Énorme +1 pour Edel-Weiss. Tu as développé précisément ce qu'il me fatiguait de développer. Je dirais qu'on écrit sur ce qu'on a envie d'écrire, sur ce qui nous touche et nous importe. On écrit sur ce qui nous intéresse, nous fascine, nous émerveille, nous insupporte, nous révolte, nous terrorise, nous attriste, nous rend heureux. Rarement sur ce dont on se fiche totalement, en général si c'est le cas c'est qu'il y a un problème de sujet et le livre est abandonné au profit d'un projet + intéressant.
Après, il n'y a pas UNE vision de l'écriture. Si il y en a qui s'en fichent de cet aspect là et qui veulent faire du pur divertissement sans réfléchir à des trucs comme les clichés sexistes, les idées véhiculées, les raccourcis faciles sur les handicaps ou les maladies et l'entretien de clichés, de tabous et de hontes sociales dommageables, ben qu'ils continuent, je suis vraiment pas en mode chevalier blanc là dessus, je considère que chacun est responsable de ce qu'il émet, et que le lecteur est responsable de ce qu'il reçoit.
Mais par contre, moi, ça n'est pas mon choix. Je ne veux pas être parfaite, j'écrirais sûrement des monceaux de conneries, et non, je ne veux pas faire des livres moralisateurs qui ressemblent à des sermons, ce n'est pas de ça dont il est question ici. Ce que je veux, c'est sonner juste par rapport à la vision que j'ai dans la tête, à ce dont j'ai envie de parler, et oui, je me considère comme responsable de mon niveau de justesse. Le lecteur est lui responsable de ce qu'il fait de ce qu'il lit (ce que soit considéré bon ou mauvais d'ailleurs, peu importe).
Comment sonner juste et toucher vraiment les gens dans une histoire correctement construite et qui a du sens, et mettre vraiment sa vision correctement en mots ?
- Les recherches
- Parler avec des gens (oui, peut-être que les femmes ont des choses à dire sur le fait qu'on leur serve toujours les mêmes archétypes sexistes de merde en guise de personnages. Oui, peut-être que les noirs en ont marre de mourir systématiquement dans les 5 premières minutes du film. Peut-être que nombre de personnes en ont marre d'un tas de trucs et connaissent en réalité le sujet mieux que l'auteur, et que pour gagner en qualité, cela vaut la peine de les écouter, etc.)
- Voir en soi ce qui nous importe, nous intéresse. Je trouve que ça aide à construire des intrigues à thèmes sous-jacents forts, avec des archétypes, des fils rouges, des thématiques qui aident à relier les arcs.
- Réfléchir à ce qu'on veut faire. Rien de moralisateur là dedans, c'est tout le contraire. Le manichéisme et le côté moralisateur, c'est de la paresse pour moi. J'aime GRR Martin et le trône de fer précisément parce qu'il s'en fiche de ça. Il s'en fiche de ce machin bien/mal, bon/méchant, moralisateur/je m'en foutiste, etc. Il va chercher profond, et loin, sur la réalité, concrète, telle qu'elle est, dans ses aspects dégueulasses, mais aussi dans ses aspects beaux. C'est nuancé, profond. J'aime. Ça m'inspire. Ça sonne juste. Ça connecte à du réel derrière, pas à du fake. C'est ce que j'aspire à faire en temps qu'écrivain.
Après, chacun ses raisons et ses sources d'inspirations, ce qui m'inspire moi va profondément endormir quelqu'un d'autre, et un sujet qui passionne mon voisin va me laisser de marbre, et c'est OK, et heureusement, sinon on écrirait tous le même livre actuellement et il y aurait pas autant de diversité de sujets et d'ambiances dans les challenges et les bêta-lectures.