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Focalisation interne et pensées intimes

Posté : mar. janv. 07, 2020 1:39 pm
par Jonnie Go
Bonjour,

première fois que j'ouvre un topic dans cette section, j'espère bien suivre les règles et ne pas être redondant avec un sujet déjà évoqué :ronge:
Le cas contraire, n'hésitez pas à me :fouet:

Donc voilà mon petit souci :
J'ai écrit un roman à la troisième personne que l'on peut considérer à focalisation interne puisqu'on suit le point de vue d'un unique personnage tout du long. A plusieurs reprises, j'écris directement les pensées de ce personnage (avec formatage en italique).
Récemment, on m'a fait le retour que, comme le roman était déjà du point de vue du personnage, faire appel trop souvent à ses pensées intimes n'avait pas de sens puisque tout ressortissait de ses pensées dans l'absolu.
C'est juste bien sûr, mais je trouve que ça reste un outil intéressant pour donner du ton, créer des changement de rythme, présenter (parfois) les choses de manière plus directes...
Au final, j'ai vraiment du mal à bien placer le curseur dans mes fréquences et types d'utilisation.
Est-ce que certain(e)s parmi vous ont des conseils, avis, sur la question ?

Merci,
Jo

Re: Focalisation interne et pensées intimes

Posté : mar. janv. 07, 2020 2:18 pm
par Umanimo
Je ne sais pas si ça va t'aider, mais je fais comme toi. J'ajoute des passages de pensées en italique à une focalisation interne à la troisième personne. Je trouve que ça dynamise le texte, même si parfois, j'en abuse, je pense (il faudrait que je fasse BL ces passages pour voir si c'est bien ou si c'est pénible à lire).

Donc, voilà mon avis, si je n'ai pas vraiment de conseils.

Re: Focalisation interne et pensées intimes

Posté : mar. janv. 07, 2020 3:02 pm
par Tsumire
J'écris en ce moment à la première personne du singulier, donc en focalisation interne, et j'intègre les pensées directement à la narration, mais cela ne me gêne pas non plus qu'elles transparaissent en italique dans le texte. L'avantage de ce type de pensées est qu'elles sont souvent formulées de manière orales, un peu comme un dialogue, et c'est ce qui aide à dynamiser certains passages narratifs. Pour ma part, je ne les utilise pas, car l'italique est utilisé dans un autre contexte dans mon roman, et je tiens à éviter les confusions. Après, la remarque est pertinente, car intégrer les pensées directement à la narration aide aussi à renforcer la focalisation interne et à immerger davantage le lecteur dans le personnage.
Dynamisme ou immersion ?
Je pense que ça dépend de l'intention générale de l'auteur et du ton de la narration.

Re: Focalisation interne et pensées intimes

Posté : mar. janv. 07, 2020 4:58 pm
par ilham
Je le fais, en point de vue interne, mais rarement, pour souligner une pensée en particulier. Surtout quand celle-ci intervient de façon brutale, inattendue.
Mais à mon avis, le faire trop souvent tue le procédé, amoindrit l'effet de surprise qu'on veut que ça crée. C'est un peu comme les points d'exclamation ou de suspension. C'est pas interdit d'en mettre, mais plus t'en mets, moins ça a de force et plus ça gêne le lecteur.
Attention aussi que ce ne soit pas une "facilité". Au lieu de rédiger un paragraphe de narration, trois mots en italique... ça peut frustrer le lecteur.
C'est comme le bon vin. Un peu, c'est bien. Trop, ça saoule...

Re: Focalisation interne et pensées intimes

Posté : mar. janv. 07, 2020 7:00 pm
par NaNa
C'est drôle, j'ai le problème inverse : j'écris aussi en pdv à la troisième personne, et je mets dans la narration ce que l'on peut considérer comme des pensées (mais écrites à la troisième personne et au passé du coup), ce qui perturbe certains… Cela dit ça dépend des textes…
ilham a écrit :
mar. janv. 07, 2020 4:58 pm
C'est comme le bon vin. Un peu, c'est bien. Trop, ça saoule...
Je vais la noter celle-là. :lol:

Mais oui, pour chaque procédé, il faut doser.

C'est en effet un outil intéressant, j'ai certains textes où je l'utilise, je trouve que ça dynamise le texte. Je l'utilise notamment quand j'ai des pensées disons vives ou incisives, ça tranche avec le reste de la narration et ça permet de bien mettre en valeur ce côté direct, sans filtre.
Par contre je ne vais pas l'utiliser pour des pensées basiques (style, si je décris un paysage, je ne vais pas faire penser "C'est sublime", je vais à la limite préciser que le personnage le pense, même si dans l'absolu ça devrait passer dans la narration, mais je ne pense pas que ça apporterait grand-chose d'avoir une pensée directe pour ça).

Re: Focalisation interne et pensées intimes

Posté : mar. janv. 07, 2020 7:26 pm
par Perosia
Même chose que Nana: j‘utilise la pensée interne pour une phrase forte ou un moment critique. Du coup, je peux avoir de longues parties sans et d‘autres un peu plus.
Mais je suis d‘accord: il ne faut pas abuser, sinon le soufflet retombe.

Re: Focalisation interne et pensées intimes

Posté : mar. janv. 07, 2020 8:03 pm
par tam
Je suis comme toi, le suis en pdv interne à la 3è personne, mais j'ai 3 pdv dans mon histoire (pour l'instant :mrgreen: ). En fait j'utilise les pensées en italiques comme saillies principalement.

Par exemple l'un de mes personnages s'est fait largué par sa petite amie, il y pense souvent et quand ça lui vient je mets le nom de celle qu'il a perdu en italique , comme une intrusion malgré lui dans ses pensées et je reviens en police normale immédiatement après.

Peut-être si tu as du mal à placer le curseur ça veut aussi dire que tu frôles la narration à la première personne ?


Tu as un bout de texte en exemple sur le forum ?

Re: Focalisation interne et pensées intimes

Posté : mar. janv. 07, 2020 9:15 pm
par Jonnie Go
Salut,

et un grand merci à toutes et à tous pour vos retours qui m'aident beaucoup :love:
Umanimo a écrit :
mar. janv. 07, 2020 2:18 pm
Je trouve que ça dynamise le texte, même si parfois, j'en abuse, je pense
ilham a écrit :
mar. janv. 07, 2020 4:58 pm
C'est comme le bon vin. Un peu, c'est bien. Trop, ça saoule...
Nana a écrit :
mar. janv. 07, 2020 7:00 pm
Mais oui, pour chaque procédé, il faut doser.
Perosia a écrit :
mar. janv. 07, 2020 7:26 pm
il ne faut pas abuser, sinon le soufflet retombe.
J'ai l'impression que tout le monde est d'accord pour dire que c'est un outil intéressant, mais qu'il faut éviter l'usage systématique juste pour l'effet.
Tsumire a écrit :
mar. janv. 07, 2020 3:02 pm
Je pense que ça dépend de l'intention générale de l'auteur et du ton de la narration
ilham a écrit :
mar. janv. 07, 2020 4:58 pm
Je le fais, en point de vue interne, mais rarement, pour souligner une pensée en particulier
Nana a écrit :
mar. janv. 07, 2020 7:00 pm
Je l'utilise notamment quand j'ai des pensées disons vives ou incisives
Perosia a écrit :
mar. janv. 07, 2020 7:26 pm
j‘utilise la pensée interne pour une phrase forte ou un moment critique.
tam a écrit :
mar. janv. 07, 2020 8:03 pm
En fait j'utilise les pensées en italiques comme saillies principalement.
Le mieux est donc (je pense) de trouver le bon "filtre" en fonction du ton du récit.

@tam, pour donner des exemples
Je l'utilise consciemment pour distiller des touches d'humour et je pense que ça a du sens dans la mesure où le personnage est un ado (c"est un roman jeunesse), légèrement cynique, mais qui ne peut pas toujours exprimer à voix haute ce qu'il pense.
Ici, un échange avec sa grand-mère:
Spoiler: montrer
– Pas étonnant, mille limaces. T’es une vraie brindille !
Et toi, tu as la taille d’un Schtroumpf, rétorqua-t-il mentalement. Et la garde-robe de Dracula.
En revanche, je l'utilise aussi de manière un peu gratuite, notamment pour donner un sentiment / conclusion après une observation ou un événement notable.
Spoiler: montrer
Il s’intéressa au cadre photo. Un couple entourait un enfant d’une dizaine d’années, le regard espiègle sous une tignasse sauvage.
Presque le même, conclut-il au bout d’un examen attentif.
Ce type d'utilisation est sans doute à éviter dans mon récit, ça n'apporte rien au personnage.
tam a écrit :
mar. janv. 07, 2020 8:03 pm
Peut-être si tu as du mal à placer le curseur ça veut aussi dire que tu frôles la narration à la première personne ?
Sans doute... J'avoue être parti sur la troisième personne naturellement et parce que ça me paraissait (peut-être à tort) plus simple.
Je n'ai pas une grande expérience en écriture romanesque pour être honnête :rougit:

Une fois de plus, merci beaucoup pour vos retours.
Je vais donc garder ce procédé mais limiter l'utilisation à des cas précis.

:merci2:
Jo

Re: Focalisation interne et pensées intimes

Posté : mar. janv. 07, 2020 9:20 pm
par Umanimo
Jonnie Go a écrit :
mar. janv. 07, 2020 9:15 pm
Ici, un échange avec sa grand-mère:
Spoiler: montrer
– Pas étonnant, mille limaces. T’es une vraie brindille !
Et toi, tu as la taille d’un Schtroumpf, rétorqua-t-il mentalement. Et la garde-robe de Dracula.
Rien qu'avec ces deux répliques, j'ai envie de connaitre la grand-mère. :lol:

Re: Focalisation interne et pensées intimes

Posté : mar. janv. 07, 2020 9:54 pm
par NaNa
En effet je trouve l'utilisation très pertinente dans le premier extrait, beaucoup moins dans le deuxième. Tu as une piste à creuser.
Et oui la grand-mère donne envie, et ton ado a le sens de la répartie. :pompom:

Re: Focalisation interne et pensées intimes

Posté : mar. janv. 07, 2020 10:00 pm
par Tsumire
Je rejoins Nana dans l'analyse de ces deux passages.
Le premier extrait me semble plus pertinent dans l'utilisation en italique des pensées que le second.
(et ton héroïne me semble avoir du caractère :heart: )

Re: Focalisation interne et pensées intimes

Posté : mar. janv. 07, 2020 10:07 pm
par tam
Spoiler: montrer
– Pas étonnant, mille limaces. T’es une vraie brindille !
Et toi, tu as la taille d’un Schtroumpf, rétorqua-t-il mentalement. Et la garde-robe de Dracula.

Il s’intéressa au cadre photo. Un couple entourait un enfant d’une dizaine d’années, le regard espiègle sous une tignasse sauvage.
Presque le même, conclut-il au bout d’un examen attentif.
D'accord avec Umanimo :mrgreen: et nana et tsumire (le premier passe mieux que le deuxième, je trouve aussi. ;) )

Ce que je remarque aussi c'est que dans les deux cas tu utilises :
"rétorqua-t-il mentalement.
"conclut-il"
Du coup ça peut aussi peut-être expliquer le sentiment de tes lecteurs ? Quand tu utilises les italiques, l'irruption des pensées, je pense que ce n'est pas utile et du coup ça rendrait les pensées plus incisives et les dégageraient mieux en "'saillies" ?

Pour l'utilisation à la 1ère ou la 3è persone, pas de miracle je pense, il faut peut-être tester les deux pour voir l'effet que tu préfères et si ça a une incidence in fine sur ta manière d'écrire ?

Re: Focalisation interne et pensées intimes

Posté : mar. janv. 07, 2020 10:41 pm
par NaNa
tam a écrit :
mar. janv. 07, 2020 10:07 pm
Du coup ça peut aussi peut-être expliquer le sentiment de tes lecteurs ? Quand tu utilises les italiques, l'irruption des pensées, je pense que ce n'est pas utile et du coup ça rendrait les pensées plus incisives et les dégageraient mieux en "'saillies" ?
Exact : l'italique suffit normalement à ce qu'on identifie qu'il s'agit de la pensée du personnage. D'ailleurs, avec "rétorqua-t-il mentalement", le "mentalement" est d'autant plus redondant. ;)

Re: Focalisation interne et pensées intimes

Posté : mar. janv. 07, 2020 10:42 pm
par ilham
Je suis d'accord avec tout ce qui a été dit.

A la tienne, Nana ! ;) Hips ! ^^

Re: Focalisation interne et pensées intimes

Posté : mar. janv. 07, 2020 10:58 pm
par tam
A la tienne, Nana ! Hips !
:D ;)