Ji Aʃka a écrit : ↑mer. mai 09, 2018 12:14 pm
Le problème, pour moi, d'un point de vue interne à la troisième personne, c'est la question du narrateur : qui est vraiment ce narrateur qui nous raconte tout ce que vit et pense le personnage ? C'est certes un point de vue interne dans le sens limité, mais ce n'est pas le personnage lui-même qui raconte (sinon, il dirait "je"). Donc, qu'est-ce qui justifie les choix de narration comme "il vit telle situation, il pensa ceci" puis bond dans le temps "il repensa à cela, puis fit autre chose" ? Dans une narration en "je", ce genre de saut ne serait pas du tout crédible à mes yeux - mais encore une fois, ça dépend : est-ce que l'histoire et le récit se déroulent en même temps, ou est-ce qu'on nous raconte cette histoire après coup ? Là est toute la subtilité.
Souvent, les auteurs disent que leurs choix de narration, de points de vue, etc., se font "à l'instinct", et ça marche la plupart du temps, mais quand on y réfléchit de plus près, les justifications ne sont pas du tout évidentes à donner. Pourquoi tel choix ? Pourquoi tel agencement ? QUI est ce put*** de narrateur !? Pourquoi raconter ce moment, de cette façon ? Pourquoi maintenant ??
Bref, tout cela est bien compliqué...
tu viens de mettre le doigt sur le mystère du narrateur autre.
Dans le cas d'un "je", la question ne se pose pas. Le narrateur est le personnage, mais c'est pas pour autant qu'on va suivre TOUT ce qu'il fait. Imaginez certaines scènes, sinon... c'est long, trois mois sans faire caca. On suit uniquement ce qui mérite d'être raconté, le reste c'est de l'ellipse narrative ?
Dans le cas du "il" : l'auteur peut considérer son "il" comme un "je" et là, ça se voit normalement assez vite car le lecteur doit entendre la voix du personnage dans la narration. Si le personne a cinq ans, ça doit se sentir dans la construction des phrases etc. Perso j'utilise cette méthode, et non le "je" car j'ai besoin de mettre une distance entre moi, l'auteure irl, et mon personnage. Le "je" ne peut que être autobiographique dans mon cas.
Ensuite, y'a le "il" en interne avec le narrateur mystère. Là, je pense que quelque soit le personnage, le style de l'auteur sera visible au détriment de la voix du personnage.
Je peux me planter, mais c'est comme ça que je le ressens.
Pourquoi raconter ce moment, de cette façon ? Pourquoi maintenant ??
Je pense que dans le cas de narrateurs multiples, il faut que l'auteur se pose la question de : quel est le narrateur le plus adapté pour la scène en question. Si tu as un perso principal lambda, un autre perso principal docteur, et que dans la scène, le docteur porte secours au premier lors d'un accident, la scène sera très différente selon celui qui l'a vit. L'impacte, l'émotion ne sera pas la même chez le lecteur. Après, c'est à l'auteur de savoir ce qu'il veut faire passer comme émotions / messages.