Travailler la psychologie des personnages

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RedRhum
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Re: Travailler la psychologie des personnages

Message par RedRhum »

Je crois avoir lu quelques bêtises dans vos interventions sur les surdoués. Ils n'ont pas plus de problèmes que les autres, et les surdoués sont forcément des enfants.
J'avais vu cette conférence sur le sujet : https://www.youtube.com/watch?v=OlLvLE_Cy6I ; elle explique tout ça et est vraiment super.


Dans TBBT, les auteurs passent leur temps à nous montrer que les personnages sont intelligents - à l'américaine -. Mais dès qu'un conflit important approche, le groupe devient plus bête que la blonde sensée servir de contraste. Le format sitcom oblige à résoudre ces situations en revenant sans cesse au contexte de départ. Les personnages ne sont donc jamais vraiment intelligents.

La justification stéréotypée à tout ça c'est que les génies sont inadaptés. Donc il y aurait plusieurs formes d'intelligence, dont une intelligence sociale ? Le fameux Q.E.. Mouais...

Hikari a écrit :
mar. juin 05, 2018 7:38 pm
Il en va de même pour les personnes avec beaucoup de connaissances: n'importe qui peut apprendre n'importe quoi, pour peu qu'on lui donne le temps et les moyens nécessaires à sa réussite.
Pas du tout d'accord, donc vu qu'on est entre gens intelligents tu pourrais prouver ton affirmation ? Comme contre-exemple j'avancerai les handicaps. En tant que surdouancé bipolaire et fumeur, je suis désolé, mais je ne peux pas tout apprendre. Ce qui implique du stress, de la concentration ou mes poumons, entre autres.
:ange:

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timioko
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Re: Travailler la psychologie des personnages

Message par timioko »

Sans forcément parler d'exagérations d'un personnage, il va forcément falloir le "simplifier", le "résumer" en quelques caractéristiques pour rendre le livre lisible. On est tous extrêmement complexe, avec des variétés de réactions qui nous rendrait ingérable en personnage. Tout dépend du livre qu'on écrit évidemment, mais en général les personnages sont censés avoir une ligne de conduite qui évolue de manière cohérente. Au risque de paraitre bizarre ou girouette. :sifflote: On est obligé de faire le tri quand on écrit, pour dévoiler et accentuer ce qui nous intéresse chez notre personnage. Inutile la plupart du temps de dire qu'il est ronchon parce qu'il a mal au ventre, parce qu'il digère mal quand il marche juste après le repas, alors que ce mal de bide ne va durer qu'une heure (donc une ligne dans le roman, éventuellement un paragraphe), et que ça n'a pas d'incidences (sauf si, pour la narration, on a besoin qu'il réponde avec un peu de sécheresse à un autre personnage, histoire de traduire une tension entre eux).
Je pense qu'en fait, autant en péripétie qu'en personnage, on est obligé de prendre ce qui nous intéresse (c'est pour ça que généralement, le personnage qui va faire pipi dans les bois va se retrouver face à un ours/un ennemi/ un cadavre. On sait qu'un personnage réaliste va s'isoler plusieurs fois par jour et que dans 99,99% des cas il lui arrive rien!)
Tout ce qui fait le réalisme d'un personnage vient juste pour donner une ambiance, ou lancer une péripétie. Sinon on se retrouverait avec des romans très très long et chiant.
Le retour de la Grande Armée dans les Challenges

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Coblynau
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Re: Travailler la psychologie des personnages

Message par Coblynau »

Umanimo a écrit :
mar. juin 05, 2018 4:25 pm
Ça fait peur de penser à toutes les phrases (ou presque) de vos messages : "ah mais moi aussi !".
En fait non, ça fait pas peur, au contraire, ça soulage. Toute une enfance à s'entendre dire qu'on était "bizarre" (et moi je trouvais que c'était les autres les "bizarres") et voir qu'on n'est pas la seule, finalement et que notre bizarrerie s'explique. En fait, je suis pas non plus passée par des tests, mais tout ce que je lis là dessus me correspond tellement que je vois pas comment il pourrait en être autrement.
Et je n'ai pu mettre le doigt sur la raison pour laquelle je me sentais si décalée par rapport à la plupart des gens que très récemment (ça m'a fait un choc, en fait).
Ah oui. Le fameux « t’es bizarre », le plus souvent assorti du regard je-jurerais-qu’une-deuxième-tête-vient-de-te-pousser™. Et nous, bras ballants, tout étonnés : « mais non, non, c’est toi qui est bizarre ».
Je suis désolée que tu aies souffert. Moi j’ai toujours su, ma famille m’a beaucoup entourée, et c’était déjà bien galère. Dire qu’il y a des psys qui recommandent de ne pas dire à l’enfant surdoué qu’il est surdoué, parce que ça pourrait « lui donner la grosse tête » ! :roll: Qu’est-ce qu’il ne faut pas entendre.
Je suis d’accord. Quand on se retrouve dans tous les points comme toi, passer des tests n’est qu’une manière d’officialiser. Et même eux sont calibrés pour une certaine catégorie de précoces (bonjour à ceux qui perdent leurs moyens en conditions d’examens), d’où l’aval que doit donner la/le psy.
C'est bien que tu t'en sois rendu compte. :cava: J'imagine que ça a dû faire comme la petite ampoule de BD qui s'allume au-dessus de la tête !
RedRhum a écrit :
mer. juin 06, 2018 10:10 am
Je crois avoir lu quelques bêtises dans vos interventions sur les surdoués. Ils n'ont pas plus de problèmes que les autres, et les surdoués sont forcément des enfants.
J'avais vu cette conférence sur le sujet : https://www.youtube.com/watch?v=OlLvLE_Cy6I ; elle explique tout ça et est vraiment super.
J’avoue être vraiment étonnée. Voilà qui va à l’encontre de tout ce que j’ai jamais entendu sur les surdoués, y compris ma propre expérience et celle de mes proches. La psy qui a dépisté plusieurs membres de ma famille a expliqué le contraire : la douance est une chose avec laquelle on naît, et qui nous suit toute notre vie. C’est une erreur de penser que le terme « surdoué » s’applique juste aux enfants, et qu’ils perdront ensuite cette avance sur les autres jusqu’à devenir ordinaires. Le mot de « surdoué » ou de « précoce » désigne une manière de penser, de réfléchir, d’appréhender le monde, et une capacité particulière à l’apprentissage (qu’on en fasse usage ou non est une autre histoire, mais cette capacité demeure quoi qu'il arrive). Si on est né « normal » (encore une fois, à prendre avec trente paires de guillemets, c’est faute de meilleur mot que j’utilise celui-ci), on n’acquiert pas une douance en grandissant (quelle que soit la somme de travail), et vice-versa, si on est précoce, on ne devient pas « normal » une fois arrivé à l’âge adulte. D’innombrables livres ont été écrits sur l’adulte surdoué, et j’ai pu constater moi-même que la différence qui sépare l’enfant précoce des autres se maintient bien après qu'il ait grandi. La preuve, on dépiste des adultes !

C’est peut-être le terme « précoce » qui conduit à confusion, et semble sous-entendre que le surdoué est « en avance », mais finira par être ordinaire, une fois que les autres l’auront rattrapé. Je crois d’ailleurs qu’il existe une vaste polémique sur les termes à employer pour désigner la douance. Maintenant, les psys parlent plutôt de « haut potentiel » ou de « très haut potentiel » en fonction du QI, pour éviter la confusion. Mais ledit haut potentiel ne s’évapore pas à l’âge adulte, tel un verre de nénuphou resté trop longtemps au soleil ! :mouahaha:

Quant à « ils n’ont pas plus de problèmes que les autres », il nous faudrait des statistiques, mais j’ai quelques doutes. Je sais qu’un courant en vogue en ce moment affirme que le surdoué n’a pas tant de problèmes que cela, qu’il n’est pas forcément malheureux, et je vois où les psys veulent en venir. Il ne faut certes pas présenter la douance comme une fatalité (« tu seras malheureux, jeune précoce c’est ainsi ! »), ou comme une maladie, mais je pense que si les surdoués mettent autant l’accent sur les difficultés qu’ils peuvent rencontrer, c’est pour essayer de faire avancer un peu les choses, qu’on les repère plus rapidement et qu’on sache comment se comporter vis-à-vis d’eux (notamment à l’école, ou même à la maison). Le simple fait de penser différemment entraîne des complications, une certaine marginalisation, à moins bien sûr qu’on ne cache cette différence – ce qui revient au même, parce que porter un masque H24 est incroyablement pesant. Si on repère moins les adultes précoces, c’est peut-être simplement parce qu’ils ont appris à ne plus se faire remarquer (le fameux « tu es bizarre » devient lassant à la longue).

Pour résumer, je pense que les précoces ont souvent plus de problèmes que les autres, mais qu’ils peuvent tout à fait être heureux et bien dans leur peau. Ça dépend du précoce, de son cadre de vie, de ses proches, etc.

Il faut que je regarde cette conférence en entier, parce que vraiment, je suis interloquée. Je t’en dirais plus après !

(J’espère qu’on n’est pas en train de flooder le sujet. Qu’un modo vienne nous taper sur les palmes autrement !)

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Umanimo
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Re: Travailler la psychologie des personnages

Message par Umanimo »

Coblynau a écrit :
mer. juin 06, 2018 11:34 am
Je suis désolée que tu aies souffert. Moi j’ai toujours su, ma famille m’a beaucoup entourée, et c’était déjà bien galère.
C'est surement une question de génération. J'ai la soixantaine et c'était une époque où on ne se posait pas ce genre de questions. On se disait juste que cette enfant était mal adaptée. J'ai vu quelques psychologues, quand même, à l'époque, parce que ma tendance à me poser trop de questions provoquait de l'angoisse, en plus de ne pas me sentir à l'aise avec mes camarades de classe, ce qui est déjà un progrès par rapport à d'autres parents qui n'auraient sans doute même pas fait cette démarche. Mais aucun ne s'est posé cette question-là.

Coblynau a écrit :
mer. juin 06, 2018 11:34 am
C'est bien que tu t'en sois rendu compte. :cava: J'imagine que ça a dû faire comme la petite ampoule de BD qui s'allume au-dessus de la tête !
Ça a quand même été un sacré choc sur le moment et pas spécialement positif. Maintenant que je l'ai digéré, ça me permet juste de comprendre ce qui se passait à l'époque et pourquoi j'ai du mal avec les relations sociales (le coup de mal supporter les conversations "ordinaires", par exemple).

Coblynau a écrit :
mer. juin 06, 2018 11:34 am
(J’espère qu’on n’est pas en train de flooder le sujet. Qu’un modo vienne nous taper sur les palmes autrement !)
Disons qu'on s'est peut-être un peu éloignés du sujet de base, mais c'est super intéressant.

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RedRhum
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Re: Travailler la psychologie des personnages

Message par RedRhum »

Coblynau, ce que je voulais dire par là, c'est que le terme surdoué est plutôt utilisé dans le contexte de l'enfance et de la scolarité. Il évident que ça ne change rien en grandissant.

Pour les stats et le reste, j'ai mis une vidéo. Tout ce que je connais sur le sujet est dedans. Les 70% d'échecs scolaires viendraient d'une association de parents, par exemple.

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NaNa
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Re: Travailler la psychologie des personnages

Message par NaNa »

Coblynau a écrit :
mer. juin 06, 2018 11:34 am
Dire qu’il y a des psys qui recommandent de ne pas dire à l’enfant surdoué qu’il est surdoué, parce que ça pourrait « lui donner la grosse tête » ! Qu’est-ce qu’il ne faut pas entendre.
Ca me fait penser à mon frère : à quatre ans sa prof l'avait envoyé voir la psychologue scolaire, qui a dit à mes parents qu'il était sûrement surdoué mais que ça valait pas le coup de passer les tests parce que "ça sert à rien" :roll: (bon, faut dire qu'il fallait faire de la route pour trouver un psy et qu'en plus mes parents ne roulaient pas sur l'or, mais dire que ça sert à rien c'est un peu abusé, surtout qu'on l'avait envoyé chez la psy scolaire parce qu'il avait des problèmes à l'école).
RedRhum a écrit :
mer. juin 06, 2018 10:10 am
Ils n'ont pas plus de problèmes que les autres, et les surdoués sont forcément des enfants.
J'avais vu cette conférence sur le sujet : https://www.youtube.com/watch?v=OlLvLE_Cy6I ; elle explique tout ça et est vraiment super.
Alors la conférence est certes intéressante 'et je suis assez d'accord sur le fait qu'on insiste beaucoup sur les problèmes des surdoués parce que ceux qui se font dépistés sont ceux qui ont des problèmes), mais où exactement il dit que les surdoués sont forcément des enfants? J'ai peut-être loupé ce passage parce qu'une heure de conférence c'est long, mais je ne l'ai pas entendu dire ça une seule fois. Certes, il ne parle que des enfants précoces, mais c'est parce que la plupart des études sur l'intelligence et l'apprentissage porte sur les enfants. Mais ce n'est pas parce qu'il ne parle pas des adultes que les adultes n'existent pas. Sur la même chaîne youtube ils en parlent. Et d'ailleurs, les psychologues dépistent aussi des surdoués adultes, donc...
D'ailleurs, c'est pour ça que le terme de "précoce" est petit à petit abandonné, parce que ça donnait l'illusion que surdoué = "être en avance" (et dans ce cas ce serait logique que la précocité disparaisse, puisque les autres finissent toujours par les rattraper). Or, ce n'est pas l'avance qui définit la douance. Il y a des choses dont le monsieur de la conférence ne parle pas du tout, comme la pensée en arborescence qu'on ne perd pas en grandissant. D'ailleurs, certains psychologues mettent en avant le fait qu'être surdoué ce n'est pas être plus intelligent mais réfléchir de façon différente (d'où le fait qu'on parle d'HPI maintenant plutôt que de "surdoué"). Je ne pense pas qu'en grandissant les surdoués se mettent à penser linéairement, ou qu'à l'inverse les non surdoués se mettent à penser en arborescence.

EDIT : grillée avant d'avoir fini mon message
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Crazy
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Re: Travailler la psychologie des personnages

Message par Crazy »

J'ai pas la source (ça remonte à une dizaine d'années, je dirais), mais je me rappelle d'une anecdote lue dans un journal :
Un couple regarde une émission sur les surdoués à la télé, où ils citent plein de caractéristiques et pb associés à la situation. La femme se tourne vers son mari et lui dit "hé, mais c'est tout à fait toi !". Le mari (qui exerçait une profession manuelle du genre plombier, parce que ex échec-scolaire) va se faire tester, est confirmé HP, reprend des études (l'histoire s'arrêtait là).

J'admets que la seule surdouée diagnostiquée que je côtoie un peu est à peine pubère, mais je ne la vois pas devenir "normale" en vieillissant.

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Re: Travailler la psychologie des personnages

Message par Agathe Flore »

Même si c'est du flood, le sujet est hyper intéressant et cela fait chaud au cœur de partager cela aussi avec bien des grenouilles ! :heart:
Je me doutais que pas mal d'entre nous sont "haut potentiel" ou "surdoués" depuis mes premières rencontres IRL car je ne me suis jamais ennuyée durant les conversations ! :hihihi:
Les tests scolaires m'ont donné un QI de 132 et les instituteurs me trouvaient "intellectuellement en avance mais affectivement en retard". Les autres gosses jouaient au foot dans la cour du village et moi, j'accompagnais mon grand-père dans ses travaux d'ingénieur agronome pour regarder les cellules dans son microscope, apprendre à identifier plantes et animaux dans la réserve naturelle, etc. Alors forcément, on n'avait pas grand-chose à se dire, c'était pris pour de la prétention, de la froideur ou de l'extrême timidité alors que pas du tout. Heureusement, parmi ces profs de village, il s'en est trouvé deux (un remplaçant avec qui j'ai écrit ma première nouvelle à 7 ans et une prof de religion) pour m'encourager et m'apprendre à avoir confiance en moi, contrairement aux autres qui me trouvaient trop bizarre et différente des autres (ils ne savaient pas comment me gérer, en fait). Il faut dire que mes parents accordant une importance extrême à la vérité et au travail bien fait, je disais devant tout le monde quand l'instituteur faisait une faute d'orthographe. :sifflote:
Dans la vie d'adulte, cela continue mais on est plus conscient de sa différence et on s'adapte à ses interlocuteurs (ou on évite, quand c'est possible). On a plus le choix de ses relations et on recherche des gens comme nous. La pensée en arborescence et les autres caractéristiques restent (combien de fois les autres se demandent comment je suis passée de l'idée A à l'idée B :fatigue: ). La différence à l'âge adulte, c'est que les gens au potentiel ordinaire peuvent aussi apprendre et s'intéresser à plein de choses mais ils mettront plus de temps à les assimiler, ils ne feront peut-être pas les mêmes associations d'idées. On trouve plus de personnes avec qui discuter que dans l'enfance car le manque d'affinité ne vient pas de la différence de QI, mais de la capacité à s'intéresser au monde qui nous entoure et à vouloir le comprendre. Le pire, ce sont les gens qui ne s'intéressent à rien en dehors de leur métro-boulot-dodo.

Pour en revenir à la création, je pense que c'est périlleux de vouloir décrire un personnage super intelligent si on ne l'est pas soi-même. Il est plus facile de se mettre à la place d'un perso au tempérament opposé au sien qu'à celle d'un génie. Cette réflexion me vient de la série "Scorpion" qui met en scène une équipe de surdoués (avec des QI dans les 160, encore autre chose que nous !!). Ils accomplissent des missions impossibles et bricolent toujours de quoi s'en sortir avec ce qu'ils ont sous la main, mais je trouve toujours au moins une incohérence par épisode, des solutions qui ne peuvent pas fonctionner :hihihi:
Mu: L'ombre d'Atlantis T1 et Mu : La foudre de Quetzalcoatl T2 aux Éditions Underground
La cité des alchimistes et L'aigle et le lys en soumission :croise:

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Re: Travailler la psychologie des personnages

Message par Crazy »

Agathe Flore a écrit :
mer. juin 06, 2018 3:06 pm
Cette réflexion me vient de la série "Scorpion" qui met en scène une équipe de surdoués (avec des QI dans les 160, encore autre chose que nous !!). Ils accomplissent des missions impossibles et bricolent toujours de quoi s'en sortir avec ce qu'ils ont sous la main, mais je trouve toujours au moins une incohérence par épisode, des solutions qui ne peuvent pas fonctionner :hihihi:
Ne me parle pas de cette m... infâme, qui réunit tous les pires clichés sur les surdoués, ainsi qu'une quantité astronomique d'erreurs scientifiques.
J'ai à peine réussi à voir un épisode entier, et j'avais envie de me taper la tête contre les murs :psycho:

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Lilie
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Re: Travailler la psychologie des personnages

Message par Lilie »

timioko a écrit :
mer. juin 06, 2018 11:02 am
Sans forcément parler d'exagérations d'un personnage, il va forcément falloir le "simplifier", le "résumer" en quelques caractéristiques pour rendre le livre lisible. On est tous extrêmement complexe, avec des variétés de réactions qui nous rendrait ingérable en personnage. Tout dépend du livre qu'on écrit évidemment, mais en général les personnages sont censés avoir une ligne de conduite qui évolue de manière cohérente. Au risque de paraitre bizarre ou girouette. :sifflote: [...]
C'est un peu l'effet que ça me fait. Que, quand un auteur pousse trop loin le fait de vouloir "coller" à la réalité, eh bien ça tombe plutôt à plat (l'effet "girouette"). Mais je suis d'accord aussi que, quand un personnage n'est défini que par un seul trait ou caractéristique qui ne bouge pas d'un bout à l'autre du récit, ben ça sonne plutôt plat aux oreilles du lecteur aussi.
Je me dis que c'est un équilibre à trouver, et que le plus essentiel au final, c'est qu'il doit y avoir une progression (psychologique ou autre ?) et que cette progression doit (ap)paraître cohérente aux yeux du lecteur.
Même quand un personnage semble agir de façon incompréhensible, ça doit aussi trouver sa justification dans le texte. Difficile à mon sens de poser un personnage en disant "ben, c'est parce que je connais une personne qui est totalement comme ça !", parce qu'un personnage n'est pas une personne, et qu'une histoire n'est pas la réalité :wow:
Nana a écrit :en voilà une question qui demande à réfléchir. Ca me fait penser aux débats sur le vrai et le vraisemblable (par exemple, on avait reproché au Cid de Corneille de ne pas être vraisemblable, alors que c'est tiré d'une histoire vraie).
Voilà, c'est ça la problématique que je pointe :wow: Merci d'avoir mis des mots plus clairs dessus, Nana :love:

Et du coup, même si je trouve intéressant d'étudier la psychologie réelle afin de s'en inspirer, je me dis que la recherche du "vraisemblable" dans un récit demande que l'on creuse dans une autre direction. Parce que la fiction ne se construit pas comme le réel, et que la psychologie d'un personnage va forcément différer de celle d'une personne réelle (d'abord, parce que sa complexité est impossible à rendre, et ensuite, parce que ce serait sans doute "imbuvable" dans le cadre fictionnel).
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Coblynau
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Re: Travailler la psychologie des personnages

Message par Coblynau »

Umanimo a écrit :
mer. juin 06, 2018 12:35 pm
Ça a quand même été un sacré choc sur le moment et pas spécialement positif. Maintenant que je l'ai digéré, ça me permet juste de comprendre ce qui se passait à l'époque et pourquoi j'ai du mal avec les relations sociales (le coup de mal supporter les conversations "ordinaires", par exemple).
Oui, j’imagine bien que ça n’a pas dû être agréable ! Comme un coup de poing au ventre pour aller avec l’ampoule qui s’allume.
RedRhum a écrit :
mer. juin 06, 2018 2:07 pm
Coblynau, ce que je voulais dire par là, c'est que le terme surdoué est plutôt utilisé dans le contexte de l'enfance et de la scolarité. Il évident que ça ne change rien en grandissant.

Pour les stats et le reste, j'ai mis une vidéo. Tout ce que je connais sur le sujet est dedans. Les 70% d'échecs scolaires viendraient d'une association de parents, par exemple.
Bon ! Alors on s'est juste mal compris.

Je suis en train de regarder la conférence, et en fait, je pense qu'on ne met pas du tout la même chose dans le mot "problèmes" ^^. Je n'entends pas forcément par là un échec scolaire, ou même une pathologie quelconque, simplement les problèmes que le précoce peut rencontrer quotidiennement en étant confronté aux autres, et qui découlent de sa précocité. Pour moi, un surdoué peut réussir dans la vie (professionnelle ou scolaire, par exemple), ne jamais mettre un pied chez le psy, et pourtant, rencontrer des obstacles fréquents et parfois épuisants à franchir. L'un n'empêche pas l'autre, c’est ce que je voulais dire.
Agathe Flore a écrit :
mer. juin 06, 2018 3:06 pm
Même si c'est du flood, le sujet est hyper intéressant et cela fait chaud au cœur de partager cela aussi avec bien des grenouilles ! :heart:
Je me doutais que pas mal d'entre nous sont "haut potentiel" ou "surdoués" depuis mes premières rencontres IRL car je ne me suis jamais ennuyée durant les conversations ! :hihihi:
[...]
Alors forcément, on n'avait pas grand-chose à se dire, c'était pris pour de la prétention, de la froideur ou de l'extrême timidité alors que pas du tout.
[...]
Dans la vie d'adulte, cela continue mais on est plus conscient de sa différence et on s'adapte à ses interlocuteurs (ou on évite, quand c'est possible). [...] On trouve plus de personnes avec qui discuter que dans l'enfance car le manque d'affinité ne vient pas de la différence de QI, mais de la capacité à s'intéresser au monde qui nous entoure et à vouloir le comprendre. Le pire, ce sont les gens qui ne s'intéressent à rien en dehors de leur métro-boulot-dodo.
:heart: Oui, je me doutais aussi qu'il y avait pas mal de grenouilles à haut potentiel sur le forum. C'est un plaisir que de lire tous ces témoignages.

Ah oui, le fameux "tu es prétentieuse", ou froide, ou timide. Alors qu'on veut juste partager quelque chose d'intéressant avec les autres. Et là, paf ! la douche froide. Forcément, quand tout le monde fait cette réflexion, ben, on arrête d'essayer, et les adultes viennent alors nous reprocher d'être toujours dans notre coin.

Je suis bien d'accord avec ton paragraphe sur l'adaptation aux autres (je suis devenue un véritable caméléon avec les années, pour ne pas faire peur aux gens), et le fait qu'on trouve un peu plus d'interlocuteurs avec lesquels discuter quand on grandit. Une fois rentrée à l'université, j'ai trouvé davantage de personnes ouvertes d'esprit, qui aimaient apprendre et s'intéressaient aux autres. Et je fuis les gens métro-boulot-dodo comme la peste.

Tu as tout à fait raison, ce qui compte, c'est l'ouverture d'esprit avant tout ! Aucune des amies que j'ai IRL n'est surdouée (du moins, que je sache...), mais elles sont toutes très curieuses, et j'ai toujours plaisir à leur parler.
Lilie a écrit :
mar. juin 05, 2018 10:11 am
Sur un sujet proche, est-ce que vous ne pensez pas que, en littérature ou dans d'autres arts où l'on raconte une histoire (théâtre, cinéma), la psychologie d'un personnage paraîtra d'autant plus "plausible" au lecteur si l'on force certains traits et qu'on laisse de côté d'autres facettes ? Même si ça conduit bien sûr à exagérer, voire à décrire une version plus caricaturale d'un profil psychologique pour que ça paraisse "vrai" aux yeux du lecteur ?
J'étais en train de chercher mes mots, mais Nana est allée plus vite que moi et a déjà dit ce que je voulais développer. C'est bien la fameuse problématique du vraisemblable vis-à-vis du vrai, et on est bien un peu obligés de peindre à gros traits un personnage, histoire de le rendre "plausible" (à défaut de réel). Les auteurs font de l'impressionnisme, quoi.

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Tsumire
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Re: Travailler la psychologie des personnages

Message par Tsumire »

J'ajoute ma petite pierre.

Je précise que je n'ai jamais été testée personnellement, c'est juste mon entourage proche et professionnelle qui estime que je le suis. Mon fils est précoce (pas de test de QI à son jeune âge) mais effectuer les démarches pour lui m'a fait réaliser certaines choses sur moi-même. Je me retrouve dans beaucoup de ce que vous avez décrit, sans pouvoir affirmée que j'en suis pour autant, mais vos témoignages m'évoquent des souvenirs et des émotions fortes. Je glisse mon humble témoignage sur les points les plus caractéristiques de mon ressenti, si celui-ci peut aider, et je précise que c'est absolument pas un retour professionnel...

Le mal-être social. Ça ne se voit pas toujours, et bien sûr certains développent des méthodes pour se fondre dans la masse. Chez moi, c'est le sourire. J'aborde les personnes en souriant, même si je suis très mal à l'aise, et ce sourire m'aide à m'intégrer au groupe. J'entre, je souris, et la réaction des autres gagne en positivité - ce qui va m'aider ensuite à les aborder. J'ai quelque chose à demander, je souris avant, plusieurs fois s'il le faut, et j'ose ensuite quand la personne me semble bienveillante. Etc. Paralyser par la peur de déplaire, ce sourire est un passe-partout. Je m'en libère qu'avec peu de personnes en vérité, même dans ma propre famille. Mon mari doit être le seul à me connaître la plus brute possible. Je préfère d'ailleurs ne pas me retrouver sans sa présence dans un nouveau milieu...

L'ennui, c'est la mort. Que c'est vrai. Une discussion m'ennuie, le mode automatique est activé. Je n'écoute plus, je pense à autre chose, mais je réponds... les conversations téléphoniques de cet acabit sont le pires. Hâte de raccrocher, même avec des personnes que j'aime sincèrement. De base, j'ai une sainte horreur des conversations téléphoniques à cause du fait que je trouve souvent les conversations par téléphone creuses. Je fais toujours en sorte de remplir mes journées, mon surnom a longtemps été "Agenda de ministre". Un tâche se termine, j'en rajoute une ou deux autres...

Des activités obsessionnelles. Il va se focaliser dessus jusqu'à la moelle. Ca fonctionne par phase, chez moi. Aujourd'hui, à cause de ces phases justement et de l'incapacité à lever le pied, j'enchaîne entre les sciences, le dessin, la peinture, le cheval, le violon, le chant, l'écriture... et j'aimerai tout pousser au plus haut niveau. Aller à fond à chaque fois, même en apprenant en autodidacte, ce qui est épuisant mais impossible de raisonner. Pour le violon, une note ratée, et je tapais du pied ou me mordais fortement les doigts...

Et enfin l'hypersensibilité. De l'empathie, l'impression de vivre des émotions qui ne sont siennes. Des sentiments exacerbés, de la dépression pour des périodes de creux plutôt anodines, des larmes faciles, même si c'est la tristesse d'un autre, etc. La frustration (de l'échec, par ex) est toujours difficile à gérer, et l'angoisse de ce sentiment est une source de bloquage important. Je peux être très empathique avec des inconnus et d'une foideur implacable avec mes proches parce sur je veux justement me protéger de leurs sentiments car les leurs, je les côtoie en permanence...

En tout cas, pleins de ❤️ Car vous lire a été très fort en émotion.
Modifié en dernier par Tsumire le mer. juin 06, 2018 5:22 pm, modifié 1 fois.
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Re: Travailler la psychologie des personnages

Message par Umanimo »

Tsumire a écrit :
mer. juin 06, 2018 4:49 pm
En tout cas, pleins de ❤️ Car vous lire a été très fort en émotion.
Tsumire. La très forte émotivité, je connais aussi.

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Re: Travailler la psychologie des personnages

Message par sherkkhann »

Lilie a écrit :
mer. juin 06, 2018 3:33 pm
Et du coup, même si je trouve intéressant d'étudier la psychologie réelle afin de s'en inspirer, je me dis que la recherche du "vraisemblable" dans un récit demande que l'on creuse dans une autre direction. Parce que la fiction ne se construit pas comme le réel, et que la psychologie d'un personnage va forcément différer de celle d'une personne réelle (d'abord, parce que sa complexité est impossible à rendre, et ensuite, parce que ce serait sans doute "imbuvable" dans le cadre fictionnel).
Je suis d'accord avec vos interventions. Je pense que c'est un équilibre a trouver : pas forcément "accentuer" le trait de caractère, mais le mettre en avant plutôt, parce que si on accentue trop, le personnage devient caricatural. Bon, en vrai, y'a des gens caricaturaux donc ça ne me choque pas plus que ça non plus dans un récit, mais à condition qu'il ait d'autres traits de caractère derrière pour que ça colle aux "IRL caricaturaux" (en vrai, personne n'a qu'un seul trait de caractère). Je sais pas si je suis clair, pour le coup :hihihi:
Si on ne met pas un ou des traits de caractère en avant, le personnage sera désigné comme manquant de caractérisation, même si l'auteur lui a donné une psychologie en béton armé / calquer exactement sur quelqu'un qu'il connait, parce que les lecteurs seront tout simplement incapables de se raccrocher à un trait en particulier. Donc, en gros, accentuer mais pas trop... :lol:
Je suis d'accord aussi : le plus important dans un récit, c'est le vraisemblable. Un perso ou un récit hyper réaliste serait imbuvable / chiant / voir impossible à retranscrire. Par contre, je pense que c'est un travail à faire avant l'écriture. Je suis convaincu qu'un personnage qui a été créé avec une psychologie "réelle", ça se sent ensuite dans le roman, même si l'auteur passe certains trucs sous silence. De la même manière que ça se sent quand un personnage est "creux", quand y'a pas eu ce travail derrière même si le perso montre plusieurs traits de sa personnalité :hiii:

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Hikari
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Re: Travailler la psychologie des personnages

Message par Hikari »

Je déterre un peu pour poser une question en relation avec les personnages intelligents:

Si l'histoire est centrée sur ce personnage, est-ce que vous utilisez des mots "rares" comme "impavide" ou "pétrichor" dans la narration et les dialogue de votre perso ou vous vous contentez du vocabulaire "de base" pour accommoder le lecteur? :perplexe:

J'ai reçu des commentaires de mon entourage à qui j'ai fais lire quelques chapitres et ils m'ont dit devoir chercher la signification de certains mots sur internet. Personnellement, je considère que si un personnage est du genre "valedictorian", ça devrait paraître dans sa manière de parler et dans la narration. Bon, j'essaie pas de forcer un "Il posa son regard cauteleux sur l'enfant mignarde alors que le vent hiémal balayait les rues thébaïdes de la ville" tout au long du texte, mais je crois que mon perso à assez de vocabulaire pour ne pas répéter toujours les mêmes choses et diversifier un peu.

Qu'en pensez-vous? :perplexe:

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