[A] Construire et raconter une histoire, d'un pays à l'autre

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ilham
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Re: Construire et raconter une histoire d'un pays à l'autre

Message par ilham »

Guy Le Heaume a écrit : un auteur francophone du Liban, un auteur francophone de Guinée Bissau et un auteur francophone de Saint Pierre ne vont pas écrire et raconter leur livre de la même manière bien qu'ils partagent une langue commune.
Et pourtant si, il existe des points communs entre les auteurs francophones de ces différentes régions du monde. Pourquoi ?
Parce qu'ils partagent la même vision de la langue française et des belles lettres.
C'est quasiment une idéologie, je trouve... la francophonie.
Et on retrouve la même volonté de mettre la langue en avant, son vocabulaire, ses spécificités, ce qui en fait des livres au style très particulier qui ne ressemble en rien à la culture locale.

Par exemple, si on prend le Liban, la littérature arabophone n'y a pas du tout les mêmes canons de beauté que son homologue francophone.
Elle est très poétique, mais pourtant très légère et très simple à lire aussi...
pas de style lourdingue, ampoulé, emprunté ( c'est mon jugement, d'autres adoreront bien sur ! )... qui caractérise pas mal d'auteurs francophones des pays arabes, africains ou antillais... qui me semblent toujours vouloir en faire trop avec les mots.

Peu d'auteurs, comme Amin Maalouf, parviennent à faire la synthèse des deux cultures littéraires d'ailleurs...

Enfin, c'est ce que j'ai pu remarquer...
Une amie vivant au Maroc a remarqué la même chose concernant les auteurs de ce pays... selon qu'ils soient arabophones ou francophones...
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Francis Ash
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Message par Francis Ash »

Colcoriane a écrit :
A votre avis, raconte-t-on les histoires de la même façon d'un endroit à l'autre, d'une culture à l'autre ? Raconte-t-on les mêmes histoires, d'ailleurs ?
Là-dessus, je suis bien certain que non. Il y a sans doute une question de culture derrière tout ça, mais difficile de faire adhérer à la même histoire des descendants des peuples nordiques, asiatiques, européennes, africaines ou persans, par exemple.
Les best-sellers mondiaux sont rarissimes, et même parmi ceux-ci, je suis convaincu qu'il y a de fortes disparités d'un continent sur l'autre. Pas sûr que Harry Potter ait connu le même succès en Chine qu'en Turquie ou qu'en Europe, par exemple.

Sur la façon de raconter, c'est un peu la même chose. Moi qui aime bien les mangas, j'ai souvent constaté que chez eux, le destin a souvent une place très importante. En europe ou aux états-unis, cette approche est plus rare. Au contraire, on aime penser que rien n'est écrit, et que chacun peut écrire le scénario de sa propre vie.

Colcoriane a écrit : J'ai lu des fois dans la mare que la SFFF française se démarquait par rapport aux autres récits de SFFF. Sous quel rapport au juste ?
Pour ce que j'en ai entendu dire (dans une interview de Stéphane Marsan, d'ailleurs) la SFFF francophone se démarque par son style, souvent plus travaillé que dans les productions étrangères, en particulier américaines. Mais le même Marsan regrettait un manque de punch (ceci dit, cette interview datait de 2009 si j'ai bonne mémoire, il a pu changer d'avis ;))
Colcoriane a écrit : Enfin, une question qui découle des précédentes : si vraiment il y a une différence dans la façon de construire et de raconter les histoires, dans quelle mesure peut-on se fier à des conseils d'auteurs étrangers, comme par exemple Card ou Stephen King ? N'y a-t-il pas risque de se faire absorber par une façon de raconter différente et du coup, de perdre petit à petit ce qui fait la spécificité de la SFFF française, quelle qu'elle soit ?

A titre d'exemple, je suis en train de lire Personnages et Points de vue, de Card, et il y a une idée qui m'a marquée (bon, je lis en VO, j'ai aussi pu mal comprendre) : il laisse entendre que le seul temps usuel pour la fiction est le passé, et très occasionnellement le présent mais que c'est plutôt réservé aux nouvelles - sous entendu, on ne peut pas écrire de longs récits au présent. Or j'ai en tête plein d'exemples de romans au présent. Est-ce que c'est juste l'opinion de Card, ou une tendance propre à la littérature anglophone ? Dans le deuxième cas, les quelques conseils qu'ils donne sur l'utilisation des différents temps ne sont peut-être pas adaptés à ceux qui écrivent en français. Ou bien c'est moi qui délire, c'est possible aussi ^^
Qu'en pensez-vous ?[/quote]

Je n'ai pas lu P&PdV de Card, ni en VF ni en VO, donc je ne peux pas donner d'avis sur l'ouvrage dans sa globalité.
Beaucoup de romans sont écrits au passé, ça c'est très vrai. Dire que c'est la norme me semble un peu exagéré, et marqué du sceau de l'auteur.

Pour ce qui est d'utiliser les conseils d'un auteur américain pour nous auteurs francophones, c'est une question intéressante. Par extension, ça pose la question : "est-ce que le modèle de cet auteur est transposable dans d'autres cultures ?"
Pour Card, la question reste posée.
Pour King, avec ses centaines de millions de romans vendus dans le monde, je pense qu'on peut répondre par l'affirmative.
Malgré son succès commercial - qui se double ces dernières années d'un succès critique - je ne trouve pas ses romans commerciaux. Pour moi, King dispose de plusieurs forces :
1 - ses personnages sont marquants, attachants, efficaces. Pour le coup, quelle que soit la culture, je crois que personne n'adhérera à une histoire s'il n'adhère pas d'abord aux personnages.
2 - le côté un peu "roots" de ses dialogues. Quand il faut faire dire "pute" a un personnage, il ne va pas lui faire dire "prostituée" ou "péripatéticienne" ou autre synonyme. Ca lui a d'ailleurs valu pas mal de critiques assassines, mais chez King, on ne transige pas avec la spontanéité des dialogues.
3 - le respect des codes du genre qu'il a choisi. Dans le fantastique, il n'y en a pas tant que ça, il faut faire peur, il faut un méchant, il faut que le héros souffre avant de gagner, il faut qu'il y ait des morts, et il est conseillé d'éviter les happy ends (ou de les teinter d'une couleur sombre et incertaine, genre "ça se finit bien... Pour le moment." Ses histoires ne se basent pas toujours sur des choses très très originales (un virus qui tue presque tout le monde dans "Le Fléau", des extra-terrestres pas gentils dans "Les Tommyknockers", une fille qui a des pouvoirs surnaturels qu'elle découvre accidentellement ("Carrie", "Jessie")... Mais ce qu'il fait de ce point de départ est suffisamment intéressant pour qu'on s'y intéresse.

Voilà pourquoi je pense que son modèle est transposable, et que je lis avec plaisir "Ecriture" pour prendre des notes.
Ceci dit, comme je suis fan de King, il se peut que mon jugement s'en trouve un peu altéré ;)
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ilham
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Re: Construire et raconter une histoire d'un pays à l'autre

Message par ilham »

Je suis d'accord sur un tas de choses concernant King ( que j'adore ! ;) ) sauf une : s'il a conquis des millions de lecteurs à travers le monde c'est aussi en partie parce que il ne respecte pas toujours vraiment les règles du genre fantastique ! Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si tu cites ses œuvres les plus anciennes qui elles étaient clairement inscrites dans ce registre.
Depuis, nombre de ses romans intègrent très très peu de fantastique...
Je pense notamment à La Petite Fille qui aimait Tom Gordon. Mais même des récits comme Bazar, Jessie, Rose Mader sont à la limite...
Même la saga de la tour sombre joue avec les codes.
Ca a favorisé, je pense, l'adhésion d'un large public qui n'aurait pas adhéré à Carrie ou Simetière...
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Beorn
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Re: Construire et raconter une histoire d'un pays à l'autre

Message par Beorn »

Franchement, on est tellement imprégnés de fictions américaines que je ne vois pas comment la vision d'un auteur américain, comme Card, pourrait nous influencer plus que les centaines de films et de romans "américains" que nous avons connus depuis le berceau.
En France, il y a pas mal de gens qui ne vont jamais voir un film français. Et en SFFF, tout particulièrement, il y a une majorité assez écrasante de lecteurs qui ne connaissent que des auteurs américains. Donc... les techniques de ces auteurs ne rebutent pas le public français, c'est le moins qu'on puisse dire.
Et je pense qu'on peut en dire autant en Allemagne, en Italie, en Belgique ou dans les pays qui nous sont culturellement proches.

Personnellement, je suis un amoureux des histoires et des livres et je me fiche complètement du drapeau de l'auteur. Les personnages m'emportent ou non avec eux, l'univers apparaît ou non sous mes yeux... Si l'auteur est français, je suis content parce que ça veut dire que je pourrais sans doute le voir en chair et en os, mais sinon... pour moi, ça ne change rien. Et je n'arrive pas à voir de différence d'une nationalité à l'autre (mais il est vrai qu'en SFFF on voit très peu d'auteurs non occidentaux).
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Francis Ash
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Re: Construire et raconter une histoire d'un pays à l'autre

Message par Francis Ash »

ilham a écrit :Je suis d'accord sur un tas de choses concernant King ( que j'adore ! ;) ) sauf une : s'il a conquis des millions de lecteurs à travers le monde c'est aussi en partie parce que il ne respecte pas toujours vraiment les règles du genre fantastique ! Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si tu cites ses œuvres les plus anciennes qui elles étaient clairement inscrites dans ce registre.
Depuis, nombre de ses romans intègrent très très peu de fantastique...
Je pense notamment à La Petite Fille qui aimait Tom Gordon. Mais même des récits comme Bazar, Jessie, Rose Mader sont à la limite...
Même la saga de la tour sombre joue avec les codes.
Ca a favorisé, je pense, l'adhésion d'un large public qui n'aurait pas adhéré à Carrie ou Simetière...
C'est vrai qu'il a aussi écrit des récits totalement hors SFFF, ou à la limite du genre. Je n'ai pas (encore) lu tous les King, mais j'ai l'impression qu'après avoir commencé en respectant les codes, il a décidé de s'en écarter. Il a commencé avec Richard Bachman, puis il a poursuivi. Manifestement, il ne se pose pas trop de questions, il écrit comme ça vient, capable de nous sortir de la pure SF comme "Under the Dome", ou des oeuvres dans lesquelles il n'y a aucune trace de SFFF comme "Misery".
Beorn a écrit :Franchement, on est tellement imprégnés de fictions américaines que je ne vois pas comment la vision d'un auteur américain, comme Card, pourrait nous influencer plus que les centaines de films et de romans "américains" que nous avons connus depuis le berceau.
En France, il y a pas mal de gens qui ne vont jamais voir un film français. Et en SFFF, tout particulièrement, il y a une majorité assez écrasante de lecteurs qui ne connaissent que des auteurs américains. Donc... les techniques de ces auteurs ne rebutent pas le public français, c'est le moins qu'on puisse dire.
Et je pense qu'on peut en dire autant en Allemagne, en Italie, en Belgique ou dans les pays qui nous sont culturellement proches.

Personnellement, je suis un amoureux des histoires et des livres et je me fiche complètement du drapeau de l'auteur. Les personnages m'emportent ou non avec eux, l'univers apparaît ou non sous mes yeux... Si l'auteur est français, je suis content parce que ça veut dire que je pourrais sans doute le voir en chair et en os, mais sinon... pour moi, ça ne change rien. Et je n'arrive pas à voir de différence d'une nationalité à l'autre (mais il est vrai qu'en SFFF on voit très peu d'auteurs non occidentaux).
C'est sûr que sous nos latitudes, SFFF = outre atlantique ou outre manche dans l'immense majorité des cas.
Si ça se trouve, il y a d'excellents auteurs de SFFF sud-coréens ou zimbabwéens, mais on n'entendra jamais parler d'eux :pleure:
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Re: Construire et raconter une histoire d'un pays à l'autre

Message par tomate »

pas de style lourdingue, ampoulé, emprunté ( c'est mon jugement, d'autres adoreront bien sur ! )... qui caractérise pas mal d'auteurs francophones des pays arabes, africains ou antillais... qui me semblent toujours vouloir en faire trop avec les mots.
Moi, c'est justement ce style surchargé qui me désespère chez les auteurs francophones, d'autant que je trouve que c'est très mal adapté à la fantasy, en particulier quand on veut écrire une scène d'action, ou en général du mouvement.

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Anaïs
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Re: Construire et raconter une histoire d'un pays à l'autre

Message par Anaïs »

Peut-on avoir des exemples ? Pas pour leur jeter la pierre, juste les jeter dans ma PAL (dès que j'aurai fini tous les Robin Hobb :wow: )
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Re: Construire et raconter une histoire d'un pays à l'autre

Message par Anonyme_Quatre »

Pour ma part, j'aime beaucoup l'écriture de Jaworski, Damasio ou encore Beauverger :) Je ne trouve ça ni lourdingue ni désespérant en tout cas, c'est un plaisir à les lire et à les relire :love:

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ilham
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Re: Construire et raconter une histoire d'un pays à l'autre

Message par ilham »

Yasmina Khadra en Algérie
Tahar Ben Jelloun ( je le classe ici, mais je reconnais que c'est superbement bien écrit. C'est juste que moi, dans un roman, je perds le fil de l'histoire quand l'écriture est si travaillée) Faudrait que je demande à la copine pour d'autres exemples marocains.
Il y a aussi une auteure africaine assez connue mais dont je n'ai plus le nom en mémoire...
Chamoiseau pour Les antilles
Pour les plus connus et dont je me souviens du nom là, à la minute ! ;) Alzheimer précoce...

Ce sont, je crois, des auteurs qui ont été bercés par la poésie, style Aimé Césaire, Leopold Senghor... Ca donne une certaine idée de ce que doit être l'écriture, je pense...

Après oui, ce ne sont pas des auteurs de sfff... et cela ferait sans doute étrange dans un roman rempli d'actions. Quoique Khadra arrive à décrire une fusillade avec de longues envolées lyriques... Et j'ai lu il y a quelques semaines des extraits d'un auteur américain à succès qui étaient vraiment bien écrits ( rhaa... son nom !!!)

Nariel : damasio, oui, ça me dit quelque chose !
Oui, comme je disais ces auteurs ont leur public. C'est une question de gout...
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Re: Construire et raconter une histoire d'un pays à l'autre

Message par Guy Le Heaume »

ilham a écrit : Et pourtant si, il existe des points communs entre les auteurs francophones de ces différentes régions du monde. Pourquoi ?
Parce qu'ils partagent la même vision de la langue française et des belles lettres.
C'est quasiment une idéologie, je trouve... la francophonie.
Et on retrouve la même volonté de mettre la langue en avant, son vocabulaire, ses spécificités, ce qui en fait des livres au style très particulier qui ne ressemble en rien à la culture locale.

Par exemple, si on prend le Liban, la littérature arabophone n'y a pas du tout les mêmes canons de beauté que son homologue francophone.
Elle est très poétique, mais pourtant très légère et très simple à lire aussi...
pas de style lourdingue, ampoulé, emprunté ( c'est mon jugement, d'autres adoreront bien sur ! )... qui caractérise pas mal d'auteurs francophones des pays arabes, africains ou antillais... qui me semblent toujours vouloir en faire trop avec les mots.

Peu d'auteurs, comme Amin Maalouf, parviennent à faire la synthèse des deux cultures littéraires d'ailleurs...

Enfin, c'est ce que j'ai pu remarquer...
Une amie vivant au Maroc a remarqué la même chose concernant les auteurs de ce pays... selon qu'ils soient arabophones ou francophones...
Je ne suis pas d'accord. Prenons au pif deux romans de deux pays francophones : Samarcande de Amin Maalouf et les Sept Solitudes de Lorsa Lopez de Sony Labou Tansi. Je suis d'accord pour dire que le choix de l'écriture en langue française détermine un socle minimum commun de connaissances entre les deux auteurs. A partir de là le choix peut être motivé par la littérature, la politique... De mon point de vue la francophonie est davantage une culture commune qui se diversifie en plusieurs branches que l'inverse.

Ce que tu notes à propos de la littérature arabe est très juste car la poétique est bien plus vivante qu'en France - ce qui peut certainement créer des amalgames curieux puisque le Liban est un pays francophone. Cela me fait d'ailleurs penser au statut de la langue française. La France doit être le pays le moins fier de sa langue alors que le français est une langue réputée autour du monde entier... Mais c'est un autre sujet.
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ilham
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Re: Construire et raconter une histoire d'un pays à l'autre

Message par ilham »

Je mets à part Amin Maalouf ;)... car justement c'est un des rares à réussir l'alliance des deux cultures littéraires, il me semble...
Le Liban n'est pas spécifiquement francophone. Les Libanais (en tout cas, la partie de la population qui se veut lettrée ; mais c'est le cas aussi du gamin lambda dans la rue) maitrisent aussi bien l'anglais et l'arabe que le français...
Population commerçante par essence depuis l'Antiquité. ;)

En tout cas, je ne mets pas Maalouf sur le même plan qu'un Khadra...

Après, c'est juste une observation empirique que beaucoup de personnes autour de moi, dont certaines sont originaires ou vivent dans ces pays, constatent. Ca n'empêche pas que tu peux bien sûr trouver des exemples contraires. Tous les auteurs africains francophones ne répondent pas à ces critères. Ils sont plus proches de la culture de leur pays, tout en écrivant en français et je les préfère d'ailleurs ! Même s'ils ne gagnent pas, eux, de grands prix littéraires... et sont loin d’être connus du grand public.

Mon interprétation ? C'est qu'une partie des auteurs francophones en fait trop par complexe de supériorité ( ou d'infériorité vis à vis des auteurs métropolitains ?) C'est sans doute inconscient et ça produit de très belles choses ( Tahar ben Jelloun...) mais on ne peut pas nier que c'est un phénomène qui touche tous les pays de la francophonie...
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Re: Construire et raconter une histoire d'un pays à l'autre

Message par tomate »

Peut-on avoir des exemples ? Pas pour leur jeter la pierre, juste les jeter dans ma PAL (dès que j'aurai fini tous les Robin Hobb )
Je dirais que dans le domaine de la fantasy francophone, c'est la règle! Il y a quelques rares exceptions comme Javorski . C'est d'autant plus difficile à digérer quand on est habitué au style beaucoup plus fluide des auteurs anglophones.

L'exemple que je pourrais te citer, c'est les aventures de Djeeb, de Laurent Gidon. C'est deux romans pleins de rebondissements comiques et d'action, mais c'est noyé sous tellement de descriptions qu'on a du mal à suivre ce qui se passe.

Ne le jette pas tout de suite de ta PAL, le style est magnifique, mais ne sert pas l'intrigue.

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Re: Construire et raconter une histoire d'un pays à l'autre

Message par Anaïs »

Ok merci :)
Après, n'est-ce pas la spécificité d'un écrivain ? J'ai toujours un peu de mal à attribuer des caractéristiques de style à un pays ou une culture, car après tout, on ne peut pas tout lire, et penser qu'un ou deux écrivains sont représentatifs de toute une catégorie me semble un raccourci un peu hâtif.
Pour ce qui est de la SF française, je n'ai pas lu beaucoup d'auteurs, j'en ai trois qui me viennent à l'esprit parce que ce sont des "têtes d'affiche", Barjavel, Werber et Damasio. Et chacun a un style radicalement différent, ce qui fait qu'aucun ne pourrait à mon avis être pris comme exemple représentatif de la SF française.
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Re: Construire et raconter une histoire d'un pays à l'autre

Message par ilham »

C'est vrai que sur la SF ou le fantastique, difficile de dire les caractéristiques.
J'ai pas assez lu que ce soit en version anglosaxonne ou française.
Il y a Bordage aussi, comme auteur contemporain.
Maupassant a écrit des contes fantastiques, ne pas oublier Kafka, Jules Vernes... il existe quand même une vieille tradition française dans ce domaine ( qu'on retrouve dans le cinéma avec Méliès, complètement mis aux oubliettes, le pauvre! )
On a tendance à croire que la sfff est l'apanage des USA depuis les années 60, grosso modo, mais le fantastique, la science-fiction sont nées en France au 19e siècle !

(attention ce que je dis sur les auteurs francophones, si je ne cite pas des dizaines d'auteurs, c'est aussi parce que c'est le résultat de discussions avec des amis, pas de mes seules lectures (dont je n'ai pas forcément les livres chez moi ! ) ;). La copine au Maroc connait par exemple très bien le sujet dans ce pays, une autre en Algérie, mais je suis incapable de te citer les auteurs !)
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Re: Construire et raconter une histoire d'un pays à l'autre

Message par Beorn »

tomate a écrit :Je dirais que dans le domaine de la fantasy francophone, c'est la règle! Il y a quelques rares exceptions comme Javorski . C'est d'autant plus difficile à digérer quand on est habitué au style beaucoup plus fluide des auteurs anglophones.

L'exemple que je pourrais te citer, c'est les aventures de Djeeb, de Laurent Gidon. C'est deux romans pleins de rebondissements comiques et d'action, mais c'est noyé sous tellement de descriptions qu'on a du mal à suivre ce qui se passe.

Ne le jette pas tout de suite de ta PAL, le style est magnifique, mais ne sert pas l'intrigue.
Comme Anaïs, je pense que ce sont des préjugés non fondés. La SFFF francophone, c'est quand même des centaines d'auteurs différents. Et par définition, chaque auteur a sa propre manière d'écrire - voir une manière d'écrire qui change à chaque roman. Je ne crois pas du tout à ce genre de déterminisme.
Ici-même, sur ce forum, je trouve qu'on voit bien l'extrême diversité des styles et des approches de l'écriture. Il suffit de parcourir les fils de travail pour voir qu'il n'y a aucune uniformité.

Laurent Gidon a son style, qui n'est pas du tout celui d'autres auteurs français. Les trois lunes de Tanjor, de Ange, c'est extrêmement fluide, il y a de l'action tout le temps, le style est très simple... Le secret de Ji, de Pierre Grimbert...
Je suis français moi-même, et tout le monde s'accorde à dire qu'il y a énormément d'action et de rebondissements dans Les derniers parfaits - certains me le reprochent, même. ^^
A contrario, quand je lis Ursula Le Guinn, qui est américaine (pardon pour les fans) je m'ennuie et je trouve que c'est affreusement contemplatif. On beau être français ou américain ou japonais, on a tous des vies et des influences très différentes, des thèmes ou des obsessions qui nous sont propres, etc.

Quant à la littérature française "non SFFF" à succès, (et sans parler de romans très formatés à la Marc Lévy) quand je lis Daniel Pennac ou Fred Vargas, je n'ai pas du tout l'impression de trouver un style surchargé au détriment de l'intrigue. Au contraire, ce sont des univers complètement foisonnants, remplis de personnages truculents et de péripéties dans tous les sens. Et le style n'a rien de lourd.
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