Pourquoi écrivez-vous ?

[Crazy]

Les lauriers c'est dépassé ; maintenant c'est le champagne, la coke et les escort girls !

Du pognon, des primes, et une p... de grosse Mercedes ?

[Mel]

J'écris les histoires que j'ai envie de lire. A la base, je suis une grande lectrice et à force d'être déçue par certains livres, je me suis dit "tu n'as qu'à les écrire toi-même". Et aujrd'hui, c'est toujours ce qui me motive: le plaisir égoïste de la lecture!

[Karele]

Ben, j'écris parce que... j'écris.
Pfff, je sais
j'écris parce que ado j'ai noté des tonnes de petites phrases sur des bouts de papiers dont je retrouve certains coincés entre 2 pages d'un livre ou quelques pensées lâchées à la va-vite au dos d'un vieux classeur. J'avais même rempli un petit carnet, puis deux, puis... quand je les ai cherchés, ma fille me les avait piqués.
Jeune adulte j'ai tenté de coucher 2 personnages en une dizaine de pages manuscrites. En les relisant je les ai trouvés immatures et décalés. Ma fille m'a piqué la pochette.
De plus ma vie et ma passion m'ont rattrapée alors je me suis contentée, de projets à monter, de cours théoriques à préparer, de mon boulot 24h sur 24, de dresser, travailler avec le corps des autres, élever, faire trois mômes dans la foulée...et j'en passe.
Après j'ai repris les études et j'ai aidé d'autres jeunes à monter leurs projets, leurs statuts d'entreprise ou d'asso, leurs rapports de stages... pas de temps pour moi
il y a maintenant 5 ans, ma fille m'a dit écrit comme tu racontes tes cours, l'Histoire, les croyances, ta vision du monde. Je pensais faire 15 pages pour lui faire plaisir. J'ai fait 5 tomes.
J'ai raté une image. Quand j'ai dit, tiens c'est pour toi (en petits livrets, à Noël, imprimés, reliés, petite couverture faite sur Ordi par mes soins) elle m'a dit tente le coup, essaie d'éditer.
Me voilà ici. J'y crois pas mais je bosse dur.
avec le recul, mon seul fil conducteur... créer.

[Reven Niaga]

Pourquoi j'écris ?

C'est une très bonne question au fond !

J'ai toujours aimé inventer des histoires, et j'ai toujours aimer vivre des histoires ! Depuis toute petite, j'ai eu la chance d'avoir eu une mère qui stipulait notre imagination. Des cassettes audios avec des histoires, des livres dessinés, etc était au rendez-vous tout le temps, sans oublier la bonne histoire du soir, au chevet du lit en se blottissant tout contre elle ! Et elle narrait tellement bien que même en ayant appris à lire - et à manger les livres par dizaine par semaine - je continuait à réclamer une histoire chaque soir jusqu'après mes 10 ans. Après tout, pourquoi se passer d'une bonne conteuse ?

Mon amour ne concernait pas seulement les livres, mais également tout ce qui pouvait raconter une histoire : jeux-vidéo, films, dessins-animé, tout y passait au fur et à mesure du temps.
J'inventais souvent aussi, mais j'écrivais peu. À ce moment, je voulais encore faire scientifique et je ne faisais que m'amuser en passe-temps. Je n'avais aucune ambition dans ce domaine.
Puis, à 13 ans, j'ai perdu ma mère pour le reste de mon adolescence. Elle a passé des mois au coma, à l'hôpital et en ré-éduc, et la femme qui nous est revenu était toute différente de ce que j'avais en souvenir. J'étais toute seule à la maison, mon père faisant des heures supplémentaires pour pouvoir payer les factures, mon premier frère étudiait à l'étranger, et mon autre frère avait plus longtemps cours que moi. En école je suis devenue la bête noire, car je ne connaissais rien à ce que je suis censée connaître à 13-14 ans et des ados de cette tranche d'âge font en généralement peu de tolérance ou de compréhension face à ça, ce qui m'a fait encore plus me renfermer sur moi-même. XD

Les histoires que j'ai crée sont devenus pour moi un moyen de ne pas être toute seule. Il y avait des jours, je disais seulement "bonjour" et "au revoir" durant toute la journée. J'ai donc commencé à les coucher plus sérieusement sur papier, à dessiner, écrire. Encore et encore. Jusqu'à ce que finalement, je suis venue à la conclusion que j'aimais vraiment beaucoup ça. Que j'aimerai partager cet amour que j'ai pour les univers des autres, pour la lecture et pour le dessin et la bande-dessiné. Que j'aimerai faire vivre moi-même des moments magiques à d'autres ! Et de choisir le bon média pour le faire. Que ça soit écriture, dessins, bande-dessiné ou autre.

En 2010, je suis devenue chroniquement malade, mais une maladie invisible. Je ne suis pas en chaise roulante, ou autre, je n'ai aucun signe physique que j'ai des douleurs 24/24h. je me suis pris un mur de beaucoup de gens. je me bataillais pour faire mes études d'illustration et de réaliser mes projets qui me tenaient tant à coeur. Souvent je me suis fait dire d'arrêter. De chercher un "vrai" travail. Un travail que je serais physiquement en mesure de faire. De travailler au lieu de passer mes journées à "écrire" qui est une activité pas du tout ludique, inutile et "pour les enfants".
Mais au lieu de les écouter, j'ai décidé de tous les envoyer chier, et j'ai encore plus envie qu'avant de réussir, d'écrire, de créer des histoires et des univers et d'en faire mon métier. De revenir et leur balancer le travail fini devant les yeux en disant "vous disiez ?"

[Cerane]

Pourquoi j'écris?

Je dirais qu'au fil du temps les raisons ont changé, ou se sont accumulées!
-La première, c'est que j'ai des idées plein la tête comme bon nombre d'entre vous. Et les garder pour soi, ça rend dingue. Ça a commencé au collège où ma prof de français m'avait donné un guide pour écrire des scénarios policiers (je ne la remercierai jamais assez pour ça! :p )
-Ensuite parce que j'avais envie de réinventer la fin de certains livres
-Après ça a migré en une espèce de seconde vie. J'avais envie de m'inventer un autre moi, un genre de super héro (ou pas) à qui je pouvais faire tout ce que je voulais. (Ça c'était au lycée et c'est toujours le cas d'ailleurs!)
-Et aujourd'hui je dirais que c'est une sorte de thérapie. J'écris au gré de mes humeurs et ça me sert à évacuer toutes les idées que j'ai dans la tête, à refaire l'histoire d'un livre à ma sauce ou à me faire voyager par l'imagination.

Bref s'est devenue une seconde nature. Pendant que d'autres cuisinent, jardinent, ou regarde la télé, moi je m'évade avec mes mots.

On est tous aussi allumés au final?

[Tango's]

Pour le partage essentiellement. Je trouve gratifiant que quelqu'un lise ce que j'écris. Mais il n'y a pas que cela. Il y a tant. Par exemple, le côté je me sens bien ou pas bien, amoureux ou déprimé, je veux faire passer ce que je ressens. Où encore le côté faire découvrir quelque chose.
Si j'ai la chance, un jour, d'être publié, j'aimerai savoir que quelqu'un ressent ce que j'ai ressenti en lisant un livre que j'ai aimé. Savoir que cette personne attende impatiemment qu'un nouveau livre ne paraisse.

[Francis Ash]

J'exhume ce sujet car il me semble que c'est celui qui correspond le mieux à ce qui suit (mais je laisse à Maître CapelloCrazy le soin de me contredire si elle estime qu'il le faut )

Voici deux semaines, sur FB, Nariel Limbaer a eu la bonne idée d'agiter sous mon nez un AT un peu inhabituel : il s'agissait d'écrire sur l'écriture. On fait ça souvent ici, sur la mare, mais c'était bien la première fois que je voyais un AT de ce genre.
En détail, il s'agissait de disserter de l'écriture de scénarios de JDR, de nouvelles et/ou de romans. L'idée était de recueillir des témoignages d'auteurs s'étant confrontés aux différents exercices.

J'ai donc envoyé ma prose aux Chroniques d'Altaride, pour leur numéro 28.
Ce webzine mensuel gratuit s'adresse avant tout aux rôlistes - et je sais qu'il y en a quelques-uns dans les eaux de la Mare - il est riche, bien réalisé, et gagne largement à être connu ! Ce numéro-ci est spécifique au thème de l'écriture, donc je vous le recommande très chaleureusement

Pour vous le procurer, le plus simple est d'aller sur Calaméo et de vous servir. Si vous n'avez pas de compte, il faudra en créer un, mais ça va très vite, et ils ne demandent pas beaucoup d'informations personnelles.

[Anaïs]

Merci pour l'info, ça a l'air intéressant

[Francis Ash]

Oui c'est sympa, je suis épaté de la qualité de leur travail !

[Umanimo]

Je remonte le sujet, car c'est une question qui est à l'ordre du jour, pour moi. Je vois que pas mal de grenouilles ont fait l'historique de ce qui les avait poussé à écrire et je vais me plier aussi à cet exercice, car il peut permettre de comprendre mes interrogations actuelles.

D'abord quelques petites citations qui peuvent déjà donner des pistes sur mes propres motivations.

...je me suis toujours inventé des histoires depuis que je suis tout petit.

Mais si je peux illustrer mes personnages, j'ai toujours été une buse en décor et en création d'atmosphère en couleurs, d'où une grande frustration...

Tout comme Iluinar, je me suis toujours raconté des histoires. Depuis aussi loin que ma mémoire remonte, j'ai le souvenir de m'être endormie moi-même en me racontant des histoires (le conte avant de dormir, ce n'était pas le genre de mes parents).
Étant douée en dessin, mais plutôt niveau personnages (comme Ylaria) que décor, ma première idée pour les partager, c'était la bande dessinée. Logique. Mais dessiner des décors et redessiner plein de fois le même personnage m'ennuyait, si bien que j'ai dévié de cette première idée pour faire des études d'Art non tournées vers la BD. En fait, les histoires que je me racontais et les dessins que je faisais n'avaient pas de lien entre eux (sauf une tentative de création d'une BD que j'ai trainé plusieurs années avant de l'abandonner).
Parallèlement, lorsque j'étais amenée à écrire (que ce soit dans le cadre scolaire ou professionnel), je ne me débrouillais pas trop mal avec les mots et la façon de les agencer. Mais je n'envisageais pas de faire passer mes histoires du stade "dans ma tête" au stade "sur le papier" ou plutôt "dans un fichier".

De façon relativement récente (2012), je suis venue vers l'écriture pour m'exprimer. C'est passé par la fanfiction (une façon aussi de prolonger des histoires que j'aimais ou de changer des fins ou des déroulements qui ne me satisfaisaient pas) et ça a fini par déboucher sur la fiction originale.

Moi j'écris l'histoire que je ne trouve pas en librairie et que je rêve de lire.

Je me reconnais aussi dans cette affirmation.

Suis-je donc le seul à écrire pour la gloire et les lauriers ?

Et voilà posée une autre question, lorsqu'on écrit (ou que l'on produit quelque chose, surtout artistique), une fois qu'on est arrivé à un aboutissement, fin du premier jet ou fin du roman : "que vais-je en faire ?"
Cela prolonge la question de "pourquoi j'écris ?" Pas seulement ce qui nous a poussé à commencer, mais aussi notre but final : que faire de ce roman/nouvelle/autre ?
La réponse est différente pour chacun, du coup quelle est la mienne ? Et je me suis rendue compte qu'en fait le premier but : "écrire ce qui me fait plaisir" suffit presque totalement à me combler. Le faire lire et avoir des retours positifs dessus (on préfère les positifs, bien sûr, même s'il y en a aussi des "négatifs", mais ceux-ci ne sont pas dans nos buts quand on fait lire ce qu'on a écrit) est relativement secondaire.
Du coup, le parcourt qui consiste non seulement à se faire éditer, mais aussi à promouvoir son texte n'est pas nécessaire pour moi.
Si bien que je vais me tourner vers l'autoédition avec un seul motif : rendre mes textes disponibles quelque part, si quelqu'un exprime l'envie de les lire.
Une autoédition qui ne va pas comporter l'étape promotion, vu que je n'ai pas le but de vendre. Je vendrais à celles/ceux qui en font la demande et je ne chercherais pas plus.
Dans ce cas, pourquoi ne pas simplement publier sur le net ?
Parce que je veux que la personne dispose d'un objet (matériel ou pas, j'aime bien les ebook) qui sera à elle et qu'elle pourra lire autrement qu'en se connectant à Internet (dans son livre papier ou sur sa liseuse).

Désolée, j'ai été un peu longue, mais j'avais envie de partager le fruit de mes récentes réflexions sur ce sujet : "pourquoi j'écris ?"

[NaNa]

Pourquoi j'écris? Je n'en sais trop rien. Comme d'autres personnes sur ce fil, j'ai toujours aimé ça. Quand j'avais 6 ans j'ai écrit mes premières chansons (je me souviens, j'avais donné ma première chanson à lire à mon frère pour savoir ce qu'il en pensait, et tout ce qu'il a fait c'est me corriger mes fautes d'orthographe; je vous dis pas comment j'étais vexée). A 8 ans j'ai commencé à écrire des histoires, et l'envie de devenir écrivain ne m'a plus lâchée depuis. Je me souviens, quand j'étais en CM1 et qu'on avait un temps de pause, la maîtresse avait du papier à notre disposition. Tous les enfants dessinaient, et moi, j'écrivais. Donc j'écris avant tout parce que ça me fait plaisir, c'est une de mes premières passions avec la musique.

Après, il y a le fait que je passe la moitié de mes journées à inventer des histoires dans ma tête. C'est un peu bizarre comme passe-temps, alors pour pas passer pour une folle qui vit dans un monde imaginaire, je couche ça sur du papier, ça fournit une bonne excuse. Et une fois écrites, j'arrête de penser aux différentes scènes de l'histoire. L'écriture est le média qui me vient naturellement pour faire vivre mes histoires (autre part que dans ma tête), je ne sais pas pourquoi.

Ensuite, j'écris parce que j'aime partager mes histoires avec les gens et leur faire plaisir. Lorsque j'étais jeune et naïve (enfin, je suis toujours jeune, mais moins naïve), j'avais publié un livre un compte d'auteur, du coup j'avais fait quelques salons du livre. Moi qui suis toute timide d'habitude, je me suis mise à discuter avec les gens qui passaient devant moi comme si je les connaissais. Rien que pour ce genre d'expériences, je continuerais à écrire.

Enfin, une raison plus narcissique : quand je vois des gens qui parlent d'oeuvres connues et qui élaborent des théories sur les histoires qu'ils lisent, j'aimerais bien qu'un jour, au lieu de faire ça avec Le Trône de Fer ou autres, ils le fassent avec mes romans. Oui, je sais, j'ai les chevilles qui enflent rien qu'en l'écrivant.

Donc pour résumé, j'écris d'abord parce que j'aime inventer des histoires, ensuite pour faire plaisir, et ensuite parce que comme tout le monde, j'aimerais bien laisser une trace de mon passage sur cette Terre.

[Agathe Flore]

Enfin, une raison plus narcissique : quand je vois des gens qui parlent d'oeuvres connues et qui élaborent des théories sur les histoires qu'ils lisent, j'aimerais bien qu'un jour, au lieu de faire ça avec Le Trône de Fer ou autres, ils le fassent avec mes romans. Oui, je sais, j'ai les chevilles qui enflent rien qu'en l'écrivant.

Oui, les grands succès, ça fait rêver ! Dans mes bons jours, je vois les lecteurs supplier pour une suite, et m'embarquer pour une saga digne du Trône de Fer avec l'adaptation en série par Peter Jackson, avec des elfes beaux comme ceux du Seigneur des Anneaux, la totale !

Alors, pourquoi j'écris ?

Parce que j'adore mettre des histoires sur papier, jouer avec la langue française, voir se former paragraphes, dialogues, chapitres. Parce que j'aime explorer la nature humaine à travers mes personnages. Pour utiliser enfin un don que je possède depuis petite, me sentir dans mon élément.

Une enfance assez solitaire m'a donné une imagination fertile, je m'inventais des histoires à longueur de temps et je lisais énormément aussi. Les instituteurs étaient mal à l'aise avec moi car très tôt je manifestais un don pour l'orthographe, la grammaire, l'écriture, comme si je savais tout de façon intuitive avant d'apprendre les règles. Sauf un, qui m'a félicitée et encouragée.
A l'adolescence, j'écrivais beaucoup de journaux intimes pour démêler les noeuds dans ma tête. J'ai toujours eu envie de devenir écrivain mais c'est resté dans un coin reculé de mon esprit jusqu'à il y a 2 ans à peu près, un moment charnière où j'ai décidé de faire les choses que j'aime et trouver du temps pour.
Certains livres dont la fin m'a déçue, le style m'a déplu, les personnages m'ont agacée, après un début prometteur m'ont donné envie de mettre sur papier mon histoire, celle que j'aurais aimé lire. Et puis mon intérêt pour la mythologie et les légendes a fait le reste, mon imagination débordante comble les trous et les incertitudes, j'invente des mondes autrement plus motivants que la société matérialiste dans laquelle on vit ...

[Milora]

Je vois que ce fil n'arrête pas d'être remonté depuis 2013, alors je fais de même !

Avant tout :

Suis-je donc le seul à écrire pour la gloire et les lauriers ?

Les lauriers c'est dépassé ; maintenant c'est le champagne, la coke et les escort girls !

Lol


Je vois qu'on en revient tous à peu près à la même réponse : parce que c'est une partie de nous, parce qu'on le fait depuis petits, parce qu'on ne peut pas s'en empêcher, parce qu'on a grandi dans les histoires, pour pouvoir vivre celles qu'on aurait aimé lire, etc. etc. Je me reconnais dans tout ce qui a été dit sur le fil !

Si je devais aller plus loin et chercher pourquoi j'ai cette impression qu'écrire fait partie de moi, comme l'ont bien dit les posts d'avant, je tombe sur plusieurs choses, qui sont complètement intriqués à mon caractère et à ma façon de percevoir le monde. En vrac :


- parce qu'écrire, c'est faire exister un "truc". C'est créer quelque chose à partir de rien, du néant, du vide : créer une histoire. C'est la rendre réelle - pas au sens où elle se passe en vrai mais où, au-delà de juste avoir des idées enfermées dans son cerveau, elle acquiert une existence, fixe, dans la réalité, puisqu'elle peut être lue, transmise, discutée, comprise par autrui. C'est un peu magique. Ça fait partie de ces choses qui enchantent la vie. On prend des bouts d'idées, on les tisse, on les fait pousser, et hop, ça fait une histoire, une "chose" qui existe en soi et qu'on peut partager. On fait de la magie quand on écrit. Je trouve ça fou (<-- regard illuminé de savant fou)


- parce qu'écrire, c'est communiquer. Même si on écrit pour son propre plaisir, dès lors qu'on décide de travailler un texte, c'est pour qu'il soit potentiellement lisible, c'est-à-dire qu'il provoque des effets sur autrui (évoque des sentiments, des pensées, des envies de lire la suite, etc. etc.). Mais c'est une communication, par les mots, qui va au-delà des mots. On peut dire, dans un roman, une infinité de choses qui seraient très ennuyeuses si on essayait de les exprimer directement. On peut créer un sentiment épique, on peut magnifier la haine, l'espoir, l'amour, le courage, la peur, on peut exprimer des idées sur le monde, sur la vie, sur l'être humain, sans partir dans une péroraison rébarbative. Le lecteur puisse dans ce qu'il lit des choses qui échappent à l'auteur : il fait son marché dans le texte à travers sa propre sensibilité. Mais lesdites choses sont là, dans le livre, que l'auteur ait fait exprès de les y mettre ou non. C'est pour ça qu'on peut écrire pour être moins seul, et que c'est pas pour autant pathétique - au contraire. L'auteur peut communiquer une multitude d'idées et d'impressions - et ce qui est superbe, je trouve, c'est que le lecteur n'est pas passif, il est le second pôle de cette communication, il pioche, il réinterprète. C'est comme une sorte de dialogue entre de parfaits inconnus... (dans le cas des livres publiés ; avec des moins inconnus, quand vous montrez votre roman à tata Marguerite, mais l'idée est la même ).

- parce qu'écrire c'est raconter, et que raconter, c'est donner du sens. C'est vrai : si vous avez une chose qui existe quelque part sans que quelqu'un la voie, la nomme, la comprenne - mettons, un caillou perdu dans l'univers -, cette chose n'existe que tout faiblement, elle n'a pas de sens. Elle est là, c'est tout.
Dans la vie, c'est pareil : on vit notre vie, qui a certes un début et une fin (snif), mais qui est pleine de chaos, de changements, qui n'a pas de sens, de direction. Tandis que dès qu'on raconte une histoire (que ce soit raconter une anecdote vécue ou écrire une trilogie époque), on met du sens. Tous les éléments sont là pour une raison. Ils s'agencent, mènent à un dénouement, le sort des personnages est réfléchi. C'est rassurant. C'est beau, d'une certaine façon. En écrivant des histoires, on donne un peu de sens à la vie - littéralement.


- parce qu'écrire, c'est avoir un but. Je parle pas d'édition, de succès, de lauriers dans la soupe et d'escort-girls dans le champagne (euh, je m'embrouille ). Mais quand on écrit, on est toujours dans le "et si...?". On marche dans la rue, on voit une petite fille courir après son ballon, et on se dit "et si elle arrivait à l'attraper, et que le ballon la soulève du sol et l'emporte dans une contrée magique ?". On goûte un plat nouveau et on se dit "tiens, comment je décrirais ce goût, cette texture, si je devais la mettre dans un texte ?". Tout ce qu'on dit est une source d'inspiration potentielle, du coup ça magnifie un peu ce qu'on vit, parce que tout peut servir les histoires qu'on écrira. Ça donne du sens à la vie, aussi, d'une autre façon. Des fois je me dis - non sans une certaine inquiétude pour ma sociabilité - que l'une des rares choses sûres et certaines à laquelle je peux me raccrocher dans ma vie, une des rares choses qui ne passe pas avec le temps, qui ne va jamais se retrouver vide de sens par un coup de déprime... c'est le fait d'inventer des histoires (et d'en lire). Parce que ça fait partie de ma façon de percevoir le monde, et que c'est "productif" au sens où cette façon de voir le monde produit un résultat (l'histoire, le texte). Qu'il soit bon, mauvais, inachevé, illisible, sans intérêt, etc., c'est secondaire. Ce qui compte c'est qu'il sera toujours là.


- parce qu'écrire, ça permet de rentrer dans les têtes des gens. Faut dire que j'ai toujours rêvé d'avoir le pouvoir du professeur Xavier de X-Men Et pour écrire, il faut faire un peu ça. D'une part, il faut essayer de se mettre dans la tête du lecteur pour voir comment il percevra la scène qu'on est en train d'écrire, afin d'arriver à le prendre par la main pour l'amener où on veut. Bien sûr, c'est illusoire, parce qu'on ne contrôle jamais le lecteur, mais l'exercice est là, nécessaire, consciemment ou pas, pour arriver à faire passer des impressions dans son texte. Mais, surtout, écrire c'est inventer des personnages et des situations, des caractères et des façons de penser. C'est entrer dans une tête qu'on imagine (et qu'on ne contrôle pas toujours ), c'est se glisser dans la peau d'un personnage qui n'a ni le même vécu ni le même caractère que soi, c'est devenir un peu lui le temps de l'écriture, transposer une façon de penser et de percevoir le monde. C'est sortir de soi, aller vers ailleurs. Et ça, ça, c'est addictif


- et puis, du coup, parce qu'écrire c'est avoir touuuut le Pouvoiiiiir, muahaha ! Non, sérieusement : quand on écrit un texte, même si on ne contrôle pas tout, on est le maître absolu. On peut faire ce qu'on veut. Être qui on veut. On contrôle tout, depuis le menu de la taverne jusqu'à l'orage qui se déchaîne sur les personnages. On est derrière tout ce qui se passe, même si c'était pas prévu et qu'on improvise, qu'on change de plan avec l'impression que le personnage nous mène par le bout du nez ; au final, tout ça, cet univers, ce personnage récalcitrant, ils n'existent que parce qu'on est là. On est un peu Dieu dans nos textes : on les crée, on est à l'origine de tout ce qui se passe, on leur donne du sens, et ce, juste parce qu'on a eu envie de les écrire - on peut faire ce qu'on veut. Et ça, c'est super cool #JeVeuxDesSuperPouvoirs.


Je dis "on" pour pas dire "je" parce que je me sens un peu ridicule avec mes grandes assertions



Rhaaa, du coup, j'ai envie d'écrire, maintenant

[Florie]

Rhaaa, du coup, j'ai envie d'écrire, maintenant

+1! Ton pavé donne envie de se replonger dans toutes ces histoires, créer des menus de taverne et des tempêtes pour les personnages

Je trouve qu'en effet tous les aspects importants ont déjà été abordés dans les grandes lignes sur la question.
Je me souviens d'une vidéo TED d'Elizabeth Gilbert, qui a écrit Mange, Prie, Aime. Elle parle très bien de cette "vocation", elle l'appelle sa "maison". Elle explique que, gros échec ou énorme succès, au final, ce qui compte c'est de continuer à écrire, parce que c'est sa maison.
C'est une raison d'être en fait. En tout cas, c'est ma raison d'être. Le truc où quand je serai sur mon lit de mort à repasser ma vie en revue, je serai fière d'avoir fait, même si je n'ai jamais eu de succès.

Après bien sûr il y a toutes ces histoires qui papillonnent dans le cerveau et qui crient à la libération.
Et le sentiment de construire son propre monde, c'est vrai que c'est super important, pour moi en tout cas. J'avoue que j'adore avant tout créer des univers, des sociétés, des mondes, puis y poser des personnages et voir ce qui se passe. Poser des questions de société, de philosophie, sur la nature humaine, la vie et les émotions, aussi.

Mais le fond de la question, le pourquoi... Pourquoi avoir les doigts qui démangent comme ça? Je ne sais pas. C'est comme ça depuis toujours, en ce qui me concerne. C'est comme un bout de mon âme, un truc qui donne du sens à ma vie. Je me souviens que j'en avais fait un post de blog il y a quelques temps, d'ailleurs, si jamais ça vous intéresse d'avoir plus de détails

[Izru]

Confession time. Je suis dans une période où mon challenge bat de l'aile. Je l'ai trouvé pourri et réécrit, je ne sais pas si c'est par perfectionnisme, et puis je veux chambouler le scénario, fusionner des personnages comme j'en ai créé, bref c'est n'importe quoi. Et puis je me suis égarée dans une fanfiction et j'ai même perdu le désir de la continuer. Et puis, une fois encore, je me suis dit : pourquoi j'écris ?

Quand j'étais petite, je voulais "être écrivain" parce que ça me paraissait un chouette métier d'écrire des histoires. J'aimais lire des tas de livres scientifiques, collectionner, bouger, et créer. Je ne sais pas si j'ai beaucoup d'imagination, parce que, jusqu'à preuve du contraire, il n'y a aucun moyen de se comparer à autrui (à la limite, l'anxiété ?). J'ai donc plagié un roman que j'avais lu et je ne l'ai pas fini. Je rêvais d'être publiée.

Au collège, j'ai voulu écrire parce que les univers et les possibles se bousculaient au portillon dans ma tête, et que j'étais déprimée. Pas dépressive, parce que je n'ai pas envisagé le suicide. La vie n'avait juste aucun goût. Je bossais pour que ma mère soit fière de moi. Je n'étais pas capable d'avoir des véritables amis, presque des amis tout court. J'écrivais un chapitre, deux, trois, puis je m'arrêtais. J'écrivais parce qu'écrire, ça doit libérer je ne sais quelles hormones ou médiateurs dans la tête qui rendent euphoriques. J'avais encore l'ambition d'être publiée, mais un espoir nuancé.

Lycée. J'ai essayé encore, cette fois par une sorte d'orgueil et de plaisir hormonal. Puis je me suis mise à écrire des fanfictions. Parce qu'après un essai, j'ai été heureuse de découvrir qu'il y avait des gens enthousiastes à l'idée de savoir la suite de mon histoire, ou même qui aimaient mon humour (alors qu'IRL, les rares personnes qui comprennent que je fais de l'humour me trouvent désespérante). Je suis donc devenue accro au contact avec les lecteurs. Mon bonheur d'écrire des scènes excitantes était doublé par le fait qu'une personne, deux, dix, avaient hurlé de frustration au moment où elles les avaient lues. J'ai fini des histoires.

PACES. J'écrivais pour ne pas perdre la tête. De nouveau (inconsciemment) pour lutter contre la dépression. J'ai écrit des scénarios et des scénarios de fanfictions, de romans, de séries, j'ai inventé des univers, des personnages, ils vivaient avec moi. Ils me détournaient de cette double année d'isolement, après un lycée où mes camarades avaient cessé de me regarder comme si j'étais laide, puante, méchante et dangereuse (c'est du moins ce que la déprimée en moi avait vu). J'ai aussi appris pour ma maladie chronique qui avait provoqué ma déprime, et commencé à me soigner. J'ai voulu écrire pour mes malheureux personnages qui sont nés dans ma tête et seraient condamnés à ne pas exister si je ne rédigeais pas tout ça.

Aujourd'hui. J'ai tenté d'écrire pas mal d'histoires, mise en confiance par mes réussites en matière de fanfiction où j'étais allée jusqu'au bout. Mais chaque fois, je trouve mon écriture mauvaise/mon scénario fragile/mon histoire nulle. En plus, j'ai depuis peu un gros problème : je suis heureuse ET occupée. Je n'ai plus besoin de mon lot d'hormones du bonheur. Je n'ai même plus envie d'âtre publiée, parce que ça me paraît nul de ne pas savoir si les lecteurs ont vibré sur telle ou telle scène que j'ai été euphorique d'écrire, sinon dans des chiffres de vente et à la limite des salons. Je veux juste finir une histoire potable pour mes parents, qui m'ont connue irritable, enfermée dans ma chambre pour écrire et à qui je ne montrais presque rien, parce que ce n'était "pas assez bien".

Du coup, en général j'ai écrit pour le bonheur que ça procure. Et là j'écris pour mes parents.

Non, en fait, là j'écris pour achever cette histoire sans mots qui a commencé quand j'ai appris à écrire. C'est comme si je me battais contre un démon en moi. Chaque fois que je me suis dit "là, je risque de mourir", un monologue s'est déroulé dans ma tête, un monologue qu'on pourrait résumer par "NON ! Je ne peux pas mourir en ayant planté tous mes personnages, je ne peux pas mourir avant d'avoir terminé un roman !". Ecrire c'est un peu comme si c'était devenu l'objectif ultime de ma vie et qu'après seulement je pourrais être tranquille et vivre comme les autres. Et ça me fait me sentir pathétique. Ridicule. Juste ridicule.

(pour ceux qui auraient lu jusqu'au bout:)

Il y a des gens comme moi ou je suis juste un cas psychiatrique ?

Spoiler: montrer

Des fois je me dis que tous les auteurs sont comme moi. Des fois je me dis que je suis juste une tragédienne.