[A] Truby : La faiblesse morale du héros

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Beorn
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[A] Truby : La faiblesse morale du héros

Message par Beorn »

Dans la série "les concepts de John Turby" (Anatomie du scenario / Anatomy of story), je poursuis avec une nouvelle idée : le "moral need" ou "faiblesse morale" du héros.
D'après mon analyse, c'est la clef de voûte du "système Truby", même si je sais que d'autres n'y voient qu'une idée parmi d'autres.

Je vais probablement déclencher chez certains d'entre vous un tonnerre de protestations avec ce concept, alors je précise tout de suite que c'est l'idée de M. Truby et non la mienne (et en plus, c'est un résumé : ceux qui l'ont lu, n'hésitez pas à préciser les choses si vous n'avez pas eu la même lecture).
Ce que j'en pense, moi ? Je trouve ça intéressant, mais pas du tout universel.
On y retrouve beaucoup d'histoires hollywoodiennes. Mal prémâché, ça peut donner d'infâmes clichés, mais bien développé, c'est un concept qui peut donner de beaucoup de force et d'émotion à vos personnages. Mais en aucun cas, je ne pense que c'est un "passage obligé", contrairement à M. Truby.

[les autres fils :
Le choix de l'adversaire
Le conflit dans lieu resserré
Le personnage secondaire
"L'arène" ou l'unité de lieux]

Voilà.
Lavandier dans "La dramaturgie" utilise le concept de "but à atteindre" et "d'obstacle à résoudre" et il précise : les meilleurs obstacles sont ceux qui tiennent à la personnalité du héros, autrement dit, des obstacles "internes" (phobie, timidité, violence, éducation trop ceci ou cela, maniaquerie, fanatisme etc., il y a une infinité d'exemples).
Par ex : le chevalier X doit sauver la princesse pour gagner beaucoup d'or. Obstacle externe : le dragon qui la garde. Obstacle interne : c'est un trouillard.

Or M. Truby reprend ces concepts mais va plus loin.
Il admet qu'il faut un but au personnage (un objectif concret à atteindre que le personnage se fixe, ici : sauver la princesse et gagner son or).
Et selon lui, non seulement le meilleur obstacle est interne, mais cet obstacle-là est le principal "moteur" du personnage, c'est ce qui le définit avant toute chose.
Il faut donc que l'auteur construise son personnage sur une faiblesse. (ici : c'est un trouillard)
Mais pas n'importe laquelle !
Une simple faiblesse "psychologique" (telle qu'évoquée plus tôt) ne suffit pas. Il lui faut une faiblesse "morale".
La faiblesse morale est une faiblesse psychologique mais additionnée d'une idée supplémentaire : le lecteur doit le voir faire souffrir au moins un autre personnage au cours du récit.
C'est le lecteur qu'il faut convaincre que cette faiblesse est "morale", c'est à dire que la victime ne l'avait pas méritée.

Par exemple : X croise une demoiselle en train de se noyer dans une rivière. Etant trouillard, il préfère lui tendre une perche plutôt que de plonger et elle se fait manger la jambe par une créature marine.

La nature de cette souffrance importe peu : humiliation, blessure physique, mort, perte d'emploi ou de statut social, opportunité ratée... En revanche, elle doit être suffisamment grave, sans quoi, la faiblesse du héros n'est pas "morale".

En outre, elle doit intervenir suffisamment tôt dans le récit (il ne fixe pas vraiment de règle, mais à peu près dans les 5%/15% du début, je dirais) pour que le lecteur puisse intégrer les ressorts du personnage et comprendre le problème à résoudre. Autrement dit, pour qu'il ne se trompe pas d'histoire et qu'il puisse en apprécier les enjeux à chaque scène, chaque conflit, chaque épisode de l'intrigue.
Si la demoiselle qui perd sa jambe arrive à 75% du roman, alors pendant 75% du roman, le lecteur ignorera que le héros a une faiblesse morale. Dans chacune des scènes où cette faiblesse interviendra, il ne comprendra pas les enjeux.

TOUT le roman, selon Truby, consiste à apporter une réponse à cette question principale : le héros va-t-il oui ou non réussir à surmonter sa faiblesse morale ?
Le héros lui-même n'a pas conscience de sa faiblesse morale : tout occupé à atteindre son but, il s'enfonce de plus dans cette faiblesse au cours du roman.
Il y a bien sûr une myriade d'autres questions, personnages, intrigues et sous-intrigues, mais toutes doivent mettre en lumière et en valeur cette question-là.
(c'est le fameux aspect "organique" du roman : tous les éléments doivent être liés).

La fin du roman ne s'achève que par deux conclusions possibles : soit le personnage a la "révélation" de sa faiblesse et il se transforme (X finit par surmonter sa peur, même si ce tout n'est pas forcément tout rose), soit l'absence de révélation et l'échec du héros (qui doit dans ce cas se retrouver dans une situation encore pire qu'au départ, et malheureux).
Ce qui n'empêche pas que la vie continue, que d'autres problèmes puissent surgir à la fin etc.

Le fait qu'il atteigne ou non son "but affiché" n'est pas le plus important, au contraire : peut-être que finalement, il n'y avait pas de princesse dans le donjon, ou que X ne gagnera pas un sou pour l'avoir sauvée. Ou peut-être que si. Peu importe.
Il y aurait encore beaucoup de choses à dire sur ce sujet, mais je vous laisse déjà jeter des tomates. Si nécessaire, j'apporterai des nuances et des précisions au cours de la discussion. ;)
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Re: La faiblesse morale du héros

Message par Celia »

Je ne vais pas te jeter de tomates parce que c'est exactement la façon dont je construits mes personnages, surtout ce de mon projet actuel. L'âme du personnage et ses blessures (graves hein, on ne parle pas d'un ongle cassé ou du papa qui a pas voulu acheté une nouvelle voiture au fiston) et les conséquences qu'elles ont sur les autres sont (à mon avis) les meilleurs moteurs de l'histoire, parce que je fais des histoires de personnages et d'inter-connections et que ça me plaît. Donc je pense que mon cas est peut-être très particulier.
Par contre comme je n'en suis pas encore là dans ma lecture, je vais me dépêcher de finir le Truby avant de débattre plus avant ^^
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Booz
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Re: La faiblesse morale du héros

Message par Booz »

:merci: Paul de prendre le temps de résumer tout ça et d'en discuter. Pour l'instant, je cogite tout ça dans mon coin mais les discussion autour de tous ces concepts sont drôlement intéressants.
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takisys
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Re: La faiblesse morale du héros

Message par takisys »

Je suis plutôt allergique aux méthodes en générale, mais celle là en particulier fait vraiment partie des grosse ficelle qui me fond fuire quand je les rencontre au hasard d'un bouquin ou d'un film

je m’attarderais donc sur ton exemple que je trouve des plus intéressant
Béorn a écrit :Obstacle externe : le dragon qui la garde. Obstacle interne : c'est un trouillard.
pourquoi tout de suite : trouillard? :roll: réaliste ne suffirait-il pas? :mrgreen: et ne serait-ce pas plus intéressant à envisager? :arrow:

Pas tapé ! j'ai un peu forcé sur les antalgiques :mrgreen: :arrow:

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Beorn
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Re: La faiblesse morale du héros

Message par Beorn »

takisys a écrit :Je suis plutôt allergique aux méthodes en générale, mais celle là en particulier fait vraiment partie des grosse ficelle qui me fond fuire quand je les rencontre au hasard d'un bouquin ou d'un film
Mais tout dépend du talent de l'auteur.
Dans le seigneur des anneaux, Frodon a une faiblesse morale : il aime l'anneau. Et il le met à son doigt au début, ce qui provoque des catastrophes pour ses amis.
Ce n'est pourtant pas une grosse ficelle.
Dans Autant en emporte le vent, Scarlett est une égoïste et une garce qui utilise les autres, qui croit aimer Ashley.
Spoiler: montrer
Finalement, elle rencontre l'amour dans les dernières pages du livre, là où elle l'attendait le moins, et cette révélation la transforme même si cet amour est un échec.
Maintenant, il est certain que cela peut tourner à la grosse ficelle très facilement. Mais un concept ne vous écrit pas un roman, il vous donne juste des idées.

Et je comprends très bien qu'on puisse faire tout un roman sans la moindre faiblesse morale. Mais je ne dirais pas que ça produit nécessairement quelque chose de visible et de gros sabots. Tout dépend de l'auteur et du roman.
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Celia
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Re: La faiblesse morale du héros

Message par Celia »

Est-ce qu'on peut également considérer que la faiblesse morale l'est selon le contexte de l'histoire ?
Je m'explique avec l'exemple d'un personnages qui n'a pas de faiblesse, mais qui, dans le contexte de l'histoire, est en position de faiblesse.
Dans notre monde de bisounours, une faiblesse morale serait, par exemple, l'égoïsme du héros ou la couardise d'un roi. C'est assez bateau et normal si l'on parle de mondes où le courage et le partage sont des valeurs mises en avant par l'écrasante majorité des gens.
Maintenant si je prends un monde où cela ne se passe pas comme ça, où les dés sont pipés et où les qualités deviennent des boulets qui vont limiter ton espérance de vie, ces qualités mêmes deviennent des faiblesses.
L'exemple qui me vient à l'esprit tout de suite est Ned Stark. Peut-on considérer sa loyauté et sa franchise comme des faiblesses ? Oui et non. Mais cela ne lui apporte rien de bon et cela fixe son destin de héros.
Je trouve que cet exemple montre bien à quel point le personnage est dépendant du contexte et des autres personnages. On ne peut pas se dire "lui il va être courageux et loyal et il va gagner" si à côté de ça le monde dans lequel il évolue n'admet pas ce genre de morale (et emploie des manières extrêmes pour le démonter)
Enfin je dérive peut-être un peu...
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Booz
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Re: La faiblesse morale du héros

Message par Booz »

Celia a écrit :L'exemple qui me vient à l'esprit tout de suite est Ned Stark.
Dis, tu peux le décrire un peu ce Ned, on n'a jamais été présentés lui et moi (je crois voir ce que tu veux dire mais je pense que ton exemple m'aiderait à mieux comprendre).
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Anonyme_Quatre

Re: La faiblesse morale du héros

Message par Anonyme_Quatre »

Ned Stark est quelqu'un de très rigide, c'est un personnage du Trône de Fer, et sa rigidité dans sa loyauté envers son roi
Spoiler: montrer
le conduit à mourir pour lui, même après la mort de celui-ci. Il "désobéit" à son roi pour le bien du trône en mettant "ses héritiers légitimes" au lieu des enfants de sa femme, qui ne sont pas de lui, mais ça, le roi l'ignore.
Par contre, il me semble
Spoiler: montrer
Qu'il finit par mentir pour ne pas être tué, pour ses filles, mais le "fils" du roi est $¤$£µ*# et le tue malgré ce que tout le monde attendait
Je crois que je suis pas claire mais bon é_è'
http://www.lagardedenuit.com/wiki/index ... dard_Stark

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takisys
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Re: La faiblesse morale du héros

Message par takisys »

Beorn a écrit :[

Et je comprends très bien qu'on puisse faire tout un roman sans la moindre faiblesse morale.
je ne disais surtout pas ça, mais qu'il ne faut pas non plus affubler un personnage de tares systématiques pour le rendre plus crédible et plus touchant etc... sinon la méthode risque de se retourner contre celui qui l'utilise.

Célia mentionne les personnages de son challenge en cour, je ne pense pas qu'elle ait suivit une recette pour les élaborer d'autant que leur histoire, leur genèse est ancienne...

je crois qu'il est important qu'un personnage reste cohérent, avec son passé, son univers et que ses tares, comme ses qualités, ne fassent pas oripeau rajouté pour faire plus vrai...

pour ce qui est des deux exemple que tu sites, je trouve personnellement Frodon exaspérant, et s'il était le seul héros de cette trilogie, je l'aurais lu jusque au bout. Pour Autant en emporte le Vent, j'ai vu le film y a très longtemps et il ne m'a pas laissé un souvenir impérissable et je n'ai aucune envie de lire le livre ^^

Personnellement j'aime bien être surprise quand j'ouvre un livre, et c'est sans doute pour ça que les recettes me font peur ^^

Edit : grillé par plein de monde

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Celia
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Re: La faiblesse morale du héros

Message par Celia »

Booz a écrit :
Celia a écrit :L'exemple qui me vient à l'esprit tout de suite est Ned Stark.
Dis, tu peux le décrire un peu ce Ned, on n'a jamais été présentés lui et moi.
Oups, pardon. Je le fais de suite.
Ned Stark est un des héros du premier volume du Trône de Fer. C'est le seigneur du Nord. Il est présenté comme un homme bon et puissant, père de famille intègre. Lorsqu'il a participé au renversement de l'ancien roi, il aurait pu prendre le trône pour lui, il ne l'a pas fait. Lorsque le nouveau roi, son ami, lui demande d'être sa Main (son conseiller principal) il accepte, pas pour la gloire et le pouvoir, mais pas amitié et devoir (alors que c'est un poste à très hauts risques)
Spoiler: montrer
Il se retrouve catapulté à la Cour, dans un nid de serpents où tout le monde trahit tout le monde. Et il a l'honneur de croire, à la mort "accidentelle" du roi, qu'il peut faire arrêter la famille Lannister (dont la femme/veuve du roi) puisque ce sont eux les traitres, et que tout le monde va le suivre bien gentiment.
Dans une épopée banale, il réussirait ou serait soutenu. Là, non.
Il en perd même la tête (ce qui pour un gros personnage principal, sachant que les autres, au début du Trône de Fer, sont tous des enfants, à l'exception d'un nain, est assez culotté)
Je me suis faite grillée je viens de voir ^^
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Re: La faiblesse morale du héros

Message par takisys »

Celia a écrit :Est-ce qu'on peut également considérer que la faiblesse morale l'est selon le contexte de l'histoire ?
Je m'explique avec l'exemple d'un personnages qui n'a pas de faiblesse, mais qui, dans le contexte de l'histoire, est en position de faiblesse.
Dans notre monde de bisounours, une faiblesse morale serait, par exemple, l'égoïsme du héros ou la couardise d'un roi. C'est assez bateau et normal si l'on parle de mondes où le courage et le partage sont des valeurs mises en avant par l'écrasante majorité des gens.
Maintenant si je prends un monde où cela ne se passe pas comme ça, où les dés sont pipés et où les qualités deviennent des boulets qui vont limiter ton espérance de vie, ces qualités mêmes deviennent des faiblesses.
:love: excellent exemple

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Re: La faiblesse morale du héros

Message par Booz »

:merci: Nariel et Célia, je vois mieux ou tu veux en venir du coup.
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"La Voix" Baudelaire.

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Re: La faiblesse morale du héros

Message par Mariedelabas »

Autant j'ai bien aimé l'idée selon laquelle il est intéressant de situer une confrontation finale dans un lieu clos, tirée du même auteur, et qui a fait l'objet d'un fil que j'ai lu avec beaucoup d'intérêt, autant là, je ne suis pas convaincue par ce thême. Pour reprendre l'exemple de Alien,je ne vois pas de faiblesse morale à Ripley, par exemple. Elle a (et c'est normal) la trouille, mais cela ne la paralyse pas ; également vis-à-vis de ses collègues (tant qu'ils ne se sont pas fait croquer...), elle cherche plutôt à les rassembler pour se défendre ensemble, ce qui démontre plutôt une force morale de sa part.

Egalement, quelle serait la faiblesse morale de Sam dans le Seigneur des Anneaux ? Sa jalousie vis à vis de l'influence de Gollum sur Frodon, qui le fait les quitter juste avant l'épisode de Arachnée ? Cet 'abandon' aura pour conséquence la capture par Arachnée, puis par les orques de son ami Frodon. Là, ok, ça marche...
Mais alors, quelle serait la faiblesse morale de Gandalf ? :mage:

Cela peut constituer une petite recette sympa, mais pas le fondement d'une histoire, en tous les cas, pas tout le temps.

En tous les cas, merci à Paul de partager avec nous ses lectures ! :merci:

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Re: La faiblesse morale du héros

Message par Celia »

takisys a écrit :
Beorn a écrit :[

Et je comprends très bien qu'on puisse faire tout un roman sans la moindre faiblesse morale.
je ne disais surtout pas ça, mais qu'il ne faut pas non plus affubler un personnage de tares systématiques pour le rendre plus crédible et plus touchant etc... sinon la méthode risque de se retourner contre celui qui l'utilise.

Célia mentionne les personnages de son challenge en cour, je ne pense pas qu'elle ait suivit une recette pour les élaborer d'autant que leur histoire, leur genèse est ancienne...
Ca dépend.
Certes, je viens à peine de commencer le Truby, et oui, les personnages de mon challenge sont nés il y a longtemps (presque 10 ans)
Mais... Truby, du moins ce que j'en vois dans le résumé de Beorn, synthétise ce que j'ai fait instinctivement.
Au départ, Alexandre, mon héros, n'était qu'un héros dramatique, déchiré par l'envie de vengeance. Il était très carré en fait. Mais entretemps j'ai mûri, j'ai appris à construire des personnages en trois dimensions et j'ai appris à construire un récit d'interactions : ce qu'il se passe ici a une conséquence là.
Je n'ai pas suivi de recette, parce que les recettes, je les lis après avoir fait la cuisine ^o^
Mais le résultat est là : Alexandre est un être pétri de vengeance, mais il s'agit aussi d'un homme hyper violent et dont la psyche est complètement détruite. Et aussi, qui a un espoir, quelque part dans son subconscient.
Et ce résultat est le fait de mon expérience personnelle et de mon expérience d'auteur.
Mais lire et étudier des théories ou des essais me permet de mettre des mots sur ce que j'ai trouvé toute seule, ou, encore mieux, de compléter ce que je connais déjà :)
C'est pour ça que j'aime beaucoup lire ce genre d'ouvrage.
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tigrette
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Re: La faiblesse morale du héros

Message par tigrette »

Les faiblesses psychologiques et morales sont la clé du changement du personnage.
Je crois que ce que Truby essaye de dire, c'est que personne ne change vraiment, mais que si quand on crée un personnage on prend soin de le caractériser avec les failles qui font que ce changement qui n'en est plus un soit possible (il s'agit alors d'une évolution/révélation logique du personnage qui peut malgré tout être surprenante), ce personnage devient un vrai personnage.

Exemple, Walter White de Breaking Bad.
Au début de pilote, il est prof de physique dans un collège, il porte des chemises mal coupées et des lunettes de rat de bibliothèque et tout le monde lui marche dessus ou presque. À la fin du pilote, il est en passe de devenir un trafiquant de drogue.
L'évolution semble folle mais elle est parfaitement crédible, pourquoi ?
Parce que l'élément déclencheur (Walter apprend qu'il a un cancer) va révéler très vite les failles psychologiques et morales latentes chez lui, son orgueil démesuré, son désir de revanche, ses frustrations.
Modifié en dernier par tigrette le mar. avr. 17, 2012 5:53 pm, modifié 5 fois.

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