La mare aux nénuphars

Pareil que Blacky, en fait pour moi les deux formulation n'ont tout simplement pas le même sens.

Il y a une subtile différence entre les deux. Choisir celle sans participe présent sous prétexte que le participe présent en lui même est à bannir, ça peut faire perdre son sens à ce qu'on voulait exprimer et... l'inverse est tout aussi vrai : utiliser le participe présent pour éviter une répétition de structure peut "mal tomber" (c'est peut-être ailleurs qu'il faut remanier).

C'est pour ça que j'ai vraiment du mal avec les calculs mathématiques sur l'écriture : difficile d'avoir la bonne tournure au bon endroit si on la sacrifie sans recul sur le sens, le fond (en priorité). Pour ma part, quand on "m'oblige" à supprimer des adverbes, ça se solde souvent par la suppression de la phrase entière ou la réécriture d'un morceau parce que je ne parviens pas à retrouver ce que je veux faire passer.

Participes présent (répétitions et adverbes en -ment aussi), je les vois plus comme des diagnostics récurrents chez les novices que comme une bête noire. En soi, je ne trouve pas que c'est laid. En revanche, je trouve que le français commun ne l'utilise que très peu (ou à l'oral en tout cas ce n'est pas fréquent). Si bien que c'est une structure qui se voit assez et ce n'est pas si mal d'en limiter l'abus.

Mais c'est un diagnostic plus qu'un défaut. Je veux dire, que ça trahit un style dans l'ensemble pauvre. C'est pourquoi traquer les participes présent pour les éliminer n'est pas une solution, et souvent le résultat en ressort moins naturel. Ce que je fais quand je réalise que j'ai poussé sur ce point (j'ai plein de nuages de couleur quand je surligne les "ant"), c'est que je réécris tout le passage avec un peu plus de nénuphou dans les veines.

Melanie a écrit :En soi, je ne trouve pas que c'est laid. En revanche, je trouve que le français commun ne l'utilise que très peu (ou à l'oral en tout cas ce n'est pas fréquent). Si bien que c'est une structure qui se voit assez et ce n'est pas si mal d'en limiter l'abus.

Je suis d'accord avec ça. Les PP ne sont pas toujours un mal en soi, mais il me semble qu'ils sautent un peu trop aux yeux pour se permettre d'en semer partout.

On pourrait peut-être faire le parallèle avec les répétitions. Pour moi, plus un mot est rare dans la langue française, plus il faut éviter de le répéter à court intervalle, car ça va se remarquer.

Sauf si c'est un mot "technique" ou un mot "obligé" par le récit, bien sûr.

Ah, je cherchais un topic là-dessus.
Là c'est l'éditrice qui parle : la répétition des adverbes en -ment est une erreur que je traque de plus en plus souvent. Je suis en train de corriger un roman qui sera publié en janvier chez Voy'el mais qui dans ce sens devra être revu. J'ai parfois trois adverbes en -ment dans une seule phrase et j'avoue que c'est pénible à la lecture. Je pense que ce "tic" vient de la "jeunesse" de l'auteur en question mais aussi des habitudes prises dans les médias. Quand on écoute les journalistes, on se rend compte de l'usage souvent abusif qu'ils font de deux expressions : "particulièrement" ou "un peu partout." Je retrouve d'ailleurs le "un peu partout" dans les copies d'élèves (en géographie, ça ne va pas du tout) et son ami "particulièrement" tient aussi une bonne place. Il a aussi fait partie de mes "tics d'écriture" (un mot ou expression que je vais avoir tendance à utiliser à toutes les sauces). Au palmarès : "froncer les sourcils," "hausser les épaules," "particulièrement" et pour le Prince des Brumes, c'était "aussitôt" que j'ai élagué ensuite sans état d'âme. Ce n'est pas en soi une catastrophe, il faut toutefois s'en rendre compte pour alléger son style.

c'est vrai que le problème est récurrent. C'est pratique, c'est autorisé par les règles du français, mais qu'est-ce que c'est lourd !

Je plussoie, donc.

D'autant plus que je les traque particulièrement (non non, je l'ai pas fait exprès...) dans mes propres textes.

Bien sûr, c'est fait. Il est vrai que l'ironie passe mal à l'écrit : je ferai plus attention la prochaine fois.

Mille excuses, et ne croyez surtout pas que c'était sérieux, loin, bien, bien loin de moi cette idée !

Donc, je note pour moi qui ai un problème avec les participes présents : les enlever tous ou presque, puis le remettre avec parcimonie.

Je pars de :

Dégainant son épée, il se jeta dans la mêlée.

Je me dirige vers :

Il dégaina son épée et se jeta dans la mêlée.

J'ai perdu en lourdeur, mais aussi en simultanéité. Du coup, j'essaye autre chose :

Il se jeta dans la mêlée en dégainant son épée.

Mmh bon, je crois que j'ai compris.

Merci à tous pour ce topic très instructif.

Ce sujet me rassure presque. Je suis un peu allergique aux participes présents, ils attirent immédiatement mon oeil et bloque ma lecture, je peux pas m'empêcher de reformuler la phrase dans ma tête pour passer à la suite, c'est dire !
J'avais un peu peur d'ailleurs de faire ce reproche dans mes BL, ça m'est arrivée un fois ou deux d'en trouver beaucoup (à mon goût) et de me demander si l'auteur allait pas me manger haha mais les grenouilles sont trop gentilles pour ça
Par contre, j'ai remarqué que les participes présents dans les incises ne me dérangeaient pas du tout, à moins d'être très fréquents. Dans un texte, le "un par page" de NB me va très bien, et si il y en a moins, c'est encore mieux.
Les adverbes en -ment par contre, je sais que j'en utilise trop parce qu'ils me gênent moins.

Pour revenir à l'exemple de Macada, la version sans participe présent me plait mille fois plus ! Mais il passe très bien dans le remaniement de Ben "Il se jeta dans la mêlée en dégainant son épée."
Pour l'utilisation la plus désagréable du PP est en ouverture de phrase en fait.

Désolé de remonter le fil, mais je suis une petite novice et je n'avais pas entendu parlé de la faiblesse du participe présent alors merci beaucoup. Je vais l'appliquer scrupuleusement l'ordonnance pour éviter les participes présents trop fréquents. Je me demandais seulement si cela s'appliquait aussi aux gérondifs, ou strictement les participes présents? merci beaucoup