mettre un scène un type qui se cache dans le confessionnal au moment de la quête). Dans le comique absolu, je ne crois pas que la caricature ait un grand rôle. En revanche, le symbole en a un. Par exemple, Desproges revient des courses de Noël et croise la Mort (http://www.youtube.com/watch?v=s8zteo4AC4s), il dit que le monde est oppressant mais qu'il ne suivra pas la Mort ce soir, pour toute une somme des motifs grotesques (le sapin à terminer, le bordeaux à mettre en bouteille, le souvenir des étés lointains avec une mirabelle dans une main et la fille du fermier dans l'autre, ainsi de suite), si bien qu'à la fin, même s'il n'a rien dit de rationnellement définitif, on garde cette idée d'un goût de vivre, ou plutôt d'une habitude, malgré les horreurs historiques et les tracasseries quotidiennes. Les étés lointains, je dirais qu'ils symbolisent la plénitude de la vie, le sapin la routine, le bordeaux les petits plaisirs de la table.

Ensuite, si tu demandes comment réussir une caricature ou comment réussir un symbole, comment faire rire avec, et rire beaucoup, ce n'est plus qu'une question de la réalisation technique. Et je parle avec dans la main une pancarte qui dit que c'est plus facile à dire qu'à faire et que je le sais bien mais que je veux répondre quand même. Pour ce qui est de la caricature, prenons un bon gros type social bien détestable. Un rustre, un avaricieux, un ambitieux, un solitaire, un malpropre, un voyeur, un maniaque, un beau parleur, un lovelace, un idiot, un scientifique, enfin quelqu'un que notre époque trouve vraiment à côté de ses pompes ou du droit chemin. Cuisinons-le dans une variété de situations où son trait de caractère va le pousser à adopter un comportement jugé absurde. Le rustre au milieu de femmes dépressives, l'avaricieux dans une association de charité, l'ambitieux derrière un camion de ramassage des ordures, le solitaire avec des colocataires, le malpropre à la piscine, le voyeur dans un poulailler, le maniaque dans ma chambre en désordre, le beau parleur face à des gens qui s'en fichent, le lovelace dans une soirée charcuterie chez des boudins, l'idiot dans un congrès de physique et le scientifique avec le problème du lacet de ses chaussures. Laissez cuire à feu doux ou très violent quelques instants, et votre caricature aura beau jeu de vous inspirer rapidement des choses risibles. Rajoutez une pincée de sel de dialogues. Votre caricature est prête.

Pour ce qui est d'un symbole, c'est beaucoup plus difficile à mon avis, parce que c'est purement de la poésie : il faut une chose chargée d'évocations, qui réveille les émotions proprement humaines du lecteur. Il me revient un symbole du Spleen de Paris : Baudelaire évoque un merveilleux pays de cocagne, un pays où tout est beau, parfaitement rythmé, parfaitement doux, les meubles sont orientaux, compliqués, les miroirs sont profonds, il y a une femme au milieu de ce décor qui lui sert d'écrin en reflétant son intensité ; mais cette merveille se détruit d'elle-même, ou plutôt Baudelaire sabote son propre dispositif, en disant que là-bas le mal n'existe pas, tout a la bonne conscience des bourgeois, cette conscience reluisante, astiquée, propre comme une belle batterie de cuisine. Et voilà, ce mythe n'était pas un paradis oriental, mais simplement cette bonne grosse opulence flamande avec de petits jardinets proprets et des gens qui mangent trop souvent, qui sont englués dans l'horizon exigu de la vie confortable. On sent, à la fin, qu'on ne peut pas se satisfaire de cela, que ce paradis cache des charges de dynamite jusque dans les arbres, que l'illusion fuirait en un quart d'heure si l'on vivait dans ce bonheur de parade. Après cet exemple, je pense que le symbole doit cacher une proposition d'idéal, et que la force du comique absolu, c'est de montrer combien nos idéaux sont vains, grotesques, désenchantés. Après un séjour dans le comique absolu, on ne peut plus rêver pareil.

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Re: Pourquoi vous riez ?

Message par Milora »

Je crois que je n'ai pas bien compris ton explication sur le comique absolu dans ce dernier message (ou peut-être parce que mon esprit a bugué à la mention de Baudelaire associée au comique :lol: )

Par contre je suis d'accord avec ton analyse de la caricature :)

Mais juste :
Ensuite, si tu demandes comment réussir une caricature ou comment réussir un symbole, comment faire rire avec, et rire beaucoup, ce n'est plus qu'une question de la réalisation technique.
Je sais pas si c'était un "tu" général ou si tu me répondais. Si tu me répondais, je précise ce que je voulais dire :
je demandais pas du tout comment faire ou comment réussir une caricature (ou tout autre type d'humour).
Je pars juste du principe qu'un texte ne peut pas avoir les mêmes ressorts qu'une image, une pièce de théâtre ou un film : ne serait-ce que parce qu'il n'y a pas de simultanéité, pas de visuel (exit les jeux sur les mimiques), et qu'une bonne partie de l'effet comique est véhiculé par l'ordre dans lequel le récit nous livre les informations.
C'est à ce mécanisme purement textuel (créer du rire avec l'ordre des mots ; pour simplofier à très gros traits) que je m'interrogeais. A plus petite échelle, donc (celle qui décortique la forme du texte), que l'effet "caricature" ou "comique social" ou autre...
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Siana
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Re: Pourquoi vous riez ?

Message par Siana »

Le rire, c'est bon pour la santé ! :mrgreen:

J'aime bien les textes humoristiques, bien que l'humour en général ce soit pas trop mon truc. D'ailleurs, je me souviens encore bien d'une nouvelle où un pouce trouvait un malin plaisir à déranger son propriétaire dans un soudain besoin d'indépendance. ^^

Bon, très intéressant, tout ça, mais j'ai mangé de l'humour durant mes deux ans de BTS pour que le thème du rire tombe ensuite à l'examen, donc ça m'a suffit. (En fait, tu aurais dû ouvrir ton fil avant mes épreuves, Mil, ça m'aurait vachement aidée ! ^^)

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Sobota
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Re: Pourquoi vous riez ?

Message par Sobota »

Baudelaire est très comique. Je ne sais pas si tu as eu les Curiosités esthétiques sous la main, ou le Spleen de Paris, mais c'est irrésistible. Même dans ses critiques de peinture. Une qui m'a marqué. Baudelaire parle des Derniers jours de Néron, tableau de Bigand, dont il rigole : "Eh quoi, c'est un tableau de M.Bigand ! Nous l'avons bien longtemps cherché. M.Bigand le coloriste a fait un tableau tout brun – qui a l'air d'un conciliabule de gros sauvages". Toute la pompe impériale disparaît pour ne laisser qu'une espèce de conjuration batave, avec des chefs de tribu plein la cave et ce mot, "conciliabule", les "i" cristallins, la bulle prête à éclater, la chose précieuse et fragile en somme, qui est aux mains des "gros sauvages".

Enfin je disais que le comique absolu se sert, selon moi, plutôt de symboles que de caricatures. La vie (comprendre la plénitude de la vie), c'est être allongé dans les foins avec une mirabelle et une fille. Cette espèce de résumé est à proprement parler un symbole, comme Déméter symbolise la fécondité avec sa corbeille de fruits et ses blanches rondeurs de laitière. On ne peut pas taxer le symbole d'injustice, ou d'infidélité, puisqu'il nous évoque effectivement la vie, ou la fécondité. Mais de la part de l'auteur, dire que pour vous et moi, mes chers lecteurs, la vie ce n'est que ça, mais c'est quand même tout ça, dire qu'on ne va pas se suicider demain juste pour pouvoir remanger des mirabelles, parce que sinon on ne sait pas quoi faire, et que de toute façon on ne sait pas à quoi sert cette planète avec tous ces gens collés dessus, c'est du comique absolu. Pour résumer la chose, dans le comique social, on rit d'une attitude parce qu'on croit savoir quelle attitude non risible il faudrait adopter (le rire est sarcastique, c'est de l'ordre de la raillerie, de la dénonciation, de la condamnation, voire du lynchage pour faute de conformisme social), alors que dans le comique absolu, on rit d'une attitude parce qu'on ne peut rien proposer de mieux (l'homme est risible et c'est comme ça, il n'atteindra jamais l'idéal, il piétinera dessous sans cesse). Quand Desproges dit que "Jean Moulin passait son temps à sauter par les fenêtres pour asseoir son martyre dans la postérité", cela relève du comique absolu. Il n'est pas question de ridiculiser Jean Moulin, il est pris comme un symbole, celui de la conscience du devoir, de la probité, de la résistance à la contrainte. L'idée, c'est que le héros a trouvé le sens de la vie, il savait parfaitement comment agir. Desproges suggère que tout le monde ne peut pas passer son temps à sauter par les fenêtres, que l'héroïsme est une vanité. Dans la pratique textuelle, on note une systématisation (passer son temps à), une exagération (sauter par les fenêtres), un parallélisme (sauter / asseoir), un objectif prêté (passer à la postérité ; l'objectif prêté, pour faire rire, doit être de ceux qu'on ne se propose jamais, du moins pas ouvertement). Grâce aux symboles, qui font signe vers des idéaux, le comique absolu joue avec ces idéaux, les discrédite, les simplifie, les détourne.

Je ne suis pas d'accord pour différencier les ressorts comiques de l'iconographie de ceux de l'écriture ou de la scénographie. Je pense que l'on rit aux mêmes choses. Je relis justement les comédies d'Aristophane pour une étude, elles sont très visuelles, très orales, et les moments les plus drôles sont les mêmes que l'on lise la pièce ou qu'on la voie. La langue dispose d'outils pour exprimer la simultanéité (exemple : à l'entraînement, il soulevait des barres de cent kilos pendant que l'autre faisait ses exercices au sol sur les coussins), de mots pour décrire les mimiques. Il est beaucoup plus facile de faire rire avec des mots qu'avec des gestes (les gags avec les chiens qui tombent dans les piscines ou les skieurs qui se prennent les sapins, ça va deux minutes, mais ça ne va pas loin pendant ces deux minutes) ou avec un dessin. D'ailleurs les humoristes qui dessinent rajoutent des bulles de dialogue ou des cartouches scéniques de façon très courante. Après, l'ordre des mots, c'est une question de style, et d'exploitation du motif comique que l'on veut insérer. On peut reprendre une formulation très officielle et la détourner, par exemple. Mais l'ordre des mots, pour faire rire ou pleurer, pour donner une impression épique ou pathétique ou pour communiquer n'importe quoi d'autre, on ne peut pas en dire grand-chose. Après coup, on peut dire comment les effets seraient plus puissants, par quelles interversion, substitution, addition ou suppression de termes le rire ou n'importe quelle émotion serait mieux portée. On peut dire aussi quelles choses on aurait aimé voir développées, travaillées, approfondies, ce qui nous semblait porteur. Mais donner un ordre des mots qui crée le rire ou qui le maximise, donner un ordre des mots qui crée forcément une émotion, je pense que ça ne se peut pas. Selon les mots choisis, celui-ci sera mieux avant, celui-là après, ou l'inverse, ou rien ne va. Si on dispose déjà des mots qu'on veut mettre, de ce qu'on veut dire, on peut tâcher de les combiner de sorte qu'ils suscitent davantage le rire, la pitié, la peur ou je ne sais quoi. Mais hors contexte, donner une recette déterminant l'ordre que doivent suivre les mots pour faire rire, ça semble impossible. Il y a des figures de style, il y a le style des auteurs, ce qu'ils veulent dire, leurs propres mots. Sans ces quatre éléments devant elle, la raison objective ne peut rien faire.

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Beorn
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Re: Pourquoi vous riez ?

Message par Beorn »

Roanne a écrit :Je trouve ça quand même triste comme façon de voir car elle retire au rire toute origine purement "joyeuse"
J'ai repensé à cet argument et je dois reconnaître que des enfants ou des bébés peuvent éclater de rire pour de petites choses.
Un bébé qu'on fait tourner autour de soi, un enfant qu'on chatouille ou qui joue au ballon a peut-être un "rire joyeux", ou "rire physique", sans grand rapport avec la faiblesse humaine. Un adulte peut parfois retrouver ce rire-là.
Donc oui, Lavandier ne dit pas tout sur le rire. Mais peut-être que pour cette façon de rire, on ne peut pas vraiment parler d'humour.
Milora a écrit :Et sinon, comme Roanne, je suis toujours pas convaincue par cette idée de faiblesse :roll:
C'est pas parce que ça retire toute émotion joyeuse, mais c'est parce qu'il me semble qu'on ne rit pas toujours des faiblesses.
Je reprends un de mes exemples du début :
Jasper Fforde a écrit :L'atelier d'architecture était propre et en ordre. Une demi-douzaine de pieuvres vêtues de tartan étaient installées sur des tables à dessin, on aurait dit autant de cornemuses géantes - hormis une, qui était effectivement une cornemuse géante."
L'humour au 3ème degré ou "absurde" ne rentre pas bien dans les cases de Lavandier, je le reconnais.
Je crois que nous rions justement de cette absurdité, de cette absence de sens, ce qui est une forme de faiblesse.
A une blague absurde qui nous fait rire (du genre "pas de bras, pas de chocolat") on pensera "c'est vraiment trop bête", et c'est cette "bêtise" même qui rend la blague drôle.
Je ne sais pas.
Site officiel
Bragelonne : Le 7ème Guerrier-Mage / Calame T1
Castelmore : Le jour où... / 14-14 / Un ogre en cavale / Lune rousse
Rageot : Le club des chasseurs de fantômes 1 et 2

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