Et puis, surtout, parce que je sais que réfuter c'est déjà réfléchir, et que les choses vont se mettre en place plus tard. C'est souvent comme ça, avec le travail intellectuel.
+ 1: je suis tout à fait d'accord avec Swald et ilham. Parfois l'auteur n'est pas "prêt" à entendre une critique au moment précis où il la reçoit, mais ça commence à le faire réfléchir et à orienter sa réflexion.
En outre, l'avis des bêta-lecteurs est subjectif, et donc il peut arriver que certains soient gênés par un passage/un style particulier de l'auteur et que d'autres l'adorent... C'est parfois simplement une question de sensibilité perso, chacun n'est pas réceptifs aux mêmes éléments, au mêmes messages et ne leur accorde pas la même valeur. Par exemple, je sais que l'emploi de certains termes sont pour moi chargés d'une connotation positive/négative ou autre, alors qu'ils seraient appréhendés tout à fait différemment par d'autres personnes.
C'est comme quand on lit un roman: on est "en phase" avec ou on ne l'est pas. Un exemple concret: je n'ai pas réussi à finir "l'angoisse du roi Salomon" de Romain Gary parce que... je ne sais pas, je ne l'ai vraiment pas senti, les persos m'horripilaient, bref, j'ai vraiment pas aimé. Ma mère qui l'a lu juste après l'a dévoré et l'a trouvé absolument génial! Donc, il peut arriver la même chose dans les bêtas-lectures... (bon, bien sûr si tous les bêtas lecteurs voient le même problème, il y a de fortes chances que ce soit VRAIMENT un problème)
Donc, si un bêta-lu ne prend pas en compte mes remarques, je ne m'en formalise pas car:
- soit elles étaient fondées, mais il n'est pas prêt à les intégrer dans l'immédiat
- soit j'ai mal compris/était gênée par un passage pour une question de culture/sensibilité tout à fait personnelle: l'auteur a eu des avis divergeants sur la question et finalement c'est peut-être moi qui n'était pas bien "en phase" avec le texte.
En outre, j'ai remarqué qu'il est beaucoup plus facile, en tant qu'auteur, d'accepter des critiques quand elles sont entourées de remarques positives.
Donc à chaque bêta j'essaie de faire attention de bien mettre en valeur les points forts du texte, ce qui m'a plu (on trouve toujours des choses bien dans un texte, même si la forme est épouvantable et le fonds plein d'incohérences... ça peut être quelques notes d'humour, un perso sympathique, des réflexions intéressantes, un univers particulier, etc.
).
En tout cas je ne mets jamais "que" du négatif, parce que ça peut donner l'impression à l'auteur qu'il n'a pas été compris, que son bêta lecteur n'était pas en phase avec son texte.
(il me semble que si on dit à l'auteur: dans ton texte il y a ça, ça, ça qui est vraiment super!!! mais par contre, ce point-ci me chagrine un peu et je ne comprends pas trop ça... l'auteur sera plus réceptif aux points "pas compris".
C'est un peu comme pour faire avaler un médicament avec un goût effroyable: c'est plus facile avec du jus de fruit qui masque au moins en partie le goût du médoc
)