[A] Comment lutter contre la procrastination ?

[Lùani]

Y'a le côté moralisateur et y'a surtout le fait que la démarche ne vienne pas de soi mais d'un tiers...

Si c'est moi qui m'inscrit et que je suis consciente du mécanisme, y'a pas de mal à se que je me manipule l'esprit moi-même.
C'est toujours moi qui décide.
(Ouais, c'est comme quand j'allais aux réunions Weight Watchers. C'est de la manipulation de haut vol, avec culpabilisation de masse et endoctrinement avec le sourire... mais tant que ça marche, je veux bien me faire infantiliser un peu...)

Mais je suis d'accord pour dire que si je proposais l'appli à mon fils pour l'aider à se motiver à bosser son anglais, ce serait de la manipulation la plus vile
J'hésite...

[Edel-Weiss]

le meilleur remède contre la procrastination est encore mon sentiment de culpabilité

Ah, si seulement la procrastination n'avait pas fini par avoir raison du mien...

Il y a quelques années, je n'étais pas vraiment concernée par ce problème. J'étais plutôt du genre à faire les choses à l'avance, mais maintenant, j'attends toujours la dernière minute pour m'atteler au travail (et je stresse parce que ça aurait été mieux fait si je n'avais pas procrastiné, tsss) Je fais des listes, à la façon du Bullet Journal, mais on ne peut pas vraiment dire que ce soit très efficace... Même si, comme Umanimo, j'aime bien barrer au fur et à mesure (et mettre du vert quand c'est fait ; du rouge quand j'ai pas fait)

Pour l'application, je ne sais pas vraiment quoi en penser.
Par contre, je pense que le principe de la récompense est un bon stimulant, surtout pour certaines personnes/situations. On dérive un peu du sujet de la procrastination, mais dans les situations de très forte anxiété, pour affronter une timidité excessive, maladive, on conseille de récompenser l'effort d'avoir surmonté un stress (réussir à aller dans un endroit qui évoque de mauvais souvenir ou dans un endroit exigu/bondé, par exemple)

J'ai réussi à faire quelque chose de très désagréable, je me récompense en m'achetant une pâtisserie/un vêtement/un bijou/un livre.

Si ça peut aider à résoudre un problème... Les outils sont ce qu'on en fait, après tout

[Umanimo]

Je fais des listes, à la façon du Bullet Journal, mais on ne peut pas vraiment dire que ce soit très efficace...

Ce n'est pas efficace parce que ce n'est pas parce que c'est sur la liste qu'on va le faire (ce serait tellement bien si c'était si simple), mais au moins, pour ma part, ça me permet de ne pas (trop) oublier de choses et d'avoir effectivement la satisfaction de barrer... et de reporter le jour suivant ce qui n'a pas été fait... ou le mois suivant... voire l'année suivante.

[Edel-Weiss]

reporter le jour suivant ce qui n'a pas été fait... ou le mois suivant... voire l'année suivante.

Je suis d'accord, ça m'aide également à ne pas oublier les choses à faire.
Et puis, c'est quand même parfois utile de se faire un planning ; ça ne marche pas à chaque fois, mais parfois oui.

[ilham]

Perso, je ne vois pas trop la manipulation, mais bon...
Si encore c'était payant.
D'autant qu'on utilise ce moyen avec les jeunes enfants, justement pour combler la frustration d'un effet positif qui n'arrive qu'à long terme . Je parle pour les petits enfants qui n'ont pas la capacité de se projeter dans l'avenir.
Après c'est différent. Je n'adhère pas trop au " passe ton bac, t'auras une voiture"... ou "on brevet, t'auras un scooter..." Ado, on est censé être capable de comprendre l'intérêt d'étudier pour sa vie future.
Quoique...

Pour la procrastination, ça ressemble quand même beaucoup aux todolist. En plus ludique.
Et pourquoi pas ? le seul risque au final, c'est de passer plus de temps sur application qu'à réaliser les tâches décrites ! D'ailleurs, je crois que pour ce qu'il me concerne, il faudrait que je crée une habitude : venir sur l'application pour la remplir !

Par contre, je déconseillerais la patisserie, ou les bonbons, en récompense ( à moins que le but soit d'atteindre un poids non négligeable...). enfin surtout d'en faire une habitude, bien sur. C'est quand même comme ça que bon nombre de gens deviennent obèse, en se réconfortant avec de la nourriture.

[AgatheK]

J'utilise HabitRPG depuis longtemps maintenant, et je ne vois pas le côté manipulatoire dont tu parles Crazy.

Comme je bosse à la maison, j'ai besoin de me fixer chaque jour une liste de tâches à faire (les objectifs du jour). Avant j'utilisais les outils d'office, ça change pas grand chose, ça reste une bête liste de tâches à faire...

Le jeu se base sur l'auto-discipline et l'auto-satisfaction. On peut, par exemple, se choisir des récompenses, mais ce n'est pas le jeu qui nous impose ou nous les accorde. Et si on a n'a pas envie de respecter les règles, rien ne nous empêche de valider toutes les tâches sans en avoir réalisé aucune.
Au final, valider ses tâches ne sert qu'à faire évoluer son personnage. Et soyons clairs : faire évoluer son perso, ça ne sert strictement à rien.

Après, là où ça peut devenir soulant, c'est quand on joue en groupe. Il est possible de faire équipe avec d'autres joueurs pour accomplir des quêtes. Le principe : quand on valide nos tâches, on provoque des dégâts au boss. Si on n'a pas validé toutes nos quotidiennes, le groupe se prends des dégâts dans la tronche.
Là, ça peut vite devenir le festival à qui-qui triche valide le plus de tâches ou aux "Machin, pense à valider tes quotidiennes !" en langage plus ou moins fleuri.

[Crazy]

J'utilise HabitRPG depuis longtemps maintenant, et je ne vois pas le côté manipulatoire dont tu parles Crasy.
(...)
Après, là où ça peut devenir soulant, c'est quand on joue en groupe. Il est possible de faire équipe avec d'autres joueurs pour accomplir des quêtes. Le principe : quand on valide nos tâches, on provoque des dégâts au boss. Si on n'a pas validé toutes nos quotidiennes, le groupe se prends des dégâts dans la tronche.
Là, ça peut vite devenir le festival à qui-qui triche valide le plus de tâches ou aux "Machin, pense à valider tes quotidiennes !" en langage plus ou moins fleuri.

Tu réponds toi-même à la question.
Et c'est CraZy, merci

[AgatheK]

Bah au final, on utilise le site comme on veut ; ce que je veux surtout dire, c'est que ce n'est qu'un outil.

Et désolée, je sais pas pourquoi je m'obstine à mettre un "s".

[Francis Ash]

Ce qui m'ennuie dans ce concept de to do list à récompenses, en ce qui concerne l'écriture, c'est que ça transforme la passion en boulot, presque en corvée. Non, écrire doit rester un plaisir. Parfois, on n'a juste pas envie.
Là où il faut se méfier, c'est quand on a envie mais qu'on recule parce que la tâche semble rébarbative. Les corrections, par exemple, peuvent faire reculer et donner envie de se dire "bof, ça peut attendre."

En fait, la récompense se trouve dans le résultat. Les chapitres corrigés sont meilleurs. Plus on en corrige, plus on s'approche de la fin des corrections.
En fait, c'est quand je me remets ces notions-là en tête que je parviens à vaincre l'envie de procrastiner.

Mais ce n'est que mon point de vue, hein ! Chaque méthode est bonne à prendre tant qu'elle permet d'atteindre le but

[Umanimo]

Mon problème personnel de procrastination concerne rarement l'écriture (peut-être juste les scènes indispensables, mais qui sont moins amusantes à écrire, les scènes d'articulation et encore, on doit pouvoir trouver moyen de les rendre attrayantes).

Il se situe plus au niveau de la vie quotidienne (je citais la paperasse, mais un truc dont j'ai également horreur, c'est de téléphoner, prendre un rdv est une torture et il me faut souvent plusieurs jours pour m'y préparer).

Pour les corrections, cela semble le cauchemar de beaucoup de grenouilles, mais ce n'est pas le mien. J'adore relire, réécrire et peaufiner mon texte. Parfois même totalement changer la scène. Je l'ai déjà fait maintes fois sur divers écrits et c'est autant de plaisir que le premier jet pour moi.

[Florie]

Super intéressant comme sujet, c'est une vraie question, la procrastination, déjà quand 1) on écrit pour le plaisir et n'avons pas de véritable contrainte pour avancer, et que du coup il faut user d'autodiscipline et quand 2) comme dit Francis on s’attelle à des tâches moins plaisantes comme les corrections pour certains, mais aussi tout simplement les corvées quotidiennes à la con. Il y a aussi la peur de l'échec dans tout ça: on n'avance pas parce qu'il vaut mieux ne pas finir que rater son truc. (mais ça c'est un problème différent, je ne suis pas sûre que ça se résolve avec des outils pratiques)

Je trouve que la ligne est difficile à établir, quand il s'agit d'un loisir, entre l'aide qu'une meilleure organisation va apporter, et le fait de rendre le tout trop fastidieux et du coup de laisser tomber. Je trouve que c'est l'équilibre entre le fait d'être fier d'avoir accompli un truc (par exemple un roman), et le côté rébarbatif de certaines étapes pour arriver à cette fin (mais qu'en même temps si on ne fait pas on se sent coupable de ne pas avancer nos projets, si ça a du sens?)

Bref, pour rentrer dans le concret:

• Moi aussi je fais des listes. Il y a un côté satisfaisant à barrer un truc accompli, et en plus ça permet de garder en tête les choses à faire et à gérer son temps (j'ai deux listes, celle des trucs qu'il faut que je fasse dans l'absolu, dans laquelle je pioche pour celle que je me fais chaque dimanche soir pour la semaine à venir, faut que ce soit faisable!)
• Il peut y avoir un système de motivation/récompense, soit très personnel (je me paye un resto quand j'ai fini le premier jet par exemple) ou en communauté, et c'est exactement ce à quoi sert la mare
• Pourquoi pas utiliser un outil de gamification si ça aide, je ne savais pas qu'il existait des outils "généralistes" qu'on pouvait utiliser pour toutes sortes de tâches (je ne connaissais que les trucs spécialisés type bouffe, sport etc.)
• Dans l'absolu il faut trouver comment on bosse, aussi. À quel moment de la journée êtes-vous le plus productif pour faire les tâches chiantes par exemple? Moi, c'est le matin. Le soir en revenant du taf je n'ai pas DU TOUT envie de me taper un autre truc chiant à faire. Une fois que tu sais comment tu fonctionnes, c'est plus facile d'adapter l'emploi du temps pour faire plus de choses
• Un dernier truc (prouvé par la science apparemment), c'est que c'est plus facile de découper les tâches en petits morceaux "faisables". Si tu regardes le truc en disant "j'ai tout un roman à écrire de zéro", ça paraît tellement insurmontable que la procrastination est à son pic. Par contre si tu te dis "ce week-end, je me fais une petite liste de personnages et je me renseigne sur les différentes magies pour mon univers", ou bien " je corrige juste deux pages", ça paraît beaucoup plus surmontable. Du coup, diviser les tâches en petites sous-tâches, ça marche.

Et pour la parenthèse gamification

Spoiler: montrer

C'est un truc qui existe depuis des années, qui utilise en effet les principes de motivation d'un jeu (prendre des niveaux, gagner des récompenses) pour se motiver à avancer. Oui, utilisé en marketing on peut voir ça comme de la manipulation pour inciter les gens à rester sur la plateforme et continuer à l'utiliser (je pense à des trucs comme 4 square ou même Sens critique, qui poussent les utilisateurs à poster du contenu avec un système de gamification). Mais au final, ce sont des choses gratuites, l'utilisateur décide s'il se prend au jeu ou pas (et comme le souligne Brume on a tendance à s'en lasser rapidement). Et puis si ça aide à se caler de bonnes habitudes pourquoi pas (j'utilise Nike + running pour mes habitudes de course à pied par exemple et je trouve que c'est un très bon outil pour mesurer l'évolution de mes performances par exemple). Comme le dit Nariel on peut le voir comme un outil.

Je trouve qu'au final ça rejoint le débat sempiternel entre "est-ce que c'est la faute des consommateurs s'ils consomment parce qu'ils font un choix, ou est-ce qu'ils sont manipulés?" Je ne vais pas lancer le débat ici je vous préviens, mais je trouve qu'il ne faut pas infantiliser les gens justement, en se disant que s'ils suivent une app de gamification ils sont manipulés et perdent tout sens critique (sans jeu de mot ). Nous sommes adultes aussi, certes la gamification utilise des principes du cerveau humain pour motiver les gens, mais personne n'est forcé à se prêter au jeu, ce n'est pas comme une drogue qui crée un addiction physique. Je trouve qu'au final il s'agit de trouver un juste milieu entre fournir suffisamment d'information pour que les utilisateurs soient conscients de ce dont il s'agit, mais leur laisser la liberté d'utiliser les outils qui leur conviennent le mieux.

PS: en parlant de société infantilisante, le principe même de travail contre salaire est infantilisant: il est basé sur le principe que l'humain est profondément paresseux et que la seule manière de le faire bosser est de lui fournir une contrepartie financière. (TED talk inside)

[Umanimo]

Florie et vestrit.

[Crazy]

en parlant de société infantilisante, le principe même de travail contre salaire est infantilisant: il est basé sur le principe que l'humain est profondément paresseux et que la seule manière de le faire bosser est de lui fournir une contrepartie financière. (TED talk inside)

Pourquoi tu crois que je suis pour le Revenu De Base ?

Pour rester dans le sujet, j'avoue que les listes sont la méthode la moins mauvaise que j'aie trouvée pour me motiver.
Et plutôt que de me récompenser avec de la bouffe (ça, c'est réservé aux cas de "j'ai pas le moral" ), je fais plutôt du "je passe 1h à faire <corvée> et ensuite j'ai le droit à 1h de <jeu vidéo>".

[Florie]

je fais plutôt du "je passe 1h à faire <corvée> et ensuite j'ai le droit à 1h de <jeu vidéo>".

Ah oui, le principe de travail et récompense marche assez bien chez moi aussi. Je le faisais beaucoup quand j'étais étudiante. "Je finis X chapitres et après je passe une heure sur la console".

[Edel-Weiss]

La seule chose que j'arrive à caser, c'est de me lancer sur une tache et de vouloir la finir avant un moment de la journée précis (le prochain repas, l'heure de se coucher), et de repousser ce moment tant que je n'ai pas fini (alors que j'ai de plus en plus faim/suis de plus en plus fatiguée).

Je n'ai encore jamais essayé cette méthode ! Ça pourrait fonctionner chez moi, à tester

Je suis assez d'accord pour l'écriture, je n'ai pas de problème de procrastination particulier (sauf problème d'humeur ponctuel, on va dire) Comme Umanimo, c'est plutôt pour les tâches obligatoires (prendre des rendez-vous par téléphone, me mettre à jour dans mes mails et mes correspondances, etc.) L'écriture est un plaisir immédiat qui me fait du bien, contrairement au problème de Brume (si j'ai bien compris?) Donc, je n'ai pas tendance à reporter à plus tard. Et c'est même le contraire, j'aurais tendance à procrastiner sur ma thèse en me rabattant sur l'écriture de mon roman...

Du coup, je crois que pour résoudre ses problèmes, il faut vraiment les identifier comme le dit vestrit.
Si on reporte au lendemain, c'est parce qu'on joue à l'autruche (ça me stresse trop, je verrai demain), parce qu'on aime pas ce qu'on fait, parce qu'on est un peu paresseux sur les bords, etc. ? Et puis, est-ce qu'on reporte sur le court terme ou est-ce qu'on reporte sans arrêt ?