mauvaises expériences face aux critiques (ou non-critiques)

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Florie
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Re: mauvaises expériences face aux critiques (ou non-critiques)

Message par Florie »

Crazy a écrit :Et pour moi, ça s'appliquerait seulement (à priori) à un cas comme celui de Rowlings, à savoir un auteur qui "insulte" involontairement une partie du public.
Oui, je suis d'accord. Encore une fois c'est une généralisation et il faut voir les choses au cas par cas, mais c'est bien le type de situation que j'avais en tête, en effet.
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Caffeine
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Re: mauvaises expériences face aux critiques (ou non-critiques)

Message par Caffeine »

Florie a écrit :En fait je pense que la divergence entre nos points de vue vient du fait que tu vois la relation auteur-lecteur comme une relation fournisseur-client, et moi je ne la vois pas comme ça. Pour moi l'auteur met "un bout de son âme" sur le marché, elle est imparfaite, à l'image de son auteur, mais c'est un morceau de l'humanité. Il n'est pas là pour plaire ou remplir un besoin. Du coup pour moi, ce n'est pas de la responsabilité de l'auteur si son oeuvre ne colle pas avec certains lecteurs. Il existe autant de bouts d'âme que de livres, le lecteur n'a qu'à aller en lire un autre qui lui correspondra mieux.
Je suivais le débat de loin mais tu as parfaitement résumé ma pensée et mon point de vue, du coup je ne peux plus rien ajouter. :mrgreen:

Après ça me rassure cet exemple JK Rowling (que je ne connaissais pas d'ailleurs) et du fait que beaucoup semblent d'accord que des excuses venant d'un auteur, à partir du moment où il a blessé involontairement une communauté, ça semble légitime. Les trois livres que j'ai le plus détesté dans ma vie ont trois points communs : ce sont des livres français, écrits par des femmes et surtout véhiculant des idéaux que je trouve absolument horribles et archaïques sur les femmes, justement. Apologie du viol (si la madame est inconsciente, c'en est pas, tout le monde le sait... qu'elle tombe amoureuse de monsieur "qui n'est pas un violeur" juste après tout va bien), de l'hétérosexualité comme seule sexualité possible, de la domination naturelle de l'homme, des genres définis de manière complètement clichée, bref. La liste est longue comme le bras. Je hais profondément ces livres mais, des livres que je n'ai pas aimé il y en a beaucoup (style mauvais, fautes d'orthographe, personnages clichés, intrigue pas intéressante), sauf que plus que ça ces livres là m'ont blessée. Ils m'ont fait me sentir sale et pathétique après les avoir lus, sincèrement. En tant que personne ET en tant que femme ET en tant que féministe, j'ai été blessée. Combo gagnant.
J'ai du mal à faire comprendre à beaucoup de gens pourquoi, si je rencontrais les auteurs, je n'arriverais jamais à garder mon calme et pourquoi, surtout, j'arriverais jamais à leur expliquer que leurs livres m'ont donnée envie de m'imbiber d'essence mais que ce n'est "que mon point de vue" (ce qui me donne toujours envie de dire que, les concernant, c'est pas juste une question de subjectivité! L'apologie du viol à ce niveau-là ça se remarque!). Mais en imaginant que j'arrive à expliquer ça, que j'ai profondément été blessée et choquée par ça, recevoir des excuses ou un "je n'avais pas pensé que ça pourrait vous blesser" me suffirait, je pense. Ça rendrait pas les livres meilleurs, et je me dirais certainement qu'il faut être sacrément endoctriné pour sublimer la culture du viol dans des romans médiocres, mais au moins je trouverais ça normal de la part de l'auteur. Et, surtout, ça me ferait le plus grand bien. Mais encore faut-il que l'auteur l'admette et accepte ses erreurs.
Au final ça s'explique par ça : si j'ai été blessée par les propos d'un livre, j'ai aussi le droit d'en attendre des excuses ou une réaction, quelque part (même si je ne le fais pas, mais plus à cause du fait que je ne prends jamais contact avec personne sur internet et que je n'écris pas sur Facebook ou Twitter). Alors qu'un livre que je jugerais de mauvaise qualité pour toute sorte de raison, je le lis et je l'oublie, et j'admets tout à fait m'auto-censurer quand je me doute que l'auteur va pouvoir tomber dessus, car je sais que ça ne lui apporterait rien (le livre est déjà publié, c'est pas comme s'il allait pouvoir le modifier). J'ai la même logique "en vrai", dans les salons, quand je n'aime pas je ne dis rien, ça m'évite de blesser la personne. Même si j'ai un avis construit, je sais à quel point la personne pourrait mal le prendre et j'ai aucune envie de lui pourrir sa journée.
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Beorn
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Message par Beorn »

Crazy a écrit :
Beorn a écrit :J'ai réagi une fois, une seule (très doucement, juste pour participer au fil sur un forum) et cela a été une monumentale erreur.
Peux-tu nous en dire un peu plus ?
Je ne préfèrerais pas. ;)
En privé, à l'occasion ?
ilham a écrit :Merci pour ton retour, très intelligent et qui m'aide vraiment à comprendre certaines choses.
:love:
Ivan a écrit :Ma politique personnelle est de systématiquement envoyer un mail d'excuses, en privé, à la personne qui a exprimé son mécontentement. Je ne parle pas de renier son travail ni d'abonder dans le sens des reproches faits sur le texte si vous ne les partagez pas. Simplement de reconnaître que le livre n'était peut-être pas pour ce lecteur et qu'il est dommage que cette rencontre ait eu lieu.
Chacun fait ce qui lui semble bon. Personnellement, je ne conseillerais pas de faire ce genre de choses, pour toutes les raisons évoquées plus haut (surtout, comme dit Roanne, la perte de temps et d'énergie pour l'auteur : cela le détourne de son travail, qui est d'écrire et d'aller jusqu'au bout de ses textes ; c'est pour moi la seule façon légitime de répondre aux critiques, c'est aussi la meilleure façon de lécher ses blessures).
Ivan a écrit :Reste que dans la relation de producteur a client
Je n'ai pas vraiment cette vision-là. D'abord les lecteurs ne sont pas tous "clients" au sens mercantile du terme (beaucoup de critiques reçoivent des exemplaires gratuits, d'autres ont emprunté le livre à la bibliothèque, l'ont téléchargé illégalement ou se le sont fait prêter par un ami), ensuite et surtout, les commentaires, avis ou critiques ne sont pas adressés à l'auteur lui-même (comme un client qui irait se plaindre au fabricant) mais au public, comme cela a été dit par Florie entre autres.
J'ai déjà répondu à des lecteurs qui m'envoyaient un mail personnel, car dans ce cas, nous sommes dans une relation privée. Je trouve que c'est alors très différent.
Elie a écrit :– relayer des critiques (même positives) de son livre sur Amazon/Goodreads/... est-ce que ça peut pas déjà pousser des lecteurs à être moins libres dans la rédaction de telles critiques ?
Pour moi, les choses sont claires : tout ce qui est public n'appartient plus à son auteur. Et cela fonctionne dans les deux sens : le livre et la critique. Si quelqu'un a décidé de mettre une critique ou un commentaire sur internet, c'est qu'il accepte l'idée d'être lu et relayé.
Bon après, je ne sais pas si c'est forcément pertinent, commercialement, de relayer des avis de lecture de "simples lecteurs" sur un site de lecteurs : ça laisse un peu penser que vous n'avez qu'un avis de babelio pour défendre votre roman. Mais pourquoi pas, s'il est particulièrement touchant, bien écrit ou représentatif.
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Jérémie
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Message par Jérémie »

J'arrive sur ce fil et je trouve votre échange très intéressant.
Notamment parce que j'ai récemment répondu à une chronique postée sur un blog (qui était globalement bonne), tant sur les points positifs que sur les points négatifs soulevés par le blogueur. J'ai voulu expliciter un peu certains choix (sans toutefois spoiler... pas évident comme exercice d'équilibriste), mais je crois que malgré moi, ça devait sonner un peu comme un "je m'excuse, mais c'est parce que j'avais une bonne raison..."
Or, je pense que c'est un mauvais choix à faire car il est décrédibilisant et qu'il vaut mieux tout simplement assumer ses choix, même si un jour, avec le recul, on estime avoir fait un mauvais choix narratif. Comme le dit Florie, c'est un bout de nous, de ce que nous étions à un instant "t", que nous avons jeté sur le papier, mis dans une bouteille et lancé dans la mer de l'édition ;) Et forcément, on évolue. Aujourd'hui, nous réécririons chacun de nos textes passés différemment.

Après avoir cliqué sur "envoyer", je me suis dit que je n'aurais peut-être pas dû... et finalement, le commentaire n'a jamais été validé par le blogueur : j'ai déjà eu plusieurs fois des soucis de commentaires pas envoyés avec mon navigateur et je crois que là, c'est ce qui s'est passé :mrgreen:
La vie fait bien les choses, parfois :youpi:
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Ivan
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Re: mauvaises expériences face aux critiques (ou non-critiques)

Message par Ivan »

Beorn a écrit :D'abord les lecteurs ne sont pas tous "clients" au sens mercantile du terme (beaucoup de critiques reçoivent des exemplaires gratuits, d'autres ont emprunté le livre à la bibliothèque, l'ont téléchargé illégalement ou se le sont fait prêter par un ami)
Je ne rebondis pas sur tout le reste sur lequel je me suis déjà exprimé, mais il y a un point dans ce que tu dis qui à mes yeux appelle une précision.
La notion de client n'est pas forcément liée pour moi à la notion d'argent, mais surtout à la notion de cout ; et à mes yeux le véritable cout pour le lecteur dans la lecture d'un livre, ce ne sont pas juste les quelques euros réglés en caisse mais aussi et surtout les quatre ou cinq heures passées à le lire. Quatre ou cinq heures de sa seule et unique vie sur Terre. A titre personnel, je les estime à beaucoup, beaucoup plus que 20€.

Là où je veux en venir, c'est que je m'excuserais quand même auprès de quelqu'un qui a piraté le texte, parce que la perte majeure pour lui reste le temps qu'il a consacré à absorber mes idées (sans en être satisfait à la fin).
Sincèrement,
Ivan

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Xavier
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Re: mauvaises expériences face aux critiques (ou non-critiques)

Message par Xavier »

Ivan a écrit :La notion de client n'est pas forcément liée pour moi à la notion d'argent, mais surtout à la notion de cout ; et à mes yeux le véritable cout pour le lecteur dans la lecture d'un livre, ce ne sont pas juste les quelques euros réglés en caisse mais aussi et surtout les quatre ou cinq heures passées à le lire. Quatre ou cinq heures de sa seule et unique vie sur Terre. A titre personnel, je les estime à beaucoup, beaucoup plus que 20€.
J'avoue avoir une vision pas mal proche de ce qu'est un lecteur et surtout de ce qu'il lui en coûte de lire un livre. Ce n'est pas parce que ce coût n'apparaît pas dans le circuit de vente / distribution / impression / création qu'il n'existe pas ou qu'il peut être vu comme quantité négligeable.
Je suis dans une situation où je ne manque pas d'argent mais toujours de temps. Dès lors, quand bien même j'aurais emprunté le livre à une bibliothèque municipale gratuite, j'aurais eu le sentiment de m'être fait arnaqué si l'histoire se termine par un lot de dei ex machina abusifs ou si la moitié des sous-intrigues ont été jetées aux orties.

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Francis Ash
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Re: mauvaises expériences face aux critiques (ou non-critiques)

Message par Francis Ash »

Inouï ce que cette discussion s'est enrichie ! :wow: :wow:

J'ai lu tout le fil hier soir et ça m'a laissé songeur.
Je comprends le point de vue d'Ivan, en particulier la notion de temps. Comme Xavier, c'est souvent ce qui me manque le plus. Dès lors, le choix de s'excuser parce que la rencontre ne s'est pas faite a beaucoup de sens du point de vue d'un auteur qui connaît et ressent cette problématique. Cela dit, sans aller dans les travers d'une oeuvre mal ficelée qu'évoque Xavier, on est souvent amer quand on a nourri des espoirs dans un roman et qu'il nous a déçu. Ce qui peut aussi expliquer des critiques parfois acerbes, sans toutefois les justifier. Ça m'est arrivé voici quelques mois avec un roman de Maxime Chattam, dont j'espérais fortement qu'il me plairait et qui, au final, n'a pas répondu à mes attentes. Je ne dirais pas que j'en veux à Chattam, il a écrit son roman comme il l'a senti, comme on le fait tous, mais je pense que ce n'est pas demain la veille que je passerai plusieurs heures à lire sa prose (bon, on est ici dans l'hypothèse ou Chattam aurait une diffusion nettement plus confidentielle que celle qu'il connait aujourd'hui, évidemment ;) ).
Après, je ne peux m'empêcher de me placer du point de vue de celui qui exprime son opinion et voit l'auteur de l'oeuvre concerné venir s'excuser. J'essaye d'imaginer Chattam m'envoyer un mail via mon blog pour me dire qu'il est désolé que la rencontre ne se soit pas faite.
Je pense que je me sentirais un peu mal à l'aise. J'aurais l'impression d'avoir été trop dur dans ma critique, d'avoir blessé l'auteur pour qu'il éprouve le besoin de venir s'excuser. Mais là, c'est aussi l'auteur en moi qui s'exprime. Je n'ai pas encore eu de critique incendiaire ou juste déplaisante. Par contre, il y a quelques temps, j'ai eu quelques bêta-lectures assez dures à digérer. Certes justifiées, mais qui faisaient l'effet d'un coup de poing dans l'estomac. Est-ce qu'après avoir asséné ce coup, volontairement ou pas, on est prêt à entendre celui qui l'a reçu s'excuser ? Je crois que ça dépend vraiment de la sensibilité de chacun.
En tout cas, Ivan, ta méthode est audacieuse. Je dirais même qu'il y a beau geste. J'espère seulement que la personne qui reçoit tes excuses ne se trouve pas gênée ou n'interprète pas mal ton message.
Pour ma part, en pareil cas, je crois que je ferais le dos rond et garderais le silence.
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Florie
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Re: mauvaises expériences face aux critiques (ou non-critiques)

Message par Florie »

Xavier a écrit :J'avoue avoir une vision pas mal proche de ce qu'est un lecteur et surtout de ce qu'il lui en coûte de lire un livre. Ce n'est pas parce que ce coût n'apparaît pas dans le circuit de vente / distribution / impression / création qu'il n'existe pas ou qu'il peut être vu comme quantité négligeable. Je suis dans une situation où je ne manque pas d'argent mais toujours de temps.
Sur ce sujet, je suis d'accord avec vous! Je comprends l'intervention de Beorn, lorsqu'on parle de relation fournisseur-client, c'est à l'argent qu'on pense en premier, mais c'est vrai que lorsqu'il s'agit de produits culturels (livres, films, jeux...) c'est bel et bien une partie du temps des "clients" que l'on cherche à obtenir. Et je suis d'accord, ayant également plus de problèmes de temps que d'argent, que c'est d'une valeur plus importante, surtout quand le lecteur s'implique dans la lecture d'un livre (voire d'une multilogie).

Cela étant dit, dans ma vision des choses, en publiant un livre on publie une "proposition" finalement. Il y aura forcément des déçus. Comme Jérémie je pense qu'il faut assumer ce qu'on a voulu dire, le morceau d'âme qu'on a mis sur le marché à ce moment-là, même si on évolue entre-temps, et même si certains lecteurs ont eu l'impression de "perdre leur temps". Le rôle d'un livre est de montrer un bout de la vision du monde/des mondes imaginaires d'un autre être humain, ce n'est pas en phase avec tout le monde et je reste persuadée que ce n'est pas une chose pour laquelle il faudrait s'excuser.

(Mais encore une fois j'admire le geste, au moins c'est en ligne avec tes propres valeurs et c'est ce qui compte ;) )
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K-rine
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Re: mauvaises expériences face aux critiques (ou non-critiques)

Message par K-rine »

Je trouve quand même que, dans l'excuse, il y a une notion de "faute" (que je n'apprécie pas vraiment).

Pour moi, en venant s'excuser, l'auteur dit "pardonne moi de ne pas avoir bien fait mon travail". (c'est un peu extrême, comme formulation, on est d'accord, mais je grossis le trait).
Et de l'autre côté, en recevant l'excuse, le lecteur peut être mal à l'aise. Il peut se sentir en faute de n'avoir pas aimé le livre, de n'avoir pas tout compris (si l'auteur répond point par point à son argumentaire), d'y être allé un peu trop fort. Il pourrait se sentir "réprimandé" par l'auteur.

Alors qu'au fond, la lecture est subjective et, a priori, un roman ne peut pas plaire à tout le monde. Donc cette notion de faute ne devrait pas exister (et elle est très culpabilisante, pour les deux parties)

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Re: mauvaises expériences face aux critiques (ou non-critiques)

Message par desienne »

... à mes yeux le véritable cout pour le lecteur dans la lecture d'un livre, ce ne sont pas juste les quelques euros réglés en caisse mais aussi et surtout les quatre ou cinq heures passées à le lire. Quatre ou cinq heures de sa seule et unique vie sur Terre. A titre personnel, je les estime à beaucoup, beaucoup plus que 20€.
Je vais me faire l'avocat du Diable pour quelques secondes : en admettant que tu évalues le coût du temps d'un lecteur à 20 euros pour 5 heures (je reprends tes bases) ça nous ramène à 4 euros de l'heure ?
Les auteurs ne comptent pas leurs heures et si on devait rapporter les gains obtenus à un taux horaire, tu peux facilement diviser se chiffre par dix ou cent.... Je te laisse imaginer.
Pour le coup, ça pose la question (toujours en se faisant l'avocat du Diable) : qu'est ce qui coûte le plus ? Lire ou écrire ?

Ceci étant dit : c'est vrai que le temps est précieux... mais la notion de loisir, justement, c'est de ne pas vraiment en tenir compte. Quand on aime, on oublie le temps. Tu peux regarder des épisodes d'une série télé jusqu'à plus d'heures parce que tu aimes ça, tu peux ne pas vouloir refermer un livre (ou éteindre la liseuse) parce que tu veux savoir ce qu'il arrive après... Et ça, à mon sens, ça n'a pas de prix.

Et si la rencontre ne se fait pas, il n'y a pas de raison de s'excuser, même si la critique est sévère.

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Roanne
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Message par Roanne »

desienne a écrit :Ceci étant dit : c'est vrai que le temps est précieux... mais la notion de loisir, justement, c'est de ne pas vraiment en tenir compte. Quand on aime, on oublie le temps. Tu peux regarder des épisodes d'une série télé jusqu'à plus d'heures parce que tu aimes ça, tu peux ne pas vouloir refermer un livre (ou éteindre la liseuse) parce que tu veux savoir ce qu'il arrive après... Et ça, à mon sens, ça n'a pas de prix. Et si la rencontre ne se fait pas, il n'y a pas de raison de s'excuser, même si la critique est sévère.
J'adhère totalement à cette vision !
:wow:
:love:

C'est sûr que c'est désagréable d'avoir l'impression de "perdre son temps", mais la plupart du temps, quand on choisit de lire un livre, c'est bien parce qu'on est prêt à s'y consacrer (et parfois même parce qu'on a du temps à tuer, de toute façon... ahem).
Vous n'aimez pas Noël ? ça tombe bien, nous non plus ! Du coup, avec Chapardeuse, nous vous invitons sur Wattpad pour (re)découvrir le Noël cataclysmique de Claire et Chan.

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Florie
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Message par Florie »

Roanne a écrit :C'est sûr que c'est désagréable d'avoir l'impression de "perdre son temps", mais la plupart du temps, quand on choisit de lire un livre, c'est bien parce qu'on est prêt à s'y consacrer (et parfois même parce qu'on a du temps à tuer, de toute façon... ahem).
Oui, c'est un temps qu'on a choisi de consacrer à cette lecture. Après, si le livre ne correspond vraiment pas aux attentes du lecteur, rien ne l'empêche d'arrêter sa lecture avant la fin. S'il continue, c'est son choix.

Par exemple, le pire livre que j'ai lu (en ressenti personnel) s'appelait God of Atlantis, par... Clive quekchose? Enfin, un espèce d'Indiana Jones à la recherche d'artefacts de l'Atlantide avec ruines de trucs nazi inside. J'avais bien aimé la quatrième de couv, j'ai acheté ça à la gare parce que j'avais déjà lu tout ce que je m'étais amenée pour le voyage. Le livre m'a tout de suite déplu pour plein de raisons subjectives (personnages creux, action qui revient en plus que parfait au lieu de décrire ce qui se passe maintenant, et autres).

Mais j'ai fait le choix d'aller jusqu'au bout pour être sûre de ne pas être passée à côté de quelque chose, et d'avoir un avis aussi éclairé que possible (même s'il reste subjectif). J'avoue que ma critique (sur goodreads je crois) n'est pas élogieuse, (j'ai possiblement mis 1 sur 5 au bouquin :rougit: ) mais je n'en veux pas à l'auteur de m'avoir fait perdre mon temps, c'est moi, lectrice, qui ai été appâtée par la couv' et la quatrième, et qui ai décidé de m'acharner malgré le fait que la rencontre ne se faisait pas.

Et j'avoue que si l'auteur était venu s'excuser, j'aurais presque trouvé ça déplacé en fait. Comme dit K-rine, c'est comme s'il mettait une faute là où il n'y en a pas, ni de ma part ni de la sienne.
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Ivan
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Message par Ivan »

Desienne a écrit :Je vais me faire l'avocat du Diable pour quelques secondes : en admettant que tu évalues le coût du temps d'un lecteur à 20 euros pour 5 heures (je reprends tes bases) ça nous ramène à 4 euros de l'heure ?
Les auteurs ne comptent pas leurs heures et si on devait rapporter les gains obtenus à un taux horaire, tu peux facilement diviser se chiffre par dix ou cent.... Je te laisse imaginer.
Pour le coup, ça pose la question (toujours en se faisant l'avocat du Diable) : qu'est ce qui coûte le plus ? Lire ou écrire ?
Il me semble que tu n'utilises pas correctement cette métrique. Si vraiment il faut faire cette comparaison, il me semble qu'elle doit être entre le temps passé à écrire le livre et le temps passé par l'ensemble des lecteurs à le lire : l'auteur travaille pour l'attention combinée de tout son lectorat. Sauf erreur de ma part, même en prenant une hypothèse conservatrice sur le nombre de lecteurs (pirates inclus), la balance est positive pour l'auteur.
Desienne a écrit :Ceci étant dit : c'est vrai que le temps est précieux... mais la notion de loisir, justement, c'est de ne pas vraiment en tenir compte. Quand on aime, on oublie le temps. Tu peux regarder des épisodes d'une série télé jusqu'à plus d'heures parce que tu aimes ça, tu peux ne pas vouloir refermer un livre (ou éteindre la liseuse) parce que tu veux savoir ce qu'il arrive après... Et ça, à mon sens, ça n'a pas de prix.
A mes yeux, c'est avant tout une sensation de satisfaction vis à vis du fait qu'on reçoit quelque chose de valeur équivalente (voire supérieure) en échange de ce temps. Qu'on en soit conscient ou pas, le prix de l'attention reste payé exactement pareil.
Florie a écrit :Oui, c'est un temps qu'on a choisi de consacrer à cette lecture. Après, si le livre ne correspond vraiment pas aux attentes du lecteur, rien ne l'empêche d'arrêter sa lecture avant la fin. S'il continue, c'est son choix.
Je pense que la situation n'est pas toujours aussi claire. On a tous l'expérience, je crois, d'avoir lu un livre jusqu'à la fin parce qu'on espère qu'il va se passer un truc qui sauve tout, ou au contraire un roman qui se finit en queue de poisson juste sur le dernier chapitre. On peut surement blâmer le lecteur de s'être entêté dans certains cas, mais il y a aussi des situations où il se fait avoir malgré lui (et malgré l'auteur évidemment).
Au final, ma position personnelle est qu'on peut passer beaucoup de temps à chercher où assigner le blâme, reste que le lecteur pense avoir payé un prix trop cher pour ce qu'il a reçu et c'est un problème qu'il faut traiter (dans mon cas, avec des regrets sincères).
Sincèrement,
Ivan

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Re: mauvaises expériences face aux critiques (ou non-critiques)

Message par Beorn »

Ivan a écrit :reste que le lecteur pense avoir payé un prix trop cher pour ce qu'il a reçu et c'est un problème qu'il faut traiter (dans mon cas, avec des regrets sincères).
Je suis totalement d'accord là-dessus et peu importe les calculs mathématiques sur le temps ou le prix : si un lecteur, quel qu'il soit, n'a pas aimé sa lecture, je le regrette et j'en suis vraiment sincèrement triste.

Mais pour moi, le risque de ne pas aimer un livre, cela fait partie de l'acte d'achat et/ou de lecture. Le lecteur le sait. C'est comme ça, il n'y a pas eu mensonge, ni tromperie.
Après, ce lecteur a bien le droit d'aller dire à la terre entière qu'il n'a pas aimé, ce risque là, c'est l'auteur qui le prend et quand on publie un livre, il faut (apprendre à) l'accepter.
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Message par Florie »

Ivan a écrit :Je pense que la situation n'est pas toujours aussi claire. On a tous l'expérience, je crois, d'avoir lu un livre jusqu'à la fin parce qu'on espère qu'il va se passer un truc qui sauve tout, ou au contraire un roman qui se finit en queue de poisson juste sur le dernier chapitre. On peut surement blâmer le lecteur de s'être entêté dans certains cas, mais il y a aussi des situations où il se fait avoir malgré lui (et malgré l'auteur évidemment).
Mais si le lecteur a aimé sa lecture tout le long et qu'il est déçu par la fin, peut-on vraiment dire qu'il a perdu tout son temps? Si sur 5 heures de lecture il n'est déçu que par les 15 dernières minutes?

Enfin sur le fond tu as raison, on ne va pas se perdre en considérations comptables, je pense que le problème est plus large au niveau de la manière d'envisager l'écriture et la lecture.
Ivan a écrit :Au final, ma position personnelle est qu'on peut passer beaucoup de temps à chercher où assigner le blâme, reste que le lecteur pense avoir payé un prix trop cher pour ce qu'il a reçu et c'est un problème qu'il faut traiter (dans mon cas, avec des regrets sincères).
Après, pour moi, elle est là la divergence. Pour moi il n'y a pas de blâme à assigner. Un auteur met un livre sur le marché. Le lecteur décide de porter son attention sur ce livre et il y passe du temps, mais la rencontre ne se fait pas. Ce n'est pas le rôle de l'auteur de plaire à tout le monde. Ce n'est pas le rôle du lecteur de tout aimer. Il n'y a pas de blâme à assigner en premier lieu (à moins que la couverture/le résumé soit vraiment mensonger, mais dans ce cas on en revient à dire que le lecteur s'en rend vite compte et peut arrêter la lecture en cours).

Et je pense que si le lecteur est un minimum chevronné, il sait en commençant une lecture, n'importe laquelle, qu'il court le risque de ne pas aimer le livre au final. Ça fait partie de l'acte de se frotter à la création d'un autre être humain. En tout cas, moi, en tant que lectrice, j'en ai conscience, et je ne vais pas chercher des excuses de la part de l'auteur si tel est le cas.

EDIT: grillée par Béorn :mrgreen:
Tout ce que je fabrique : Florieteller
Challenge Space op cosy : Adélaïde dans l'espace
Avatar par Amaryan.

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