L'écriture ; l'alcool et la drogue.

Sujets inactifs depuis un an ou plus
Avatar du membre
ilham
Messages : 1850
Enregistré le : dim. nov. 11, 2012 6:17 am
Rang special : 1234

Re: L'écriture ; l'alcool et la drogue.

Message par ilham »

Disons que la réalité offre un cadre beaucoup plus rigide que l'imaginaire sur certains points...
En effet, on ne va pas faire planer tranquillement un mec avec du LSD, en principe... et même si cela peut arriver réellement, imposer au lecteur cette autre vision des faits peut être problématique (le braqueur qui demande sa route au flic...)
Alors que l'auteur dans les genres de l'imaginaire passe un contrat avec le lecteur : des choses pas trop explicables - même si on cherche à les rendre plus ou moins cohérentes - vont se passer...
La logique vous mènera d'un point A à un point B. L'imagination vous mènera partout. Albert Einstein
Mon challenge 2022 : Le cafard

Avatar du membre
Milora
Exploratrice de l'espace temps aux mille auras et psychopompe à ses heures perdues
Messages : 4965
Enregistré le : sam. déc. 18, 2010 8:58 pm
Rang special : Milosoupline
Localisation : Dans le Puits des Histoires Perdues

Re: L'écriture ; l'alcool et la drogue.

Message par Milora »

Oui, voilà, c'est ça ; à mon sens ça s'applique encore plus à un sujet comme le ressenti des personnages lors de telle ou telle expérience imaginaire. Mais sinon, je le répète, je suis d'accord avec vous ^^ Que ce soit en imaginaire ou dans un cadre réaliste, le réalisme est une illusion qui passe par certains codes, et rendre le passage réaliste au niveau du ressenti tient autant de la maîtrise de la langue par l'auteur, que de ses recherches en amont. Mais ça me semble juste plus délicat d'extrapoler sur un shoot d'héroïne que sur une mutation à la suite d'une morsure de moustique alien. Pas au sens où on ne peut pas, au sens où on a moins de marge de manoeuvre, parce que le lecteur n'aura pas tout à fait la même posture par rapport à l'extrait concerné. Encore plus quand il s'agit d'un sujet sensible comme la drogue. C'est ce que je voulais dire, en fait...
Jour de pluie dans une cuisine (Le Mammouth éclairé)

Avatar du membre
ilham
Messages : 1850
Enregistré le : dim. nov. 11, 2012 6:17 am
Rang special : 1234

Re: L'écriture ; l'alcool et la drogue.

Message par ilham »

Oui, je crois comprendre et être d'accord aussi. ;)
Si mon personnage a une tumeur au cerveau, le lecteur va attendre, dans un schéma réaliste, certains symptômes, certaines douleurs, certaines angoisses ou réactions. Et si tu racontes des conneries... ça va mal passer.
Par contre, dans un cadre fantastique, je peux décider que grâce à cette tumeur, il devient télépathe : why not ? Ça ne posera aucun problème et je peux décider que ça lui donne mal au crane ! Ou tout le contraire ! si je veux ! Le lecteur attend même que je prenne cette liberté !
Tout comme il attendra certains codes ( ou alors pas mal de détails pour les déconstruire justement) sur le ressenti d'une prise d’héroïne, et sera sans doute plus ouvert sur la piqure de moustique alien ! ;) quoique, un moustique reste un moustique ! :)

Après, sur les sujets sensibles, on se sent tous plus ou moins à l'aise. C'est selon notre histoire, notre sensibilité. Et cela ne joue pas forcément de la même façon. Avoir connu de près tel sujet peut le rendre complètement repoussoir, ou au contraire attirer, je crois... ça ne répond pas à une règle, je pense.
La logique vous mènera d'un point A à un point B. L'imagination vous mènera partout. Albert Einstein
Mon challenge 2022 : Le cafard

Avatar du membre
Milora
Exploratrice de l'espace temps aux mille auras et psychopompe à ses heures perdues
Messages : 4965
Enregistré le : sam. déc. 18, 2010 8:58 pm
Rang special : Milosoupline
Localisation : Dans le Puits des Histoires Perdues

Re: L'écriture ; l'alcool et la drogue.

Message par Milora »

ilham a écrit :Oui, je crois comprendre et être d'accord aussi. ;)
Si mon personnage a une tumeur au cerveau, le lecteur va attendre, dans un schéma réaliste, certains symptômes, certaines douleurs, certaines angoisses ou réactions. Et si tu racontes des conneries... ça va mal passer.
Par contre, dans un cadre fantastique, je peux décider que grâce à cette tumeur, il devient télépathe : why not ? Ça ne posera aucun problème et je peux décider que ça lui donne mal au crane ! Ou tout le contraire ! si je veux ! Le lecteur attend même que je prenne cette liberté !
Tout comme il attendra certains codes ( ou alors pas mal de détails pour les déconstruire justement) sur le ressenti d'une prise d’héroïne, et sera sans doute plus ouvert sur la piqure de moustique alien ! ;) quoique, un moustique reste un moustique ! :)
Oui, voilà, c'est tout à fait ce que je voulais dire ! :)
Jour de pluie dans une cuisine (Le Mammouth éclairé)

Avatar du membre
nova
Messages : 35
Enregistré le : sam. juin 01, 2013 3:28 pm
Rang special : en rodage

Re: L'écriture ; l'alcool et la drogue.

Message par nova »

Pour répondre à la question initiale, ça m'est déjà arrivé d'écrire en ayant bu quelques verres, et je n'ai pas vu de différence (deux hypothèses : je tiens très bien l'alcool, ou j'écris tellement mal de base que rien ne peut aggraver les choses ^^)
Pour le reste, jamais de la vie. Mais par contre, j'ai des cachets un peu costauds contre la migraine et je me suis retrouvée une fois à "planer" un peu (je devais être fatiguée, je pense). J'ai eu l'impression d'être investie d'une mission divine, et il fallait que j'écrive (ben oui, se mettre devant l'ordinateur et écrire quand on a une migraine, sur le coup, ça me semblait une bonne idée). Le résultat était bien moisi (mais l'idée de base plutôt marrante, cela dit), limite illisible.

Concernant les drogues "dures" (je n'aime pas bien cette distinction, mais bon), j'ai des personnes ressource, et pour avoir un peu travaillé dans le domaine, je suis sûre et certaine que sur le coup, tu es tout sauf productif (en terme d'écriture du moins, parce qu'en terme de connerie, tu atteins plutôt un bon niveau).
Je pense très sincèrement, comme la plupart des gens ici, qu'il n'y a vraiment pas besoin de tester ces substances pour en parler. Les témoignages sont amplement suffisants et il y a plein d'associations qui existent et qui sont toujours ravies de donner les détails nécessaires pour aider à la vraisemblance d'un texte (je pense en particulier aux assos qui sont souvent présentes en festival par exemple, et proposent notamment du matériel stérile, etc.).
Le truc, c'est de trouver les bonnes personnes à qui s'adresser. Et en général, les gens sont ravis d'échanger autour de leur domaine de compétence.

Avatar du membre
Ereneril
Photographe de l'extrême.
Messages : 746
Enregistré le : mer. nov. 15, 2006 3:20 pm
Rang special : S'est débarassé du badge Loser Officiel de la Mare
Localisation : Au fond d'une crypte translavynienne

Re: L'écriture ; l'alcool et la drogue.

Message par Ereneril »

Je reviens sur la question de départ.

Il y a 3 choses différentes :
- écrire à propos des psychotropes (peu importe qu'il s'agisse d'alcool, de drogue douce ou non, voire légale comme certains médocaments)
- écrire sous l'influence de ces substances
- créer sous l'influence de ces substances.

Pour le 1, il est clair qu'avoir soi-même expérimenté peut aider à décrire ce que le personnage peut ressentir. Maintenant, s'agit-il d'un roman introspectif dans lequel ces sensations sont essentielles ou d'un roman dans le quel on va décrire la vie, la déchéance, etc d'un drogué ? Burroughs n'aurait jamais pu écrire le festin nu s'il n'avait pas vécu cette pratique. Maintenant est-ce nécessaire d'avoir pris quelques cuites et fumés des cigarettes qui font rire pour décrire une gueule de bois ou un manque ? Pas forcément. Je suis certain que le net regorge d'articles décrivant avec une précision médicale le phénomène. Au talent de l'auteur de rendre ça littéraire.

Pour le 2, l'écriture sous influence, ça ne me parait pas possible pour écrire du roman. Pour une poésie surréaliste, pour de l'écriture automatique et tout ce genre de procédés littéraires, ça pourrait se concevoir, comme le peintre cité plus haut. Par contre, s'il s'agit d'un roman, ça demande à mon avis un minimum de concentration et de disposition de ses capacités. Même si c'est un plaisir, écrire est une activité qui répond à un minimum de règles (la grammaire par exemple...). Si on ne dispose pas de ses capacités, on va obtenir n'importe quoi.

Maintenant, il y a le 3 : la création. En amont de l'écriture, il y a les idées, l'histoire. Là, le principe de désinhibition de ces substances peut jouer. Le cerveau va réagir différemment de d'habitude. Des enchaînements inhabituels vont se créer. Ca n'est pas du tout garant de qualité, mais d'originalité. Originalité dans le sens personnel. On va penser à des choses auxquelles on n'aurait pas pensé sinon. Maintenant, il est fort probable que si on se replonge, une fois clair, dans toutes ces idées saugrenues, on n'en garde rien. Mais qui sait, peut-être qu'au milieu, une idée inattendue sortira du lot.
"Les coupes d'émeraude", la première pierre des Lithomanciens, a pris forme...

Avatar du membre
Tango's
Messages : 118
Enregistré le : jeu. août 22, 2013 1:15 pm
Rang special : Humain

Re: L'écriture ; l'alcool et la drogue.

Message par Tango's »

Je n'ai pas tout lu, mais j'aimerai rebondir sur ce sujet. J'ai lu l'an dernier "Au bout du labyrinthe" de Philip K. Dick. En préface, il expliquait qu'il avait testé les drogues pour écrire ce livre. Au final, je l'ai trouvé difficilement compréhensif bien que je voyais où l'auteur voulait en venir.
Mon projet : [PA][Post-apocalytique - Fantastique] Les songes infernaux

Avatar du membre
Nuageux
Batracien
Messages : 119
Enregistré le : sam. juin 29, 2013 6:50 pm
Rang special : Poetes des tavernes.
Localisation : Entre Chtonie et Ouranie / Dans un verre.

Re: L'écriture ; l'alcool et la drogue.

Message par Nuageux »

Je reviens sur ce que dit Ereneril rapidement.
--> Pour avoir été confronté un peu à ces problématiques, effectivement, on est pas obligé de connaître la sensation pour en parler. Quiconque à côtoyer un camé peut en parler avec assez de précisions et de glauquitude. Cependant, soyons clair que si c'est le sujet du bouquin en lui-même, on peut lire tout ce que l'on veut, si l'on parle de ce que l'on ne connaît pas, on ne feras jamais que répéter ce que d'autres auteurs auront dit... On ne peut pas, véritablement, parler de quelque chose que l'on ne connait pas. Ou alors, en général, le discours est plein de choses approximatives, voir complètement fausses. Ecouter parler un dorgué de la drogue, un drogué qui en est sorti, etc... On sait tout de suite s'il y a du vécu en dessous. Et, pour avoir testé quelques substances moi même, si on peut, a force de se le faire expliquer, se faire une image assez représentative de la chose, on ne peut cependant pas la comprendre vraiment ; d'une certaine façon, quand on l'a vécu, on décrit quelque chose qui justement, est indicible (parce que ca modifie la perception, donc que les mots perdent leur sens général... Je ne sais pas si vous voyez ou je veux en venir.) Donc, pour moi, difficile de faire quelque chose de réellement véridique et/ou novateur sans connaître soi-même son sujet. (Soyons clair : je n'incite ici nullement à la prise de drogue ! Je ne fais que donner mon avis. Ca n'amène aucun jugement de valeur sur qui prend/qui ne prend pas. Je ne veux pas être mal compris ^^. D'ailleurs, la drogue, c'est mal. )

--> Au niveau de l'écriture sous substance, je connais pas mal de gens qui nécéssitent de boire ou de fumer un pétard pour écrire. Moi, ca m'est tout bonnement impossible (poésie surréaliste, comme tu dis, à la limite...). Mais je me souviens d'une blogueuse qui disait qu'elle manquait de sincérité lorsqu'elle n'était pas un minimum pompette. Et l'un de mes meilleurs amis ne peut se plonger entièrement dans sa feuille que lorsqu'il a fumé... Tant qu'on n'est pas à ramper par terre, selon certains écrivains (les deux en question sortent des écrits absolument magnifiques, d'ailleurs !), ca peut donc marcher à mon avis.

Enfin, je rejoins ce que tu dis sur la création, mais sans penser que l'on perde forcément les idées (même si, en effet, ca arrive très, très souvent... Je me souviens d'un festival ou, avec un ami, nous nous sommes dit que la phrase qui résumait tout cela était "il faut n'être que guimauve dans la guimauve"... C'était une métaphore, mais quand même complètement débile pour quelqu'un de sobre. Je passe sur mon état ; évidemment, ca n'a débouché sur rien d'artistique ^^).
C'est toute la fascination des psychédéliques que d'ouvrir l'imagination, les symboles, et les perceptions. On passeras sur tous les mouvements qui les revendiquent, mais il me sembleévident qu'ils peuvent aider à la création. Justement : Philip K. Dick.

Cet auteur a testé toutes les drogues, ne s'en cachent pas, et elles sont omniprésentes dans son oeuvre. C'est le cas typique de celui qu'elles ont "aidées" à écrire (même si elles l'ont détruit, le rendant particulièrement schizo et paranoïaque). Alors certes ses histoires sont parfois farfelues, mais il n'en reste pas moins un auteur majeur, qu'on se doit d'avoir lu, à mes yeux (particulièrement celui où il parle de tous ses potes morts à cause de la drogue, Substance Mort, adapté en film sous le nom de "A scanner darkly", qui est d'ailleurs un excellent film que je recommande.)

Vala vala.
Pour les insomniaques... En Attente de l'Aube, mon livreuh a moi.

Parce que la vie, c'est pas si facile, vous savez.

Répondre