Le plus-que-parfait dans un récit (à petites doses)

Où reposent les anciennes conversations de l'école des têtards
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gradavad
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Re: Le plus-que-parfait dans un récit (à petites doses)

Message par gradavad »

Vos remarques m'aident beaucoup! Merci particulier à Ellie: tes exemples sont très intéressants et je vois beaucoup mieux comment il faut s'y prendre!
Je n'étais pas obnubilée par ces auxiliaires jusqu'à ce que je remarque dans les bêtas des autres grenouilles que ce problème était régulièrement évoqué.
Je suis contente que certains d'entre vous (des plus vénérables en plus!) pensent que la chasse aux auxiliaires n'est pas utile, ça me rassure beaucoup!
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Silène
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Re: Le plus-que-parfait dans un récit (à petites doses)

Message par Silène »

Ouah ! Je suis vénérable ? :ugeek: (fait des cabrioles)
Non, franchement, je ne le suis pas, c'est juste un avis comme un autre ! Et je prends les inscriptions pour le GPTC : une seule règle : essayer d'employer le subjonctif plus-que-parfait une fois par semaine, après, on passe à 2 puis 3... et enfin tous les jours... : ça donne un certain style dans les conversations ! ^^
Prochain roman le 10 juin ! 8848 mètres chez Casterman.

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Blanche
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Re: Le plus-que-parfait dans un récit (à petites doses)

Message par Blanche »

Ouf ! Merci Silène, je commençais vraiment à avoir des sueurs froides...
Chasser l'auxiliaire, ça devenait flippant.

Je peux prendre ma carte au GPTC ?

Hitomi

Re: Le plus-que-parfait dans un récit (à petites doses)

Message par Hitomi »

Silène a écrit :Tu mets le doigt sur quelque chose qui m'agace un peu dans la chasse aux répétitions : on ne peut pas changer d'auxiliaire, on ne peut pas éviter être et avoir et, quand je vois dans des bêtas qu'on reproche à l'auteur de répéter être ou avoir alors qu'ils sont employés comme auxiliaires, je me demande jusqu'où on va.
Evidemment, on doit garder de la mesure dans l'emploi des temps composés mais je suis persuadée que le texte lui-même limite les occasions de les employer. Bref, pour moi, ce ne sont pas des répétitions comme les autres, et, à moins de trouver un excès réel, je ne les signale pas et je les défends dans mes propres textes.
Tout à fait d'accord. Dans mon boulot de correctrice, je fais la chasse à être et avoir, qui sont en tête de ma liste noire des verbes faibles, mais pas quand ils sont là à titre d'auxiliaires, dans ce cas ils sont inévitables et normaux

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cadou
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Re: Le plus-que-parfait dans un récit (à petites doses)

Message par cadou »

Bonjour à vous,

Plutôt que de créer un nouveau fil, je préfère parler ici de mon problème vu qu'il est lié au PQP (plus que parfait). Si j'avais du donner un titre au nouveau post, j'aurais écrit :

Le choix du plus que parfait ou du passé simple dans les flashbacks.

Dans le cadre de la relecture de mon tome 1 (Climax World Crisis), une de mes bêtas lectrices m'a signalé un problème de cohérence dans l'emploi des temps quand il y a un Flashback. Selon elle, je devrais mettre au PQP là où je préfère le PS.

Voici quelques exemples en questions :
Spoiler: montrer
traitement PS :

"Alors qu'il longeait la gouttière plongeant sur la rue du Louvre, Louis se souvint de la première fois où son chemin avait croisé les pas de Rosanna.

Ils se rencontrèrent lors d’une soirée où Louis se tenait aux platines. Elle dansait sur la piste au son de ses mixages dans des déhanchements endiablés et lui lançait des œillades lubriques très explicites. Des prétendants tentèrent bien de l'aborder, un cocktail en main pour l'amadouer, mais Rosanna restait de marbre face à leurs invitations. (...)"


traitement PQP :

"Alors qu'il longeait la gouttière plongeant sur la rue du Louvre, Louis se souvint de la première fois où son chemin avait croisé les pas de Rosanna.

Ils s'étaient rencontrés lors d’une soirée où Louis se tenait aux platines. Elle dansait sur la piste au son de ses mixages dans des déhanchements endiablés et lui lançait des œillades lubriques très explicites. Des prétendants avaient bien tenté de l'aborder, un cocktail en main pour l'amadouer, mais Rosanna était restée de marbre face à leurs invitations. (..)"


Au PS, je raconte ce FB en me plongeant dans l'action, ce qui est plus dynamique à mes yeux quand arrivent les dialogues. Si je choisis le PQP, je trouve que dialogues et incises sonnent faux. La redondance des auxiliaires ne me plaît pas vraiment.

autre exemple :

traitement PS :

"Sitis s'était introduite en furtivité dans sa chambre pendant son sommeil et lui avait planté une longue aiguille en travers de la jugulaire pour atteindre le cervelet. À peine était-elle sortie de la pièce, qu’elle fut maîtrisée et assommée.

Elle se réveilla nue dans une cave, les lèvres contusionnées, ligotée inconfortablement sur une chaise.(...)"


traitement PQP :

"Sitis s'était introduite en furtivité dans sa chambre pendant son sommeil et lui avait planté une longue aiguille en travers de la jugulaire pour atteindre le cervelet. À peine était-elle sortie de la pièce, qu’elle avait été maîtrisée et assommée.

Elle s'était réveillée nue dans une cave, les lèvres contusionnées, ligotée inconfortablement sur une chaise.(...)"


Même histoire, le PQP paraîtrait peut-être plus judicieux, mais quand arrive le moment des dialogues, je trouve que ça devient lourd.

autre exemple :

traitement PS :

"Le visage rasé de prêt et les cheveux coiffés, il avait fière allure dans cet uniforme blanc teinté de bleu aux manches et aux jambières. Il sentait même bon, avait noté Mia. Heureusement qu'il avait pris une douche lors de leur séjour dans l'abri.

Elle se souvint, un sourire en coin, du moment où ils se préparèrent pour leur petite randonnée sous-marine. Moki n'avait, bien sûr, pas pu s'empêcher de faire son cirque lorsqu'elle lui donna ses accessoires de plongée.

— Tu comptes sortir dehors habillée comme ça ? demanda-t-il en désignant les palmes qu’il avait chaussées. Je suis sûr que ça fera marrer les raptors s’ils sont toujours dans le coin.

— Mais non gros bêta, se moqua gentiment Mia. Il y a une trappe au fond de la pièce qui mène à un garage submersible. Des scooters des mers y sont entreposés. Je vais te montrer comment on s’en sert.


traitement PQP :

"Le visage rasé de prêt et les cheveux coiffés, il avait fière allure dans cet uniforme blanc teinté de bleu aux manches et aux jambières. Il sentait même bon, avait noté Mia. Heureusement qu'il avait pris une douche lors de leur séjour dans l'abri.

Elle se souvint, un sourire en coin, du moment où ils s'étaient préparés pour leur petite randonnée sous-marine. Moki n'avait, bien sûr, pas pu s'empêcher de faire son cirque lorsqu'elle lui avait donné ses accessoires de plongée.

— Tu comptes sortir dehors habillée comme ça ? avait-il demandé en désignant les palmes qu’il avait chaussées. Je suis sûr que ça fera marrer les raptors s’ils sont toujours dans le coin.

— Mais non gros bêta, s'était moquée gentiment Mia. Il y a une trappe au fond de la pièce qui mène à un garage submersible. Des scooters des mers y sont entreposés. Je vais te montrer comment on s’en sert.


Je trouve personnellement que le PS passe mieux, même si le PQP serait de rigueur.
Rencontrez-vous le même genre de difficultés quand vous traitez des flashbacks ? Quelle position devrais-je adopter ? Une certaine logique de la grammaire française qui opterait pour le PQP ? Ou bien la fluidité du PS ?
On ne termine jamais un poème on l'abandonne.
(Martin Silenus)

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Iluinar
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Re: Le plus-que-parfait dans un récit (à petites doses)

Message par Iluinar »

Si le flashback est court, le PQP passe sans problème. Le problème, c'est quand ça devient long... C'est sûr que le PQP à hautes doses, ce n'est pas très digeste.

Il y a une solution, c'est d'opter pour un récit au présent et de mettre les flashbacks à l'imparfait + passé simple. Après, je sais qu'il y a des gens allergiques au présent de narration.

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Macada
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Re: Le plus-que-parfait dans un récit (à petites doses)

Message par Macada »

Un "flashback" pour moi est un type de remémoration particulier : on se retrouve à (re)vivre une scène comme si c'était "maintenant". Le passé narratif est donc tout à fait de mise.
J'adhère à tes arguments à ce sujet : le passé narratif est moins lourd que le PQP et son côté "maintenant" donne plus d'impact/moins de distance avec la scène.
(Perso, j'utilise même le présent pour des flashback, dans des textes écrits par ailleurs au passé narratif)

Pour une remémoration où l'on se raconte le passé (on n'est pas en train de le (re)vivre, seulement de s'en souvenir), c'est effectivement le PQP qui est pour moi adéquat.

A partir de là, ce que je demande en tant que lectrice est de ne pas perdre le fil chronologique et de ne pas avoir l'impression d'une erreur de conjugaison.
Autrement dit, s'il y a flashback au passé narratif, je dois très vite le comprendre.

traitement PS :

"Alors qu'il longeait la gouttière plongeant sur la rue du Louvre, Louis se souvint de la première fois où son chemin avait croisé les pas de Rosanna.

Ils se rencontrèrent lors d’une soirée où Louis se tenait aux platines. Elle dansait sur la piste au son de ses mixages dans des déhanchements endiablés et lui lançait des œillades lubriques très explicites. Des prétendants tentèrent bien de l'aborder, un cocktail en main pour l'amadouer, mais Rosanna restait de marbre face à leurs invitations. (...)"
Ca me va sans problème : le flashback est annoncé par une phrase d'introduction et un saut de ligne.
J'attends que le retour au "maintenant" principal se fasse de façon similaire.

autre exemple :

traitement PS :

"Sitis s'était introduite en furtivité dans sa chambre pendant son sommeil et lui avait planté une longue aiguille en travers de la jugulaire pour atteindre le cervelet. À peine était-elle sortie de la pièce, qu’elle fut maîtrisée et assommée.

Elle se réveilla nue dans une cave, les lèvres contusionnées, ligotée inconfortablement sur une chaise.(...)"
Là, il me faudrait [avait été maîtrisée] dans le paragraphe au PQP.
Sinon ça me va. On commence par une remémoration "racontée" qui se transforme en flashback (revécu) bien montré par le saut de ligne.



autre exemple :

traitement PS :

"Le visage rasé de prêt et les cheveux coiffés, il avait fière allure dans cet uniforme blanc teinté de bleu aux manches et aux jambières. Il sentait même bon, avait noté Mia. Heureusement qu'il avait pris une douche lors de leur séjour dans l'abri.

Elle se souvint, un sourire en coin, du moment où ils se préparèrent pour leur petite randonnée sous-marine.

Là, j'ai un problème avec "Elle se souvint" et "il se préparèrent" : ces 2 PS sont dans la même phrase et se situent dans 2 "maintenant" différents : je suis donc perdue (sans compter que je ressens le "préparèrent" comme une faute de temps).
Pourquoi ne pas traiter comme le cas précédent : une intro au PQP, puis saut de ligne et passage en flashback ?
En cours : Bob le Blob et les Poubelles
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cadou
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Re: Le plus-que-parfait dans un récit (à petites doses)

Message par cadou »

Merci beaucoup pour vos témoignages Iluinar et Macada :love: Cela me soulage et me réconforte dans mon idée du PS.
Iluinar a écrit :Si le flashback est court, le PQP passe sans problème. Le problème, c'est quand ça devient long... C'est sûr que le PQP à hautes doses, ce n'est pas très digeste.
Dans mon cas, le FB prend la moitié du chapitre en général. C'est surtout pour ça que le PQP me gêne.
Macada a écrit :Citer:
autre exemple :

traitement PS :

"Sitis s'était introduite en furtivité dans sa chambre pendant son sommeil et lui avait planté une longue aiguille en travers de la jugulaire pour atteindre le cervelet. À peine était-elle sortie de la pièce, qu’elle fut maîtrisée et assommée.

Elle se réveilla nue dans une cave, les lèvres contusionnées, ligotée inconfortablement sur une chaise.(...)"

Là, il me faudrait [avait été maîtrisée] dans le paragraphe au PQP.
Sinon ça me va. On commence par une remémoration "racontée" qui se transforme en flashback (revécu) bien montré par le saut de ligne.
Macada a écrit :Citer:
autre exemple :

traitement PS :

"Le visage rasé de prêt et les cheveux coiffés, il avait fière allure dans cet uniforme blanc teinté de bleu aux manches et aux jambières. Il sentait même bon, avait noté Mia. Heureusement qu'il avait pris une douche lors de leur séjour dans l'abri.

Elle se souvint, un sourire en coin, du moment où ils se préparèrent pour leur petite randonnée sous-marine.

Là, j'ai un problème avec "Elle se souvint" et "il se préparèrent" : ces 2 PS sont dans la même phrase et se situent dans 2 "maintenant" différents : je suis donc perdue (sans compter que je ressens le "préparèrent" comme une faute de temps).
Pourquoi ne pas traiter comme le cas précédent : une intro au PQP, puis saut de ligne et passage en flashback ?

Noté et corrigé ! Tes explications sont très claires, merci :)
On ne termine jamais un poème on l'abandonne.
(Martin Silenus)

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