Beorn, je suis assez d'accord avec ton analyse. En plus elle me fait penser, notamment les passages suivants :
Beorn a écrit : ↑ven. mars 10, 2017 9:36 am
L'auteur triche : il connaît l'histoire, il peut donc donner un sacré coup de pouce à son personnage. Le "génie" va écarter toutes les fausses pistes et trouver la bonne, et le lecteur le trouvera génial, alors qu'en réalité, il était "guidé" par l'auteur qui connaissait évidemment cette bonne piste.
[...]
- lui donner plus d'infos que les autres personnages (il a connaissance de ce fait historique qui explique tout, de cette vieille histoire de la mythologie grecque qui va aider à résoudre l'énigme, de cette peinture vénitienne du XVIIème siècle qui est la clef de l'énigme, etc.),
[...]
- utiliser les autres personnages pour convaincre le lecteur qu'il est génial (c'est tout l'art de la présentation du personnage : on peut, avant même sa rencontre, lui donner une réputation, lui prêter des exploits, montrer l'admiration ou la jalousie dans le regard de ses collègues ou amis, etc.).
Aux techniques qu'en tant que MJ en jeu de rôle - je connais un peu plus ce genre de situation - on peut utiliser pour rendre un personnage trop puissant ou donner l'impression que c'est un genre de génie du mal... En gros, comme le MJ connaît son scénario et que de surcroît il entend tout ce que les joueuses et joueurs disent, font ou projettent, il peut faire réagir ses PNJ en conséquence sans que les joueuses et joueurs aient la possibilité de l'anticiper ou de le contrer... Et voilà comment on se fabrique un méchant diabolique sur-intelligent à peu de frais
(Ce smiley sert à indiquer que je conchie cette technique de toutes mes pores.)
Sur la question de l'intelligence, je pense que le souci réside aussi dans ce qu'on appelle "intelligence" : par exemple Sherlock Holmes - que je ne connais que par ses adaptations filmées car je suis un flemmard de merde
- apparaît comme un personnage super intelligent parce qu'il analyse les choses excessivement vite et qu'il les rattache rapidement à des éléments différents... Néanmoins, dans l'absolu, est-il "intelligent" ou juste capable d'une plus grande capacité de concentration et d'organisation ? De même, un personnage qui dispose de connaissances encyclopédiques, avec une immense culture sur de très nombreux sujets, est-il "intelligent" ou juste très instruit ? En outre, l'intelligence est une "vertu" conditionnée par un contexte socio-culturel spécifique : l'on valorise aujourd'hui des esprits dits "rationnels" (avec tout ce qu'on peut discuter sur la rationalité en tant que concept) qui auraient des raisonnements strictement "scientifiques", mais cette idée est largement construite sur des pré-supposés...
Par conséquent je souscris plutôt à l'analyse de Nariel : en gros, on peut faire paraître un personnage intelligent parce qu'on sait ce qui va se produire... Et à celle de Beorn car il suffit de passer sous le tapis des détails qu'on ne connaît pas soi-même pour donner une scène qui ira droit au but - en gros juste dire que le personnage remarque LE DETAIL QUI NE COLLE PAS sur cette peinture du 17ème siècle réalisée par une quelconque école flamande, sans entrer dans le détail justement pour ne pas passer pour un gros ignare... Sinon, on peut directement passer à la phase recherche pour donner du réalisme à son récit...
Ou alors, on prend des individus réels qui correspondent à ce que l'on cherche, et on picore des éléments de leurs vies ou de leurs méthodes pour rendre un personnage crédible, même si paradoxalement ça risque de nuire à la démarche - selon le bon vieux principe du "si vous aviez vu ça dans un roman/film vous n'y auriez pas cru
Ainsi, Sherlock Holmes lui-même est partiellement inspiré du personnage du médecin
Joseph Bell, aux cours duquel
Arthur Conan Doyle assistait étudiant, qui était capable de déductions étonnantes sur la base de l'observation.