Enfin, pas encore.
Je vous propose ici une petite méthodologie à appliquer entre la fin de votre premier jet et la publication de votre texte en vue d'une BL. Le but est de vous aider à tirer le meilleur parti de vos BL.
Cette méthodologie s'applique bien, à mon avis, aux nouvelles. Pour les extraits, c'est un peu plus compliqué, mais il me semble que c'est tout à fait transposable.
Attention, je n'ai aucune autorité sur ce forum, ni en matière de BL.
Je ne suis qu'un petit écrivain amateur qui n'a jamais rien fini, et dont la plume est encore jeune.
Mais, en bêta-lisant, et en me faisant bêta-lire, j'ai noté que beaucoup de remarques revenaient très régulièrement. En réalité, quand elles ne sont pas soulevées, c'est soit parce que la problématique a déjà été corrigée, soit que le bêta-lecteur attend une seconde version pour y venir, pour faire progresser l'auteur petit à petit.
La méthodologie que je vous propose n'a pour seule ambition que d'être une aide.
Elle n'est pas parole d'évangile. Elle est certainement discutable, et elle doit être adaptée à votre texte.
Mais, si vous l'appliquez, vos bêta-lecteurs ne s'attarderont pas sur ces points là, qui sont récurrents, et pourront se consacrer à ce qui nécessite vraiment un œil extérieur : communication des émotions, tournures alambiquées, difficultés de vocabulaire, incohérences, etc...
Je vais expliquer cette méthodologie en mode « nouvelle ». Si vous travaillez sur un extrait, des adaptations seront à prévoir.
Première partie – Les incontournables
Vous venez d'achever votre premier jet. Félicitations !
Vous n'avez qu'une hâte, le partager sur Cocyclics pour que les grenouilles vous disent à quel point il est génial ! On ne va pas se mentir, on le cherche un peu tous

Bon, en étant honnête, on sait ce que texte n'est pas un chef d'oeuvre, et on veut aussi que les grenouilles pointent ce qui ne va pas, pour améliorer le texte, et s'améliorer en tant qu'auteur.
Mais, patience.
Première étape : Oubliez votre texte.
C'est essentiel.
Vous venez de poser le point final. Vous connaissez le texte. Presque chaque mot, chaque virgule.
Si vous tentez de le relire, vous ne ferez, au mieux, que le survoler. En fait, vous le réciterez presque.
Laissez le quelques jours de côté. Une semaine, c'est mieux.
C'est frustrant, mais nécessaire. Pendant ce temps, écrivez la suite, ou autre chose. Mais celui-là, laissez le dormir.
Quand vous y reviendrez, vous n'aurez pas un œil extérieur, bien sûr, mais vous aurez quand même plus de recul.
Deuxième étape : Première relecture, sur ordinateur, gros tamis
Ça y est. Le texte a bien reposé sur le coin de la fenêtre.
Ouvrez le sur votre logiciel de traitement de texte préféré, et relisez le attentivement, en détachant chaque mot.
Concentrez-vous sur les évidences :
- L'orthographe, bien sûr. Aujourd'hui, la quasi-totalité des fautes sont indiquées par les correcteurs orthographiques. À chaque doute, je vous conseille de vérifier sur ce dictionnaire en ligne : http://www.cnrtl.fr/definition/
- Conjugaison. LE gros point. Pour chaque verbe croisé au cours de votre relecture, demandez vous quel est son temps, son mode, son sujet, et vérifiez sur les sites de conjugaison (Le Monde, Le Figaro, Le Nouvel Observateur, etc...). Idem pour les participes passés. Faites attention à la concordance des temps.
- La typographie et la mise en page (tirets, chiffres, parenthèses, dialogues, etc...). Même si vous ne maîtrisez pas trop les règles qui s'y rapportent, assurez-vous au moins d'utiliser toujours les mêmes signes de la même manière. De même, pour les mots qui ont plusieurs orthographes possibles.
Profitez-en pour rajouter deux trois trucs par-ci par-là, revoir quelques formulations, et modifier ce qui vous saute aux yeux, et notamment les problèmes de cohérence.
Ça, c'est la partie grammar nazi.
Cela peut paraître très pénible, voire tatillon. En général, ce sont les vieux cons qui râlent pour ces questions de pure forme.
Mais, je vous assure qu'un texte bourré de fautes qui peuvent être facilement évitées est très irritant pour un bêta-lecteur qui passe gratuitement une heure ou deux sur votre texte. Il s'énerve, il sort de l'histoire, il sort de sa BL. Et du coup, il ne signale pas des choses importantes, que vous ne pouvez pas savoir s'il ne vous les explique pas.
Personne ne vous en voudra s'il reste des coquilles, des petites erreurs et des fautes que vous commettez en pensant avoir raison. Mais, aujourd'hui, avec les correcteurs automatiques, la plupart des fautes sont indiquées, donc impardonnables.
Pour la conjugaison, je vous l'accorde, c'est plus compliqué. Je ne peux pas garantir aux gens qui ont de réels problèmes avec les verbes que leurs difficultés passeront à force de se discipliner à tout vérifier. Mais, ce qui est sûr, c'est que si vous ne vous l'imposez pas, il n'y a aucune chance pour que ça s'améliore tout seul.
Si, malgré ces efforts, vous savez n'avoir pas tout éliminé parce que vous souffrez d'un trouble du genre dysorthographie ou dyslexie, indiquez-le. Vos bêta-lecteurs seront plus indulgents.
Bravo, votre texte est désormais « propre ».
Troisième étape : Oubliez votre texte
Et oui, le temps est votre meilleur allié.
Quatrième étape : Deuxième relecture, sur papier, petit tamis
Imprimez votre texte, avec des marges plutôt larges et des interlignes aussi hauts qu'une ligne d'écriture. Vraiment, relire sur papier, ça change la vie.
D'autres grenouilles conseillent la lecture sur liseuse. Je ne peux pas vous dire, je n'en ai pas.
Prenez un stylo.
Et relisez votre texte. Mot par mot, phrase par phrase. Attention maximale. Vous pouvez lire à haute voix. Vigilance constante !
Vous chassez les mêmes petites bêtes que la première fois, mais elles devraient être moins nombreuses.
Mais là, en plus, traquez les répétitions.
Mon conseil : vous relisez, vous les mettez en évidences, et vous y revenez ensuite.
Cinquième étape : Oubliez votre texte
Il faut oublier
Tout peut s'oublier
Qui s'enfuit déjà
Oublier le temps
Des malentendus et le temps perdu
À savoir comment
Oublier ces heures
Qui tuaient parfois à coups de pourquoi
Le cœur du bonheur
Sixième étape : Troisième relecture, sur ordinateur, dernier coup d'oeil
Ici, le but n'est pas d'améliorer le texte, mais de vérifier que vous n'avez rien oublié.
Vous chassez toujours les mêmes choses, mais en principe, il n'y en a plus.
Cette étape est néanmoins indispensable, parce que si le gros de votre texte est lu, relu et re-relu, vos dernières corrections ne l'ont jamais été. Vous pourrez, par exemple, vous rendre compte que, éliminant une répétition, vous en avez créé une autre.
L'idéal serait de relire le texte jusqu'à obtenir une relecture qui ne donne lieu à aucune correction.
Félicitations, vous êtes désormais l'auteur d'un premier jet, non seulement propre, mais carrément présentable.
Là, la moitié des remarques qu'auraient fait vos bêta-lecteurs ont été évitées.
Mais il y en a encore qui sont récurrentes.
Je vous propose donc une deuxième partie pour chasser des petits défauts que les BL signalent systématiquement, mais que, contrairement aux premières, ne sont pas enseignés à l'école.
Seconde partie – Réécrire pour aller plus loin
Après avoir, à nouveau, bien oublié votre texte, imprimez le dans les mêmes conditions que précédemment.
Munissez-vous d'un stylo, et chassez de nouvelles bébêtes : verbes faibles/ternes, adverbes en « -ment », participes présent et tournures répétitives. Profitez-en pour remplacer le Tell par du Show.
Je vais commencer par ce dernier point, pour l'évacuer. Je vous renvoie à ce sujet, et à la fonction recherche du forum, cela vous sera plus utile qu'un long discours : viewtopic.php?f=1095&t=207022&hilit=tell
L'intérêt est d'impliquer votre lecteur.
Les verbes faibles, ou ternes, sont des verbes qui portent peu de sens, ou un sens faible : être, aller, dire, faire, etc...
En eux-mêmes, ils ne sont pas gênants, mais ils ont tendance à se multiplier, à coloniser tout le texte et à induire des phrases toujours construites de la même manière.
Il est facile de les remplacer par des verbes plus forts, plus précis, porteur de plus de sens. Cela permet de diversifier votre vocabulaire, et donc d'éviter les répétitions de mots. Le texte est plus léger.
En outre, les verbes faibles sont souvent renforcés et précisés par des adverbes en « -ment », qui allongent et alourdissent les phrases. À nouveau, il est souvent facile et profitable d'utiliser un verbe plus fort, plus précis qui va droit au but.
En écrivant votre premier jet, vous avez bien senti que vos phrases étaient toujours construites sur le même plan. Donc vous avez tenté de varier un peu le rythme en utilisant des participes présent. Résultats, vos phrases sont encore plus longues et encore plus lourdes. Chassez-les.
Alors, verbes ternes, adverbes, participes présent, faut-il toujours les éliminer ? (À ce sujet, consulter ce topic : viewtopic.php?f=28&t=207076&hilit=verbes+faibles
Peut-être pas. Mais il est certain que quand il y en a trop, ça n'aide pas votre texte.
Chercher à les remplacer vous obligera à reformuler beaucoup de vos phrases et de vos paragraphes pour les rendre plus précis. Vos tournures seront beaucoup plus variées.
Le texte s'en trouvera plus agréable à lire.
En outre, utiliser des verbes précis vous permettra de rendre ce que vous voulez faire passer de manière plus naturelle. En le faisant, du show commencera à se mettre en place. Vous profiterez d'avoir du recul sur votre texte et de réécrire en profondeur pour amplifier le show, et réduire le tell : puisque vous décrivez mieux ce que fait votre personnage, pourquoi ne pas sauter sur l'occasion de montrer ce qu'il ressent ?
Une fois votre réécriture terminée, reprenez la première partie.
En effet, vous venez de réécrire votre texte, toutes les corrections de forme sont à refaire.
Félicitations, vous avez un deuxième jet propre et présentable.
Si vous avez réussi votre coup, la plupart des remarques de BL qui reviennent dans presque tous les textes seront évitées (orthographe, conjugaison, verbes faibles, lourdeurs, répétitions, Tell), ou réduites à la portion congrue.
Votre BL passera un bien meilleur moment, et il pourra se concentrer sur des problèmes qui ne peuvent être relevés que par un œil extérieur : passages obscurs, incohérences, personnages, intrigue, etc...
Bref, vous disposez alors directement de BL qui ne signalent que des difficultés précises propres à votre texte, que vous ne pouviez pas voir vous-même, et non des généralités qui peuvent s'appliquer à presque tout premier jet.
Sur ce, bon courage
