[A] Pas d'impression recto-verso ?

[Gilou]

Bonjour à tous,

Je lis page 18 du GGG un conseil de JC Dunyach pour la soumission d'un manuscrit à un éditeur : "Pas d'impression recto-verso".
Ce conseil m'embête bien. Le recto-verso, c'est une quadruple économie : moins de papier, reliure plus rapide et (un peu) moins couteuse, moins de frais d'expédition, moins de frais d'expédition (bis) pour le retour du manuscrit. Bref, quand on me conseille de ne pas ce faire, je me demande pourquoi diable, est-ce que ça fait vraiment une différence pour l'éditeur, et est-ce que mon manuscrit peut se retrouver pénalisé par ce détail.

Quelqu'un peut-il m'éclairer ?

Merci

[blackwatch]

Je déplace dans Plume dans la palme.

[∆Vz]

Question de souplesse pour la lecture, les annotations, etc. Question d'habitude aussi, sûrement. C'est la forme "normale", quoi... Et j'ai connu des éditeurs qui jetaient les manuscrits sans les lire s'ils étaient recto-verso (ou tapés trop petit, ou trop gros, etc.), mais c'était peut-être des exceptions, je ne sais pas...

[blackwatch]

Même réponse en fait. Je pense que c'est principalement une quetsion de confort de lecture,surtout si le dit manuscrit passe entre plusieurs mains (le comité de lecture et si les avis sont positifs, l'éditeur/directeur de collection).
Hélas, toutes les maisons n'acceptent pas encore les soumissions par e-mail...

[NB]

Imaginons un éditeur ouvrir le manuscrit et commencer à prendre des notes dessus... Bien souvent, il va noter sur la page de gauche (blanche) des indications liées à la page de droite (écrite).

Pensons à leurs petits yeux fatigués : s'il faut qu'ils retrouvent des notes glissées dans les interlignages où les marges, c'est galère. Surtout s'ils veulent attirer l'attention de quelqu'un d'autre dessus en lui passant le manuscrit...

[Macada]

Imaginons un éditeur ouvrir le manuscrit et commencer à prendre des notes dessus... Bien souvent, il va noter sur la page de gauche (blanche) des indications liées à la page de droite (écrite).

Pensons à leurs petits yeux fatigués : s'il faut qu'ils retrouvent des notes glissées dans les interlignages où les marges, c'est galère. Surtout s'ils veulent attirer l'attention de quelqu'un d'autre dessus en lui passant le manuscrit...

Oh, oh, ça sent l'éditeur qui a imprimé lui-même le manuscrit, ça.

La majorité des éditeurs prévoient le retour du manuscrit à l'auteur en cas de refus, donc ils ne prennent pas de notes dessus.

[Beorn]

La majorité des éditeurs prévoient le retour du manuscrit à l'auteur en cas de refus, donc ils ne prennent pas de notes dessus.

C'est un argument.
Cela dit, quand j'ai envoyé mon roman par la poste chez Mnémos et qu'il a été accepté, je n'ai jamais revu mon manuscrit. Je suppose qu'ils avaient pris des notes dessus.

Ils ont probablement tous leur manière de faire mais j'ai tendance à penser comme toi que c'est plutôt leur confort de lecture qu'ils défendent.

Je comprends l'interrogation de Gilou, cependant : si tu veux bien faire et suivre les directives des éditeurs (1500 caractères par page, recto simple) pour un document de plus de 500 000 signes, tu te retrouves avec un pavé quasi impossible à relier, qui pèse une tonne et sur lequel, accessoirement, il n'est pas très facile de travailler et de prendre des notes.
Je soupçonne que ce ne soit pas bien grave de prendre des liberté avec le nombre de signe de 1500 par pages tant que ça reste lisible (ne pas descendre en dessous d'un interligne 1,5, garder une police claire de taille 11 minimum). Pour ce qui est du recto-verso, je ne sais pas, honnêtement.

[Aelys]

Personnellement, je fais en recto verso, par la force des choses : recto simple me coûterait trop cher en papier et en timbres.
Jusqu'à présent, je n'ai pas eu de problème, mais c'est impossible de savoir si ça m'a porté préjudice ou pas.

[ilham]

Avant de commencer ma thèse, je ne comprenais pas toutes ces demandes de forme...
Et puis, j'ai dû lire des dizaines de mémoires de maitrise mal fagotés : interligne simple, police fantasy, recto-verso... Une horreur.
Parce que même si le lecteur ne prend pas de notes sur le tapuscrit, il en prend à coté ( s'il le lit en entier, ça c'est une autre histoire...) et prendre des notes quand tu dois tenir la page de gauche pour en lire le verso ( car à partir d'un certain volume, ça tient mal en place avec les reliures spirale ou même thermocollées) , c'est abominable... C'est très inconfortable. t'es obligé de poser ton calepin sur le tapuscrit, de l'enlever pour lire la page suivante, de recommencer... un seul, ça passe, mais quand t'en es au 20eme tome comme ça dans la journée, t'en as franchement marre. D'autant que t'es dans une logique quand même professionnelle, t'as pas tout ton temps...
Pur peu que tu veuilles y revenir plus tard, tu utilises des marque-pages, le recto-verso complique les choses...
Et puis, selon le papier choisi, l'encre utilisée, ça peut laisser des ombres de l'autre coté... Et comme il faut aussi laisser des marges, ce sont en plus des ombres décalées...
Ce sont de tous petits tracas, c 'est vrai pour celui qui lit comme ça un tapuscrit à l'occasion. Multiplié par des dizaines, des centaines... c'est vraiment un cauchemar, je trouve.
Donc même si ça coute deux fois plus cher, (ouaip, je suis moi aussi en train de faire la grimace pour mon tapuscrit lourd d'un kilo... )... je fais que du recto, en souvenir de ces centaines d'heures désagréables sur des ouvrages mal présentés...

[Eva]

Je déterre ce sujet pour apporter mon expérience, car j'ai encore vu passer dernièrement ce conseil que je trouve injustifié : imprimer son manuscrit en recto.

Amoureux des arbres au porte-monnaie un peu plat, réjouissez-vous ! Car j'ai testé pour vous l'impression en recto-verso, et même en interligne simple, et j'ai constaté que ça n'empêche pas les éditeurs de lire le manuscrit. Et même mieux, ça n'empêche pas le roman de leur plaire. Bref, j'ai eu plusieurs indications que les premières pages au moins ont été parcourues, et aucune que certains les auraient jetés direct à la poubelle pour délit de sale gueule.

Si ça ne suffit pas à vous convaincre, j'ai aussi le témoignage d'un ami qui a travaillé il y a plusieurs années dans le comité de lecture de Bragelonne. D'après lui, un roman ultra épais parce que imprimé en recto simple et en double interligne, ce n'est pas un cadeau à recevoir et à lire. J'ai aussi noté que les manuscrits reçus étaient stockés dans une armoire mise à disposition des lecteurs du comité, et qu'aucune pré-sélection n'était faite sur leur présentation.

A vous de voir, mais je conseillerais plutôt :
* de suivre les préférences de l'éditeur, s'il les indique sur son site (et je n'en ai jamais vu qui demande du recto)
* de soigner la présentation pour rendre le texte agréable à lire : police de taille raisonnable, texte justifié, typographie correcte, etc.
* éventuellement d'agrandir les marges droite et gauche de la page : des lignes plus courtes facilitent le passage de l’œil de l'une à l'autre. De base, les traitements de texte mettent ces marges à 2 cm. Je trouve que les régler à 3 cm améliore déjà le confort sans trop augmenter le nombre de pages.
* d'avoir une impression de bonne qualité, pour que les caractères se détachent bien des deux côtés de la page
* d'avoir une reliure qui permet de facilement tourner les pages et de lire le verso sans problème

Voilà, ceci était ma contribution éco-responsable de la journée. (Oui, je sais, il y a pire que l'utilisation de papier pour les manuscrits, mais chaque effort compte.)

Et bonus pour le porte-monnaie, si le manuscrit ne fait pas plus de 3cm d'épaisseur, on peut l'envoyer en lettre plutôt qu'en colis.

[Crazy]

Et bonus pour le porte-monnaie, si le manuscrit ne fait pas plus de 3cm d'épaisseur, on peut l'envoyer en lettre plutôt qu'en colis.

Dans ce cas, il faut mieux ne pas utiliser une impression laser, parce qu'elle se fait souvent sur du papier à 80g, donc relativement épais.
Par expérience, mon manuscrit "Ceux qui vivent du sang versé", une fois imprimé en recto-verso faisait 262 pages (donc 131 feuilles) pour un peu moins de 700ksec. Et pas loin des 3cm, de mémoire...

[ilham]

L'argument écolo ne tient pas :
Le papier est aujourd'hui à 80% recyclé et on n'abat pas les forets amazoniennes pour ! On a des forets cultivées ( et oui, cultivées : on plante les arbres, on les surveille, les bichonne et quand on les coupe et bien on en replante d'autres derrière) spécialement pour cela.
Et ça fait plus de cinq cents ans que l'on fait ça en France...
Les forets domaniales que nous avons sont justement très belles grâce à cette façon de faire... (allez visitez des bois privés pas entretenus, destinés au bois de chauffage ou à la chasse) c'est une autre histoire...)

[Eva]

Je ne comprends pas vraiment ton contre-argument, ilham. Recyclage ou pas, forêt cultivée ou pas, fabriquer du papier a un coût. La chaîne de production nécessite une consommation d'énergie qui n'a rien de négligeable et qui se traduit, entre autre, par de l'émission de CO². Même chose pour le processus de recyclage. Économiser du papier quand on le peut n'a rien de stupide, écologiquement parlant.

[ilham]

Dans ce cas, la solution est simple : restons tous chez nous à dormir.
Ah bah non zut... on expire du co2 aussi rien qu'en faisant cela.
Zut, comment qu'on fait ? faut arrêter de vivre pour ne plus polluer ?

Ah au fait, tu tapes sur un ordi, un portable,un smartphone, j'imagine... tu as une idée de ce que cela coute en co2, non seulement la production de ton engin, mais tout ce qu'il y a autour ? de la simple conception jusqu'aux infrastructures que cela demande pour que tout fonctionne... Tu as déjà visité une usine qui assemble des composants électroniques? tout ce qui permet à nos engins de tourner. Ou mieux une usine produisant du plastoc (avec plein de bidons de solvants avec de gros logos rouges et jaunes sur les tonneaux, tu vois le genre...) classées seveso, bien entendu.
Moi si... si on cause pollution, j'préfère une scierie ou une papeterie honnêtement. Aujourd'hui en tout cas, y'a trente ans on aurait pu discuter, je te l'accorde.

J'crois pas que tu sois prête à jeter ton ordi, portable, tv, etc... des engins éminemment plus polluants qu'une ramette de papier au passage, pourtant...
Et donc, tu viens me culpabiliser d'imprimer seulement au recto, mais hum... t'es sur le net et ma ramette de papier, elle vaut pas lourd comparée à la technologie que nous utilisons toutes les deux pour communiquer en ce moment ( tiens , rien que le clavier sur lequel je tape... que du plastoc qui sera brulé quand il sera jeté et produira des gaz encore plus méchants que le c02...)

Et puis aussi faut ne plus écrire du tout, hein... parce que hein tes crayons de papier ( en supposant que tu aies abandonné les horribles stylo bille en méchant plastoc) , ça vient pas de nulle part non plus. La table sur laquelle tu écris non plus, la chaise où tu es assise...etc... Tout ça, c'est de l'énergie qui a été utilisée pour les produire et qui donc a produit du c02 aussi, rien que par la respiration des ouvriers à la chaine... La musique que j'écoute aussi d'ailleurs. Zut, j'ai acheté un cd avec des minerais rares qu'on produit en utilisant des solvants hyper polluants dans les pays d'Afrique... Faudrait interdire la musique,c 'est vraiment trop polluant comme loisir...

Les problèmes de pollution - qui existent réellement, je ne les conteste pas - pour les régler, on ferait bien d'aller mettre en prison quelques patrons de grandes multinationales ( suivez mon regard) qui font n'importe quoi... là, ce sera p'tre un peu efficace.

Et je pense que tu auras compris que je n'aime, mais alors vraiment pas du tout, pas du tout le discours écolo ( dont on voit très souvent les plus imminents défenseurs rouler en 4*4 en ville au passage, hein... pas à une contradiction près, ceux-là. Faites ce que je dis, pas ce que je fais...) car c'est un discours qui vise à culpabiliser les individus sans jamais s'en prendre aux vrais responsables.

Donc j'imprime au recto mes documents, TOUS mes documents, sans aucun scrupule.
Et je mange des haricots coco aussi d'ailleurs !

[Kinvara]

Minimiser ses impressions papier, recycler verre, PET ou alu, tout cela peut sembler ridicule face à une grosse entreprise bien polluante. Tout comme les conducteurs de voitures électriques qui oublient que leur batteries ne pourront pas être recyclées, et que ce sont des centrales nucléaires qui produisent leur électricité... Pas top non plus.

Mais alors, que faire selon toi? S'en foutre royalement, vu qu'on trouve toujours pire que soi?

Tout bazarder de la modernité, vivre dans une yourte et élever des chèvres?

Je préfère plutôt partir du principe que les petits ruisseaux font les grandes rivières. Je continuerai à imprimer ma paperasse en recto-verso, à éteindre mon PC la nuit et recycler mes cartons. Même si je vis à moins de 50km d'une série de grosses entreprises qui sabotent chaque millième de seconde mes petits efforts.