Écrire sur le handicap

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Luminelya
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Re: Écrire sur le handicap

Message par Luminelya »

ilham a écrit :
jeu. juin 20, 2019 8:16 pm
Au fond, je trouve ce reproche extrêmement injuste... d'ailleurs tout ce qui consiste à juger de deux souffrances celle qui est la pire est dégueulasse.
et moi j'aurais tendance à dire le contraire : dans les mesures d'accompagnement, dans les politiques de santé, dans les assos, on ne parle que des gosses, jamais des adultes. les adultes autistes, ça n'existent pas ! ils ont disparu...
Personnellement je n'y voyais pas (à tort, peut-être) de volonté de comparer les souffrances, mais plutôt de rappeler la dimension très étendue du spectre autistique, que le grand public a tendance à oublier quand une représentation assez "unique" (dans le sens : proximité des personnages entre eux) se popularise.
Après on est d'accord que c'est super que cet autisme invisible commence à être connu (la souffrance qui l'accompagne est-elle bien perçue, c'est une autre question...). Ce qui m'interrogeait c'était plutôt ce qui fait qu'une représentation devient très populaire et une autre non.
D'ailleurs les plus invisibles (dans les romans, médias...) restent peut-être les adultes qui ne parviennent pas (du tout) à s'intégrer à la société...
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Luminelya
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Re: Écrire sur le handicap

Message par Luminelya »

Nana, tu permets que je te fasse un gros câlin ? :love:
Spoiler: montrer
J'ai été professeur des écoles pendant deux ans avant de démissionner. Et c'est clair que ce métier peut s'engouffrer dans certaines fragilités. Bon courage pour ta réorientation, je suis sûre que ce sera pour le mieux ! Boîte à MP ouverte si jamais ;)
Sinon carrément d'accord avec vous sur la perception des troubles neurologiques.
Une amie a obtenu le diagnostic de HPI pour son petit garçon... Et la directrice de l'école ne le croit pas, il n'a pas l'air intelligent à ses yeux.
Ne parlons pas des adultes qui essaient de comprendre leur propre histoire et leur propre fonctionnement par ce genre de diagnostic... Dans leur entourage, on les critique parfois de se croire "mieux que les autres" oO
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Re: Écrire sur le handicap

Message par NaNa »

Luminelya a écrit :
jeu. juin 20, 2019 8:55 pm
D'ailleurs les plus invisibles (dans les romans, médias...) restent peut-être les adultes qui ne parviennent pas (du tout) à s'intégrer à la société...
Oui, ou alors c'est pour les moquer (Sheldon Cooper, ou le personnage dont les producteurs ont jamais confirmé l'autisme parce que toutes les blagues sur sa personnalité passeraient encore moins bien, c'est à toi que je pense), ou pour régler les problèmes de façon simple).
ilham a écrit :
jeu. juin 20, 2019 8:54 pm
Ce qu'on appelle phobie scolaire regroupe différents troubles : phobie sociale, agoraphobie, stress post traumatique ( notamment après un harcèlement) anxiété généralisée...
Ah je savais pas, je pensais que c'était un truc spécifique.
Luminelya a écrit :
jeu. juin 20, 2019 9:01 pm
Nana, tu permets que je te fasse un gros câlin ?
Je prends ton câlin avec plaisir, merci. :love:
Les grenouilles sont trop gentilles et compréhensives. :heart:
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ilham
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Re: Écrire sur le handicap

Message par ilham »

C'est pas grave, mais juste que c'est un débat qui agite le petit monde de l'autisme.
Et les assos qui tiennent ce discours sont vraiment dans la logique "nous on souffre, vous pas, donc vous n'etes pas légitime pour parler au nom des autistes"... En gros, fermez la... C'est pas seulement face aux quelques personnalités médiatisées, c'est vis à vis de l'ensemble des adultes. Et ça se traduit dans les faits : dans le dernier plan autisme, quasiment rien sur les adultes ( y compris sur les adultes non verbaux qui existent. Ils sont pas morts les enfants qui ont grandi... ils sont devenus adultes !)
Moi, ça m'a fait du bien de lire ou de voir des témoignages d'adultes aspergers, de voir que des gens ( des femmes surtout) vivaient la même chose que moi. D'un coup, j'avais une légitimité à être ce que je suis (je sais, ça fait bizarre, dit comme ça, mais c'est ce qu'on ressent, au point d'en chialer...) C'est quelque chose que les gens n'ayant aucun souci de ce type peuvent avoir du mal à comprendre, mais on est en quête d'identité, car on voit bien qu'on ne fonctionne pas comme la majorité des gens et ça perturbe, et donc ces témoignages sont essentiels pour se comprendre...
Donc voilà, j'aime pas vraiment ce discours dénigrant ces publications. je comprends que les parents avec des enfants non verbaux, violents, vivent vraiment des choses difficiles et spécifiques, mais c'est pas en tapant sur le voisin qu'on fait avancer le shlim blick (comment ça s'écrit ce truc ? :perplexe: ) et puis, j'suis p'tre naive, j'ai tendance à compter sur l'intelligence des gens pour faire la part des choses. On accorde peut-être trop d'importance au pouvoir des médias, même s'ils contribuent à construire des images collectives,c 'est vrai sur certains sujets... et les oeuvres de fiction aussi d'ailleurs. On parlait de Rain man, c'est typique sur le sujet... on prend un cas extraordinaire : autiste + syndrome du savant, un peu de caricature, de bons sentiments et c'est parti. Et on se paie en retour, ah ben tu te frappes pas la tête comme rain man donc t'es pas autiste ! Mais en même je l'aime beaucoup ce film ! Dustin huffman est un acteur formidable ! l'histoire est touchante... donc j'en veux pas au réalisateur, non plus. Et de toute façon quand tu écris... tu fais forcément des choix. si tu prends un gosse asperger on va te reprocher de pas parler des non verbaux. Si tu prends un autisme de kanner, on va dire que tu caricatures et que tu prends le pire... y'a pas de bonne solution. y'a que l'honneteté intellectuelle de dire : ça ne raconte qu'un bout de la réalité ! Comme toute histoire d’ailleurs !
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ilham
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Re: Écrire sur le handicap

Message par ilham »

Et puis,c 'est faux, on parle beaucoup des personnes avec un autisme plus sévère. y'a eu pas mal de documentaires, de témoignages (par des proches, je pense à Sandrine Bonnaire, par exemple). Et quand tu prends la plupart des reportages à la télévision sur l'autisme, on va te présenter quoi ? Un enfant. Un garçon. Non verbal. Et si possible qui a quelque chose de génial...
Bon, ça change un peu. Cette année, à l'occasion de la journée sur l'autisme, j'ai vu pas mal de témoignages d'adultes, de femmes justement. Mais c'est récent et c'est légitime. Parce que la représentation mentale populaire de l'autisme jusqu'il y a pas longtemps, c'était pas un adulte surdoué. C'était un enfant qui crie et se tape la tête contre les murs.
Alors p'tre qu'ils ont peur de perdre l'attention du public, j'sais pas ceux qui crient au loup à ce sujet... mais franchement la réalité c'est pas qu'on s 'occupe que des adultes aspergers, c'est tout le contraire...
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Re: Écrire sur le handicap

Message par Luminelya »

Je comprends, Ilham, merci de montrer l'envers de ce débat :love:

Je suis d'accord avec toi sur le fait que ce n'est pas en ôtant quelque chose à l'un qu'on fera avancer les choses pour tout le monde :roll:

Après, je ne sais pas si on peut vraiment toujours compter sur l'intelligence des gens :rougit: ce qui alimente le débat c'est justement le témoignage de parents désemparés par le diagnostic à qui tata Jeannette rétorque "C'est pas si grave, j'ai vu à la télé que..." :wamp:

Et tu parles de témoignages mais moi plutôt de fictions finalement. Est-ce que les proportions sont les mêmes ?

En fait en tant qu'auteur je trouve quand même important d'avoir ce genre de débat à l'esprit... Pas forcément pour prendre parti hein, mais pour s'atteler à construire un personnage de la manière la plus honnête et sincère possible, sans risquer de tomber dans un stéréotype commode d'un point de vue narratif (le personnage un peu à la marge mais pas trop, par exemple). Le contraire de l'exemple que j'ai cité plus haut, quoi...
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Re: Écrire sur le handicap

Message par NaNa »

ilham a écrit :
jeu. juin 20, 2019 9:11 pm
y'a que l'honneteté intellectuelle de dire : ça ne raconte qu'un bout de la réalité ! Comme toute histoire d'ialleurs !
Tout à fait.
D'ailleurs pour recentrer le débat (le fil étant à la base sur "écrire du handicap"), un des problèmes quand on écrit sur le handicap, c'est que les gens se disent direct "ils sont tous comme ça" (bah oui, pourquoi la personne serait un individu à part entière, hein? sa vie se résume forcément à son handicap… :psycho: ). Et pas qu'avec le handicap d'ailleurs : sur un forum aromantique, quelqu'un racontait que quand il a fait son coming-out, son pote lui a répondu "mais non tu n'es pas aromantique, puisque tu n'es pas romance-repulsed" (dégoûté par la romance). Une autre est tombée de haut en réalisant que tous les aromantiques n'ont pas de squishs (un béguin amical, pour faire simple). Et je pense aussi à toutes les personnes qui vont vous dire que vous avez fait une mauvaise représentation parce que ça ne correspond pas à la façon dont elle ressent les choses (je pense notamment à la série 13 reasons why; bon, je ne trouve pas que la série a fait le job du siècle, mais on peut quand même voir que des personnes se sont retrouvées dans le personnage principal, alors que d'autres vous disent que les producteurs n'ont rien compris à la dépression et que le personnage principal n'est pas crédible une seule seconde…).
Bref, tout ça pour dire que quand on écrit sur le handicap, on peut être sûr qu'on va faire des heureux comme des gens en colère, parce que certains sont malheureusement incapables de voir qu'un même handicap peut se traduire différemment, avoir des raisons différentes, ou bien que les personnes vont avoir un ressenti différent. En gros, certains ne comprennent pas qu'on n'est pas des clones. :lol:
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La_louve

Re: Écrire sur le handicap

Message par La_louve »

Le soucis, c'est que comme le dit Ilham, un auteur est obligé de faire un choix s'il veut un personnage cohérent. Montrer un personnage autiste qui est un peu à la marge mais pas trop, ça permet aussi d'éviter le personnage qui sert à "déballer" la liste des traits autistiques comme une liste exhaustive parce que personne en les a tous. Et il me semble que ça avait été un peu reproché à Good doctor, justement. Ce côté "liste de symptomes" présenté de manière un peu trop superficielle (et je ne parle pas de l'absence totale de crédibilité des cas médicaux, je n'ai jamais rien vu d'aussi foireux, mais c'est un autre débat XD).

Dans un autre domaine, j'ai abandonné un projet avec un personnage paraplégique justement parce que j'étais tombée dans cet écueil de vouloir tout montrer, tous les côtés non glamour, et avec une médecine moyennageuse, il y en avait beaucoup. Sauf que ça donne justement un côté caricatural, au final. Donc avoir un personnage dans uen situation de minorité, que ce soit un handicap, une orientation sexuelle ou une origine... c'est forcément montrer un aspect des choses, et avoir la moitié des concernés qui ne se reconnaissent pas, au final. C'est compliqué de jongler avec ça.

Edit : grillée XD

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ilham
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Re: Écrire sur le handicap

Message par ilham »

Alors, dans les réalisations récentes, oui on a une explosion de personnages type aspergers. Chez les américains ( très en avance sur le sujet) on voit même des personnages féminins très intéressants apparaitre dans de très bons seconds roles (Stephen king a comme ça une jeune femme autiste dans un de ses derniers romans adapté en série).
Apres, y'a une dérive je trouve à cataloguer tout personnage un peu asocial ou original, décalé,comme autiste ( typiquement dr House, alors que c'est dit clairement dans la série : il ne l'est pas !) Et ça, ça nous vient de la production américaine. En même temps c'est une réalité sociétale : on en diagnostique de plus en plus !
Et à part Rain man, j'vois de cas d'autisme plus lourd... ça me vient pas, là...
En même temps compliqué de se mettre dans la peau d'une personne non verbale qui ne peut pas nous exprimer ses émotions par des mots... moi j'aurais peur de me planter. C'est intéressant, mais... risqué ! Donc forcément, on préfère les aspergers ou l'autisme dit de haut niveau.
Sur l'a-romantisme, sans m'en réclamer car j'ai du mal à en discerner le contour. Quoique, j'avais jamais eu la curiosité d'aller lire les forums sur ce sujet et... ouais, j'en suis sans doute proche... et pourtant y'a toujours des histoires d’amour dans mes histoires !!! j'avoue ne pas m'expliquer la chose ! :perplexe:
Et oui, en fait chaque personne a son propre vécu par rapport au handicap et sa propre vision de la chose. Et elle évolue en plus cette vision ! Donc c'est compliqué. Le souci, c'est qu'on pose trop le débat en termes moraux, je trouve. Et donc forcément, ça clive, car y'a rien de plus fluctuant que la moralité ! et donc entre les connotations négatives qui y sont liées, les préjugés etc... pas simple.
Déjà, faudrait se mettre d'accord sur ce qu'est le handicap ! et même s'il existe des définitions claires, ça reste en débat et clivant dans nos sociétés. donc ouais, dans ce qu'on écrit aussi. Mais c'est comme d 'autres sujets. J'écris sur le conflit israélo palestinien et j'ai régulièrement des gens qui me disent antisémite ( j'ai eu aussi dans l'autre sens pour avoir eu le malheur de pas bien parler d'un truc, je ne sais même plus quoi !!! C'est dire que c'était important... ah oui, je parlais d'attentat et donc j'étais pro israélienne selon cette personne ! Ben euh, non... c'est juste mes personnages qui causent comme ça !) alors que purée, étant athée, je me fiche de la religion des gens comme de l'an 40... c'est pas mon probleme et c'est pas pour ça que je m'intéresse au sujet.
Bon c'et assez loin du handicap, mais ouais sur ce genre de sujet on ne peut que des mécontents ! Et puis quand même y'a pas mal de gens intelligents... ;)

Et ouais , le personnage type catalogue qui collectionne tout les symptomes c'est vraiment pas réaliste du tout. Dans les forums sur l'autisme, les nouveaux venus ont souvent cette question, mais je peux pas etre autiste, non ? Sur 30 cases, j'en ai deux de pas cochées !!! Ben euh, t'as pas besoin d 'avoir les trente cases de cochées pour l'etre ! on n'est pas des clones ! On a tous nos spécificités. en fait, tu trouveras jamais deux personnes chez qui l'autisme s'exprime de la même façon... certains ont plus de facilités sociales, d'autres plus de problemes sensoriels, certains ont des stéréotypies, pas d'autres... et le personnage de good doctor coche un peu trop de cases c'est vrai. (après sur la réalité des cas médicaux, j'ai pris l'habitude de me dire que c'est jamais réaliste ! hihi !)
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Re: Écrire sur le handicap

Message par NaNa »

ilham a écrit :
jeu. juin 20, 2019 9:56 pm
Sur l'a-romantisme, sans m'en réclamer car j'ai du mal à en discerner le contour. Quoique, j'avais jamais eu la curiosité d'aller lire les forums sur ce sujet et... ouais, j'en suis sans doute proche... et pourtant y'a toujours des histoires d’amour dans mes histoires !!! j'avoue ne pas m'expliquer la chose !
Cherche pas à comprendre : je suis aromantique, et je suis toujours la première à réclamer des bisous dans les challenges. :lol:
ilham a écrit :
jeu. juin 20, 2019 9:56 pm
Apres, y'a une dérive je trouve à cataloguer tout personnage un peu asocial ou original, décalé,comme autiste ( typiquement dr House, alors que c'est dit clairement dans la série : il ne l'est pas !)
Y a des gens qui le pensaient autiste? :lol: Je sais pas, moi je voyais plutôt Dr House comme le génie asocial. Alors bon, on peut être autiste et surdoué ils me semblent, mais bon… Et puis c'est pas parce qu'on a des difficultés sur le plan relationnel qu'on est d'office autiste!

Pour les gens intelligents, j'ai coutume de dire qu'il y en a, mais les idiots parlent plus forts. :lol:
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Re: Écrire sur le handicap

Message par ilham »

Nana a écrit :
jeu. juin 20, 2019 10:06 pm
ilham a écrit :
jeu. juin 20, 2019 9:56 pm
Sur l'a-romantisme, sans m'en réclamer car j'ai du mal à en discerner le contour. Quoique, j'avais jamais eu la curiosité d'aller lire les forums sur ce sujet et... ouais, j'en suis sans doute proche... et pourtant y'a toujours des histoires d’amour dans mes histoires !!! j'avoue ne pas m'expliquer la chose !
Cherche pas à comprendre : je suis aromantique, et je suis toujours la première à réclamer des bisous dans les challenges. :lol:
Ca me rassure ! :hihihi: j'ai toujours trouvé ça bizarre, parce que dans la vie, c 'est pas trop le truc qui me préoccupe franchement. un psychanalyste aurait certainement pleine de choses à dire sur ce qu'écris ! :mouahaha:
Nana a écrit :
jeu. juin 20, 2019 10:06 pm
ilham a écrit :
jeu. juin 20, 2019 9:56 pm
Apres, y'a une dérive je trouve à cataloguer tout personnage un peu asocial ou original, décalé,comme autiste ( typiquement dr House, alors que c'est dit clairement dans la série : il ne l'est pas !)
Y a des gens qui le pensaient autiste? :lol: Je sais pas, moi je voyais plutôt Dr House comme le génie asocial. Alors bon, on peut être autiste et surdoué ils me semblent, mais bon… Et puis c'est pas parce qu'on a des difficultés sur le plan relationnel qu'on est d'office autiste!
Des difficultés relationnels ou au contraire être génial... certains adorent trouver des traits d'autisme aux gens décédés : einstein, beethoven. C'est assez ridicule ! Bon, ceci dit quand on s'intéresse au sujet, on se met à en voir partout ! Moi quand je lis internet, je ne me trouve pas 10 000 maladies, je trouve que les gens autour de moi ont 10 000 trucs !
Nana a écrit :
jeu. juin 20, 2019 10:06 pm
Pour les gens intelligents, j'ai coutume de dire qu'il y en a, mais les idiots parlent plus forts. :lol:
C'est pas faux ( comme disait l'autre...)
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Re: Écrire sur le handicap

Message par Dirga »

:pleure: Tous vos témoignages me touchent beaucoup. L'incompréhension s'ajoute aux souffrances causées par le handicap, elle isole et détruit la confiance en soi. Je méprise ces supermans en blouse blanche qui se croient permis d'insulter leurs patients et s'autorisent à les maltraiter. Ils sont ivres de leur image, ça les rend dangereux. Même pour établir un diagnostic, comme ils n'écoutent personne ils ne croient qu'aux examens complémentaires (radios scanners IRM prises de sang etc) et pratiquent une médecine de robot.
Le patient est un poète : il formule ses plaintes avec ses mots et ses gestes, il tente de communiquer et ce n'est pas facile. Il n'est pas écouté. Par exemple, à la question "Où avez vous mal ?" S'il répond "J'ai mal partout!" il est vite catalogué... Fuyez les violents et les je-sais-tout. Quand mes patients me racontent, presque en s'excusant, comment ils ont été moqués ou engueulés, on sort le petit annuaires des médecins du département et on raye le nom de celui qui les a agressés pour que jamais je ne lui adresse quelqu'un. A l'inverse on met des +++ à côté des praticiens de valeur (écoute et compétence) pour ne travailler qu'avec eux. Je dis "on" car c'est une forme de complicité ;) L'écoute est ce qui fait de la médecine un art et non une simple technique. C'est incroyable la capacité qu'ont les patients à se rétablir quand ils comprennent de quoi et pourquoi ils souffrent. Ils reprennent le pouvoir sur leur vie, c'est magnifique :wow: Le temps passé à chercher ensemble n'est pas du temps perdu et souvent ce n'est qu'après une longue consultation, au moment de franchir la porte, qu'ils ont suffisamment confiance pour dire ce qui bloque et qu'ils ne pouvaient pas livrer comme ça d'emblée en dix minutes. La médecine est peut-être une science, mais ce n'est pas une science exacte, c'est une science humaine avant tout. On a des protocoles opposables des conduites à tenir et des démarches diagnostiques à suivre évidemment, ça simplifie la pensée et le diagnostic est vite fait le plus souvent, parfois trop vite... Pour les maladies rares ou compliquées, l'errance médicale est plus souvent due au refus d'écouter les gens qu'à une incapacité à se rendre compte au moins à quel spécialiste les adresser avec une lettre qui décrit les symptômes de façon claire et qui oriente vers des hypothèses. La lettre est très utile (si le spécialiste la lit, car dernièrement il y en a une qui ne l'a même pas regardée mais c'est la première fois que je vois ça) elle porte la parole du patient à sa place, il n'a plus ensuite qu'à compléter en répondant à des questions. Je vous souhaite de trouver des soignants qui soient vos avocats et vos partenaires contre les maladies :love:

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ilham
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Re: Écrire sur le handicap

Message par ilham »

Dirga a écrit :
jeu. juin 20, 2019 11:01 pm

Le patient est un poète : il formule ses plaintes avec ses mots et ses gestes, il tente de communiquer et ce n'est pas facile. Il n'est pas écouté. Par exemple, à la question "Où avez vous mal ?" S'il répond "J'ai mal partout!" il est vite catalogué... Fuyez les violents et les je-sais-tout.
Beh... je suis touchée de lire ça parce que... entre la pudeur ( c'est de notre corps dont on parle) la culpabilité, le manque de confiance en soi, la difficulté à exprimer ce qu'on ressent ( avec le syndrome d'ehlers danlos, on ressent très mal notre corps : j'étais incapable de décrire précisément mes douleurs), la peur d'ennuyer, d'etre trop long ( je me suis faite engueuler une fois par un médecin parce que je répondais pas assez vite à sa question et contextualisais...), ma tendance à être mutique si on nie ce que je ressens (après la consult, je trouve plein de choses à répondre, mais sur le coup, pfffi écran noir, je me tais,c 'est tout), en effet, c'est compliqué de communiquer avec un médecin, je trouve. Je me suis toujours demandé comment faisaient les autres. Si c'était pas moi qui savais pas faire...
Et puis, j'ai trouvé le médecin qui a fait le diagnostic et tout ça s'efface parce qu'il écoute, parce qu'il répond à la moindre question quand il sait et dit quand il ne sait pas, quand il arrive à ses limites... un petit bonhomme avec une drole d'allure, mais je fais 700 km aller et retour tous les trois-quatre mois pour le voir...
et ah, y'a le radiologue que je vois tous les ans pour le controle post cancer. c'est lui a fait le diagnostic, qui me l'a annoncé, qui m'a expliqué les résultats de la biopsie (il est venu spécialement le lundi à l'hosto pour cela pour que je sois accompagnée et pas seule). Il me racontait que certaines femmes n'aimaient pas le revoir car il était le porteur de la mauvaise nouvelle, mais moi je lui ai dit " ben non, moi j'garde un bon souvenir de comment vous l'avez annoncé, sans brutalité, mais sans minimiser non plus, en me prenant pour ce que je suis , une adulte capable d'entendre et de comprendre les choses." Le chirurgien aussi a été très bien à chaque fois. il me semblait même plus désolé que moi de ce qu'il m'annonçait ! "Ca va aller ? Vous êtes sure ? " Oui, oui, s'il faut le faire, faut le faire, on va pas pleurer là dessus. Moi j'étais ravie de pouvoir faire quelque chose ( quand à coté, je galérais pour tout le reste ! au moins un truc dont on pouvait me "débarasser". ). J'en souris toujours d'ailleurs de cette consultation qui pourtant était pas sensée etre drole ! Mais c'était moi qui le rassurait !
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Agathe Flore
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Re: Écrire sur le handicap

Message par Agathe Flore »

Merci pour le hug virtuel, Nana :love:
En général, je n'aime pas trop qu'on me touche non plus, surtout les hommes. La bise à tout le monde au travail c'est juste horrible ;)
Nana a écrit :
jeu. juin 20, 2019 8:49 pm
ilham a écrit :
jeu. juin 20, 2019 8:16 pm
et moi j'aurais tendance à dire le contraire : dans les mesures d'accompagnement, dans les politiques de santé, dans les assos, on ne parle que des gosses, jamais des adultes. les adultes autistes, ça n'existent pas ! ils ont disparu...
ça c'est vrai pour tous les diagnostics qui touchent la sphère mentale j'ai l'impression (à l'exception de celles qui apparaissent à l'âge adulte, ou de la dépression où c'est l'inverse). Si on fait des recherches sur le TDAH, l'autisme, la douance, on tombe toujours sur des sujets touchant les enfants. Même les articles qui prétendent s'adresser aux adultes : on vous renvoie systématiquement à votre enfance.
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Je pense aussi à la phobie scolaire. On ne retrouve pas l'équivalent à l'âge adulte, comme si ce n'était pas possible. Alors que je suis à peu près certaine que ce que j'ai subi cette année, c'était de "la phobie du travail" (pas que le terme existe, je l'ai inventé, parce que ça peut pas exister un truc pareil) : incapacité à me mettre devant l'ordi pour travailler, faire un truc aussi simple qu'envoyer un mail (truc tout con, y a rien de plus simple, mais ça me provoquait beaucoup d'anxiété; je parlerai pas d'attaque de panique parce que c'était beaucoup trop faible, mais j'étais incapable de le faire); je procrastinais aussi pour la préparation des cours, la correction des copies que je m'étais un temps fou à corriger, parce que ça me stressait; et se retrouver devant les élèves aussi, ou près des collègues qui allaient nous en vouloir parce qu'on n'avait pas fait un rapport, pas mis les notes à temps… J'ai été arrêté pour trouble anxieux pendant deux semaines (même si ça représentait un mois pour moi vu qu'il y avait les vacances juste après), ce qui m'a permis de me déconnecter parce que je ne supportais plus de voir les élèves. Et comme je suis en stage, on avait des visites dans la classe; la logique aurait voulu que je bosse super bien mes cours, mais non, j'en étais incapable, je stressais trop. Et c'est un cercle vicieux, parce que du coup je stressais donc je n'arrivais pas à bosser, et comme je n'arrivais pas à bosser je stressais en imaginant la catastrophe qui me tomberait dessus. Et du coup manque de performance, qui entraîne une baisse de l'estime de soi, on se convainc qu'on est bon à rien… J'avais l'impression d'être tout bonnement allergique au travail. :fatigue: Et bien sûr impossible d'expliquer ça à son entourage : quand vous avez un père qui traite les chômeurs de "feignasses qui ne veulent pas travailler, retirer leurs les allocations et y aura plus de chômage en France", vous savez d'avance ce qu'il vous répondra si vous lui affirmez que votre travail vous met en panique.
Et après, mes parents se sont étonnés que la proviseure m'ait forcé à m'arrêter deux semaines (se plaignant que ça pourrait m'être en péril ma titularisation (que je n'ai pas eu d'ailleurs, vous vous en doutez)), et ils se plaignent que je me réoriente l'année prochaine. Comme l'a si bien dit l'inspecteur d'académie : professeur est un métier qui m'expose à toutes mes fragilités.
Bref je m'arrête là, j'avais jamais raconté tout ça comme ça et ça me met les larmes aux yeux, et j'aime pas pleurer (oui, bon, d'accord, personne n'aime pleurer).
Bon, j'avais pas prévu de vous raconter ma vie, mais voilà.
Tout ce que tu racontes me fait penser à un burn-out, j'avais exactement ça juste avant d'arrêter, il y a 4 ans. Ensuite, quand on prend le repos nécessaire, on retrouve ses capacités mais avec cette angoisse que ça recommence, la peur d'être complètement bloqué à cause d'une chose toute simple, mais qui sera juste trop. J'ai beaucoup de responsabilités dans mon nouveau travail, j'adore être dans le concret plutôt que dans la bureaucratie, mais ce stress m'a épuisée pendant les premières semaines, à cause des choses nouvelles et des conséquences possibles (il y a des millions à la clé). Et juste au moment où je commence à me sentir bien, paf, un rapport négatif dans la tronche :wamp:
Les parents sont de la vieille génération, pas du tout ouverts à ces nouveaux diagnostics. Je vous épargne les réactions des miens... pour eux, c'est indécent d'être malade plus de 3 mois, après il faut se forcer même si c'est pour claquer après. :wamp:

Pour revenir à l'écriture, j'ai un projet de blanche depuis quelque temps, sur tous ces gens borderline, qui ont une vie quotidienne normale mais de grosses difficultés invisibles et non reconnues par les médecins, obligés de bosser sans aucun aménagement faute de reconnaissance... et je risque d'avoir bientôt tout mon temps à y consacrer !!
J'ai l'impression qu'avant, les choses étaient moins diagnostiquées mais les gens plus tolérants. Untel a du mal au téléphone? On lui donnait d'autres tâches et le téléphone aux secrétaires. On se donnait le temps de former les gens. Maintenant, il faut être ultra performant en tout, tout de suite et tout le temps, comme des robots. Je cite "je demande à mes employées d'être au top niveau car je n'en ai que 2." En arrivant, j'ai halluciné du petit nombre de gens dans la boîte pour gérer autant de choses, il faut faire des économies... alors que les finances ne vont pas mal du tout !
Mu: L'ombre d'Atlantis T1 et Mu : La foudre de Quetzalcoatl T2 aux Éditions Underground
La cité des alchimistes et L'aigle et le lys en soumission :croise:

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Re: Écrire sur le handicap

Message par ilham »

Agathe Flore a écrit :
ven. juin 21, 2019 5:27 am
Pour revenir à l'écriture, j'ai un projet de blanche depuis quelque temps, sur tous ces gens borderline, qui ont une vie quotidienne normale mais de grosses difficultés invisibles et non reconnues par les médecins, obligés de bosser sans aucun aménagement faute de reconnaissance... et je risque d'avoir bientôt tout mon temps à y consacrer !!
J'ai l'impression qu'avant, les choses étaient moins diagnostiquées mais les gens plus tolérants. Untel a du mal au téléphone? On lui donnait d'autres tâches et le téléphone aux secrétaires. On se donnait le temps de former les gens. Maintenant, il faut être ultra performant en tout, tout de suite et tout le temps, comme des robots. Je cite "je demande à mes employées d'être au top niveau car je n'en ai que 2." En arrivant, j'ai halluciné du petit nombre de gens dans la boîte pour gérer autant de choses, il faut faire des économies... alors que les finances ne vont pas mal du tout !
C'est tout à fait vrai ! J'ai souvent discuté avec mon père car on vivait dans une petite ville très ouvrirère ( chaussure) et il me racontait qu'avant la crise de 74, les personnes handicapées, malades, on ne les excluait pas du milieu du travail ordinaire, on ne les parquait pas dans des ateliers protégés. Ils étaient intégrés à la vie de l'usine, et on acceptait qu'ils aient une productivité moindre...
Et puis tout simplement, c'est ce que tu dis, la productivité a énormément augmenté. Pour une m^me heure de travail, on fait beaucoup plus de boulot !
Si je prends le journalisme là où auparavant on écrivait pour les deux pages locales du journal + un ou deux articles pages départementales et nationales. Aujourd'hui, on continue à faire cela + articles sur internet + video + suppléments+ ....
Et les effectifs n'ont pas augmenté alors que la charge de travail a bien doublé...
Résultat, la qualité est en berne. Plus le temps de faire de l'investigation, de vérifier. Faut publier, publier. J m'étais faite engueuler y'a déjà plusieurs années pour avoir eu cinq minutes de retard dans la publication d'un malheureux fait-divers, par rapport au journal concurrent. J'm'étais fachée ! J'pouvais pas imposer à la personne dont j'avais besoin de l'interview de me prendre au téléphone pour que je sois la première juste pour une débilité de ce truc.
En tout cas, tous les anciens m'ont dit que la charge de travail était bien plus lourde... ( j'ai pas parlé de la gestion des correspondants, de la correction, parfois même de l'accueil qu'on se coltine... et tout ça à effectif constant, voire moindre...

Et ouias, y'a de quoi écrire sur ces sujets, sur cette société qui voudrait qu'on soit toujours à 200% de ses moyens... c'est juste inhumain ! Physiologiquement impossible.
La logique vous mènera d'un point A à un point B. L'imagination vous mènera partout. Albert Einstein
Mon challenge 2022 : Le cafard

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