Me voici arrivé ici par hasard à force de patauger, et, me trouvant bien à mon aise dans la vase de cette vaste et jolie mare, je décide de prendre le temps de savourer le paysage et la douceur des lieux.
Je me présente. Je suis Yann.
Je pense sans arrêt le jour et la nuit je rêve. Tout ce mêli-mêlo de sentiments, de ressentis et d'émotions s'accumule juste là, entre mes oreilles et mon cerveau et finit par y faire monter la pression.
J'ai bien essayé le coton-tige et l'eau tiède avec la petite poire en caoutchouc orange, mais à chaque fois je suis resté à moitié sourd durant deux jours.
Il faut donc que je trouve une autre solution qui pourrait m'aider à faire le ménage dans ce grenier poussiéreux.
Par exemple, me débarrasser une bonne fois pour toutes de ce ramassis de vieilleries entre deux feuilles de papier pour ne plus avoir à y penser et laisser enfin de la place à des idées nouvelles.
Malheureusement, je ne suis plus écrivain depuis bien longtemps.
Ma dernière tentative remonte à la terrible époque de l'école, lorsque écrire semblait un devoir et qu'une simple rédaction impliquait inévitablement la critique et la notation. Lorsque l'angoisse de présenter un travail me faisait mouiller ma chemise sous les bras, m'obligeait à veiller tard les doigts bleuis d'encre, l’œil fatigué et le nez presque écrasé entre deux lignes de mon cahier.
Quand arrivait l'heure du jugement dernier, il fallait tendre le bras pour récupérer la copie en attendant que tombe le couperet de la note. Je guettais les lèvres du professeur aux doigts jaunis par les mégots en essayant de lire à l'avance sur ses lèvres si son sourire finirait paternel ou moqueur, mais c'était toujours en vain. Le sourire était presque toujours absent et le visage n'abandonnait jamais son air rigide. Aussi rigide que la grande latte qui trônait accrochée au-dessus du tableau noir.
Parfois le travail avait tellement déplu au maître que la main n'avait pas le temps de saisir la copie. Celle-ci atterrissait en tournoyant sur le banc pour terminer en glissant sur le sol juste entre deux rangées d'élèves. Étrangement, la mauvaise note écrite en rouge apparaissait toujours sur le dessus, bien en évidence. Il fallait alors se baisser pour la ramasser le plus discrètement possible et puis essayer de se faire oublier des moqueurs du fond de la classe en faisant mine de ranger ses crayons.
Mais parfois aussi, très rarement, il arrivait que le coin de l'œil du professeur s'attarde sur moi une fraction de seconde et que sa paupière semble cligner, presque imperceptiblement. Un peu comme s'il avait souri mais juste pour moi seul. Un peu comme s'il n'y avait eu que moi qui puisse savoir qu'il aimait bien mon travail.
Peut-être le brave homme en complet gris frotté de craie n'a-t-il jamais souri et mon imagination me faisait-elle un signe pour me dire que j'étais content de moi-même, mais peu importe la raison de ce "presque battement de cil", l'émotion qui m'assaillait à chaque fois m'a marqué à jamais, et elle me manque souvent.
Je me souviens comme si c'était hier de toutes ces grandes peurs et de tous ces petits bonheurs qui me poussaient à mieux faire, à me corriger, à me dépasser à ...
Vous me voyez tout d'un coup assailli d'un doute affreux !
Et si la peur du jugement et de la correction m'avait paralysé durant tout ce temps ?
Si convenablement installé dans mon petit confort intellectuel je n'avais jamais osé présenter mon travail par peur de ne pas accepter la critique ?
Il faut dire que la critique est souvent virulente et destructrice, mais cette mare est emplie de reinettes et de crapauds qui tous les jours coassent ensemble, qui écrivent des papyrus entiers de texte et qui, dans le respect, se corrigent et s'encouragent
C'est donc cela qu'il me faut faire. "Sortir la tête des herbes folles et prendre du recul".
Je suis donc devenu incapable de respecter moi-même cette règle vieille comme le monde et que je rabâche en permanence à ceux qui veulent encore bien m'écouter. Pourquoi n'y ai-je pas pensé avant ?
En résumé et en clair:
Je viens pour vous lire, j’espère que vous me lirez un peu et que vous me critiquerez beaucoup ..
( Mais soyez pas trop vaches non plus quand même, je suis un débutant qui vient en paix
)Yann Coââââââ
dans nos eaux ! Tu verras, ici, il n'y a pas de notes. La bêta-lecture, c'est fait pour tirer vers le haut, pas enfoncer sous l'eau.
! 
)
Si tu préfères travailler les nouvelles, il faut demander l'accès au Port incertain à une grenouille à pseudo orangé 
