Quand le corps parle...

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Kira
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Quand le corps parle...

Message par Kira »

Il me semble qu'on a déjà abordé le sujet, mais de façon éclatée. Je pose donc ici la question des différentes parties du corps qui peuvent agir de leur propre initiative, par exemple les cheveux qui se hérissent sur la tête, la main qui s'avance pour saisir quelque chose, le doigt qui se lève...
Personnellement je l'utilise assez souvent parce que ça me permet de varier le sujet, mais d'autres auteurs pensent qu'il s'agit d'une tournure à proscrire parce que le corps n'agit pas de sa propre initiative.
à titre d'exemple :
Ses yeux se fermaient d’eux-mêmes, lui refusant davantage de services pour la journée
(oui je bloque sur cette phrase, c'est la première du roman et en plus il y a un participe présent, c'est affreux)
est une phrase que je vois mal comment tourner de façon à faire agir le propriétaire des yeux en question et pas les yeux tous seuls. Certes on pourrait écrire "il sentait ses yeux se fermer..." mais je trouve que cela alourdit la formulation.
Alors les corps de vos héros, ils parlent ?

Ayota

Re: Quand le corps parle...

Message par Ayota »

ça leur arrive parfois :mrgreen:

ça peut confirmer que malgré, la volonté du personnage, certains actions sont machinales et/ou incontrolables (baillement, sursaut... )
comme il peut s'agir d'automatisme, comme reproduire les mêmes gestes de façon inconsciente

qui a conscience des gestes qu'il fait quand il parle ?
je défie quiconque de réussir une discussion sans même lever le sourcil, un hochement de tête...
donc ce n'est pas aussi insensé que ça que de faire réagir le corps par lui même dans certains contextes
du moins, c'est mon avis ;)

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EtienneB
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Re: Quand le corps parle...

Message par EtienneB »

Oui, les corps de mes héros parlent, particulièrement lorsqu'ils expriment du désir pour quelque chose (ou plus souvent quelqu'un) à laquelle l'esprit ou le coeur ne veulent pas (ou refusent de) s'intéresser.

Il y a aussi le cas des fatigues excessives, souvent du fait d'une utilisation abusive de la Magie.

Et dans "Face aux démons", j'ai essayé de montrer à quel point la petite addiction de Fronin peut lui faire ressentir le manque et la douleur dans leur coeur.

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Lieko
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Re: Quand le corps parle...

Message par Lieko »

Un peu pareil qu'au-dessus.
Ce n'est pas le "corps qui parle", d'un point de vue physiologique, mais juste une action commandée par l'inconscient, qu'on exprime (à l'écrit) en supposant que l'action est déterminée par le membre/partie du corps en question.

Il m'arrive d'en mettre, mais assez peu, davantage des tics qu'autre chose (c'est plus implicite, donc ça fait moins "gros sabots").
Lourd est le parpaing de la réalité sur la tartelette aux fraises de nos illusions.

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Booz
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Re: Quand le corps parle...

Message par Booz »

Dans ces conditions, le corps agit de sa propre initiative non ? Lorsque les yeux tombent de fatigue c'est un signe qu'envoie le corps à notre cerveau, lorsqu'une douleur nous cloue au sol c'est encore un signal envoyé par le corps, de même que les sursauts, les éternuements, les frissons. Le corps ressent la douleur, la fatigue, l'esprit non. Je pense que ce sont des expressions que l'on doit utiliser pour montrer cette distance corps/esprit. Une personne dont les yeux se ferment mais qui reste éveillée ne sera pas perçue, par le lecteur, de la même manière qu'une personne qui va se coucher dès les premiers signes de fatigue.

Cependant, je pense aussi que l'exemple de la main qui se lève ou du doigt qui s'avance est légitime. Si on veut être logique, je ne vois pas pourquoi on proscrirait ces expressions ; la langue française donne même un nom à ce phénomène : la personnification.
Dans un texte il m'est arrivé de jouer sur cette personnification pour mettre à part mon personnage principal des autres. En personnifiant ses membres seulement et pas ceux des autres personnages, je dévoilais une partie de l'intrigue aux lecteurs attentifs.
S'il ne faut plus utiliser une tournure parce qu'elle parait aberrante et écrire les choses telles qu'elles sont vraiment, autant oublier toute notion de fiction
Modifié en dernier par Booz le sam. janv. 01, 2011 7:05 pm, modifié 1 fois.
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NB

Re: Quand le corps parle...

Message par NB »

Je pense qu'une précison comme "d’eux-mêmes" suffit à casser l'effet "corps qui agit hors de son propriétaire".

Plus gênant quand les yeux se promènent sur la foule (par exemple).

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Lieko
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Re: Quand le corps parle...

Message par Lieko »

Dans ces conditions, le corps agit de sa propre initiative non ? Lorsque les yeux tombent de fatigue c'est un signe qu'envoie le corps à notre cerveau, lorsqu'une douleur nous cloue au sol c'est encore un signal envoyé par le corps, de même que les sursauts, les éternuements, les frissons. Le corps ressent la douleur, la fatigue, l'esprit non. Je pense que ce sont des expressions que l'on doit utiliser pour montrer cette distance corps/esprit. Une personne dont les yeux se ferment mais qui reste éveillée ne sera pas perçue, par le lecteur, de la même manière qu'une personne qui va se coucher dès les premiers signes de fatigue.
Pas vraiment.
Biologiquement, le corps (au sens des organes/membres/parties du corps) ne ressent rien. Pour prendre un exemple :
Tu te piques le doigt avec une aiguille. A l'instant où tu te piques, tu ne sens rien. Il faut que l'information arrive au cerveau par les connexions nerveuses, pour que celui-ci détermine qu'en effet, ça fait mal (pour simplifier).

C'est valable pour toutes les sensations ; c'est le cerveau qui détermine toute notre perception du monde extérieur.

Du coup, on déforme un peu la réalité en faisant sentir que le personnage ne peut pas lutter contre son propre corps (ce qui est vrai, mais ça ne se situe pas au niveau des membres, mais du cerveau). Et on décrit l'effet (les yeux se ferment, par exemple), au lieu de la cause (il est fatigué), pour mieux faire sentir ça au lecteur.
Tu as tout à fait raison pour l'exemple choisi et la perception du lecteur qui varie, c'est l'effet recherché.
Lourd est le parpaing de la réalité sur la tartelette aux fraises de nos illusions.

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Tristane Suzette
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Re: Quand le corps parle...

Message par Tristane Suzette »

Pour moi, il faut distinguer deux choses :
D'une part quand l'information va du cerveau au corps (si je me mordille la lèvre parce que je me sens mal à l'aise)
D'autre part quand l'information va du corps au cerveau (si je touche quelque chose de brûlant et que je retire ma main)

Bien sûr, dans les deux cas, tout passe via le cerveau.

Mais bon. Après, dire dans un texte que la main du perso a touché un objet brûlant et qu'il a ensuite eu mal, ça romprait toute possibilité d'identification.
D'ailleurs si on applique le "montrer plutôt que dire", on préfèrera "il retira sa main d'un geste vif" plutôt que "il se brûla la main" ou le "il se mordilla la lèvre inférieure" plutôt que "il se sentit mal à l'aise"

Exit le cerveau ^^
Pas assez sensuel pour le récit :cruel:

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Booz
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Re: Quand le corps parle...

Message par Booz »

Oh je suis certaine qu'un cerveau pourrait être sensuel ^^
Lieko a écrit :Du coup, on déforme un peu la réalité en faisant sentir que le personnage ne peut pas lutter contre son propre corps (ce qui est vrai, mais ça ne se situe pas au niveau des membres, mais du cerveau). Et on décrit l'effet (les yeux se ferment, par exemple), au lieu de la cause (il est fatigué), pour mieux faire sentir ça au lecteur.
La douleur reste physique, la fatigue est physique non ?
C'est une dimension intéressante que tu relèves en tout cas et merci pour les précisions.
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Tristane Suzette
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Re: Quand le corps parle...

Message par Tristane Suzette »

Booz a écrit :Oh je suis certaine qu'un cerveau pourrait être sensuel ^^
Ça ferait de la bonne SF (ou ça a déjà fait, mais je ne connais pas)

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Kira
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Re: Quand le corps parle...

Message par Kira »

Je crois que dans l'exemple il faut distinguer "les yeux se ferment d'eux-mêmes" qui peut se justifier physiologiquement du "refusant davantage de services" qui est plus une personnification (au sens de la figure de style).

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Lieko
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Re: Quand le corps parle...

Message par Lieko »

La douleur reste physique, la fatigue est physique non ?
C'est une dimension intéressante que tu relèves en tout cas et merci pour les précisions.
Dépend de ce que tu appelles "physique".
La douleur est une sensation, donc créée par le cerveau à la suite de l'activation de récepteurs nerveux.
D'où les caricatures de personnages "bourrins" qui sortent des trucs du genre : "la douleur est une simple information"... (car c'est effectivement le cas)

Pour la fatigue, c'est plus compliqué.
Quand quelqu'un dit qu'il est fatigué, il y a une part de subjectivité, c'est en partie une sensation (il se perçoit comme "fatigué", car ayant fait un effort prolongé, par exemple). Pour un muscle précis, par contre, ce sera une réalité physiologique (le muscle est effectivement "fatigué", et ne répond plus aux sollicitations de manière satisfaisante).
Et la fatigue "généralisée" dépend aussi de la somme des fatigues musculaires.
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Re: Quand le corps parle...

Message par Elikya »

Pour ma part, j'utilise beaucoup ce genre d'effet. Je trouve qu'ils permettent de traduire le choc, la stupeur, le fait que la personne agisse d'instinct et sans réfléchir. A mon avis, cela permet d'accentuer certaines émotions et sensations. Bien évidemment, il ne faut pas en abuser.

Kira, dans ton exemple ce n'est pas la personnification des yeux, qui me gêne. C'est plutôt la formulation de la phrase qui me semble lourde et maladroite.

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Macada
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Re: Quand le corps parle...

Message par Macada »

Pareil qu'Ayota ou Elikya. Quand du point de vue du personnage, tout ou partie de son corps agit contre sa volonté (les yeux qui se ferment) ou sans sa volonté (ex. la peau qui se hérisse), cela peut être bien de les personnifier.
Autre cas : quand le personnage a l'impression d'être "détaché" de lui-même - pour amortir un choc ou parce qu'il n'aime pas son corps (ou une partie). Par exemple, c'est plus "supportable" que ce soit la jambe qui vient d'être cassée qui a mal plutôt que soi-même ; ou alors une vieille personne qui ne se reconnaît pas dans son corps tout délabré et qui le considère comme différencié d'elle.

En revanche, quand le personnage est volontairement aux commandes ou qu'il ne fait qu'un avec son corps, le "morceler" ne me semble pas justifié (ni justifiable).
Par exemple, pour moi, quand le point de vue est celui d'un combattant, ce n'est pas son bras qui brandit une épée, c'est bien le combattant.
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Roanne
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Re: Quand le corps parle...

Message par Roanne »

Ce genre d'effet ne me gêne pas, bien au contraire : il montre que le corps sait se faire entendre.

Même si tout passe par le cerveau, c'est distinct de la personnalité et de la volonté : notre conscience ne gère pas tout, loin de là ! Une très grosse part du cerveau et du système nerveux fonctionnent en toute autonomie.
Heureusement, je m'imagine mal devoir passer mon temps à contrôler mon système digestif, ma respiration, mon rythme cardiaque etc.

Lorsque nos yeux se ferment tous seuls, piquent, il y a 2 choses qui peuvent en être à l'origine :
- la fatigue des yeux, qui sont des organes complexes et fragiles, très sensibles à la fatigue (physiologiquement, ils peuvent envoyer des signaux de détresse sous forme de douleur)
- une partie du cerveau qui calcule que le corps entier a besoin de repos voir de sommeil et déclenche l'endormissement.
Après, on peut y céder ou au contraire lutter, là c'est la part de conscience qui agit.

Du coup, si le personnage n'a aucune envie d'aller ce coucher car il veut terminer ce sur quoi il bosse, ça ne me choque pas du tout que l'auteur donne une vie propre à ses yeux, ça montre le décalage entre la volonté de la conscience et le besoin du corps qui la contient.
Vous n'aimez pas Noël ? ça tombe bien, nous non plus ! Du coup, avec Chapardeuse, nous vous invitons sur Wattpad pour (re)découvrir le Noël cataclysmique de Claire et Chan.

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