[A] Dépublier ses textes si on est édité ?

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Nicolas
Batracien
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Re: Dépublier ses textes si on est édité ?

Message par Nicolas »

Bonjour,

Je m'immisce dans le débat, en m'appuyant sur mon expérience en tant que collaborateur d'une maison d'édition. Cependant, c'est mon avis personnel qui est exprimé là, et non celui des Editions Flammèche.

Mon point de vue est donc le suivant :
Je n'ai rien, absolument rien contre la publication en ligne gratuite. En tant qu'ancien co-administrateur d'un des plus grands sites de fanfics francophones, je serai bien hypocrite de rejeter cette forme de publication.
Cependant, une fois qu'un texte est accepté par un éditeur, y compris pour une publication numérique, il y a une certaine série d'actions qui se met en place et toutes ces actions coûtent de l'argent à l'éditeur : relecture, correction, mise en page, illustration(s), impression éventuelle, distribution, diffusion éventuelle... Alors oui, comme tu le dis, l'auteur amène la matière principale, mais si il n'y avait pas besoin des services d'un éditeur, notre profession n'existerait pas.
En laissant le livre à la disposition gratuite de lecteurs, et encore plus si la version initiale est remplacée par celle retravaillée avec l'éditeur, il y a spoliation du travail de l'éditeur et des personnes éventuelles qu'il rémunère (correcteur, illustrateur...). Et en plus, il y a le risque de diminuer les ventes.
A ce moment-là, s'il n'ya aucune plus-value à acheter le livre (hormis le contact papier éventuellement), une part non négligeable des lecteurs préfèreront la version gratuite.
Cependant, l'idée de donner à l'ouvrage édité une plus-value à l'aide d'outils comme Wattpad me semble excellente : publication d'extraits, de textes en rapport avec l'univers (nouvelles hors texte centrées sur des "missing moments", articles encyclopédiques, illustrations, musiques...) , les idées ne manquent pas et je pense qu'un éditeur ne se privera pas d'encourager cette voie.

En tant qu'informaticien, sensible aux droits des logiciels (un de mes professeurs était J-F Pellegrini, de l'Université de Bordeaux, auteur d'un livre sur le sujet et fervent défenseur des logiciels libres), je comprend la réflexion. Cependant, ce n'est pas avec des initiatives sauvages qu'on résoudra le problème. Il faut un changement graduel et global vers des politiques collaboratives où la valeur d'une chose n'est pas arbitrairement fixée, une pensée qui doit être initiée dès les premières années de l'éducation, et appuyé par une volonté de changement massive qui est encore très loin de voir le jour. C'est un gros problème et une grande question philosophique. Mais aucun éditeur ne peut se permettre pour le moment de vouloir changer les choses individuellement sans se faire dévorer tout cru.
Collaborateur aux Editions Flammèche.
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Mariedelabas
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Re: Dépublier ses textes si on est édité ?

Message par Mariedelabas »

Juste pour apporter des exemples concrets au débat :
- le roman "la voix brisée de Madharva" de Mathieu Rivero a été publié en numérique chez Walrus et en papier chez Rivière Blanche. Deux éditeurs différents, l'un et l'autre ne réclamant que les droits de leur "mode de publication".
- une de mes nouvelles, idem, a été publiée en numérique chez Walrus et en papier chez AOc (fanzine). Walrus me laissait les droits papier, et j'ai donc proposé le texte à AOC qui l'a pris aussi (et se fichait des droits numériques)
On pourrait multiplier les exemples, je pense.

Cependant, maintenant que de plus en plus d'éditeurs numériques font du papier (Walrus, par ex, qui en a sorti plein ces dernières semaines/mois), est-ce qu'ils ont toujours cette souplesse vis-à-vis des droits papier ? (il faudrait voir si leur contrat a évolué , le mien est trop vieux :mrgreen: )

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Léonore
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Re: Dépublier ses textes si on est édité ?

Message par Léonore »

Cloe[cestdoncvrai] a écrit : Pour notre part, nous avons une position particulière sur le sujet. Nos textes sont disponibles en ligne (en Creative Commons, j'ai ouï-dire qu'il y avait eu un fort débat sur le sujet, l'idée n'est pas d'y revenir) sur plusieurs plateformes (Wattpad, Scribay, Attramenta) ainsi que sur notre blog
Bonsoir,
Même si vous "dépublier", je voulais juste faire remarquer qu'il sera peut-être difficile de convaincre un éditeur avec un texte sous licence creative commons, puisque tout le monde peut d'ores et déjà le distribuer gratuitement et légalement.
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Cloe[cestdoncvrai]
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Re: Dépublier ses textes si on est édité ?

Message par Cloe[cestdoncvrai] »

Ce n'est pas une insulte de dire que l'on est amateur, c'est simplement un statut.
Je ne considère pas du tout ça comme une insulte... au contraire :) Ce qui me fait réagir c'est plus le fait qu'on puisse considérer que la valeur du travail fourni par un amateur soit inférieure à celle fournie par un professionnel sous prétexte que l'un a fait le choix de la valeur marchande et par l'autre... Et, par extension, penser que le professionnel ait plus de légitimité que l'amateur expérimenté. Mais pour le coup c'est vraiment une autre question.

@Nicolas : Déjà merci beaucoup de t’immiscer dans le débat :D C'est très enrichissant d'échanger de cette façon !
Sauvage, sauvage :) n'est-ce pas un peu extrême comme terme pour une expérience de pensée à base de "si je conservais mes droits numériques ?"

Tes remarques me font me poser des questions sur l'édition. Encore une fois, je n'y connais rien, mais alors rien... du coup, je m'excuse si je fais montre de préjugés ou si j'expose une vision faussée du métier d'éditeur : il s'agit de méconnaissance et il n'y a vraiment aucune agressivité, ou animosité, ou que sais-je envers le milieu de l'édition :).

Pour moi la relation auteur/ME tient du partenariat commercial (voir entrepreneurial : on s'unit pour un projet commun : amener un livre sur le marcher, avec succès). La ME n'est pas un simple prestataire de service : on lui fait confiance en lui cédant tout, ou une partie, des droits d'exploitation de son oeuvre (oeuvre qui représente, rétrospectivement, une somme considérable de travail, qu'on confit à la ME dont la spécialité et de faire fructifier cette somme de travail)

Il y a quelque chose qui m'interpelle, en ce qui concerne la "spoliation" du travail de l'éditeur, notamment sur les corrections/relectures : même si l'éditeur apporte ses corrections, le texte appartient-il toujours à l'auteur ?
Si je signais avec une ME demain, et que, dans trois ans, je signais avec une autre ME, pour le même texte (en supposant que ce type de contrat à durée déterminée pour l'exploitation d'une oeuvre existe, ce qui me paraîtrait saint, mais j'en sais fichtre rien) : le texte publié dans la 2nd ME serait celui corrigé par la 1er ME, non ? Car le texte, même corrigé, m'appartient toujours via le droit d'auteur, non ?
"Et en plus, il y a le risque de diminuer les ventes.
À ce moment-là, s'il n'ya aucune plus-value à acheter le livre (hormis le contact papier éventuellement), une part non négligeable des lecteurs préféreront la version gratuite."
Je comprends le besoin de retour sur investissement (la ME paie le correcteur, l'illustrateur, la communication...) mais il me semble que la disponibilité en ligne n'est pas réellement préjudiciable aux ventes papier du livre (aux ventes numériques c'est un peu plus discutable ;) ). Si ça n'est pas préjudiciable, il n'y a pas de spoliation. Plus encore si cet état de fait (droits numériques et droits papiers décorellés) est prévu dans le contrat.

Le préjudice serait que la libre diffusion en ligne (qu'elle soit volontaire ou subie par l'auteur/la ME numérique) impacte les ventes ? Mais, à l'instar de la musique ou des films, ceux qui "piratent" le contenu, en grande majorité ne le "volent" pas, ni à la ME, ni l'auteur. Il n'y a aucune certitude qu'ils aient acheté le livre s’ils ne l'avaient pas eu à disposition et, du fait, il n'y a aucune certitude (à ma connaissance, mais je peux me tromper) de considérer un piratage/téléchargement libre comme une perte sèche. Ce sont des lecteurs qui n'auraient jamais lu le livre autrement, ni en papier ni en e-book. Or là, ils le lisent, ils en parlent, ils l'apprécient... Ils créaient de la valeur qui n'aurait pas vu le jour... et sur une cible qu'on aurait probablement pas atteins normalement.

Autoriser la lecture libre du format numérique, finalement, c'est reconnaître que le lecteur fait aussi la valeur de l'oeuvre qu'il lit : si vraiment il décide de ne mettre aucun échange monétaire dans le livre, il aura au moins payé l'auteur du temps de lecture investi dans son oeuvre ;) . S’il accorde de la valeur à sa lecture, alors il y a de grandes chances qu'il rémunère cette valeur. Enfin, il y a une (grande) chance, si l'écrit est apprécié, que le lecteur en parle autour de lui. Bref, une oeuvre libre de diffusion est loin d'être sans valeur. Et j'aurais tendance à penser qu'une oeuvre libre de diffusion a le potentiel de créer plus de valeur...

"Gratuit", en France, en particulier, est un gros mot, très déprécié. J'insiste, ça n'est pas tant gratuit que libre/disponible. Pour faire une analogie avec une expérience personnelle : j'ai fait partie d'une troupe de théâtre amateur et nous avons joué plusieurs spectacles dans notre région. L'entrée était libre ou participative.
Nous sommes toujours rentrés dans nos frais d'amateurs (aka, payer la salle, payer le technicien, payer les costumes, payer les gâteaux et les boissons du pot après le spectacle). En moyenne, une place nous rapportait 5 €. Ça en dit long, je pense, sur ce que les gens accordent comme valeur au temps qu'ils investissent dans une oeuvre culturelle, fussent-ils simples spectateurs.
Il y a aussi les vidéastes YouTube qui se financent via les dons de leur communauté (https://www.tipeee.com/e-penser)

La vraie question c'est comment transformer cette valeur informelle en valeur marchande. Il y a des modèles économiques qui existent. Le re-Captcha, ou le site Duolingo, par exemple (https://www.ted.com/talks/luis_von_ahn_ ... laboration).
"Il faut un changement graduel et global vers des politiques collaboratives "
J'ai le sentiment que ce changement, si on l'attend du cycle classique, il n'est pas près d'arriver. Pourtant il y a des choses qui sont tentées. Et qui est mieux placé que moi même pour tenter des choses avec mon texte ? :)
" Mais aucun éditeur ne peut se permettre pour le moment de vouloir changer les choses individuellement sans se faire dévorer tout cru."
Pourtant, il en faudra bien un pour commencer :)
Les exemples de Walrus, où les écrits de Neils Joumensi ou encore de Ploum sont des esquisses plutôt prometteuses de ce que pourraient être ces changements appliqués à l'édition de livre...


@Mariedelabas Pour ce qui est de Walrus, "Jesus VS Hitler" toujours en téléchargement libre même si le livre est sorti en bois mort (L'édition papier est super belle d'ailleurs... je sens que ça ne va pas tarder à rejoindre ma bibliothèque !)

@Flume
Le livre est en CC-BY-NC-SA, donc il est possible de le diffuser et de le modifier sous condition de ne pas en faire d'utilisation commerciale et de partager ses dérivés sous la même licence :) Je ne vois pas en quoi ça gêne d'exploitation commerciale du livre. Mais j'ai bien conscience que ça ne sera pas simple...
cf. le long pavé que je viens de vous imposer...
désoléééééée >_< Le sujet me passionne vraiment et je suis super heureuse de pouvoir en discuter avec vous. Ça me permet de poser pas mal de réflexions qui trottinaient dans ma tête depuis un moment !
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Non, je ne fais une faute à mon propre prénom quand je l'écris sans H. Si, si, Cloé. Sans H :)

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LeBashar
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Re: Dépublier ses textes si on est édité ?

Message par LeBashar »

Cloe[cestdoncvrai] a écrit :Quand au risque prit par l'éditeur... certes, mais moi aussi je prends un risque en lui faisant confiance, non ? Et en attendant, c'est moi qui ait fourni le jus de cervau pour la matière première de son marcher ?
Alors, je me rêve peut être la relation éditeur/auteur, mais il me semble que ça doit s'apparenter à un partenariat (un éditeur n'est pas un prestataire de service, n'est ce pas ?)... par définition, le risque est partagé.
Si lorsque tu as écris ton oeuvre tu n'a pas dépensé d'argent, ni eu la nécessité d'en obtenir à l'issue de ce travail, alors tu n'a pris aucun risque. Tu n'a fait que convertir une partie de ton temps à une activité "quelconque", tu aurais pu faire n'importe quoi d'autre (peut-être même payé pour des loisirs onéreux).
L'éditeur, à moins d'être un bénévole associatif, non seulement investi de l'argent, mais en plus a besoin d'en gagner pour se payer de quoi vivre. Ce n'est pas vraiment comparable.
De ton côté, le seul risque que tu coure, c'est de ne pas gagner d'argent avec une oeuvre qui ne t'a rien coûté : le risque est nul.
En revanche si lorsque tu l'a écrite tu l'a fait comme unique espoir de gagner de quoi manger le lendemain, le risque est grand mais... tu n'es sans doute pas dans cette situation (d'ailleurs je crois que ceux qui le sont optent pour autre chose que l'écriture).

Et si tu étais un écrivain pro, le risque serait que ton éditeur ne fasse pas assez bien sa pub et donc que la vente ne te rapporte pas assez pour vivre correctement. Mais je ne vois pas trop de craintes à avoir dans ce cas de figure, car l'éditeur est encore plus intéressé que toi à bien vendre ce qu'il décide d'éditer. De ton côté si tu es déjà un pro, rien ne t'empêchera d'aller voir des éditeurs concurrents si tu juge le travail du tien insuffisant (et il le sait, mais peut éventuellement n'en avoir cure, sachant la réserve immense d'auteurs en attente ).
Cloe[cestdoncvrai] a écrit :Je partage assez ton avis LeBashar, sur la necessité de faire évoluer la propriété intellectuelle vers quelque chose de plus en phase avec toutes ces nouvelles pratiques. Et je me dis (naïvement, peu être), que si moi, auteure, j'ai envie d'apporter des pistes et des réponses à ce changement... il doit bien y avoir des éditeurs pour être dans cette même démarche ?
Il en existe sans doute, mais je suppose quand même que ce n'est pas d'eux que viendrons les nouvelles solutions. Par défaut le changement n'est pas le fruit des forces déjà en place, qui y voient plutôt un péril qu'une aubaine, c'est assez logique. C'est pourquoi je pense que l'innovation a plus de chance de venir des auteurs eux-même, de plus en plus nombreux, de plus en plus capables de publier sans éditeurs, et de plus en plus confrontés au problème "comment me faire connaître" largement avant celui "comment gagner de l'argent avec ce que je fais" qui pour la plupart n'est même pas déterminant puisqu'ils écrivent à perte dès le départ, et continueront de le faire de toute manière. Ou encore d'autres investisseurs / entrepreneurs, qui cherchent des moyens de valoriser leur capital mais ne sont pas actuellement déjà formatés aux pratiques de l'édition.

Pour moi la question c'est plus de trouver des nouveaux moyens pour que chacun atteigne son objectif :
- l'éditeur et ses acolytes veulent être rémunéré pour le travail qu'il font de mise en valeur, publicité et diffusion d'un texte.
- l'auteur veut l'être pour le travail d'écriture.
- les lecteurs veulent trouver facilement des lectures satisfaisantes, et au prix le plus faible possible.
- les états veulent promouvoir leur langue et leur culture pour faire croire qu'ils ont la meilleure.
- "l'humanité" veut augmenter sa richesse culturelle.
Pour le moment, on a pour faire tout ça trouvé le moyen de la propriété intellectuelle. ça commence à moins bien marcher parce que le numérique facilite l'objectif du lecteur, de l'état et de l'humanité, mais nuit à ceux de l'éditeur et de l'auteur. Pour le moment les états ne se rendent pas compte (à mon avis) que le numérique aide leurs objectifs et sont plutôt dans une posture de défense très maladroite du modèle précédent. Le monde de l'édition n'a pas forcément besoin d'être rémunéré par la vente de ses produits, on peut imaginer des tas de moyens de distribuer/redistribuer l'argent ... c'est juste de la compta et de la politique. Les auteurs non plus ne sont pas obligés d'espérer obtenir leur revenus en vendant leur production (par ex dans le monde du spectacle, on a un système, attaqué de toute part certes, mais qui permettait de rémunérer les artistes pendant qu'ils inventent le spectacle, le législateur ayant reconnu l'évidence que l'artiste ne peut pas vivre que des rémunérations des spectacles, sinon il n'a jamais la possibilité matérielle d'en créer de nouveaux ! ). On voit apparaître aussi des systèmes hybrides comme par ex patreon : l'artiste se rémunère par un abonnement non exclusif, pour produire des oeuvres qu'il peut distribuer ensuite sous licence libre. Les gens qui le financent sont satisfaits parce qu'ils ont l'oeuvre de qualité qu'ils voulaient, et pour un prix plus faible, et ont en plus l'impression de faire une espèce de bonne action. L'auteur est satisfait parce qu'il peut devenir pro ou semi-pro, son travail est rémunéré à son juste prix pour qu'il puisse le continuer, et non pas au prix spéculatif de ce qu'on arriverait à tirer artificiellement de ses produits. Les restes du monde sont satisfaits aussi parce que les oeuvres produites peuvent être utilisées ensuite par n'importe qui sans payer, mais en toute légalité.

Bref, pour moi la seule limite c'est notre imagination.

edit : au sujet de ta question sur l'appartenance du droit d'auteur, c'est deux choses différentes. ce que tu cède ce n'est pas le droit d'auteur, c'est le droit d'exploitation. l'auteur c'est toujours l'auteur, quoi qu'il arrive. la propriété est démembrée, comme dans le bâtiment si tu connais les termes : le nue-propriétaire c'est toujours l'auteur, personne ne peut lui retirer (à part l'état lui-même mais bon, osef). L'usufruitier c'est celui à qui il cédé les droits, et donc les fruits, de l'exploitation de cette propriété qui était la sienne au départ. Les conditions et la durée de cet usufruit sont contractuelles et tout à fait variables.
@Flume
Le livre est en CC-BY-NC-SA, donc il est possible de le diffuser et de le modifier sous condition de ne pas en faire d'utilisation commerciale et de partager ses dérivés sous la même licence :) Je ne vois pas en quoi ça gêne d'exploitation commerciale du livre.
Ben par définition s'il est en "non commercial", aucun éditeur ne pourra le vendre donc pour celui-là, c'est mort ?

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Morgane
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Re: Dépublier ses textes si on est édité ?

Message par Morgane »

LeBashar a écrit :
@Flume
Le livre est en CC-BY-NC-SA, donc il est possible de le diffuser et de le modifier sous condition de ne pas en faire d'utilisation commerciale et de partager ses dérivés sous la même licence :) Je ne vois pas en quoi ça gêne d'exploitation commerciale du livre.
Ben par définition s'il est en "non commercial", aucun éditeur ne pourra le vendre donc pour celui-là, c'est mort ?
Attention, ce statut n'existe pas dans le droit français. Cela nous vient du droit américain.
En gros, ça veut dire que l'usage de l’œuvre à fins non commerciales est toléré par l'auteur, c'est tout.

C'est d'ailleurs aussi ce que j'ai indiqué sur mes écrits: réutilisez ce que vous voulez, mais ne le vendez pas.

Anonyme_Quatre

Re: Dépublier ses textes si on est édité ?

Message par Anonyme_Quatre »

Si je ne dis pas de bêtises :
Pour ce qui est de Walrus, "Jesus VS Hitler" toujours en téléchargement libre même si le livre est sorti en bois mort (L'édition papier est super belle d'ailleurs... je sens que ça ne va pas tarder à rejoindre ma bibliothèque !)
Le premier épisode est gratuit, le 2 et le 3 payants, et le livre regroupe les 3, non ?

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Cloe[cestdoncvrai]
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Re: Dépublier ses textes si on est édité ?

Message par Cloe[cestdoncvrai] »

Pour "Non Commecial" la définition est la suivante : "interdiction de tirer un profit commercial de l’œuvre sans autorisation de l'auteur (sigle : NC)".
L'auteur conserve ses droits et choisi à qui il cède le droit d'exploitation ;)

Ensuite les CreativeCommons ne relève pas du droit américain mais ont été faite dans le but de proposer une homogénéisation de la propriété intellectuelle à l'échelle international (notamment pour répondre aux nouvelles problématiques soulevées par Internet). Elles sont valides en droit français à l'exception du "Share Alike", mais elles précisent que le droit du pays prime sur la licence (donc elles restent valides)

La source : http://www.droit-technologie.org/dossie ... ncais.html


J'ai bien conscience que propriété intellectuelle ET droits d'exploitations sont deux choses différentes, j'ai du mal tourner ma question :
- je signe avec un éditeur, j'établis donc un contrat d'exploitation de mon travail au profit d'un tiers (avec des modalités qui nous conviennent à tous les deux)
- L'éditeur, par soucis de qualité du travail qu'il va publier, paie un correcteur.
- Le texte corrigé relève toujours de la propriété intellectuelle de l'auteur, n'est pas ?

Pour ce qui est du risque pris par l'auteur il y a deux choses :
- La valeur de son travail. Rémunérée ou non, toute activité sur laquelle on a passé du temps génère de la valeur. Je ne voit pas pourquoi, sous pretexte que je n'en ai pas la necessité immédiate pour vivre, mon travail aurait moins de valeur que quelqu'un qui vit de son écriture.
- Je n'ai pas "pas dépensé" d'argent en écrivant. Ayant été indépendante j'ai tendance à réfléchir en tarif journalier. Combien une journée pourrait potentiellement me rapporter ? Dés lors que je ne choisi pas de consacrer mon temps à l'activité pour laquelle je suis le plus rémunérée, je prends un risque : celui de ne jamais percevoir de rémunération pour l'activité choisie. Que ce risque soit pleinement assumé car il relève de la passion ne retire rien au risque pris.
- Au moment de chercher un éditeur, je prends effectivement le risque que le partenariat fonctionne mal. Alors là, pour le coup c'est ma moitié qui m'a remonté des cas (nombreux, apparemment) où ça se passe moyen-bien. Justement parce que le marché est ce qu'il est et que vendre un livre, pour l'éditeur, n'est pas toujours la meilleure option pour la globalité de son activité.
- J'entends pas contre que l'éditeur, lui, porte un risque plus grand du fait de son activité entrepreneuriale. De son activité de vente de son catalogue dépends plusieurs salaires, dont le sien.

Bref ! Je te rejoins complètement sur les limites de l'imagination :) L'exemple de l’intermittence est particulièrement appropriée... Mais je trouve dommage de se dire "Rien ne viendra des éditeurs" : ils ont l'expérience qui pourrait leur permettre de faire évoluer leur marché... a défaut, il y a un risque non négligeable de voir des solutions type "Uber" ou "AirB&B" (mais pour les livres) s'imposer dans les années à venir. Même si j'ai pas d'idée d'exemple en tête :mouahaha: Sauf peut être le crowdfunding, ou es plateforme type tipee ou patreon effectivement.

Pour Jesus VS Hitler, les quatres épisodes sont disponibles sur le site : http://page42.org/telechargements/
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Non, je ne fais une faute à mon propre prénom quand je l'écris sans H. Si, si, Cloé. Sans H :)

Nicolas
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Re: Dépublier ses textes si on est édité ?

Message par Nicolas »

Edit : tu as répondu avant que j'ai fini ma réponse, mais je la laisse telle quelle quand même.

Merci à LeBashar (et voilà, j'ai envie de relire Dune maintenant) pour sa réponse qui explicite une partie de ce que je voulais dire.

En effet, l'éditeur (à compte d'éditeur honnête) prend un risque financier en publiant un livre. Il engage des frais qui seront remboursés si le livre se vend. L'auteur prend des risques moraux, certes ; un livre qui ne se vend pas (pour X raisons, pas nécessairement liées à sa qualité intrinsèque) est probablement un coup dur moralement, c'est un préjudice que je ne renie pas et que je ne veux pas surtout pas minimiser. Mais la différence est quand même que l'éditeur a besoin que le livre se vende pour assurer son entreprise et pouvoir éditer d'autres auteurs, l'échec d'un livre impacte directement ou indirectement plusieurs personnes dans la maison d'édition.

Pour ensuite revenir à l'argument de la "spoliation" du travail éditorial. Il ne s'agit pas d'une spoliation juridique. En effet, le texte appartient toujours à l'auteur, et loin de moi de songer un instant à remettre ceci en question. D'ailleurs, c'est pour cela que chaque correction, même d'une virgule, doit être approuvée par l'auteur. Mais il fallait comprendre, et je n'ai pas été explicite sur la question, que je parle d'un problème moral. En échange du travail éditorial, l'éditeur reçoit les droits d'exploitation du livre pour une certaine durée. Et c'est pendant cette durée qu'il va essayer de faire fructifier son travail. Proposer librement une version corrigée du texte pendant cette durée me laisse dubitatif. Cette action va gêner, et certainement impacter la réussite du livre.
Personnellement, bien que très ouvert aux questions concernant la propriété intellectuelle (cf. mon message précédent), si je lis un livre que j'aime beaucoup gratuitement et qu'on m'annonce ensuite que ce livre est disponible en papier/numérique payant, je ne l'achèterai probablement pas. Pourquoi ? Parce que je l'ai déjà lu, et qu'excepté certains titres (Dune par exemple ^^), je n'ai pas un grand goût pour la relecture. J'aurai préféré être averti avant, et oui à ce moment-là j'aurai probablement fait le choix de l'acheter plutôt que de continuer ma lecture gratuite. Et je sais que je ne suis pas le seul à fonctionner ainsi. C'est pour ça que j'estime qu'une version gratuite complète est un mal pour l'éditeur.

D'ailleurs, je ne comprend pas par contre cette volonté de séparer les droits d'édition papier et numérique, surtout si c'est pour proposer librement la version numérique. Dans le cas où l'éditeur ne propose pas l'une des deux versions, et qu'on souhaite se tourner vers un autre pour cette version, je peux comprendre.

Je l'ai déjà dit, je comprend le fond de la démarche, parce que j'y suis sensible de par ma formation. Mais non, je ne suis pas d'accord avec le principe de devoir casser des œufs pour faire valoir ce modèle. Mettre en péril la réussite d'un livre voire d'une maison d'édition pour promouvoir un modèle d'économie collaborative ne me parait pas la bonne manière de faire. Je préfère nettement une transition plus douce, à base de discussions, d'études, d'éducation et d'expérimentations encadrées. Ou alors il faut persuader une très grande maison d'édition de se lancer dans cette voie afin d'y entraîner les autres. Mais il ne faut pas oublier qu'à côté des maisons d'édition, il y a tous les autres acteurs de la chaîne du livre et en particulier les librairies et autres plates-formes (FNAC, Amazon...) qui seront aussi impactées et probablement réfractaires par cette manière de faire...

En conclusion selon moi, c'est une idée que je comprend mais dont je pense que la manière de faire n'est pas bonne. cf. le message de LeBashar pour un développement sur l'avenir et les difficultés à trouver des solutions convenables.
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AgatheK
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Re: Dépublier ses textes si on est édité ?

Message par AgatheK »

Je rebondis sur certains points.

Être auteur "de loisir" ne veut pas dire que l'on est inférieur aux auteurs "de profession". De même, au sein des auteurs "de profession", il n'y a pas de hiérarchie entre les auto-édités, ceux qui gagnent trois clopinettes et ceux qui parviennent à se dégager un véritable salaire.
Il n'y a pas de hiérarchie, par contre, il existe des tensions. Elles sont regrettables, mais logiques, puisqu'à partir du moment où quelqu'un décide d'essayer de vivre de sa passion, il va avoir envie de défendre son bout de pain. On peut transposer ça à l'univers des artistes où les tensions en question sont beaucoup plus marquées : certains artistes sont autodidactes et vont démarcher les entreprises en se disant que c'est pas plus mal, même à quelques euros, ça arrondira leurs fins de mois. Du coup, ça tire les facturations vers le bas au grand plaisir des entreprises, et ça fait grincer des dents les artistes qui ont fait des écoles et qui ont besoin de facturer plus cher pour réussir à vivre de leur art.

Tu soulignes le fait que "gratuit" est un gros mot, en France. Mais pourquoi est-ce devenu un gros mot ? Vivre, aujourd'hui, est de plus en plus difficile. Vivre sa passion l'est encore plus. Si tu peux te permettre de partager tes écrits librement, j'imagine que tu dois avoir une certaine sécurité financière et matérielle derrière. Je présume sans doute beaucoup - je ne te connais pas, après tout. De mon côté, j'exerce un métier pour lequel je ne me paie pas. Sans la passion qui m'anime et l'espoir d'arriver à en vivre un jour, j'aurai abandonné et postulé comme caissière dans le premier supermarché venu parce qu'il faut bien que je mange.
Dans un monde de bisounours, l'Etat proposerait un Revenu de Base universel, nous serions tous dégagés de la contrainte matérielle et nous pourrions faire ce qui nous plait vraiment. Les textes en libre accès sur le net verraient sans doute leur nombre exploser et ce serait pas plus mal, dans un sens. Mais voilà, cette utopie est partie pour rester... bah une utopie ^^. Hier encore, j'entendais aux infos que les départements étaient proches de la faillite à cause de la baisse des dotations de l'Etat et du nombre d'allocataires au RSA qui explosait. J'entendais également dire que des négociations étaient ouvertes concernant les dépenses chômage.
Pas étonnant dans ces conditions que "gratuit" devienne un gros mot.

Une petite question en passant, parce qu'au fil des messages, je comprends de moins en moins : pourquoi voudrais-tu trouver un éditeur pour tes textes postés sur Internet ? Apparemment, le système de publication gratuit te convient parfaitement, et tu as déjà un public et ne demande rien d'autre. Qu'est-ce qu'un éditeur pourrait t'apporter de plus ?
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Cloe[cestdoncvrai]
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Re: Dépublier ses textes si on est édité ?

Message par Cloe[cestdoncvrai] »

Je pense, excepté la question de savoir si une disponibilité en ligne gêne ou non les ventre hors ligne (certes, une question essentiel au sujet x) ), on est globalement d'accord sur le fond.

Discuter sur la manière de faire, c'est justement ce que l'on est en train de faire et c'est un vrai plaisir (qui m'empêche un peu de faire mes BL, mais ça ne fait pas de mal de varier les activités :) ).
Il me semble, mais c'est un sentiment assez personnel, qu'Internet à énormément accéléré les choses. Qu'il existe déjà des exemple d'expérimentations positive (Walrus ? Ou dans d'autre industries) et que, de fait, expérimenter progressivement n'est pas en adéquations avec le rythme de l'époque. Je suis curieuse, qu'est ce que tu appel "expérimentations encadrées" ? En a tu des exemples ? Ca m'interesse vraiment de lire sur le sujet !

Cela dit comme j'accepte le risque de "perdre mon temps" à écrire, je suis aussi prête à assumer le risque de "tester d'autre choses" avec mon livre... Quitte à me planter :) l’échec n'est pas bien grave tant qu'on apprends !
https://medium.com/france/pourquoi-faut ... .gnzvmixx9

@AgatheK je te fais un câlin (si t'es d'accord) : j'imaginais pas atteindre le revenu de base en démarrant la conversation ! On est d'accord, le contexte économique et social n'aide pas. Mais concernant le salaire de base... Il existe des choses qui sont en marche pour tester cette solution (en Suede, ils le mettent en place... Le département de la Dordogne a voté il y a peu une motion pour tester l'idée).
Et je ne compte plus le nombre de mes connaissances qui se contentent du RSA pour faire ce qu'ils veulent de leur vie (pas étonnant que les chiffres explosent). Ca n'est pas mon cas, j'ai la chance d'avoir des compétence très valorisées sur le marché de l'emploi. Je fais en sorte que mon activité professionnelle me permette de subvenir à mes besoins. Le reste de mon temps, je l'investis dans ce que j'aime faire.
Un autre petit lien intéressant, au sujet du travail : https://youtu.be/2yVdRh-MnKU

Mais tu as tout à fait raison, les tensions entre "types" d'écrivains. Un peu comme le piratage, ça existe, ne pas en tenir compte serait dommage...
Qu'est-ce qu'un éditeur pourrait t'apporter de plus ?
Son expérience, sa spécialité dans le domaine de l'édition... son métier en fait. Je me dis que je pourrais apprendre, mais que ça prendrait du temps. Je ne sais pas si je suis prête à investir ce temps pour auto-éditer. D'autre part, il est à mon sens, plus intéressant de travailler à plusieurs que seuls.
La diffusion libre sur internet me convient, mais elle est très confidentielle : je me limiterais à un public très spécifique si je m'y cantonnais... Ma mère, par exemple n'ira jamais lire sur l'ordinateur ! Bref, c'est l'idée de porter l'expérience plus loin.
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Re: Dépublier ses textes si on est édité ?

Message par Florie »

Cloe[cestdoncvrai] a écrit :Pour Jesus VS Hitler, les quatres épisodes sont disponibles sur le site : http://page42.org/telechargements/
Il me semble que justement Neil Jomunsi explique qu'il préfère mettre ses oeuvres à disposition gratuitement sur son blog parce que certains lecteurs vont la pirater de toute façon donc autant mettre à dispo la meilleure version possible. Je crois que j'en ai parlé plus haut dans ce fil.
Cela dit si j'ai bien compris il est à l'origine de la maison d'édition Walrus books donc il peut se permettre ce genre de choses avec son texte. À l'origine il me semble bien que seul le premier épisode est disponible sur Wattpad et la suite et censée être payante à travers la publication Walrus.
AgatheK a écrit :Une petite question en passant, parce qu'au fil des messages, je comprends de moins en moins : pourquoi voudrais-tu trouver un éditeur pour tes textes postés sur Internet ? Apparemment, le système de publication gratuit te convient parfaitement, et tu as déjà un public et ne demande rien d'autre. Qu'est-ce qu'un éditeur pourrait t'apporter de plus ?
Je me posais la même question (mais j'ai été devancée).
Cloe[cestdoncvrai] a écrit :Son expérience, sa spécialité dans le domaine de l'édition... son métier en fait. Je me dis que je pourrais apprendre, mais que ça prendrait du temps. Je ne sais pas si je suis prête à investir ce temps pour auto-éditer. D'autre part, il est à mon sens, plus intéressant de travailler à plusieurs que seuls.
C'est une raison tout à fait valable en effet, l'éditeur fournit avant tout son expertise dans le domaine, ses contacts et ses talents. Mais dans ce cas, il me paraît logique qu'il veuille être rémunéré pour ce travail, non? ce n'est pas parce que tu peux te permettre d'écrire de manière bénévole grâce à un métier qui subvient à tes besoin que les maisons d'édition doivent prendre le même risque (je rejoins LeBashar là-dessus).

Je dis ça sans aucune hostilité, je comprends tout à fait ton point de vue, et je partage une partie de cette vision libre et ouverte de la culture. Mais nous vivons dans un monde où l'impératif financier et commercial est malheureusement prépondérant. Comment bénéficier de l'expertise d'une ME tout en tenant compte de ces impératifs, c'est une vaste question et je pense en effet que c'est le genre de choses qui pourra peut-être évoluer d'un point de vue macro, mais c'est difficile en tant qu'auteur parmi tant d'autres d'imposer ce genre de risque à une ME à ce jour je pense.

En tout cas le débat est très intéressant ( et c'est intéressant que ce soit allé au point du parler du revenu universel :mrgreen: ça me rappelle le débat sur l'arrivée des IA qui "prendraient le travail des humains". Est-ce que cela nous permettrait de devenir oisifs? c'est le postulat de certaines utopies comme la Culture de Banks par exemple)
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LeBashar
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Re: Dépublier ses textes si on est édité ?

Message par LeBashar »

Nicolas a écrit :(et voilà, j'ai envie de relire Dune maintenant)
:mouahaha:
Cloe[cestdoncvrai] a écrit :- La valeur de son travail. Rémunérée ou non, toute activité sur laquelle on a passé du temps génère de la valeur. Je ne voit pas pourquoi, sous pretexte que je n'en ai pas la necessité immédiate pour vivre, mon travail aurait moins de valeur que quelqu'un qui vit de son écriture.
Pour moi ce n'est pas vrai, la valeur (marchande) n'existe pas dans l'absolu. Elle n'apparaît que si quelqu'un paie pour acheter. Sans client, un produit n'a pas de valeur, même pas celle des ingrédient qu'il a consommé (ça c'est son coût de production, pas sa "valeur" ).
En revanche tu peux donner une valeur non marchande à ce que tu fais. Et c'est d'ailleurs bien à cause de celle-là que les auteurs écrivent, même s'ils le font à perte d'un point de vue financier, en ne vendant pas ce qu'ils font.

Et là on touche ce qui créé la tension entre pro et non pro : celui dont c'est le métier a besoin de vendre pour vivre, et éventuellement acceptera diverses concessions sur la valeur non marchande qu'il donne à son produit, si ça permet d'augmenter sa valeur marchande au niveau dont il a besoin.
En revanche celui qui produit son oeuvre sans besoin de la vendre, il le fait pour obtenir autre chose, que j'appellerais ici "prestige". Une forme de reconnaissance de ce qu'il est, et de ce qu'il fait. Non seulement il n'a pas besoin de vendre ce qu'il fait, mais pire, il est prêt à payer pour obtenir ce prestige (soit indirectement, en ne rémunérant pas le temps qu'il passe à sa production artistique, soit directement, en dépensant de l'argent à perte par ex en se déplaçant physiquement pour faire la promotion de ses oeuvres).
Il est inévitable que les deux optiques s'affrontent, mais ce n'est que le résultat du fait que les objectifs de l'une et de l'autre sont tout à fait différents.
Cloe[cestdoncvrai] a écrit :- Je n'ai pas "pas dépensé" d'argent en écrivant. Ayant été indépendante j'ai tendance à réfléchir en tarif journalier. Combien une journée pourrait potentiellement me rapporter ? Dés lors que je ne choisi pas de consacrer mon temps à l'activité pour laquelle je suis le plus rémunérée, je prends un risque : celui de ne jamais percevoir de rémunération pour l'activité choisie. Que ce risque soit pleinement assumé car il relève de la passion ne retire rien au risque pris.
Là je suis d'accord, mais ça reste biaisé pour moi puisque l'activité que je choisi de faire n'est pas forcément valorisable, au seul prétexte qu'elle le "pourrait". ça rejoins le point précédent : sans client, pas de produit.
D'un point de vue entrepreneurial, tu peux avoir une super idée d'un truc à vendre, mais ne jamais arriver à la vendre parce que tu ne trouve pas de marché : pas de clients du tout, ou alors, pas de clients qui acceptent de payer au moins ton coût de production, ce qui revient au même que "pas de marché". Tu peux, physiquement, produire ton truc, mais tu ne peux pas le vendre. Donc il n'a de valeur que pour toi, et ce n'est pas une valeur marchande. "c'est un coundelich, ça n'a pas de prix" :sifflote:

Or il me semble que dans l'écriture, sauf à écrire sur commande, on se retrouve bien dans le cas d'un entrepreneur qui pense avoir une bonne idée à valoriser, mais ne sait pas s'il trouvera effectivement un marché. Mais il est tellement convaincu que son idée est bonne qu'il va quand même la réaliser sans savoir s'il pourra la valoriser (et dans 99% des cas, il ne la valorisera pas).
On n'est donc pas, pour moi, dans le domaine de l'activité commerciale, et c'est pourquoi il ne s'agit pas à mon sens d'un risque financier. L'auteur n'a pu assumer ce "risque" que du fait qu'il a par ailleurs un revenu pour assurer sa survie, et qu'il ne risque pas la faillite personnelle en produisant ses oeuvres, même à perte. (et que la loi ne lui interdit pas cette activité à perte)
Cloe[cestdoncvrai] a écrit :Mais je trouve dommage de se dire "Rien ne viendra des éditeurs" : ils ont l'expérience qui pourrait leur permettre de faire évoluer leur marché...
Je ne dis pas qu'il ne viendra rien d'eux, mais seulement que je ne pense pas que c'est eux qui porteront les initiatives. Personne n'est moteur pour bouleverser l'environnement dont il tire sa subsistance (en principe). Mais il me semble évident qu'ils sont les mieux placés pour aider les innovateurs à concrétiser leurs idées, de part la connaissance qu'ils ont justement de l'environnement actuel. L'innovateur lui a une forte tendance à prendre ses rêves pour des réalités (et par ex à croire coûte que coûte que son idée a une valeur marchande, alors qu'il ne trouve aucun client, ce qui l'amène à monter plusieurs fois de suite la même entreprise et à faire faillite à chaque fois... ). C'est très très courant les gens qui se lancent dans une activité commerciale non pas après avoir vérifié qu'ils auraient des clients, mais uniquement à partir d'une idée qui leur semble bonne, à eux seuls.
Nicolas a écrit :Proposer librement une version corrigée du texte pendant cette durée me laisse dubitatif. Cette action va gêner, et certainement impacter la réussite du livre.
Je n'en suis pas certain. Dans un monde théorique où tout le monde aurait connaissance de tout, c'est sans doute vrai. Mais dans la réalité, tous les clients potentiels n'en sont pas, certains juste parce qu'ils n'ont pas connaissance de l'oeuvre. Du coup le marché se réduit faute de visibilité du produit. La distribution libre augmente cette visibilité, et donc le marché, or cette publicité a un coût véritable si on la produit soi-même. Est-ce que le résultat comptable c'est un bénéfice ou une perte ? à mon avis ça dépend de beaucoup de paramètres et il n'y a pas qu'une seule réponse, mais il doit y avoir pas mal de réponses pour laquelle ce résultat est bénéficiaire. Après tout ça fait longtemps que les autres secteurs commerciaux ont intégré le concept de la distribution "gratuite" d'une partie ou de la totalité d'un produit. Il faut juste inscrire la "perte" représentée dans la colonne "investissement publicité". C'est juste que cet argent au lieu d'avoir été dépensé, n'a pas été gagné. C'est un non-argent. Mais ça revient au même. On peut augmenter le bénéfice autant en vendant plus qu'en réduisant les charges.

Je pense à un autre exemple dans la boîte que j'ai créé (rien à voir avec l'édition, c'est un bureau d'étude en construction écologique et passive). Vous me pardonnerez cette digression j'espère, car on est bien dans le même sujet.
Nous sommes sur un marché de niche, notre principal problème au départ c'était que nos rares clients potentiels sachent que nous existons. Or la propagande publicitaire habituelle, sauf à être coca-cola et à inonder la moitié du monde sur tous les supports, ne produit que des résultats infimes pour un coût énorme. Nous avons donc opté pour internet (c'était le début, y'a 12 ans) en nous disant que les gens devraient à l'avenir plus utiliser google que les pages jaunes. Or pour se rendre visible sur internet il fallait proposer du contenu, parce que la page avec l'adresse de la boîte, ça n'attire personne. Nous avons décidé de faire des dossiers qui expliquaient comment on construit des bâtiments écologiques et passifs, et que ces dossiers seraient en consultation libre. A ce stade nos concurrents et collègues nous ont dit qu'on se tirait une balle dans le pied : si on donne à nos clients potentiels les infos qu'ils sont censés nous acheter, de quoi va-t-on vivre ? En fait nous comptions sur le fait que même après avoir lu 10 pages détaillées, le lecteur n'a pas subitement rattrapé 5 ans d'apprentissage et d'expérience. Donc lire ce dossier ne lui permet pas de concevoir sa maison. Et si un lecteur arrive à le faire malgré tout, alors ce n'est pas un client "perdu" puisque de toute façon il aurait été capable même sans nous de se débrouiller tout seul, et ne nous aurait pas fait intervenir. Pour les autres le procédé s'est révélé tout à fait valable : après avoir obtenu toutes ces infos gratuites, le lecteur est convaincu que nous sommes compétents, bien mieux que si on lui avait dit. En somme c'est du show, don't tell. Lui montrer qu'on connaît notre sujet est plus efficace que de simplement dire "nous sommes les meilleurs". Il se dit que si on a pu écrire tout ça, c'est qu'on connait vraiment notre affaire. Ensuite, la lecture lui a permis de comprendre que le sujet est trop compliqué pour qu'il se débrouille seul, et donc, qu'il aura besoin de nous. CQFD. Enfin, le fait qu'on donne tout ça librement inspire une sorte de sentiment de générosité de notre part. ça donne l'idée qu'on n'est pas avares, et qu'on veut participer à plus que juste du business (et nous ça nous apporte un peu de ce prestige dont je parlais plus haut aussi, à titre personnel, parce qu'on pense nous aussi qu'on n'est pas avare et qu'on contribue à quelque chose de positif pour l'humanité, et c'est un peu pour ça qu'on a choisi cette activité et non une autre plus lucrative).
En fin de compte, le travail qu'on a mis à disposition libre, nous a bel et bien coûté de l'argent, au moins le temps passé à le faire, et aussi les frais d'hébergement du trafic généré, et on ne l'a vendu-facturé à personne. Mais cette somme est finalement modeste en comparaison d'un budget de com publicitaire, et en plus nous a rapporté de bien plus grands retours, ainsi qu'une satisfaction non marchande en prime. Bref, cette diffusion libre, est finalement "tous bénéfices". (et pour finir l'histoire, au bout de quelques années, nos concurrents qui nous pensaient cinglés au départ se sont tous mis à nous copier, certains littéralement ! :roll: )
Nicolas a écrit :si je lis un livre que j'aime beaucoup gratuitement et qu'on m'annonce ensuite que ce livre est disponible en papier/numérique payant, je ne l'achèterai probablement pas.
Pour moi c'est différent, car je ne vois pas comment je pourrais obtenir une version physique, papier, d'un livre gratuitement. Même si je peux imprimer moi-même un truc numérique, ça ne sera pas gratuit. Or je n'aime guère lire les livres sur écran. Du coup ce qui m'a plu à la lecture numérique, j'ai fortement tendance à vouloir me le procurer en papier. D'autant que j'aime relire, et pas seulement Dune ;)
Nicolas a écrit :Mais il ne faut pas oublier qu'à côté des maisons d'édition, il y a tous les autres acteurs de la chaîne du livre et en particulier les librairies et autres plates-formes (FNAC, Amazon...) qui seront aussi impactées et probablement réfractaires par cette manière de faire...
J'ai l'impression au contraire que ceux-là peuvent être moteur de changement, notamment dans le but de squizer la case éditeur, en faisant faire son boulot par un intermédiaire au rabais, mais en empochant sa part quand même. Ils ont l'argent, la motivation à le faire fructifier, et la visibilité. Mais leurs objectifs ne sont ni ceux des auteurs, ni ceux des éditeurs :/
AgatheK a écrit :Vivre, aujourd'hui, est de plus en plus difficile. Vivre sa passion l'est encore plus.
Mouais. Sauf peut-être entre 1950 et 70, aucune population du monde n'a jamais vécu dans des conditions si bonnes que les nôtres pour "vivre sa passion" dans toute l'Histoire. Même nos pauvres sont extraordinairement riches.
AgatheK a écrit :Hier encore, j'entendais aux infos que les départements étaient proches de la faillite à cause de la baisse des dotations de l'Etat et du nombre d'allocataires au RSA qui explosait.
:lol: ce qui plombe les finances publiques c'est pas les aides sociales, c'est la baisse des recettes dues à une très faible activité économique d'abord (et une fraude massive des plus gros acteurs), et le fait que malgré tout on continue d'investir en masse pour étendre des infrastructures coûteuses. Notre argent sert à étendre du goudron par terre et enterrer des tuyaux, c'est ça l'essentiel des dépenses, et non le RSA dont une bonne partie de ceux qui y ont droit ne le demandent même pas par honte sociale de le faire (ou simple ignorance, ou les deux).

ps : j'en profite pour faire un peu ma pub parce que j'ai écris une nouvelle pour l'AT travail, en plein sur le sujet de l'évolution du droit d'auteur, du rapport à la propriété, du revenu inconditionnel etc., du coup si certain sont intéressés pour me faire un retour en off dessus, faites-moi signe ;) - la v1 off était là : viewtopic.php?f=23&t=218670

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Re: Dépublier ses textes si on est édité ?

Message par Florie »

Très intéressant ton retour LeBashar.
J'ai tendance à être d'accord avec toi par rapport à la visibilité et le retour sur investissement à long terme d'avoir su toucher un nouveau public grâce à du contenu gratuit/libre sur internet. Travaillant dans la communication, c'est un métier à part entière de faire des actions "a priori à perte" pour gagner de la visibilité, attirer l'attention, donner une certaine image etc.

Dans le cas particulier de la littérature SFFF française, je me demande si le problème ne vient pas du fait que le milieu est assez petit. Si dans l'absolu un lecteur sur Wattpad ne sera pas le même que le lecteur qui voit le livre papier en salon ou dans sa librairie, je pense dans le cas de ce segment de marché en particulier, beaucoup de lecteurs potentiels sont sur Wattpad. C'est un cercle assez petit finalement, nous auteurs sommes aussi les premiers clients des petites maisons d'édition. Du coup je me demande si le risque n'est pas réel que cette proportion de lecteurs qui préféreront lire la fiction sur Wattpad fasse la différence et plombe les ventes papier...
LeBashar a écrit :Même nos pauvres sont extraordinairement riches.
Je suppose que tu parles de la France et pas du monde entier? Parce que je pense qu'il existe des personnes dans un état de misère similaire ou supérieur aux travailleurs de la fin du XIXème siècle de par le monde aujourd'hui...

Je me demande si tout ce débat au final n'est pas lié à l'intention de l'auteur au moment où il écrit son oeuvre. Comme le dit LeBashar, s'il y a intention commerciale, il faut réfléchir aux consommateurs potentiels. Mais Cloe j'ai l'impression que ton objectif n'est pas financier, mais plutôt de trouver des lecteurs et de diffuser ton oeuvre aussi largement que possible. C'est déjà une première question à se poser.
Ici la "confrontation" peut venir du fait qu'un auteur peut écrire pour un besoin de reconnaissance/accomplissement, comme un loisir dans le sens où sa santé financière n'en dépend pas, alors que pour un éditeur c'est son gagne-pain, l'approche n'est donc pas la même. Je travaille pour un éditeur de jeux vidéo et ça ne me viendrait pas à l'idée de dépenser du temps et de l'argent pour distribuer un jeu qui est dispo gratuitement en ligne de manière légale... Alors que si j'étais développeuse de jeu en loisir, ça ne me dérangerait pas du tout de mettre mon jeu en ligne pour le faire découvrir à un max de joueurs.
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Re: Dépublier ses textes si on est édité ?

Message par Llyana »

LeBashar a écrit :
Nicolas a écrit :Proposer librement une version corrigée du texte pendant cette durée me laisse dubitatif. Cette action va gêner, et certainement impacter la réussite du livre.
Je n'en suis pas certain. Dans un monde théorique où tout le monde aurait connaissance de tout, c'est sans doute vrai. Mais dans la réalité, tous les clients potentiels n'en sont pas, certains juste parce qu'ils n'ont pas connaissance de l'oeuvre. Du coup le marché se réduit faute de visibilité du produit. (...) Après tout ça fait longtemps que les autres secteurs commerciaux ont intégré le concept de la distribution "gratuite" d'une partie ou de la totalité d'un produit. Il faut juste inscrire la "perte" représentée dans la colonne "investissement publicité".
Un peu dans la même logique, j'étais tombée sur la problématique des animés (séries de dessins animés japonais), avec le site Wakanim qui cherche un modèle pérenne. Je n'arrive plus à retrouver l'article en tant que tel, mais voici toujours une étude de cas au cas où : http://www.lescahiersdelinnovation.com/ ... de-de-cas/

En tout cas, la forte pression du piratage/fansub (des équipes qui traduisent gratuitement les épisodes et les mettent à disposition parfois dans les 24 heures après diffusion à la télé japonaise) les a forcés à se mettre toujours en question.

Perso, je lis énormément de mangas fansubbés en anglais (c'est du piratage, je sais). Et je n'en achète qu'une infime partie - déjà parce que certains ne sont pas, et ne seront jamais traduits en français voire en anglais. Mais sans ce système, je ne suis même pas sûre que je les aurai lus en bibliothèque, par exemple. Par contre, ce système m'a aussi permis de ne finalement pas acheter une série peu intéressante sur le moyen terme, ou de me faire acheter une série une fois publiée en France car je voulais la partager.
***Passage ninja***

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