[A] "Donner l'impression d'y vivre"

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Milora
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[A] "Donner l'impression d'y vivre"

Message par Milora »

Je profite d'une flemmingite aigue pour prendre prétexte à poster une question que je me pose depuis longtemps...

Particulièrement en SFFF, certains romans sont basés sur le schéma de la quête, du voyage ; les personnages se déplacent dans un monde pour leur mission ou au gré des péripéties.
C'est pas de ceux là que je parle ici.

D'autres romans, au contraire, s'ancrent dans un lieu précis. Et, parmi ceux-là, certains vous donnent vraiment l'impression d'y vivre. Non que les autres soient moins immersifs, moins inventifs, moins décrits. Mais certains romans laissent au lecteur l'impression non qu'ils ont vécu des aventures avec des personnages, mais qu'ils ont vécu dans un endroit.
L'exemple le plus classique serait Harry Potter. Je suppose que je ne suis pas la seule : quand j'attendais la sortie d'un nouveau tome, je m'étais fait la réflexion que je n'attendais pas "la suite des aventures de Harry". J'attendais "de retourner à Poudlard".
Poudlard et, surtout, sa vie quotidienne, étaient le point fort du roman.

Oui, bon ben... Et d'où ça vient, ça ?

Je vous demande pas un mode d'emploi ; mais j'ai bien observé les quelques romans qui me donnent cette impression, et je me suis toujours demandé comment arriver à la transmettre dans un texte.
En plus de Harry Potter, je pense au livre Le Château de Hurle de Diana Wynne Jones, que j'ai vraiment adoré. De la même façon, chaque fois que je le relis ou que j'y pense, j'ai la sensation d'habiter au château, de vivre avec les personnages au quotidien.
La Tyrannie de l'arc-en-ciel (Jasper Fforde) m'a aussi un peu donné cette sensation : le gros de l'intrigue se déroule dans une petite ville, et la vie y est marquée par des points très originaux, inventés par le livre (toute la distinction sociale marquée par les couleurs que vous percevez, l'habitude d'emporter avec vous une petite cuiller comme votre bien le plus précieux, les repas en commun, etc.)

(A l'inverse, par exemple, les 3 premiers tomes de L'assassin royal de Robin Hobb ont beau être ancrés à Castelcerf, ils ne m'ont pas donné cette sensation).

Du coup voilà, je me demandais ce qui pouvait provoquer cette impression. J'en suis arrivée à me dire que pour que le texte provoque ce sentiment, il fallait que :
- La structure du récit soit marquée par l'aspect quotidien. Il peut y avoir de l'émerveillement, ça peut se passer sur un temps court (une semaine dans le roman de Jasper Fforde il me semble), mais il faut qu'il y ait une impression de normalité qui s'établisse chez le personnage principal.
Du coup, le récit ne serait pas une sorte de ligne directrice, dans laquelle la péripétie A conduit à la péripétie B qui conduit à la péripétie C et ainsi de suite. Mais plutôt un ensemble d'éléments qui semblent survenir indépendamment les uns des autres et faire sens à la fin. Le lieu en question serait en quelque sorte le point de référence du roman ; la situation "normale" à laquelle on revient à la fin de chaque péripétie (une péripétie pouvant être un combat contre la Sorcière du Désert ou un simple cours chez Hadgrid ; pas besoin que ce soit une grande chose)
- L'étirement de la temporalité du roman. Je sais pas comment le dire. Pas que ça doive se passer sur un temps long, mais qu'il y ait des passages où on nous raconte quelles sont les habitudes, les éléments répétitifs, dans ce lieu, pour le héros.
- La forte présence d'un lieu, évidemment : le château du magicien Hurle, l'école de Poudlard, la ville de Jasper Fforde...
- ...mais d'un lieu qui soit bien détaillé. Pas une description de la cave au grenier façon Théophile Gautier ; mais donner à voir de façon répétée certains lieux, certains éléments de description, pour instaurer le sentiment de familiarité envers le lieu chez le lecteur.
- Faire intervenir des personnages secondaires récurrents ? Là ça marche bien pour Fforde et pour Poudlard, mais pour Le Château de Hurle, ce sont surtout les 4 personnages principaux (Sophie, Hurle, Mickaël et Calcifer) qui peuplent le château. Pas vraiment de voisins que l'on croise ni de visages familiers dans le quotidien...

Vous remarquerez que tout ceci n'est qu'une suite d'ingrédients. Or, à mon avis, ça ne suffit pas. Et du coup je voudrais savoir ce que vous en pensez.

A votre avis, comment on transmet cette impression de familiarité, de quotidien, qui fait que le lecteur a l'impression d'avoir vécu dans le livre, dans le lieu principal ?


Milora terminé, à vous les studios.
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takisys
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Re: L'impression d'y vivre

Message par takisys »

Arriver à recréer une atmosphère? Je crois que c'est ce que j'ai ressentis en lisant Blackout de Connies William, il a touché quelque chose en moi, quelque chose lié à l'enfance, aux récits de mes grand-parents, lorsqu'ils me racontait la guerre pas celle des livres d'Histoire, mais celle qu'ils avaient vécu au jour le jour. Dans ce roman, on vit pas à pas avec les personnages chaque instant, on partage chaque tentions, chaque inquiétudes, les joies ou espoir, même les plus infimes, les plus dérisoires.

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Milora
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Re: L'impression d'y vivre

Message par Milora »

Ben, pas seulement... Il peut y avoir une atmosphère très forte dans un roman qui n'a pas ce genre de structure. Je ne sais pas moi, dans Proust, dans Robin Hobb, dans Ursula Le Guin, il y a une forte atmosphère, on se sent très proches des personnages, il y a l'ambiance du monde, l'ambiance créée par les sensibilités des personnages...
On a l'impression d'y être. Mais pas forcément d'y vivre.
Je ne sais pas si je suis très claire :roll:
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Vassago
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Re: L'impression d'y vivre

Message par Vassago »

Moi j'ai ressenti cette impression en lisant Bazaar et ça de Stephen King. C'est comme si la ville et les personnages qui l'habitent existaient réellement.
Ton analyse me semble pertinente, je ne sais pas s'il y a vraiment des "trucs" supplémentaires à trouver pour produire ce degré de réalisme. Pour moi, c'est vraiment dans le goût du détail que ça se joue. Un peu comme si, avant même de commencer la rédaction à proprement parler, l'auteur avait bâti une vraie maquette du décor, avec tous les éléments, mêmes les moins essentiels, qu'il avait construit tous les personnages en profondeur, avec leurs petits tics et leurs travers, de sorte qu'au moment d'écrire, tout les détails viennent s'ajouter spontanément. Et même ce qui n'est pas clairement dit transparaît en arrière plan car une logique interne des décors et des personnages structure tout le récit. Au final, quand on rentre dans un tel ouvrage, c'est comme regarder une photo nette par opposition à une photo floue.

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Eva
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Re: L'impression d'y vivre

Message par Eva »

Mon opinion est que cette impression ne vient pas de roman (ou très peu), mais du lecteur. Si le lecteur accroche à l'histoire et s'y immerge complètement, il aura l'impression d'y vivre. Et il ne faut pas forcément beaucoup de détails pour y arriver. Même si l'univers du roman parait pauvre à certaines personnes, il suffit que quelques éléments parlent beaucoup à un lecteur pour qu'il remplisse de lui-même le "vide" laissé.

A l'inverse, un roman riche en détails (et où les aspects que tu évoques sont bien travaillés) n'aura aucun effet sur un lecteur qui n'accroche tout simplement pas à l'histoire.

C'est juste mon opinion, mais j'ai tout de même entendu parlé d'une expérience d'étude neurologique qui me conforte dans cette idée. Sans rentrer dans les détails, cette expérience montrait que pour un même récit, la représentation (mesurée par IRM) que se font les auditeurs varie beaucoup d'une personne à l'autre, et qu'on peut trouver des personnes qui s'immergent si bien dans ce récit que leur réponse cérébrale est très proche de celle de la personne à qui l'histoire est réellement arrivée.
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Siana
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Re: L'impression d'y vivre

Message par Siana »

On a l'impression d'y être. Mais pas forcément d'y vivre.

Je pense que tu résumes bien l'idée. Y vivre, ça se voit justement par les petites habitudes, c'est se dire qu'à tel endroit on a tel truc, que quand un personnage voit un truc, ça nous évoque autre chose (le lieu où il est, le truc qui va suivre juste à côté). Parce que quand on vit dans un endroit, on le connaît comme sa poche, on sait s'y repérer même si l'on n'en voit qu'une petite partie dans son champs de vision.

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noahl
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Re: L'impression d'y vivre

Message par noahl »

OK avec vous tous, mais j'ai l'impression que ce dont parle Milora va plus loin que tout cela. C'est plutôt de l'ordre de l'attente, de l'appétit. Ce n'est pas seulement une question de s'immerger, d'avoir l'impression d'y vivre. C'est l'envie presque brutale, la faim d'y revenir.

Cela dépasse la simple envie de continuer l'histoire (je me rappelle un voyage à Lisbonne, où je n'avais qu'une envie : revenir à l'hôtel et me coucher avec "Anatomie de l'Horreur" de King) et l'immersion que l'on peut ressentir dans un lieu fictionnel particulièrement séduisant. Cela dépasse même, à mon sens, la somme de ces deux éléments.

Il me semble, et vous me direz ce que vous en pensez, que cela est plus évident à atteindre avec un lieu relevant du merveilleux, comme Harry Potter. Car l'esprit humain recherche parfois (souvent ?) l'évasion, le retour à l'enfance, à un âge doré, d'insouciance. Où l'on n'évitait pas les problèmes mais où, avec le recul, on découvre une certaine magie.

Il n'y a ss doute pas grand monde pour souhaiter revenir au sein de la Maison Usher pour revivre sa chute encore et encore. Mais tout le monde voudrait devenir un petit sorcier découvrant un monde de magie comme Harry...
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Re: L'impression d'y vivre

Message par desdenova »

Pour ma part, je suis plutôt d'accord avec Eva, avec néanmoins un bémole.

Je pense que cela est effectivement très variable, selon les individus. Fais lire un livre qui t'a procuré cette sensation particulière à d'autres personnes et je peux te garantir qu'ils n'auront pas tous la même réaction.

Tu écris "On a l'impression d'y être. Mais pas forcément d'y vivre." Je peux te dire que moi, par exemple, je n'ai *jamais* ressentis cette sensation de "vivre" dans un décor décrit par un auteur. L'impression d'y être, peut-être, à la rigueur, et encore, j'en suis pas persuadé. Mais je ne crois pas que cela soit dû à la qualité du livre ou au talent de l'auteur. Je ne suis tout simplement pas "programmé" de cette manière ;-)

Je le sais d'ailleurs par expérience, si je puis dire, car il y a quelques années, au cours d'une conversation, j'ai découvert avec beaucoup d'étonnement que ma mère a une mémoire TRES visuelle, au point où si elle ferme les yeux pour se souvenir de quelque chose, un lieu par exemple, elle aura vraiment l'impression de s'y trouver. Perso, je n'ai jamais connu ça et du coup je n'imaginais même pas que quelqu'un puisse ressentir ce genre de chose.

Donc, quand tu nous décris ton expérience sur certains bouquins ça me fait, forcément, beaucoup penser à ça. Et je soupçonne que dans les deux cas, ce doit être la même zone du cerveau qui s'active.

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Milora
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Re: L'impression d'y vivre

Message par Milora »

Hm, je crois que j'ai pas été très claire dans mon premier post en fait.
Noalh, je vois tout à fait ce que tu voulais dire, et du coup sur cette sensation, je suis d'accord avec toi, Eva et Desdenova. Je pense aussi que cette sensation que vous évoquez, de vouloir être dans le livre, a trait à la sensibilité du lecteur, pas vraiment au livre lui-même.

Mais c'est pas de cette faim d'y être que je voulais parler.

J'aurais sans doute pas dû partir du lieu (c'est juste qu'il me semble que ça ne marche que quand il y a une présence forte d'un lieu particulier).

Je m'interrogeais plutôt sur la façon dont se crée l'impression de normalité, de routine, de quotidien. Mais rattaché à un lieu du coup (parce que j'ai l'impression que lorsque le personnage se déplace, il a beau avoir une routine bien établie (ex : la routine de la longue traversée du Mordor de Sam et Frodon), il n'y a pas cette impression d'avoir été sur les lieux.
Et ce n'est pas une impression à proprement parler visuelle. Je n'ai absolument pas une mémoire visuelle, personnellement...


Je vais essayer de m'exprimer plus clairement sur un autre exemple : une série télé, Star Trek Voyager (nooooon, ne partez pas en vous marrant !)
La série fonctionne sur le principe du voyage : le vaisseau est sans arrêt en mouvement, pour retrouver la Terre. Mais il y a bien un lieu fort : le vaisseau lui-même.
Or, je trouve qu'avec cette série (ce qu'on retrouve moins avec, par exemple, les autres séries Star Trek, ou Stargate par exemple, pourtant construites sur le même modèle), on a l'impression de vivre à bord :
On voit des scènes de la vie quotidienne, on sait où mène tel couloir, ce qu'il faut faire pour activer telle propriété du vaisseau, on a des personnages mis en scène dans leur quotidien, des petits passages inutiles à l'intrigue, mais qui plantent ce décor.
Les lieux sont appropriés par les personnages, et par là même par le lecteur.
Tout ça donne l'impression d'être intégré au quotidien du lieu. C'est ça que je voulais dire par "impression d'y vivre".

Si je l'ai rattaché à un lieu, c'est parce qu'il me semble que ça y est toujours associé.
Un peu comme quand au théâtre un élément du décor devient un accessoire : tant qu'il n'est pas intégré à l'intrigue, il n'a pas vraiment d'existence, il est juste un décor. Mais dès qu'un personnage s'en sert ou y fait référence, il devient un accessoire, un élément de la pièce en elle-même.
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Iluinar
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Re: L'impression d'y vivre

Message par Iluinar »

C'est marrant que tu cites l'Assassin Royal comme exemple où ça ne marche pas pour toi, Milora. Quand j'ai commencé à lire ton post, j'ai immédiatement pensé à l'A R parce que pour moi, ça l'a fait. En le lisant, j'avais vraiment l'impression d'y vivre. Parce que, comme tu le disais, ça fourmille de détails quotidiens, en apparence insignifiants mais essentiels pour planter une ambiance.

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Re: L'impression d'y vivre

Message par Milora »

Ah oui ? Justement du coup, pourquoi ?

(moi ce n'est pas le souvenir que j'en retiens mais je l'ai lui il y a trèèès très longtemps, et seulement 3 tomes, du coup mon impression est peut-être faussée).
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Re: L'impression d'y vivre

Message par Iluinar »

Moi, j'ai l'impression que ce sont les détails de la vie quotidienne, comme je le disais dans mon post. Et effectivement la présence d'un lieu fort (à mon sens, Castelcerf en est un).
Mais si tu as la recette, je suis preneur ^^ C'est justement un truc que j'essaye de réaliser dans mes textes.

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Re: L'impression d'y vivre

Message par Milora »

Non, malheureusement, j'ai pas la recette ! ^^ Mais c'est un truc qui m'a toujours fascinée dans les livres qui arrivent à le faire, parce que personnellement les histoires que j'invente sont toutes sur le modèle de la ligne droite, et pas ancrée dans ce quotidien, dans un lieu. Il me semble que ça doit être une façon différente de structurer l'histoire, et c'est un truc que je sais pas du tout faire, personnellement !
Alors je me contente d'observer en me disant "quand je serai grande, un jour j'y arriverai" :lol:


L'ennui des éléments quotidiens, c'est que c'est pas une condition sine qua none. Y a des livres (là comme ça je pense à Du côté de chez Swan) qui accentuent beaucoup les habitudes quotidiennes mais ne transmettent pas cette impression.
...Peut-être parce que, dans ce cas-là, le quotidien est objet de récit, fait partie de ce qui est raconté, du but de l'intrigue ; alors qu'à Castelcerf ou à Poudlard, c'est plutôt des "à côté" inutiles à l'intrigue en elle-même ?
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Re: L'impression d'y vivre

Message par Iluinar »

Proust, ça ne m'a pas du tout fait cet effet là. Plutôt celui d'un somnifère ^^
des "à côté" inutiles à l'intrigue en elle-même ?
Y'a de ça, je pense. En dehors de ça, il y a une vraie intrigue parce que le décors et l’ambiance sans intrigue, c'est vite lassant.

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Re: L'impression d'y vivre

Message par noahl »

Evidemment, Proust est un exemple épineux car le style y est si fort qu'il se place un peu en travers de la narration, entre l'histoire et le lecteur (en partie seulement, hein. Moi, Proust ne m'a jamais endormi : j'ai lu Sodome et Gomorrhe complètement fasciné).

Il me semble qu'au-delà de ce que l'auteur dit vraiment, des éléments anecdotiques de la vie quotidienne, il y a plutôt la question de savoir : ce récit fonctionne-t-il ? S'il fonctionne vraiment, vraiment bien, avec rien qui vienne se placer entre l'histoire et le lecteur, je pense que ce sentiment "d'y être“ viendra naturellement. Vous avez cité Stephen King, et typiquement, voilà un auteur (de génie, à mon sens) qui parvient totalement à se faire oublier du lecteur. Dont le style est suffisamment travaillé pour devenir transparent (souvent, pas toujours). Qui sait planter le décor et introduire des personnages auxquels on croit, qui ont des accents de vérité, qu'on voit aussi bien que si on était dans la scène.

Et là, magie. On est VRAIMENT dans la scène. D'où ma proposition : c'est la disparition de l'auteur qui peut laisser de la place, au sein même de la narration, au lecteur.

(Je n'ai pas d'avis aussi tranché que ceci pourrait le laisser transparaître, mais je lance l'hameçon dans la mare aux grenouilles ^^)
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