Trucs et astuces pour soumissions réussies

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Lady Célia
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Trucs et astuces pour soumissions réussies

Message par Lady Célia »

Bonjour à toutes et à tous !

Voilà, c'est dimanche, j'ai pas pris de jour de congé depuis l'été dernier et j'ai un peu envie de faire autre-chose que d'écrire et du travail d'édition aujourd'hui. Et puis, ça fait un moment que j'ai envie d'ouvrir un sujet de ce genre. J'ai feuilleté l'index, il n'y a rien qui s'en rapproche (j'espère être dans la bonne section cela-dit, mais en théorie, oui).

Donc voilà, comme vous le savez déjà sûrement, je suis aussi éditeur (tout petit mini, mais quand même). Et du coup, notamment après mon dernier appel à texte, j'ai eu l'occasion de recevoir un certain nombre de soumissions diverses et variées. De romans, de nouvelles, de séries littéraires. Ce qui me confère un point de vue tout à fait nouveau sur ces soumissions : celui de l'éditeur. C'est une expérience particulièrement intéressante, parce que ça me permet de mieux cerner ce qui fonctionne et ne fonctionne pas lorsqu'on envoie un texte à une maison d'édition. Et le premier constat que je fais, c'est que, de manière générale, les auteurs ne savent pas vendre leurs manuscrits...
Alors oui, c'est un exercice compliqué. Oui, après trois ans à bosser sur le texte on a envie de l'envoyer le plus rapidement possible. Oui, les maisons d'édition ne devrait s'intéresser qu'au manuscrit lui-même. Oui, les maisons d'édition ont des lubies à demander des pitchs, des notes d'intention, des synopsis etc, etc. N'empêche que, je vous le dis sans la moindre honte : une bonne soumission PEUT faire la différence.
Pour l'instant, ma boîte mail n'est pas encore pleine à craquer, je peux encore me permettre d'ouvrir tous les manuscrits qu'on m'envoie. Mais clairement, si j'en recevais plus, les 3/4 des soumissions reçues ne passeraient pas l'étape du synopsis (en admettant qu'on ait pris la peine d'envoyer un synopsis, ahem).

Alors du coup, je me dis qu'il serait peut-être temps de mettre les choses sur la table et d'expliquer clairement ce qu'est une bonne soumission, d'expliquer les travers qu'ont les auteurs lors de leurs envois et surtout, de donner quelques trucs et astuces pour s'assurer la meilleure soumission possible, afin que les éditeurs se précipitent sur vos manuscrits. Parce qu'au final, c'est ça une bonne soumission, c'est une soumission qui donne réellement envie de lire vos créations... Et oui, les 3/4 des soumissions ne donnent pas envie de lire le texte, c'est un fait.
Voilà, donc je fais un long message pour vous donner tous les conseils qui me viennent en tête. Bien entendu, il ne s'agit que de mon ressenti personnel, de mon expérience (et j'en ai finalement assez peu), je ne parle donc pas au nom de tous les éditeurs. De même, si d'autres grenouilles ont des expériences de ce côté-là de la barrière, je vous invite à les partager et à aider vos camarades, à remettre en cause ce que je dis aussi (j'ai pas la science infuse non plus). Et puis, si les autres grenouilles ont des questions, des interrogations sur ce qu'on peut ou ne peut pas faire, n'hésitez pas à vous exprimer !
Donc voilà, en gros, ce sujet, il est là pour aider les auteurs que nous sommes à faire des soumissions du tonnerre, qui maximiserons les chances de nos manuscrits dans les maisons d'édition.

1. L'éditeur a toujours un a priori négatif sur votre texte :
C'est quelque chose que j'ai remarqué au bout d'un moment, et c'est un réflexe bien étrange, mais sachez qu'un éditeur part toujours avec un a priori négatif sur votre texte, avant même d'avoir lu quoi que ce soit à ce sujet et ce, même s'il est parfaitement ravi qu'on lui envoie quelque chose. A l'instant où il reçoit le mail, il fronce les sourcils : "mais qu'est-ce que c'est que ça encore ?"
N'y voyez rien de méchant. Les raisons sont toutes très bêtes. Lire un manuscrit, ou même simplement la présentation de celui-ci, c'est une charge de travail supplémentaire. Dans la mesure où la plupart des manuscrits reçus ne sont pas bons (on y reviendra) et où la plupart des soumissions sont ennuyeuses, ce n'est pas forcément la partie du travail qu'il préfère. Et puis, un manuscrit, c'est aussi un risque financier. Même en cas de coup de coeur, même en cas de chef d'oeuvre, c'est (théoriquement) ses sous qu'il met en jeu. Bref, il ne va pas les donner à n'importe qui. Du coup, quel que soit le texte, même si c'est LE texte (pile dans la ligne éditoriale, d'une qualité exceptionnelle, avec le titre qui tue...), peu importe, il sera toujours sceptique vis-à-vis du manuscrit et de la soumission.
Mon premier conseil est donc le suivant : ne lui donnez aucune raison de ne pas vous aimer. En fait, allons même plus loin, n'hésitez pas à être amusant, drôle, à être respectueux, poli, aimable, bienveillant avec l'éditeur. Si votre soumission égaye sa journée, vous marquez déjà des points.
La plupart des auteurs adoptent des tons trop neutres, trop consensuels, trop mécaniques et trop informatifs. C'est plat et sans âme. N'oubliez pas : vous avez des êtres humains en face de vous, pas une bureaucratie sans âme.

2. Faites attention à la ligne éditoriale :
Le conseil peut paraître stupide ou évident, mais il n'est pas démodé, loin de là. Sur mon site, il y a au moins trois pages dans lesquelles je détaille la ligne éditoriale. Trois ou quatre même. J'y répète toujours la même chose : nous recherchons en priorité du Space Opera ou du Planet Opera, nous acceptons la SF au sens large dans une moindre mesure, évitez la Space Fantasy, on préfère la SF pure et dure. ça me paraît plutôt clair. N'empêche, que sur les 15 dernières soumissions que j'ai reçues, trois étaient des textes fantastiques ou de fantasy. Et ce ne sont pas forcément des erreurs, parce que certains disent clairement : "au cas où ça vous intéresserait quand même".
C'est bête, mais ça horripile vite un éditeur ça. Non seulement, il va vous offrir un refus catégorique, mais en plus, il risque de ne pas vous voir d'un bon oeil si vous revenez avec un texte qui est cette fois dans sa ligne éditoriale. Et allons plus loin, vous gâcher les opportunités des autres, parce que vous le mettez de mauvaise humeur lorsqu'il va ouvrir leurs mails à eux.
Donc oui, s'il vous plait, faites un tour du site internet, consultez le GGG, mais n'envoyez pas un texte à un éditeur qui ne correspond pas à ce qu'il recherche, surtout lorsqu'il a très clairement explicité ce qu'il recherchait.

3. Suivez les consignes :
Encore une fois, ça peut paraître tout aussi évident, mais il faut respecter la démarche de soumission imposée par l'éditeur, c'est EXTREMEMENT important. Il faut bien comprendre que les éditeurs ne vous imposent pas toutes ces consignes pour vous emmerder, mais parce qu'ils en ont besoin. Ils en ont notamment besoin pour pouvoir sélectionner plus rapidement les manuscrits qui les intéressent et ceux qui ne les intéressent pas... ne pas respecter les consignes équivaut donc quasi-systématiquement à un refus, parce qu'ils n'ont pas le temps de se consacrer à TOUS les manuscrits (non, ne cherchez pas, même avec un comité de lecture, ils n'ont pas le temps).
Ces consignes sont souvent différentes d'une maison à l'autre, mais c'est normal. Elles répondent à des logiques organisationnelles internes. Une maison qui a un comité de lecture aura besoin d'une procédure comme ceci, ou comme cela, tandis qu'une plus petite maison, où l'éditeur épluche lui-même les textes (comme c'est mon cas), aura besoin de s'organiser en fonction de ses préférences personnelles. Quant aux obligations relatives à la forme du manuscrit, c'est loin d'être anodin aussi. Je crois que c'est l'Atalante qui est la maison la plus exigeante à ce niveau, et je n'ai qu'une chose à dire : ils ont raison. Le but est que votre texte puisse passer sur liseuse, sans problème, parce que c'est plus agréable à lire et ça permet de le donner à plusieurs personnes. Si vous envoyez un texte dont on ne peut pas modifier la mise en page, il y a des chances pour qu'il soit mis en fin de liste. Pareil, si vous avez une mise en page particulière au sein même du livre (parce qu'il y a des images, ou des tableaux, ou je ne sais quoi... on sait jamais), n'hésitez pas à demander à l'éditeur le format le plus pratique pour lui et faites vous-mêmes la mise en page.
L'idée n'est jamais que vous fassiez la mise en page finale à la place de l'éditeur, mais bien de faciliter le confort de lecture de l'éditeur. Et ça, c'est très important, encore une fois, l'idée est que votre manuscrit se retrouve en haut de la pile et non en bas.
Bref, respecter les consignes que l'éditeur impose, même si c'est emmerdant sur le moment, c'est important et ça facilitera d'autant plus votre éventuelle sélection.
J'insiste cependant sur ce point, car la majorité des auteurs qui envoient des textes... ne respectent pas ces consignes, aussi simples et claires puissent-elles être. Entre ceux qui n'envoient pas de synopsis, ceux qui se contentent d'envoyer un "voici mon manuscrit, salut !", ceux qui ne donnent pas le nombre de caractères (il y a en qui donne le nombre de mots par contre, sauf que ça n'a rien à voir en vrai), ceux qui ne donnent pas le genre (et il faut le deviner), ceux qui ne donnent pas de pitch, ceux qui envoient le manuscrit en parties séparées... Bref, je ne parle bien entendu que des procédures de ma maison d'édition à moi, mais c'est révélateur. Déjà, ça transmet l'idée que l'auteur ne sait pas lire les consignes ou n'a pas envie de faire l'effort de les respecter : ça ne donne pas envie de travailler avec lui. Ensuite, ça ne permet pas traiter ces soumissions aussi rapidement qu'on le souhaiterait (le nombre de caractère, permet de connaître approximativement la taille du texte et donc de savoir si (a) il est de la taille requise et (b) on peut le lire en 2 ou 3 jours), et donc de devoir perdre du temps à revoir sa propre organisation pour pouvoir les lire (enfin, si on est consciencieux ou qu'on a le temps, moi je peux encore me le permettre, mais tous les éditeurs ne le peuvent surement pas).
Et imaginez que la maison d'édition soit suffisamment grande pour avoir une machine bien huilée pour sélectionner les manuscrits... votre soumission ne rentre pas dans les cases imposées ? Au revoir.
Donc oui, prenez le temps de respecter les consignes, c'est vraiment un point important. Les consignes sont vraiment là pour vous aider en réalité.

4. Relisez vos mails :
Là aussi, ça peut paraître évident. N'empêche que... pour l'instant, je dois en avoir reçu un seul de mail sans faute d'orthographe...
Bon, c'est pas le point le plus grave, parce que fondamentalement, on fait tous les fautes. C'est inévitable. C'est d'ailleurs infiniment plus facile de relire les autres que de se relire soi-même. Et même moi, dans mes réponses, j'essaie de faire le plus attention, mais je dois bien laisser passer des énormités de temps à autre. Donc bon, honnêtement, une ou deux petites maladresses, c'est peut-être pas si grave. D'autant qu'un éditeur n'est pas dupe, il sait bien qu'il y en aura plein dans le texte lui-même des coquilles.
Cela-dit, soigner à fond l'orthographe dans le mail de soumission, c'est un plus non-négligeable. Et c'est pas si difficile que ça à obtenir d'ailleurs, il suffit généralement d'y mettre un peu du sien, de faire relire à une personne bienveillante etc. C'est pas long un mail de correction.
Mais maintenant, imaginez un éditeur, qui doit évaluer votre texte, notamment en fonction du travail que ça risque d'exiger de lui. Si vous arrivez avec des fautes, rien que dans la présentation, parce que vous ne l'avez pas relue, que doit-il en conclure pour le roman en lui-même ? Moins il y aura de corrections à faire, plus il sera content. Encore une fois, il faut lui donner envie de lire le manuscrit et s'il commence à s'inquiéter avant même de l'avoir ouvert, c'est pas bon pour vous. Et s'il y a vraiment trop de fautes, il ne l'ouvrira tout simplement jamais.
Alors, rendez-vous service, relisez-vous, c'est un moindre mal.

5. Le bon titre pour le bon roman :
Commençons à entrer dans le vif du sujet : le contenu de la soumission. Et la première chose que l'éditeur verra de votre texte, c'est son titre. Généralement, c'est dans le titre du mail aussi. Et il est donc important de le soigner, pour attirer les faveurs de l'éditeur.
Car oui ! Rares sont les titres qui envoient du pâté ! Bon, ils sont rarement mauvais aussi, cela-dit, en consultant les soumission, il m'arrive souvent de me dire : "ça a l'air pas mal, mais faudra changer le titre", c'est donc qu'il y a un problème quelque part. Pour comprendre l'importance de ce point, imaginez la situation suivante. Vous êtes dans une librairie, vous n'avez assez d'argent que pour acheter un seul livre, mais deux choix s'offrent à vous : "Martin Grund ou les chroniques d'un astronaute à la retraite" ou "La Mélancolie des Etoiles". Si vous êtes normalement constitué, l'un des deux vous intéressera davantage que l'autre et c'est bien normal. Et bien sachez que, pour un éditeur c'est pareil. Pour l'intéresser et le mettre en condition dès le départ, ayez un titre qui claque.
Bon, évidemment, il y a beaucoup de subjectivité là-dedans, mais voici quelques petits trucs pour bien choisir son titre :
  • Les titres les plus courts sont les meilleurs. Un ou deux concepts maximum. Les phrases, les expressions entières, c'est déjà plus difficile à avaler et ça peut transmettre l'idée d'un roman un peu prétentieux (allez savoir pourquoi, mais c'est le cas).
  • Le nom d'un personnage en titre, pourquoi pas. Mais il faut que ce nom ait un sens ou soit assez classe. Un titre du genre "Jean-Yves de Lecarrère"... on s'en fiche. "John Bales", déjà ça passe mieux. Et puis, si vous écrivez un roman qui s'appelle "Darth Vader", ça permet de comprendre immédiatement de quoi ça va parler.
  • Evitez les mots inventés, surtout lorsqu'ils sont seuls. C'est un peu bête, mais un bon titre doit interpeller même quelqu'un qui n'a pas la moindre idée du sujet de votre roman. Si vous utilisez un néologisme, un nom propre inventé ou autre... ça risque surtout de ne rien évoquer du tout à l'éditeur.
  • Les titres les plus géniaux vendent à la fois le genre et le concept de l'oeuvre. Le truc pour parvenir à ça, c'est d'associer deux concepts ensemble de manière inédite. Par exemple "Star Wars" : de la guerre dans les étoiles, tout de suite ça donne le ton.
Après, je suis le premier à reconnaître que trouver un bon titre, c'est jamais évident et que l'éditeur doit y mettre du sien aussi. Il n'empêche que, utiliser le "Bain à bulle" peut être une bonne idée si vous galérez un peu. Parce qu'envoyer un mail avec marquer "manuscrit sans-titre", ça le fait malheureusement moyen (véridique, j'ai reçu un mail comme ça).

6. Un pitch qui claque :
Alors là, je sais, pour traîner pas mal dans le Crawl, que c'est hyper chaud d'écrire un pitch et surtout ce qu'on appelle le "pitch dramatique". Et autant vous le dire tout de suite, 100% des pitchs que j'ai reçus sont au mieux passable. Or, c'est juste le premier truc que l'éditeur va regarder en fait. C'est ça qui l'intéresse vraiment, savoir de quoi parle votre projet ! Est-ce que ça va l'intéresser ou non ? Est-ce que ça va émoustiller sa curiosité ou non ? Un bon pitch, c'est la clé de voûte de votre soumission.
Mais la réalité, c'est qu'un pitch n'a pas besoin d'être compliqué. Quand je vois ce qu'on travaille dans le crawl ou la façon dont on pitch à l'oral en convention ou dans les Tea Corner, je me dis qu'en fin de compte, on a tout faux depuis le début. Un bon pitch, c'est un pitch qui interpelle, qui vend le projet, qui en fait la pub. Encore une fois, le but, c'est de pousser l'éditeur à s'intéresser au manuscrit.
Alors oui, le pitch dramatique (le héros a un objectif, fait ceci pour l'atteindre mais rencontre tel obstacle) ça donne une bonne idée de ce que va être l'histoire. Mais très honnêtement, c'est un peu mou comme présentation. Non, le pitch qui intéressera le plus l'éditeur, c'est celui qui commence par l'argument de vente de votre histoire. C'est pas tellement parce qu'il veut savoir s'il y aura un public pour le manuscrit (parce qu'il doit vendre le livre après, ne l'oublions pas), c'est parce qu'il faut le vendre à lui, pour commencer.
Et du coup, un bon Pitch c'est UNE idée. Non, c'est même plus que ça, c'est L'IDEE, le coeur de votre roman, le truc qui en fait l'originalité, le concept de base ET C'EST TOUT !
Harry Potter ? C'est l'histoire d'un môme qui découvre une école de magie top secrète !
Pacific Rim ? C'est des robots géants qui tapent sur des monstres géants !
Le Jour d'Après ? C'est le réchauffement climatique, mais en scénario catastrophe !
Transformers ? C'est des voitures qui se transforment en robots géants !
12 hommes en colère ? C'est 12 jurés qui ont entre leurs mains la vie d'un jeune homme !
Et ainsi de suite. En réalité, c'est ça qui intéresse l'éditeur. C'est juste une idée intrigante, intéressante en soi. Parce que ouais, si on vous dit "C'est Abraham Lincoln qui chasse des vampires", ça a l'air complètement débile, n'empêche que tout de suite, ça interpelle, ça émoustille la curiosité : même si c'est pas la ligne éditoriale de l'éditeur à la base en plus !
Et ensuite, mais seulement ensuite, si vous avez envie de développer un peu, avec un pitch dramatique ou autre, là vous pouvez préciser des choses. Mais d'abord, accrochez votre public avec une seule phrase très courte comme celles que je viens de vous montrer et déjà, votre projet sera au-dessus du lot dans l'esprit de l'éditeur.
Pour vous aidez, n'hésitez pas à repenser à ce qui vous a donné envie d'écrire le roman à la base. Parce que mine de rien, ça vous l'a vendu à vous aussi ;)
Le problème actuellement, c'est que bien souvent, je dois lire le synopsis (quand il y en a un) pour comprendre l'originalité réelle du projet, c'est dommage :/

7. Evitez la note d'intention "42" :
Les éditeurs vous laissent souvent la possibilité d'envoyer une note d'intention avec votre manuscrit. Il s'agit tout simplement du contenu du mail en lui-même (en plus du pitch). L'idée est alors de développer un peu plus vos intention vis-à-vis du texte et de l'écriture du texte. Sans parler de l'histoire, on peut évoquer les thèmes, le projet en lui-même, ce qui vous a poussé à l'écrire, ce que vous avez cherché à faire.
Premier conseil : faites toujours une note d'intention. Ne pas en faire n'entourera pas votre manuscrit d'un aura de mystères. Mais parler un peu du projet, voire (mieux, mais plus chiant et plus dur) de pourquoi il s'inscrit dans le projet de la maison d'édition, raconter un peu des choses autour de celui-ci, pour donner des informations supplémentaire, ça aide. ça aide à mieux cerner le projet en lui-même, là où il va, son intérêt etc. Donc, c'est utile.
Deuxième conseil : par contre, ne faites pas une note d'intention pour faire une note d'intention. Il faut vraiment que celle-ci soit utile, intéressante, qu'elle apporte quelque chose. Ce que vous dites dans la note d'intention, ce ne doit pas être des banalités. ça n'a pas besoin d'être long ou quoi, juste de parler un peu plus de votre projet et de pourquoi vous l'envoyez. Est-ce que ça s'inscrit dans une saga ? Est-ce que c'est un one-shot ? Est-ce que ça se destine à un public plus jeune ou plus vieux ? Quelles sont les références qui vous ont servi à écrire ce livre ? Etc.
Mais attention il y a deux choses très importantes à retenir ! Déjà, ne parlez pas de vous. On s'en fout de vous. Je ne déconne pas, vous n'êtes pas le sujet de la soumission, votre projet l'est. Je reçois énormément de mail du genre : "bonjour, j'ai 35 ans, je suis ingénieur et...". A chaque fois, j'ai envie de répondre : "Désolé, c'est pas un site de rencontre". Donner des informations sur vous, en dehors de vos coordonnées, c'est risquer des a priori négatifs inutiles. Ah ? Tu es ingénieur ? Donc t'es pas auteur ? Tu as 35 ans ? ça veut dire que t'es encore jeune pour un écrivain... Etc. Idem pour parler de ce que vous avez publié ou n'avez pas publié avant. C'est votre premier roman ? Ah, ça peut donc être un peu merdique. C'est le troisième ? Pourquoi tu n'as pas déjà un éditeur ? Et puis, imaginez que le gars n'aime la maison d'édition qui vous a publié pour X raison.
Non, parler de vous, ou même du temps que vous avez pris pour écrire votre texte, n'est pas intéressant une seule seconde pour l'éditeur. Encore une fois, le but n'est pas qu'il vous apprécie vous (car il y a infiniment plus de chances qu'il ne vous apprécie pas), c'est qu'il apprécie votre texte. S'il apprécie votre texte, il fera avec vous. S'il commence par avoir des préjugés sur vous, il aura peut-être plus de mal à ouvrir votre manuscrit.
Et le deuxième point, c'est d'éviter à tout prix ce que j'appelle la "note d'intention 42", c'est-à-dire les notes d'intention qui essaie de faire croire que le roman que vous envoyez va répondre à la grande question sur l'univers, la vie et le reste. Non, sans rire, c'est LE gros travers des auteurs lorsqu'ils envoient un texte. Je le faisais aussi, mais après avoir reçu trois soumission du genre, j'ai décidé d'arrêter dans la seconde.
Pour préciser un peu les choses, j'appelle "note d'intention 42" toutes les notes d'intentions qui essaient de parler du message sous-jacent du texte pour le vendre. La plus rigolote que j'ai eu c'était un truc du genre : "A travers ce roman, j'essaie d'explorer les futurs possibles de l'humanité". Oui, bah, de l'anticipation quoi... Et alors ? C'est le principe même de la SF ça d'apporter un autre regard sur l'humain. J'ai aussi reçu un roman qui était clairement fait pour être pulp, fun, plein de testostérone et d'explosions, qu'on me présentait bien enrobé avec du "c'est une critique de notre société de consommation"... Cherchez l'erreur. (J'espère n'offusquer personne avec ces exemples bien réels, je ne les cite pas avec méchanceté. Ils sont édifiant, mais encore une fois, tout le monde le fait, vraiment tout le monde.)
Non, une note d'intention, doit donner l'intention. Si c'est un roman humoristique, faites rire l'éditeur. Si c'est un roman pulp, allez-y à fond ! Dites qu'à un moment, il y a un robot géant qui prend un paquebot et qui tape sur un monstre géant avec ! Si c'est un roman d'amour, faites un message qui donne envie d'être amoureux, ou dites que ça s'inscrit dans la lignée de Titanic ou de Romeo et Juliette. Bref, vendez le manuscrit !

Au final, l'éditeur s'en fiche un peu de votre message sur la vie, l'univers et tout le reste à ce stade-là. Lui, il a besoin de savoir si vous avez écrit un bon romans qui correspond à sa ligne éditoriale. Le message de votre roman, il est soit dans le pitch, sans dans le manuscrit (s'il y est pas, c'est que vous avez raté quelque chose). En revanche, comme beaucoup des manuscrits qu'il reçoit ne sont pas bien écrits, ne racontent pas des histoires intéressantes, il a besoin de savoir que votre projet est solide, qu'il ressemble à d'autres choses qu'il a probablement apprécié, qu'il a des arguments de vente qui vont au-delà de son seul pitch. Par exemple, si vous écrivez "La Horde du Contrevent", il faut parler du fait que le roman change de point de vue régulièrement et quel intérêt ça a. Ou encore, si vous écrivez "Game Of Thrones" expliquez bien qu'il y aura des meurtres à gogo et du sexe toutes les trois pages. Que ce soit une satire des clowns tristes du XIXème siècle, bah... ça ne dit pas vraiment si c'est intéressant à lire ou pas.

8. Syno de soumission, résumé... le mieux, c'est encore d'en mettre un :
Oui, toutes les maisons d'édition demandent un synopsis de soumission, souvent en y mettant des contraintes de taille, voire de mise en page. C'est chiant, c'est peut-être l'exercice le plus difficile du lot et pourtant... c'est l'élément le plus essentiel de votre soumission. Plus que tout le reste et de très très loin.
Que le mail de soumission soit bon, ça vous aidera. Qu'il ne le soit pas, c'est pas si grave, parce qu'un éditeur finira toujours par au moins jeter un oeil au synopsis. Juste pour voir si vous savez juste pas faire une soumission intéressante ou si c'est qu'en fait, votre projet est vraiment naze. La plupart du temps, c'est évidemment la première option qui prime et c'est tant mieux. Cela-dit, si le synopsis laisse lui aussi à désirer, ne cherchez pas, votre manuscrit ne sera tout simplement pas lu dans 95% des cas.
La première chose à faire, c'est donc d'envoyer le synopsis de soumission. Parce que oui, beaucoup d'auteurs n'en envoient pas, même quand on leur demande dans les consignes et même lorsque vous leur renvoyez un mail pour leur dire poliment qu'ils ont oublié.
Je vais vous dire en toute honnêteté ce qu'il se passe de mon côté dans ces cas-là : je ne lis pas les manuscrits avant d'avoir fini les textes de ceux qui m'ont envoyé un synopsis (même si celui-ci était nul). Et je n'ai pas honte de le dire. En tant qu'éditeur, je n'ai pas le temps de me consacrer pleinement et entièrement à tous les projets qu'on m'envoie (d'autant plus en tant qu'éditeur bénévole). J'aimerais sincèrement pouvoir le faire, mais c'est impossible. Et pourtant, je ne croule pas encore sous les soumissions. Je ne lis pas plus vite que mon ombre, c'est malheureusement une réalité avec laquelle je dois composer. Sans synopsis, je ne peux pas savoir si le projet correspond de près ou de loin à la ligne éditoriale (car il y a toujours plus de paramètres que ce qu'un pitch et une note d'intention peuvent dire), je ne peux pas savoir si l'auteur a écrit un projet construit ou non, si l'auteur sait écrire même. Mais plus encore, ces auteurs montrent une certaine mauvaise volonté de leur côté en refusant de se plier à la consigne : ils ne me donnent pas envie de travailler avec eux. Il y en a d'autre qui ont pris la peine de faire un synopsis. Même si celui-ci n'est pas vraiment bon, au moins, ils paraissent avoir davantage l'intention de travailler avec moi.
Je vais d'ailleurs plus loin parce qu'avant d'envoyer une réponse à un projet, je me force toujours à lire au moins le quart du manuscrit (bon ou mauvais) (oui, désolé, encore une fois, si je lisais tous les manuscrits en entiers, vous n'auriez jamais de réponse). Pour ceux qui n'envoient pas de synopsis, je n'irai pas jusque-là. La logique, encore une fois, est assez simple à comprendre : sans le synopsis, je ne peux pas juger de la pertinence de l'histoire, si elle ne démarre pas dans les premières pages, comment je peux me douter qu'elle le fera plus tard ? Je peux me dire qu'un roman a besoin de corrections si je sais où il va. Mais lire un mauvais manuscrit d'un bout à l'autre pour découvrir finalement qu'il était aussi mal construit, non merci. Encore une fois, je n'ai malheureusement pas ce temps à perdre, surtout pour des personnes qui n'y mettent pas de la bonne volonté aussi de leur côté.
Certains d'entre vous trouverons cela très dur, mais on en vient vite à de telles extrémités, croyez-moi. Et quand vous avez le choix entre lire deux manuscrits, entre travailler avec deux auteurs, l'un qui essaie de s'accommoder à vos demandes, et l'autre qui les ignore, je pense que vous ne tergiverserez pas trop longtemps sur la question.

Mais ça va plus loin que ça. Car après quelques mois à lire des manuscrits, vous vous rendez compte qu'il y a une règle quasi systématique : mauvais synopsis = mauvais manuscrit.
Et ça n'a rien d'étonnant. Un mauvais synopsis, déjà, c'est un synopsis qui n'est pas clair, qui n'a pas été relu, qui n'a pas été travaillé. Si l'auteur ne prend pas la peine de travailler son synopsis, ça veut souvent dire qu'il ne prend pas la peine de travailler son manuscrit. S'il n'a pas fait relire son synopsis, il n'a pas fait relire son manuscrit. Un bon ou un mauvais synopsis, c'est presque toujours la différence entre un auteur sérieux, professionnel, et un amateur. Allons plus loin, un auteur qui ne sait pas résumer son texte, c'est un auteur qui ne sait pas de quoi parle son texte. Encore une fois, comment voulez-vous que son texte soit un projet intéressant et cohérent si même l'auteur ne sait pas vraiment ce qui en est le coeur ? Parce que toutes les corrections, en théorie, doivent tourner autour de cette base, de ce socle central est primordial. Du coup, si l'auteur n'a pas su résumer son projet, ça témoigne toujours du fait que son projet n'en est pas au point où il peut être résumé.
Vous trouvez ce jugement hâtif et dur ? Je peux le concevoir. Moi aussi, à la base, je me disais qu'on ne pouvait pas vraiment juger de la qualité d'un manuscrit sur la seule valeur du synopsis, surtout vu la difficulté de base de l'exercice. Et même aujourd'hui, je fais tout pour me dire : le synopsis n'est pas bon, mais peut-être que le manuscrit l'est quand même ! Et pourtant, après avoir fait quarante fois de suite la constatation : mauvais synopsis = mauvais roman ; l'a priori négatif est installé. Et je pense que c'est aussi le cas pour tous les autres éditeurs, qui eux, n'ont pas forcément le temps de passer outre le synopsis.

Et puis, mine de rien un synopsis, c'est hyper utile. L'éditeur va tout de suite voir si l'histoire lui plait, si elle correspond à sa ligne éditoriale, si la construction est bien faite, s'il y a du rythme, des rebondissements, si c'est original... etc, etc. Donc, plus il sera clair et intéressant, plus il témoignera de votre travail sur le manuscrit, plus vous aurez de chances pour que ce dernier soit lu.
Alors quelques rappels cela-dit au niveau du synopsis, parce qu'il y a malheureusement encore trop de personnes qui ne savent pas ce que doit être un bon synopsis de soumission :
> Le synopsis de soumission n'est pas un 4ème de couverture. L'idée est d'y d'écrire l'histoire dans son ensemble, en incluant la fin de celle-ci, nécessairement. Il s'agit bien de pouvoir juger la pertinence de la structure générale de l'histoire, pas de faire une accroche (ça, c'est le rôle du pitch et de la note d'intention).
> Le synopsis de soumission, comme le mail de soumission, doit être rédigé dans une orthographe parfaite.
> Le synopsis de soumission doit être clair, lisible et compréhensible pour quelqu'un qui n'a jamais lu la moindre ligne sur le projet (c'est ça en fait qui est réellement important).
> Si les éditeurs demandent à ce que le synopsis fasse une page ou deux, c'est juste pour éviter qu'il n'en fasse dix. Vous pouvez déborder un peu, mais rappelez-vous qu'ils doivent pouvoir le lire rapidement.

Pour vous assurer que votre synopsis est bon, il n'y a pas 36 solutions : faites-le relire. Mais faites-le relire en priorité par des gens qui ne connaissent pas le roman et ne leur posez fondamentalement que trois questions :
1- Est-ce que tu as tout compris ?
2- Est-ce que ça te donne envie de lire le livre ?
3- Pourquoi ?
Le reste n'est que détail et fioritures. Le crawl est très pratique pour ça d'ailleurs, n'hésitez pas à l'utiliser pour chacune de vos soumissions.


Voilà ! C'est tout pour l'instant. Et c'est déjà beaucoup remarquez. Après, dites-vous bien que je ne dis pas tout ça pour me plaindre ou pour justifier certains comportement des éditeurs. Mon but avec ce sujet est vraiment d'aider tous les auteurs à trouver plus facilement des éditeurs. Parce que, en dehors de la qualité même des manuscrits, la qualité de la soumission peut déjà vous assurer d'être lu. Juste d'être lu. Comment voulez-vous que votre texte soit choisi si l'éditeur ne voit pas d'intérêt à lire le manuscrit ?
Croyez-moi, au vu de ce que je reçois régulièrement, et de ce que moi-même j'envoyais auparavant, naïf que j'étais, je peux vous assurer qu'en suivant ces quelques conseils, votre manuscrit sera infiniment mieux reçu que tous les autres et se retrouvera sans le moindre doute au sommet de la pile des éditeurs.
Alors voilà, je laisse d'autres donner des conseils ou poser des questions, animer la discussion. Cherchons ensemble le moyen de faire les soumissions les plus efficaces possible ;)
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Re: Trucs et astuces pour soumissions réussies

Message par sherkkhann »

Merci pour ton témoignage, c'est super intéressant !!

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Re: Trucs et astuces pour soumissions réussies

Message par Crazy »

Pareil que Sherkk'

Par contre, n'hésite pas à reprendre ton post pour aérer (voire mettre des passages en gras), parce qu'en l'état, c'est un peu indigeste ;)

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Re: Trucs et astuces pour soumissions réussies

Message par NaNa »

:merci2: Lady Célia! C'et toujours utile de savoir comment fonctionne le cerveau d'un éditeur.
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Re: Trucs et astuces pour soumissions réussies

Message par Iluinar »

Merci pour ce témoignage très utile !

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Re: Trucs et astuces pour soumissions réussies

Message par JonB »

Rien de tel que de voir à travers les yeux d'un éditeur pour comprendre ses attentes. Merci pour cette explication détaillée :D

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Agathe Flore
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Re: Trucs et astuces pour soumissions réussies

Message par Agathe Flore »

:merci2: pour les explications très claires, c'est rare de pouvoir lire le point de vue des éditeurs !
Je suis un peu étonnée par l'à-priori négatif sur le texte quel qu'il soit (= du travail, un risque ...). N'y a-t-il pas un côté "chasse au trésor" dans le fait de recevoir une pile de manuscrits d'auteurs encore inconnus et de les découvrir un à un ?

Il en ressort que beaucoup d'auteurs ne se mettent pas d'un point de vue professionnel, et c'est ce que j'ai constaté à une conférence à la foire du livre de Bruxelles sur la publication du premier roman. On doit envisager la démarche comme la recherche d'un emploi, en plus soigné encore. Beaucoup de gens se montent la tête avec leurs écrits, corrigent à peine, ne font pas relire et s'imaginent être retenus. Ce fut le cas des deux auteurs invités à cette conférence avec leur éditrice, mais celle-ci a raconté qu'elle leur avait imposé six mois de corrections et supprimé la moitié de leur manuscrit ! :wtf:
Du coup, je me félicite d'être ici, de pouvoir travailler dans les sections et de bénéficier de l'expertise des anciens ! :hiii:
Je suis ouverte à des corrections et modifications mais si on me demandait de virer 150 pages, je ne réagirais sûrement pas bien !
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Anonyme_Quatre

Re: Trucs et astuces pour soumissions réussies

Message par Anonyme_Quatre »

N'y a-t-il pas un côté "chasse au trésor" dans le fait de recevoir une pile de manuscrits d'auteurs encore inconnus et de les découvrir un à un ?
Disons qu'une chasse au trésor, c'est rigolo en forêt. Pas quand c'est une pile de manuscrits illisibles, écrits avec les pieds et qui nous font perdre du temps :cruel: (ça c'est 50% des manuscrits, après y'a 40% lisibles mais pas éditables)

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Lady Célia
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Re: Trucs et astuces pour soumissions réussies

Message par Lady Célia »

Agathe Flore a écrit :
lun. mars 13, 2017 5:04 pm
Il en ressort que beaucoup d'auteurs ne se mettent pas d'un point de vue professionnel, et c'est ce que j'ai constaté à une conférence à la foire du livre de Bruxelles sur la publication du premier roman. On doit envisager la démarche comme la recherche d'un emploi, en plus soigné encore. Beaucoup de gens se montent la tête avec leurs écrits, corrigent à peine, ne font pas relire et s'imaginent être retenus. Ce fut le cas des deux auteurs invités à cette conférence avec leur éditrice, mais celle-ci a raconté qu'elle leur avait imposé six mois de corrections et supprimé la moitié de leur manuscrit ! :wtf:
Du coup, je me félicite d'être ici, de pouvoir travailler dans les sections et de bénéficier de l'expertise des anciens ! :hiii:
Je suis ouverte à des corrections et modifications mais si on me demandait de virer 150 pages, je ne réagirais sûrement pas bien !
Tu as tout à fait raison Agathe, c'est justement le problème : l'immense majorité des auteurs ne partent pas du principe qu'écrire est un métier. Ils ne cherchent donc pas à se former à l'écriture, pas à faire valider leur travail etc. Et en même temps, je comprends le problème : aujourd'hui, en France, l'écriture n'est pas considérée comme un travail et écrire des romans n'est malheureusement pas une profession rentable, surtout en comparaison de la charge de travail que ça exige.
Résultat, on ne peut pas vraiment leur demander de travailler plus, d'être plus professionnel, puisqu'on ne peut pas les payer en conséquence. Et pourtant, il faut le faire...

Après, concernant les corrections, ça paraît un peu extrême, mais j'ai envie de dire "tout dépend". Tout dépend de ce qu'elle entend par "supprimer la moitié du manuscrit" et pourquoi elle a décidé que c'était nécessaire. Parce qu'au final, les auteurs en question ont accepté, non ?

Est-ce qu'il y avait vraiment 150 pages de trop ? Ou est-ce qu'il s'agissait de réécrire complètement 150 pages ? C'est déjà très différent. Et ensuite, est-ce qu'elle l'a fait pour que le texte soit mieux adapté à sa maison d'édition, ou pour s'assurer que celui-ci ait la qualité suffisante pour être publié ? Dans le premier cas, c'est sûrement pas la bonne solution, mais dans le second cas, c'est déjà une démarche plus intéressante, voire nécessaire dans la plupart des cas.

Moi-même, un éditeur qui voudrait que je modifie mon texte pour coller à ses goûts ou à ce qu'il pense être les goûts des lecteurs (ce qui est infiniment pire), je lui dirais non. J'ai écrit ce texte dans une certaine intention, s'il veut autre chose, qu'il prenne autre chose. Mais si ce sont des corrections destinées à améliorer le projet parce que celui-ci a des lacunes, peu importe l'importance de ces corrections, si elles me paraissent aussi nécessaire, je les fais. Et six mois pour ça, ou supprimer/transformer la moitié du texte, ça ne me paraît pas excessif du tout. Mon expérience en matière de réécriture me dit que c'est pas si énorme que ça en réalité.
Nariel Limbaear a écrit :
lun. mars 13, 2017 5:29 pm
N'y a-t-il pas un côté "chasse au trésor" dans le fait de recevoir une pile de manuscrits d'auteurs encore inconnus et de les découvrir un à un ?
Disons qu'une chasse au trésor, c'est rigolo en forêt. Pas quand c'est une pile de manuscrits illisibles, écrits avec les pieds et qui nous font perdre du temps :cruel: (ça c'est 50% des manuscrits, après y'a 40% lisibles mais pas éditables)
Oui Nariel, c'est à peu près ça. Mais la vérité, c'est aussi que l'un empêche pas l'autre. Même en ayant le "plaisir de la chasse au trésor", on se doit d'être sceptique, ne serait-ce pour s'assurer qu'il s'agit bien d'un trésor et non d'un simple mirage. Parce qu'on peut apprécier une histoire au premier abord (parce qu'on est dans la bonne humeur, qu'on a lu six manuscrits beaucoup trop mauvais avant, etc etc), puis se rendre compte une mois plus tard qu'il n'y avait en fait pas lieu de s'exciter. Un manuscrit qui parvient à passer outre un a priori négatif a nécessairement, en soi, des qualités qui méritent qu'on s'y intéresse, non ?
Crazy a écrit :
lun. mars 13, 2017 11:39 am
Par contre, n'hésite pas à reprendre ton post pour aérer (voire mettre des passages en gras), parce qu'en l'état, c'est un peu indigeste ;)
Ouais, je sais. Mais là, j'ai sais pas trop comment faire, alors bon... vive l'indigestion :p (Et désolé)

Et je suis très content que ce sujet vous intéresse autant ! Merci à vous de l'avoir lu ! J'espère que mes conseils seront vraiment utiles :)
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Agathe Flore
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Re: Trucs et astuces pour soumissions réussies

Message par Agathe Flore »

Lady Célia a écrit :Après, concernant les corrections, ça paraît un peu extrême, mais j'ai envie de dire "tout dépend". Tout dépend de ce qu'elle entend par "supprimer la moitié du manuscrit" et pourquoi elle a décidé que c'était nécessaire. Parce qu'au final, les auteurs en question ont accepté, non ?

Est-ce qu'il y avait vraiment 150 pages de trop ? Ou est-ce qu'il s'agissait de réécrire complètement 150 pages ? C'est déjà très différent. Et ensuite, est-ce qu'elle l'a fait pour que le texte soit mieux adapté à sa maison d'édition, ou pour s'assurer que celui-ci ait la qualité suffisante pour être publié ? Dans le premier cas, c'est sûrement pas la bonne solution, mais dans le second cas, c'est déjà une démarche plus intéressante, voire nécessaire dans la plupart des cas.
D'après ce que j'ai compris des participations de l'éditrice et de ses deux auteurs à la conférence, il s'agissait de réécriture pour une question de qualité. Un des auteurs a voulu transformer une série de nouvelles sur le même thème en roman (exercice ultra périlleux à mon avis) et l'autre a changé totalement le caractère de son personnage parce qu'après 3 ans, il ne savait plus le voir en peinture ! Aucun des deux n'avait fait relire son texte avant de soumettre ... La maison d'édition en question débute et se concentre sur les premiers romans pour promouvoir les nouveaux auteurs. Ils font un travail poussé qui s'apparente à de la bêta-lecture et ne publient qu'un ou deux romans par an.
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Re: Trucs et astuces pour soumissions réussies

Message par Florie »

Merci beaucoup lady Célia pour ce compte-rendu très complet :heart:
C'est effectivement un dilemme d'attendre un certain professionnalisme de la part des auteurs lorsque d'un autre côté, la rémunération en regard de la charge de travail est dérisoire. Après, si on a vraiment l'écriture dans le sang, je pense que l'envie de s'améliorer est palpable... Je pense que si un éditeur acceptait mon manuscrit avec six mois de correction à la clé dans une visée de l'améliorer, je saisirais l'occasion avec plaisir :wow:

Bref, en tout cas c'est intéressant de voir à quel point la première impression et les textes qui visent à "vendre" le manuscrit (e-mail, pitch, syno...) sont importants. En tant que professionnelle de la communication, je ne suis pas étonnée, mais c'est marrant de l'entendre confirmé par une expérience d'éditeur.

Pour ajouter quelque chose à la discussion, je me souviens d'avoir discuté avec un éditeur d'Armada sur un salon, et il m'avait expliqué que souvent, on sait si un manuscrit est potable ou pas dans les dix premières pages. Comme quoi c'est vraiment très important de soigner son entrée (via les papyrus par exemple?). Même si concrètement, le reste du manuscrit doit être aussi bon que le début, sinon il sera rejeté quand même je suppose :mrgreen:
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Re: Trucs et astuces pour soumissions réussies

Message par Lys »

Merci beaucoup pour toutes ses informations Lady Célia :love:
J'ignorai que le synopsis était aussi important, c'est bon à savoir !
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Re: Trucs et astuces pour soumissions réussies

Message par AgatheK »

Nariel ! :mouahaha:

Pas d'a priori négatif de mon côté, mais j'admets que la lecture des manuscrits est une corvée. J'ai beau adorer le fantastique, il y a une grosses différence avec mes lectures perso : au moins, ces dernières, je les sélectionne ^^ Bon, après, heureusement, il y a toujours des pitchs dont on se dit : "Tiens, ça a l'air bien sympa, ça !" mais il faut tout de même garder un œil critique tout au long de la lecture. C'est... pas pareil ^^

Pour ce qui est d'estimer en une dizaine de pages si le manuscrit est publiable, j'ai appris à me méfier. J'ai commis une fois l'erreur de proposer un contrat en me basant uniquement sur l'avis (favorable) du comité + syno + premières pages... J'ai faillis devenir chauve quand il a fallu corriger :lol:

Sinon, puisqu'on parle sélection, j'en profite pour rebondir sur les refus. Parce que bon, optimiser les envois pour éviter les refus, oui, mais il y a de nombreuses raisons qui peuvent pousser un éditeur à refuser un manuscrit, et ça je trouve qu'on n'en parle pas suffisamment : lorsqu'on les refuse, il y a beaucoup trop d'auteurs qui vont le prendre pour eux, pensant que leur manuscrit n'est pas assez bon.

NON.

Juste non.

En 2014, j'avais pondu sur mon ancien blog un petit florilège des raisons qui peuvent pousser un éditeur à refuser un manuscrit. Je me trainais à peine un an d'expérience derrière moi, mais cela me semble toujours d'actualité.
:stylo: Les ailes brisées

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Anonyme_Quatre

Re: Trucs et astuces pour soumissions réussies

Message par Anonyme_Quatre »

Je dirais qu'avec les 10 premières pages, on sait si le manuscrit est jetable. Pas forcément s'il est publiable :D

Mariedelabas
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Re: Trucs et astuces pour soumissions réussies

Message par Mariedelabas »

Merci Lady Célia pour ce long post sur ton expérience. :wow:

Je suis un peu étonnée par le côté très affirmatif de "faites toujours une note d'intention". J'ai envoyé mon bouquin à pas mal d'éditeurs, aucun ne demandait de note d'intention. Et JC Dunyach, dans notre GGG, de mémoire, déconseillait de faire un mail où on explique pourquoi on a écrit ce bouquin, et le message, etc. (il me semble que L Davoust dit la même chose quelque part sur son blog)
Mais j'ai vu chez une grosse maison cette demande, donc ça existe. Mais est-ce systématique et est-ce qu'il faut passer du temps à faire ça, je suis très dubitative. Mon impression est que, plus tu ajoutes des trucs à ta soumission, plus tu risques de te faire ramasser pour une autre raison que le texte lui-même. Je pense, comme tu le dis aussi, qu'il faut d'abord respecter les conditions de soumission des éditeurs mais ne pas trop en faire.

Personnellement, quand je soumets un texte, je suis extrêmement factuelle dans le mail ou la lettre d'accompagnement. Un truc du genre :
je vous adresse ci-joint mon manuscrit de SF intitulé blablabla, qui est le premier tome de bliblibli. Cette première partie fait x ksec. Je vous en souhaite bonne lecture.
et formule de politesse et basta. Je pars du principe que, comme au boulot, les gens ne liront pas ma prose, n'en ont pas le temps. (déjà qu'ils ont à peine le temps de lire la masse de manuscrits qu'ils reçoivent...). Ce qui va compter c'est : c'est un roman/une nouvelle de quel genre, longueur, comment on joint l'auteur si on sélectionne le texte. A mon humble avis, c'est casse-gueule, cette histoire de note d'intention. Dans les quelques conseils que j'ai trouvés sur ce sujet : le texte doit dire de lui-même son sens et sa profondeur (ou son côté pulp, etc...). Quand je fais la cuisine, je présente mon plat à table sans raconter toute la recette et sans dire ce que j'ai eu l'intention de cuisiner. A mes convives de juger si c'est bon à manger ou pas... ;) Et si pour eux mon couscous a un goût de cassoulet, mais de bon cassoulet, finalement je m'en fiche un peu s'ils appellent mon couscous un cassoulet ! ^^ Le tout, c'est qu'ils soient contents.

Je ne mets de synopsis que si c'est demandé (ce n'est pas toujours le cas).

Autrement, je plussois Nariel sur le côté : on sait très vite si on va garder un texte ou pas. J'ai fait partie de deux comités de lecture, et même sur un texte court, on voit tout de suite si le texte a été honnêtement travaillé ou non. Si je commence la lecture d'un truc en ayant le stylo qui me démange et l'envie d'attaquer une BL, pas bon Deadpool. Même si le fond est intéressant, si la forme n'est pas bonne, on ne retient pas (quand on le fait, on s'en mord les doigts tout le long des interminables corrections éditoriales. En général, on fait la bêtise une fois)

edit : ah oui, préciser aussi si c'est un jeunesse la tranche d'âge visée, sinon que c'est un manuscrit Adultes

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