Que de réponses intéressantes
Sherkkhann a écrit :J'utilise la troisième personne comme une première : je pars du principe ou je suis en point de vue interne, que ce soit je ou il, peu importe, pas de différence de traitement, mais comme j'ai besoin d'une distance entre mon personnage et moi, je suis incapable d'utiliser le "je". Partant de là, je ne différencie pas les pensées de mes personnages de la narration donc si un perso est familier/grossier... tout passe dedans sans filtre.
Je suis pareille. D'ailleurs, à ma première BL, on m'a dit qu'il fallait que je mette des trucs en italique parce que c'étaient les pensées du personnages, alors que ça ne m'était pas venu à l'esprit
J'ai du mal à écrire à la première personne, ça ne me vient pas naturellement. En plus j'associe la première personne au présent et au passé composé, or je n'arrive pas à écrire au présent, et la seule fois où j'ai essayé le passé composé j'ai été désespérée par les règles d'accord.
Sans compter qu'il m'arrive de changer de point de vue, et que ça ferait bizarre à la première personne.
sherkkhann a écrit :la difficulté que j'ai dans mes romans, c'est justement les passages où je passe au neutre (je reste en focalisation interne mais c'est moins oral car le personnage ne parle pas mal tout le temps => quand il décris un truc par exemple, il sait utiliser les bon mots, du coup, les lecteurs ont l'impression que c'est mieux écrit/plus construit : c'est surtout quand le perso s'énerve que le naturel revient au galop et que repars dans le full oral)
Ca me rappelle une autre remarque qu'on m'a faite, qu'il y avait des moments où je passais à un style "écrit" et que ça faisait bizarre. C'était justement les moments des descriptions. Je trouve que c'est plus facile de faire entendre la voix du perso quand il s'agit de ses émotions.
La_louve a écrit :Chez moi, la distinction se situe vraiment sur le niveau de langue. Si je veux un texte "brut" avec une narration orale plutot "moderne" je vais prendre le "je", parce que j'essaye d'y coller aux pensées du perso. Si je veux un texte plus "élégant", je vais prendre le "il", où je garde le vocabulaire et le caractère du personnage, mais en plus soigné. Un peu comme la différence entre quelqu'un qui parle ou qui écrit. C'est la personne, le même vocabulaire, mais on a tendance à être plus "soigné" et "organisé" à l'écrit qu'à l'oral.
C'est intéressant comme approche. J'ai l'impression qu'on retrouve ça beaucoup dans les romans. Ca me rappelle vaguement des notions de narratologie, avec une distinction entre le narrateur intradiégétique ou extradiégétique (les grands mots sont lâchés
). Avec le "je", c'est vraiment le personnage qui est censé parlé, alors qu'avec le "il", le narrateur est un autre hors de l'histoire (même si la focalisation est interne). D'où peut-être le sentiment que c'est normal d'avoir la voix "brute" du narrateur avec le "je", mais pas avec le "il"?
Mais en même temps, je ne pense pas que c'est systématique. Quand je vois un roman en "je", j'imagine souvent qu'il s'agit comme d'un journal intime ou autre, et du coup un style écrit ne me dérangerait pas. De la même façon, je n'associe pas le "il" et l'écrit.
En tout cas, tout ça donne à réfléchir.