Ecriture et vie sociale

[Dawood]

Bonjours les grenouilles !
Alors je vais vous questionner ici sur ce qui me pose le plus problème dans ma vie de scribouillard : concilier vie sociale et écriture.
J'ai un peu de mal à faire les deux, sans avoir le sentiment que l'un est lésé par l'autre.
J'ai déjà essayé de faire tout l'un, ou tout l'autre, et ça ne marchait qu'un temps avant que l'autre ne manque trop.
Et quand je fais les deux en même temps, il y a toujours un moment où je me sens frustré.
J'ai repris l'écriture il y a un mois à peu près après avoir complètement arrêté pendant trois ans, et là, je redécouvre comme l'écriture est un travail profondément solitaire. J'aime ça, mais déjà un mois en étant moins investi dans ma vie sociale, et j'ai le sentiment que celle-ci s'étiole, et je le vis un peu mal.
Bon, je pense en écrivant tout cela que mon problème est personnel et qu'il vient de mon rapport à l'écriture, ou de mon angoisse d'être "évincé" par une absence (même courte) lors des petits rituels qui jalonnent la vie sociale.
Mais quand même, comment conciliez-vous ces deux aspects de votre vie, chères grenouilles ?

[Lady Célia]

Eh bien écoute, je vais te dire, moi, de mon côté, tout va très bien, j'ai tout le temps qu'il me... Ah, je te laisse ! Ma copine vient d'arriver !

Bon, plus sérieusement, j'ai exactement le même problème que toi. Je n'arrête pas de me plaindre que la vie sociale prend le pas sur l'écriture et que ça m'énerve, parce que je suis frustré de ne pas avoir pu écrire autant que je le voulais et que j'aurais aimé avancé plus vite ou quoi. Et en même temps, quand je ne vois pas assez de monde, mon inspiration a une certaine tendance à se tarir un peu (de fait, l'inspiration, ça vient surtout des activités autres qu'on a, en tout cas pour ma part). Donc oui, c'est un soucis, mais sans en être vraiment un. A la réflexion, je me dis que c'est un mal pour un bien, parce que ma frustration me permet notamment de bien réfléchir à ce que je veux écrire avant de me lancer tête baissée. Rien ne t'empêche, d'ailleurs, de noter une idée que te traverse l'esprit alors que tu es avec d'autres gens !

Bon, de mon côté, je suis aussi très posé et très casanier. Ma vie sociale se résume à de longues discussion, généralement au sein de cercles fermés, ou à des sorties pour aller au cinéma, au théâtre ou au restaurant (je suis même pas fan d'aller dans les bars, c'est dire !). Du coup, souvent, le week-end, j'ai peu de temps pour écrire, car tout le monde est disponible. Et quand j'ai des semaines chargées à cause du boulot ou autre, je me rends comptes que je n'ai écrit qu'un chapitre dans la semaine, parfois moins (c'est peu pour mes critères), et je me dit que ça ne va pas du tout ! Et des fois, ça m'arrive même de refuser de voir certaines personnes, surtout quand je trouve que j'ai du retard sur mon écriture.

Mais, de manière général, je suis récemment arrivé à la conclusion suivante : mine de rien, malgré tous les contretemps, on finit toujours par avancer. L'écriture, c'est long et fastidieux, c'est semé d'embûches etc. On voudrait tout écrire d'un coup, mais c'est jamais possible. Alors le truc, c'est de prendre son mal en patience, de ne pas trop s'alarmer si ça avance à la vitesse d'un escargot et de se féliciter un peu pour chaque avancée. Si tu as l'occasion de prendre le temps d'écrire, fais-le. Les gens autour de toi comprendront sûrement que c'est important pour toi et s'ils ne le comprennent pas, c'est qu'ils sont pas vraiment sympa ! Mais ne te bile pas trop sur le retard que tu prends. Au moins qu'on ne t'impose des délais pour rendre un texte, mieux vaut prendre le temps qu'il faut pour l'écrire que de vouloir se précipiter. Et laisser la vie sociale prendre un peu le pas sur son temps d'écrire, c'est parfois une bonne chose, même si sur le moment, on s'en veut un peu.

En tout cas, c'est le ressenti que j'ai et c'est ce que mon expérience m'apprend. Donc mon conseil, c'est : laisse couler, écris quand tu peux et tu verras, au bout d'un moment, ça se fera tout seul.

PS : Je sais aussi un truc, mais en règle général, même quand ton boulot c'est d'écrire, on a une certaine tendance à rechigner à travailler sur le projet officiel et on voudrait déjà passer à autre chose... Donc en fait, je crois qu'écrire, c'est d'abord et avant tout être frustré de ne pas pouvoir écrire ce qu'on voudrait !

[Kushiel]

Salut Dawood

Alors je vais vous questionner ici sur ce qui me pose le plus problème dans ma vie de scribouillard : concilier vie sociale et écriture.

Je pourrais ajouter une autre variable d'ajustement : la vie familiale en sachant que la vie professionnelle est une constante (obligatoire et chronophage, bien entendue)

J'ai déjà essayé de faire tout l'un, ou tout l'autre, et ça ne marchait qu'un temps avant que l'autre ne manque trop.
Et quand je fais les deux en même temps, il y a toujours un moment où je me sens lésé.

Je crois que tout est question d'équilibre et que cet équilibre varie d'un individu à l'autre. À mon avis, tu n'obtiendras pas de recette miracle, mais chaque grenouille t'apportera sa solution qui lui convient à elle et pas forcément à une autre.
Donc pour enfoncer une porte ouverte, connais-toi toi-même d'abord puis trouve les solutions.

- Dans ta vie, qu'est-ce qui compte le plus ? Ta vie sociale ou ton écriture ? L'une doit passer avant l'autre, sans forcément occuper tout le devant de la scène.

- Au niveau écriture : à mon avis il faut se fixer des limites raisonnables en fonction de son temps et de ses capacités : donne-toi un but à atteindre par semaine sur trois semaines (la quatrième sert à souffler). Quand tu dis que tu n'écris qu'un chapitre par semaine je trouve cela déjà très bien. Tu peux également organiser ton temps différent : aucune vie sociale pendant une semaine, écriture à fond puis tu inverses.

-Organiser son temps d'écriture : je connais une grenouille qui se lève plus tôt le matin pour écrire ; moi j'écris plutôt pendant l'heure de repas : du coup, j'ai "cassé" ma vie sociale avec mes collègues de travail, sans remords, car l'écriture passe avant (mais pas avant ma vie familiale et ma vie sociale, ce qui est mon choix ).

pour que tu trouves une solution qui te convienne et t'aide à t'épanouir

[Crazy]

Et puis discuter sur le forum avec les grenouilles, ça compte comme de la vie sociale

[Edel-Weiss]

Je rejoins les propos de Kushiel pour dire que chaque personne est différente. L'équilibre est difficile à trouver et varie d'une personne à l'autre. Personnellement, je n'ai pas de problème pour concilier écriture et vie sociale, mais écriture et vie professionnelle. Chez moi, ce n'est pas une constante, parce que j'ai un rapport particulier au travail. J'organise mon travail et mes horaires à ma façon, et c'est souvent au détriment de l'écriture (ou de la vie sociale ; comme quoi, les deux peuvent être dans le même panier). Et ce n'est pas forcément un manque de temps - je travaille, je ne peux pas écrire - mais aussi une intériorisation de la contrainte : je dois travailler, je ne peux donc pas écrire. Or, le temps que je passe à culpabiliser de ne pas travailler ou à ruminer, je pourrais le passer à écrire...

Je suis de nature très casanière et je n'ai donc pas de problème quand il s'agit de limiter mes interactions avec les amis ou les collègues. Je ne peux pas vraiment aider sur ce point là. En revanche, je sais que j'ai eu une période d'immense frustration vis à vis de l'écriture ; cela m'a beaucoup ouvert les yeux sur le problème que j'avais : j'en voulais toujours plus. Je vais citer Lady Célia parce qu'elle résume tout à fait mon sentiment :

mine de rien, malgré tous les contretemps, on finit toujours par avancer. L'écriture, c'est long et fastidieux, c'est semé d'embûches etc. On voudrait tout écrire d'un coup, mais c'est jamais possible. Alors le truc, c'est de prendre son mal en patience, de ne pas trop s'alarmer si ça avance à la vitesse d'un escargot et de se féliciter un peu pour chaque avancée. (...) Mais ne te bile pas trop sur le retard que tu prends. Au moins qu'on ne t'impose des délais pour rendre un texte, mieux vaut prendre le temps qu'il faut pour l'écrire que de vouloir se précipiter. Et laisser la vie sociale * prendre un peu le pas sur son temps d'écrire, c'est parfois une bonne chose, même si sur le moment, on s'en veut un peu.

* [remplacer par sociale par professionnelle/amoureuse/familiale ; au choix]

Aujourd'hui, je n'écris plus beaucoup, et je n'écris plus quotidiennement comme je le faisais auparavant. Mais je me félicite de chaque progression. Alors oui, quand je bloque sur un passage ou que je suis trop longtemps sur le même chapitre, je râle. C'est normal de se sentir découragé par sa lenteur parfois, mais écrire demande de la patience et beaucoup de temps. Certaines périodes sont propices à une écriture plus intensive (congés, maladie, chômage, etc.), quand il faut se contenter du temps qu'on a pour les autres moments. Ça fait partie du jeu et je crois qu'il faut surtout apprendre à s'en accommoder !

Après, personnellement, pour gérer mon temps, j'essaye d'évaluer chaque semaine ce que j'ai envie de faire. J'ai un cahier où j'indique ce que je dois faire et ce que j'aimerais faire de mon temps libre. Exemple, je note pour la semaine 1 : aller prendre un café avec machin, jouer aux jeux-vidéos, se garder 20 minutes le soir pour lire un livre, avancer sur le dernier chapitre de Prophétie Nordique, poster un billet sur mon blog et regarder 2 épisodes de telle série. Ensuite, je répartis ces différentes activités sur les jours de la semaine. Lundi, ce sera les jeux-vidéos, Mardi, ce sera Prophétie Nordique, Mercredi, le café avec Machin... etc.
Et je recommence la semaine suivante. Finalement, j'évalue par rapport à la semaine précédente : j'ai pas eu le temps de.../j'ai eu assez de temps pour... Parce qu'il faut savoir être réaliste et ne pas se dire qu'on va faire 1000 activités un soir de la semaine. Donc, il faut apprendre à gérer son temps et à l'évaluer, mais aussi à lâcher-prise (car on n'est pas des machines : on aura jamais le contrôle sur tout et on aura jamais le temps pour tout)

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+100

[Dawood]

Merci pour vos témoignages. Oui, il est certain que l'équilibre quant à cette question est tout à fait personnel et variable selon l'individu, mais c'est intéressant de voir comment font les autres

Et puis discuter sur le forum avec les grenouilles, ça compte comme de la vie sociale

Ouais, sans doute, mais je suis du genre à avoir besoin de vivre ma vie sociale autrement que via un écran et un clavier. J'ai essayé de le faire mais je n'y arrive pas trop, ça ne me convient pas. D'où le fait que je sois quelque peu intermittent sur la mare

[Umanimo]

Vie sociale ? Hein ? C'est quoi encore cette invention ?

[Crazy]

je suis du genre à avoir besoin de vivre ma vie sociale autrement que via un écran et un clavier.

C'est pour ça qu'on fait des irl

[Siana]

En ce moment, moi c'est plutôt ma vie professionnelle qui restreint le reste (39h en 4 jours ). Heureusement, ce ne sera que passager. Je suis frustrée de ne pas avoir le temps d'écrire/corriger, surtout vu mes horaires de nuit je rentre à chaque fois super fatiguée, pas du tout avec l'esprit à me concentrer.
Il n'y a pas si longtemps encore j'avais relativement pas mal de temps pour écrire comme je voulais, et j'avais réussi à établir un rythme quotidien qui me plaisait beaucoup. Je ne vais pas le retrouver tout de suite...
Concernant ma vie sociale, bah j'ai l'avantage d'avoir des parents et une famille qui se portent bien même si je ne les vois pas toutes les semaines. J'aime beaucoup les voir, mais je pense que l'écriture passe avant parce que je sais que ça ne dérange pas mes parents si je ne vais les voir qu'une fois par mois, et moi non plus. Sinon les évènements familiaux sont assez ponctuels, toujours aux mêmes dates chaque année, donc je sais que je n'écrirai pas (ou que très peu) à ces moments-là, ça me va comme ça.
Après, j'ai pas 5000 amis (j'ai même pas face de book ), et une bonne partie n'habitent pas à côté. Donc je ne fais pas des sorties super souvent (généralement des ciné, restau, patinoire, un coucou chez l'un ou l'autre), d'ailleurs j'aime pas sortir trop non plus, j'ai tendance à préférer le cocooning ( ).

Je pense pouvoir en conclure que globalement l'écriture a pris peu à peu le pas sur toute ma vie. Cela dit, je garde du temps pour ma vie familiale et ma vie sociale en fonction du besoin que j'en ressens, et de ce que souhaitent mes proches. Ça me semble assez équilibré, sans trop de frustration (sauf quand ma vie pro devient trop chargée ). Enfin, pour l'instant j'ai pas d'enfants... ceci explique peut-être cela.

[La_louve]

[Mode nolife ON] Une vie sociale ? Quelle vie sociale? [Mode nolife OFF]

[Cecile]

En ce moment, moi c'est plutôt ma vie professionnelle qui restreint le reste (39h en 4 jours ). Heureusement, ce ne sera que passager. Je suis frustrée de ne pas avoir le temps d'écrire/corriger, surtout vu mes horaires de nuit je rentre à chaque fois super fatiguée, pas du tout avec l'esprit à me concentrer.

Idem. Je pars bosser à huit heures du matin et je reviens à huit heures du soir. Obligée de boire du café pour écrire une heure ou deux après...et on n'est vraiment pas sûre de la qualité

Je pense qu'il n'y a pas de vraie solution au problème vie sociale/familiale/écriture...Pas plus que pour le marathonien qui fait des séances de running de 3H ou le fana de photos animalières.
L'autre jour je me disais que ça doit être bien sympa les résidences d'écrivains..on écrit toute la journée et le soir on se retrouve tous ensemble...

[Dawood]

J'ai la chance d'évoluer professionnellement dans un milieu artistique et comme la plupart de mes très bons amis sont d'anciens et d'actuels collègues, il est très bien compris que je puisse m'adonner à une passion comme l'écriture durant mon temps libre, et même, je ne suis pas le seul à le faire dans mes amis.
Mon sentiment de solitude me vient, je crois, du fait que quoi que l'on écrive, et même si l'on discute avec des gens ouverts, on est tout de même véritablement seul dans le processus.
Nous seuls savons ce que nous voulons faire, nous seuls pouvons réellement le comprendre, et nous seuls nous rendons vraiment compte de ce que c'est. En parler aux autres m'est difficile, car ça renforce pour moi mon sentiment que ce que je fais en écrivant ne peut être vraiment compris, ne peut captiver personne, ne peut intéresser réellement personne, tant que le produit ne sera pas achevé. L'interlocuteur, même s'il fait le même travail de son côté, sera dans le même cas mais se sentira tout aussi seul dans le sens où l'histoire qu'il crée est la sienne, et que tant que le roman ne sera pas achevé, il ne pourra pas réellement rendre compte, témoigner, et faire comprendre son travail.
Je ne sais pas si je m'exprime clairement. Pour synthétiser, je crois que mon souci vient du fait que j'ai du mal à communiquer sur un work in progress. J'ai le sentiment que personne ne peut s'intéresser à ça pour le moment, car ce n'est pas crédible encore, c'est brouillon, et aura juste l'air d'une lubie qui ne convaincra personne que ça peut devenir quelque chose de "bon".
Vous ne semblez pas vivre les choses de cette façon, de ce que j'ai pu lire.
Je crois que je dois avoir une sorte de complexe de médiocrité concernant l'écriture Et que finalement, c'est parce que j'ai peur de parler de ce que je fais alors que je n'en suis pas encore content, qu'on me dise que c'est nul ou juste que je capte que ça ne captive pas réellement l'auditoire, et alors je me convainc de ne pas le faire, de ne pas en parler avant que ce ne soit complètement fini. D'où, un sentiment de solitude... qui entraîne des angoisses un peu démesurées concernant les sorties que je ne ferai pas pour rester écrire chez moi.
Hum, bon, désolé pour cette séance d’auto-psychanalyse

PS : je me rends bien compte qu'un endroit comme la mare existe justement pour palier à ce problème Mais je n'ai sans doute pas assez confiance en mes histoires/textes pour pouvoir en profiter

[Umanimo]

Je te comprends Dawood. J'ai du mal aussi à montrer un produit non fini. Une quête de la perfection qui peut être bloquante. Je fais un effort dans mon challenge pour publier des extraits qui ne sont pas totalement aboutis à mon sens. Mais c'est à ça que sert cette partie du forum : à partager, même si ce n'est pas parfait. Ça permet de sortir de cette solitude dont tu parles et à communiquer sur le processus en cours.

[Crazy]

la plupart de mes amis sont loin de Paris, ça limite les occasions de sortir !

C'est pour ça qu'il y a les Tea Corner

Je pars bosser à huit heures du matin et je reviens à huit heures du soir.

Si tu est dans les transports en commun, tu peux pe essayer d'écrire ou de retravailler des bouts de texte ?
(Perso, je pourrais pas tenir ce rythme )

je me rends bien compte qu'un endroit comme la mare existe justement pour palier à ce problème Mais je n'ai sans doute pas assez confiance en mes histoires/textes pour pouvoir en profiter

Tu es dans quel coin, irl ?
Parce que si tu en as l'occasion, rencontrer d'autres grenouilles "en vrai", ça fait du bien aussi, de pouvoir échanger de vive voix

c'est à ça que sert cette partie du forum : à partager, même si ce n'est pas parfait. Ça permet de sortir de cette solitude dont tu parles et à communiquer sur le processus en cours.

Exactement

[Dawood]

Tu es dans quel coin, irl ?
Parce que si tu en as l'occasion, rencontrer d'autres grenouilles "en vrai", ça fait du bien aussi, de pouvoir échanger de vive voix

Je vis à une heure au sud de Lyon, alors oui, je pense que je pourrais sans trop de difficulté rencontrer quelques grenouilles en vrai