L'intérêt d'un texte est-il proportionnel à la dose de rêve qu'il délivre ?

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cedricg
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L'intérêt d'un texte est-il proportionnel à la dose de rêve qu'il délivre ?

Message par cedricg »

Bonjour,

J'ai de plus en plus tendance à juger de l'intérêt d'un texte (ou d'un film/série) en fonction des rêves éveillés, des idées qui me viennent à son contact. Même chose pour une conférence, dont je ressors généralement avec un paquet de notes, pas toutes en rapport avec le sujet. Cela efface souvent quelques défauts qui peuvent être présents sur les autres sujets.

Dans mon expérience, la valeur d'une oeuvre se mesure généralement d'abord par son potentiel à me faire rêver. Suis-je le seul ou est-ce fréquent ? Faut-il prendre en compte ce "sense of wonder" dans nos récits à tout prix ? Est-ce propre à la SFFF, au genre "aventure" ?

Merci
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Siana
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Re: L'intérêt d'un texte est-il proportionnel à la dose de rêve qu'il délivre ?

Message par Siana »

On a 4 h ? :ronge:

Personnellement, je pense qu'on peut rêver en lisant à un sens très large. Cela peut aller de s'identifier à un personnage de drame à cavaler dans le Mordor. Ce qui est magique, aussi, c'est que chaque lecteur vivra forcément l'histoire d'une manière différente ; en fonction de ses goûts, de ses habitudes, il sera davantage touché par tel ou tel détail, tel ou tel défaut d'un personnage, etc. Donc de manière générale il ne me semble pas trop difficile de faire rêver le lecteur si l'on caractérise un maximum nos persos et nos décors/ambiances.
Après, j'ai tendance à penser que " l'intérêt " peut aussi se trouver ailleurs, en particulier dans un concept bien décrit, une intrigue ficelée au détail près, un thème mis en scène de façon astucieuse, etc. Dans ce cas, on ne rêve pas forcément, mais on note quelque chose qui intrigue ou qui suscite la curiosité, qui surprend même, parfois.

Mais bon, je dirais aussi qu'un texte dont on ne retient rien (où l'on ne rêve de rien) peut difficilement nous apporter un intérêt. Il ferait plutôt partie de ceux dont on sort en se disant "ouais, bof, sans plus". Cela dit, personne n'est touché par la même chose, donc il y a toujours des textes que d'autres adorent mais qu'on n'aime pas trop, et inversement. Et même si l'on m'a déjà vanté les mérites de telle ou telle œuvre que j'avais déjà lue sans vraiment apprécier, je n'ai pas le souvenir d'avoir déjà changé d'avis.

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Mel
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Re: L'intérêt d'un texte est-il proportionnel à la dose de rêve qu'il délivre ?

Message par Mel »

cedricg a écrit :Bonjour,

J'ai de plus en plus tendance à juger de l'intérêt d'un texte (ou d'un film/série) en fonction des rêves éveillés, des idées qui me viennent à son contact. Même chose pour une conférence, dont je ressors généralement avec un paquet de notes, pas toutes en rapport avec le sujet. Cela efface souvent quelques défauts qui peuvent être présents sur les autres sujets.

Dans mon expérience, la valeur d'une oeuvre se mesure généralement d'abord par son potentiel à me faire rêver. Suis-je le seul ou est-ce fréquent ? Faut-il prendre en compte ce "sense of wonder" dans nos récits à tout prix ? Est-ce propre à la SFFF, au genre "aventure" ?

Merci
Je ne sais pas si ma réponse correspond tout à fait à ta question mais les textes (c'est valable pour les films et les séries) qui m'intéressent sont ceux qui me font réfléchir (plus que rêver en fait) et parfois, je ne les aime même pas.
En littérature, mon meilleur exemple est celui de L'Education sentimentale de Flaubert que j'ai mis une plombe à lire parce qu'il ne se passe absolument rien, étant donné que le personnage principal, Frédéric Moreau, passe à côté de sa vie. Lire la vie d'un raté, ce n'est pas très intéressant. C'est même plutôt chiant. En revanche, l'étudier ou l'utiliser comme référence, c'est passionnant et j'ai toujours le personnage de Moreau dans un coin de la tête ; pour moi c'est ce qui donne de la valeur à ce roman que j'ai détesté lire.
Je pense que nous sommes assez nombreux à nous abreuver de sources diverses et moi aussi j'ai souvent des idées devant un film ou une série. Pour tout dire, j'ai construit le roman que je suis en train d'écrire sur un mélange de Kieren dans In the flesh et un autre personnage d'un soap allemand tout pourri :mouahaha:

Quant au "sense of wonder", je ne suis pas sûre que l'on puisse l'incorporer volontairement dans un texte sans lui faire perdre son aspect authentique. ça a quelque chose d'artificiel. Et puis, ce que me fait rêver laisse sans doute les autres indifférents alors ça devient difficile de programmer un rêve potentiel. De toute façon, un artiste (dans n'importe quel domaine) c'est quelqu'un qui parvient à dégager de l'émotion (ou du rêve dans le cas de ta question) et ça ne se calcule pas vraiment.

Sur ce, je vais aller me coucher, ça m'évitera de dire n'importe quoi! :sifflote:
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Maden
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Re: L'intérêt d'un texte est-il proportionnel à la dose de rêve qu'il délivre ?

Message par Maden »

Pour moi tout est dans les personnages. S'ils représentent l'humanité dans toutes ses contradictions, s'ils ont une vie (un passé, un présent et un avenir), s'ils me donnent l'impression de les connaitre personnellement - alors leurs aventures et l'univers dans lequel ils évoluent auront un intérêt.

Comme les gens dans la vraie vie, il faut qu'on puisse les aimer, les détester, les prendre en pitié, les respecter, les admirer, les mépriser - bref qu'ils soient vivants et uniques (une personnalité bien définie).

Avec ça, on m’emmène partout, je suis ! :wow: Mais c'est peut-être ça qui me fait rêver aussi ! Des vies diverses et variées... qui me sortent de la mienne.

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Stef-
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Re: L'intérêt d'un texte est-il proportionnel à la dose de rêve qu'il délivre ?

Message par Stef- »

cedricg a écrit :Bonjour,

J'ai de plus en plus tendance à juger de l'intérêt d'un texte (ou d'un film/série) en fonction des rêves éveillés, des idées qui me viennent à son contact. Même chose pour une conférence, dont je ressors généralement avec un paquet de notes, pas toutes en rapport avec le sujet. Cela efface souvent quelques défauts qui peuvent être présents sur les autres sujets.

Dans mon expérience, la valeur d'une oeuvre se mesure généralement d'abord par son potentiel à me faire rêver. Suis-je le seul ou est-ce fréquent ? Faut-il prendre en compte ce "sense of wonder" dans nos récits à tout prix ? Est-ce propre à la SFFF, au genre "aventure" ?

Merci
Je dirais oui, d'une manière générale. Mais pour moi ce n'est pas propre à la SFFF. Et c'est difficile à mesurer...

Un bon récit est celui qui nous fait vibrer, qui nous fait ressentir des émotions. Celui où on arrête tout ce qu'on était en train de faire parce qu'on veut absolument savoir ce qu'il se passe à la fin. A mon sens c'est une "règle" qui pourrait être transposée dans tous les genres de littératures. Les romans (ou les films) où l'encéphalogramme reste "plat" ne m'intéressent pas en tant que lecteur/spectacteur, même si l'univers est très riche et détaillé (pour de la SFFF), même si le sens du détail et de la reconstitution est poussé (pour un récit historique par ex.)

Je crois que toute histoire se base sur une bonne fiction (à part les autobiographies évidemment) et le sens dramatique qui doit aller avec ? :lect:
Maden a écrit :Pour moi tout est dans les personnages. S'ils représentent l'humanité dans toutes ses contradictions, s'ils ont une vie (un passé, un présent et un avenir), s'ils me donnent l'impression de les connaitre personnellement - alors leurs aventures et l'univers dans lequel ils évoluent auront un intérêt.

Comme les gens dans la vraie vie, il faut qu'on puisse les aimer, les détester, les prendre en pitié, les respecter, les admirer, les mépriser - bref qu'ils soient vivants et uniques (une personnalité bien définie).
C'est très vrai ! L'identification aux personnages et l'empathie qu'ils suscitent est un des facteurs les plus importants, et le moteur de l'intrigue en général.

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Ifuldrita
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Re: L'intérêt d'un texte est-il proportionnel à la dose de rêve qu'il délivre ?

Message par Ifuldrita »

Personnellement, je peux aussi bien être attirée et conquise par un texte qui me fait rêver, qui me fait croire que j'y suis et me fait oublier le monde dans lequel on vit, que par un texte qui dépeint toute la laideur des hommes (et donc qui ne me fait pas rêver du tout), ou encore que par un texte particulièrement bien écrit (dans le sens purement "technique" du terme, c'est-à-dire dans la construction des phrases, le choix du vocabulaire).
L'essentiel est de trouver à un instant donné un texte qui correspond à son état d'esprit du moment.
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Re: L'intérêt d'un texte est-il proportionnel à la dose de rêve qu'il délivre ?

Message par Crazy »

En fait, il s'agirait moins de "faire rêver" que de "plonger en immersion" ?

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cedricg
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Re: L'intérêt d'un texte est-il proportionnel à la dose de rêve qu'il délivre ?

Message par cedricg »

Le "sense of wonder" est peut être mal choisi comme expression dans ce cas; on peut effectivement rêver sur un cauchemar, kiffer la forme du texte. Disons que je cherche quand même quels sont les prémisses qui favorisent la pousse d'un sentiment d'émerveillement, de foisonnement d'idée chez le lecteur mis devant un monde imaginaire riche. Je suis un "artiste" qui croit à la théorie, à l'obtention du beau par la recherche et le travail plus que par la magie de l'inspiration (mais quand elle frappe, faut pas dire non).
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Siana
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Re: L'intérêt d'un texte est-il proportionnel à la dose de rêve qu'il délivre ?

Message par Siana »

Je pense que ce que tu recherches est assez difficile à saisir ou à obtenir. Tout simplement parce que chaque projet est différent, qu'il ne transmet pas les mêmes messages ou autre de la même façon. Il me semble toutefois (du moins, c'est ce que j'essaye de faire :psychocoah: ), qu'on peut réfléchir au potentiel de chacun de ses projets en la matière. De manière générale, quand je me mets à préparer une nouvelle histoire, je me demande quel en sont les éléments caractérisants. Si je dois ressortir des mots pour définir mon histoire, quels sont-ils ? Cela peut être des objets utilisés, un trait de caractère, une valeur, un élément du décor, une action de l'intrigue. Et à côté, je me demande : qu'est-ce que je veux faire ressentir au lecteur, sur quoi est-ce que je veux attirer son attention ou le faire rêver ? J'en reviens souvent à l'un ou plusieurs des éléments de la première question, et il me suffit ensuite de réfléchir à ma mise en scène, à ce que je vais montrer au lecteur, comment je vais utiliser ces éléments.
Dans mon dernier challenge, par exemple, j'ai misé pas mal sur la frustration (des personnages, dans les situations), sur la structure "en écho" entre mes deux fils d'intrigue, et sur le thème de la fraternité. Tous ces éléments ne doivent pas faire uniquement rêver (ou même pas forcément), mais j'ai défini ce que je voulais faire ressentir au lecteur en les préparant puis en écrivant.

Donc bon, ta question porte davantage sur l’émerveillement et le beau, mais à mon avis ça fonctionne pareil. Ça correspondrait à la réponse à ma deuxième question. Et je serais tentée de te conseiller de réfléchir à la première, je l'avais imaginée justement parce que je me demandais comment faire passer des émotions, il s'agit alors de passer de l'abstrait au concret (sur quels éléments jouer, puis comment). Pour m'être déjà posé la question concernant merveilleux également (il y a longtemps, même si ça reviendra), j'avais misé sur les décors et une ambiance féérique. C'est ce qui correspondait à l'histoire et à l'univers, et avec du recul je pense que j'aurais sûrement pu développer.

Voilà, c'est une petite technique pratique, si cela peut servir... ;)

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