Ces autres activités de plume, qui vous parasitent (ou pas)

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Phil
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Ces autres activités de plume, qui vous parasitent (ou pas)

Message par Phil »

Ecrivez-vous en dehors de vos projets perso et comment le vivez-vous ?

Je suis journaliste depuis plus de six ans pour un hebdomadaire. Crédits et crise oblige, ce qui ne devait être qu'un emploi alimentaire de transition est devenu une carrière.
D'un côté la richesse du boulot pourrait être une source d'inspiration infinie, même si les sujets s'enchaînent souvent trop rapidement pour prendre le temps de vraiment les utiliser. J'ai expérimenté la récupération trois ou quatre fois pour des nouvelles : telle semaine d'assises au tribunal transposé en texte noir, tel personnage côtoyé dans un reportage dont je récupère le trait de caractère. Un jour il faudra que je déterre ma pile de journaux et ces milliers d'univers différents. La carte de presse a l'avantage de vous ouvrir les coulisses de pas mal de décors.

C'était pour le côté positif. Mais j'ai le sentiment que les activités d'écriture annexes vous grignotent également. Le style journalistique comme une seconde nature, qui donne une certaine froideur aux textes. La quantité de signes du boulot qui vient s'ajouter à celle de la passion. Pour le journal je tourne autour de 20 000 signes par semaine, en sachant que la partie rédaction est la plus courte, l'essentiel étant consacré aux recherches d'idées, aux déplacements, aux enquêtes, aux batailles pour obtenir des interviews...
Mais pondre de la SF le soir après une conférence de presse ennuyeuse à mourir, ça demande une sacrée transition d'état d'esprit.

Qui parmi vous écrit pour des mags, des journaux, des mémoires, des blogs ou d'autres supports ? Quel impact sur votre SFFF ?

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Milora
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Re: Ces autres activités de plume, qui vous parasitent (ou pas)

Message par Milora »

Moi aussi, j'ai une activité qui me demande d'écrire. Je suis dans la recherche, même si sans doute plus pour longtemps (je fais partie de ces précaires de l'université qui n'auront sans doute jamais de poste fixe :roll: ). De la recherche en sciences humaines. Du coup, basiquement, on lit et on écrit ^^ . Je viens de finir une thèse (ce qui consiste en gros à écrire un ouvrage de 600 pages), et on est toujours en train de rédiger des textes de conférences, des articles scientifiques, des chapitres d'ouvrages collectifs, etc. C'est pas du tout les mêmes normes que dans l'écriture de fiction : il faut un vocabulaire châtié, avec des notes de bas de page, des tournures consacrées, une structuration claire du propos, etc.

Je ne crois pas que ça m'influence dans mon écriture de fiction. En revanche, ça me bloque. Quand j'étais en train de rédiger ma thèse, je n'arrivais pas à écrire pour moi ; parce que l'activité de la journée était déjà de la rédaction. Je n'avais plus l'énergie de continuer à rédiger sur mon temps libre. Ce n'est pas qu'une question d'énergie mais plutôt de disponibilité d'esprit, en fait : l'intensivité de la rédaction de la thèse demandait d'y consacrer une bonne part de son cerveau. Toute l'énergie créatrice était comme redirigée vers la tâche "rédiger la thèse". Du coup, j'ai vraiment très peu écrit durant mes années de thèse.

Dans l'autre sens, est-ce qu'il y a eu un impact ? Est-ce que le fait d'écrire de la fiction aide à écrire professionnellement ? Oui et non. Quand je me fais relire sur des textes scientifiques, généralement on me fait supprimer tout effet de style et toute licence artistique (Ne nous avisons surtout pas de commencer une phrase par "et" pour créer un effet de rythme, bouh cracra !) Ça m'a d'ailleurs fait rire parce que ma directrice de thèse (avec qui j'ai toujours eu des soucis relationnels) m'avait affirmé d'un ton catégorique : "non mais il faut l'accepter : vous n'avez aucune aptitude pour la rédaction". Haha.
En revanche, l'habitude d'écrire aide, je pense. J'ai discuté avec une copine qui vient aussi d'écrire sa thèse mais qui n'écrit pas à côté de ça. Elle ma cité un dictionnaire de synonyme que je ne connaissais pas, et m'a demandé, stupéfaite : "mais comment tu as pu rédiger ta thèse sans utiliser de dictionnaire de synonyme ? Comment tu fais pour éviter les répétitions ?". Euh... je cherche dans ma tête ? En fait, ce genre de détails rédactionnels me semblait tellement évident que je n'avais pas vu que c'était peut-être, justement, une facilité due au fait que j'aie l'habitude d'écrire de la fiction. :perplexe:
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Siana
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Re: Ces autres activités de plume, qui vous parasitent (ou pas)

Message par Siana »

Je n'ai pas une activité de plume à proprement parler, mais je ressens un peu le même souci. J'ai un boulot très administratif, et je pense que je ne dois pas être la seule à ressentir cela dans ce domaine.

Je n'ai donc pas de travail d'imagination ou de réflexion à effectuer (contrairement au journalisme, par exemple), mais il n'empêche que je me coltine des documents écrits toute la journée, soit à formaliser, à taper, à modifier, à créer, à lire et relire, à vérifier. D'autant plus que ce sont bien souvent des documents qui n'ont pas un véritable intérêt pour moi. Je veux dire, c'est pas spécialement intéressant, surtout quand on fait et refait le même document parce qu'il faut en sortir tous les mois (je bosse en RH, donc bulletins de salaire, contrats, documents de fin de contrats, attestation de ceci et de cela, etc.).
Par ailleurs, il y a le côté écran qui personnellement m'use beaucoup. A rester concentrée sur mon écran toute la journée sur des documents écrits, je n'arrive pas à m'y remettre le soir. :?

C'est pour ça que du coup je préfère bosser à temps partiel (bien qu'on me demande trop souvent de repasser à temps plein), et que j'envisage de changer de voie.

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Agathe Flore
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Re: Ces autres activités de plume, qui vous parasitent (ou pas)

Message par Agathe Flore »

Cette discussion confirme ce que je pensais : il vaut mieux ne pas écrire dans son boulot pour ne pas être parasité dans l'écriture de ses romans.
Quand j'ai commencé à poster mes premiers papyrus, mon style était très froid, on ne sentait pas les émotions des personnages. J'ai dû lire un tas d'articles sur le "show don't tell", suivre des grenouilles en challenge et ailleurs pour voir comment écrire dans un style vivant, corriger et re-corriger mon tome 1 ...
J'ai bossé pour un magazine pendant 5 ans, occasionnellement : de la traduction et de la rédaction d'articles, puis la relecture de la maquette complète grâce à mon orthographe impeccable. Je vois tout au niveau de la forme : les fautes, les coquilles, les points manquants, les espaces de trop, etc. Après, j'ai exercé un poste d'expert en marchés publics, très administratif et procédurier. Je rédigeais des cahiers spéciaux des charges ( = les contrats pour les marchés) et des arrêtés pour le vote des Assemblées, plus toutes sortes de courriers : cela exigeait un vocabulaire très sec et toujours 100% objectif. Quand je me suis remise à écrire sérieusement du roman, ces habitudes ont parasité mon style.
Je n'ai pas du tout envie de reprendre le même type de boulot, mais c'est le seul domaine où mon expérience intéresse les employeurs ... :psychocoah:
Mu: L'ombre d'Atlantis T1 et Mu : La foudre de Quetzalcoatl T2 aux Éditions Underground
La cité des alchimistes et L'aigle et le lys en soumission :croise:

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Phil
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Re: Ces autres activités de plume, qui vous parasitent (ou pas)

Message par Phil »

@Milora : je te rejoins totalement sur le côté "disponibilité d'esprit" plus que l'énergie. Avoir un écrit professionnel toujours en cours me gêne, comme si je ne pouvais pas avoir trop d'inachevés en même temps. Et mon taf, c'est de l'inachevé quotidien.

Pour le sens inverse, il m'arrive parfois d'utiliser - trop rarement - des techniques narratives dans mes articles, quand je veux raconter un événement ou décrire une personne. Ca fait parfois franchir les limites de la neutralité et donne un petit côté éditorialistes au truc, mais c'est là où je me régale le plus. Je me souviens que pour une visite de Sarkozy sur un mémorial, j'avais préféré raconter les mouvements de foule, les galères du service d'ordre et les prises de becs entre confrères plutôt que l'objet de la visite en elle même. Et là j'ai pu retrouver quelques réflexes d'écriture venus de la fiction.
J'admire beaucoup les techniques journalistiques de type "gonzo" où le journaliste raconte son vécu, (Hunter S. Thompson avait officialisé le style, je crois), mais pas évident à placer auprès d'un rédac-chef.

En revanche, dans le sens utilité du papier journalistique sur le roman, je le vois surtout comme un maintien dans l'écriture et dans la frappe au clavier. Comme si ça m'empêchait de perdre totalement la main même pendant les longues périodes sans fiction. Mais c'est peut-être une illusion et en réalité ça me parasite plus qu'autre chose... Je rejoins Agathe sur le côté "sec" de l'écriture.

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Zsi
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Re: Ces autres activités de plume, qui vous parasitent (ou pas)

Message par Zsi »

Je viens ajouter ma pierre à l'édifice !

Je travaille dans l'administration, plus précisément en sous-préfecture. C'est un boulot où on fait plein de choses, et pas mal de rédaction administrative, mais en principe ce n'est pas si gênant (en tout cas pour moi)... sauf que depuis quelques temps, mon patron s'est "rendu compte" que j'étais pas trop mauvaise pour la rédaction de ses discours, et donc on (lui et mes collègues bien contentes de s'en décharger) me refile la rédaction de tous les discours. Or, mon patron sort beaucoup :hihihi:

Ce n'est pas un boulot à plein temps donc, et ça varie en fonction de l'agenda (la semaine dernière j'ai travaillé trois jours et j'ai eu trois discours à rédiger, mais pendant les longs mois de réserve électorale le chef ne sortait pratiquement pas...) mais ça reste épuisant parce que ça s'ajoute à mon boulot habituel déjà bien prise de tête. Pour le coup ça me pompe vraiment toute mon "énergie créatrice" si je peux l'appeler ainsi.

Pour ma part c'est vraiment la fatigue mentale que ça me cause qui me parasite, cette impression que toute mon "inspiration" est aspirée dans une sorte de trou noir (surtout que bon, les sujets des discours sont parfois très très inintéressants et j'ai l'impression de gâcher mon énergie créatrice pour ça...).

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Phil
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Re: Ces autres activités de plume, qui vous parasitent (ou pas)

Message par Phil »

L'inspiration aspirée... C'est exactement ça. Comment envoyer toutes ses belles syntaxes pour rendre attrayant un conseil municipal soporifique, et ne plus rien avoir en stock pour son roman qui n'avance plus :pleure:

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