Merci pour le clin d'oeil Elikya
Il y a peut-être un sujet que j'aimerais voir abordé parce que j'ai l'espoir que ce puisse être une forme d'exorcisme, une réouverture sur un processus de création, mais mené à son terme.
Je vais essayer de justifier ma demande avec une courte biographie.
1978: j'ai 17 ans. Je viens d'achever ma 10 ou 12 ème nouvelle. Je m'apprête à en envoyer une ou deux à Fiction, la revue référence de l'époque que j'achète telle une bible chaque mois. Or dans un numéro de ce début d'année, Mr Alain Dorémieux, rédacteur en chef de la revue, publie un éditorial lapidaire où il conseille aux jeunes auteurs d'aller cultiver des pommes de terre plutôt que d'écrire parce qu'il y a plus d'avenir dans cette activité!!! Bon, ben j'envoie rien.
Ça y est, j'ai 21 ans. J'approche la centaine de nouvelles et miracle la convention nationale de sf se tient à Dijon, ma ville. J'y rencontre plein d'auteurs, certains pour lesquels les temps sont durs, d'autres plus heureux. Surtout j'y croise aussi des passionnés locaux qui éditent un fanzine. Une belle rencontre. La relation devient amicale et ils me demandent de leur soumettre un texte, ce que je m'empresse de faire. L'association est mise en faillite dans le mois qui suit et je n'aurai jamais de retour.
Je viens de dépasser les 200 nouvelles. Il y a également 3 ou 4 romans dont les bases sont bien avancées. L'un d'entre eux, en littérature générale, me permet d'obtenir le pass pour la finale du concourt de l'IDHEC (Institut des hautes études cinématographiques) avec une note de 19,5/20. J'exulte puis je déchante. Le concourt est "truqué" et ne vise qu'à fournir des bases de scénarios s'ils ne sont pas protégés. Le fils d'un gros producteur m'annonce dès le premier soir qu'il connait déjà la liste des élus. C'était vrais, j'ai pu le vérifier puisqu'il nous l'a communiquée et je n'en fait pas partie. Merci à mes amis qui m'ont permis d'anticiper, mon histoire m'appartient toujours.
Je n'ai plus envie d'écrire.
Malgré tout, comme la plupart des membres de cette mare, je ne peux exister sans cette créativité. Alors je prends des notes dans des carnets, plus d'autres carnets et encore des carnets supplémentaires.
Je vis maintenant à Morzine pour raison professionnelles. Hasard d'internet, je découvre un site suisse de rencontre irl entre auteurs et passionnés des littératures de l'imaginaire. J'y côtoie plusieurs auteurs qui publieront chez Bifrost, L'atalante (beaucoup) , une nouvelle, un roman et qui disparaissent ensuite. Pas ce dont j'ai envie, endosser le rôle d'étoile filante. Mais je leur dois surtout de merveilleux moments aux utopiales de Nantes où nous nous déplacions en délégation. Section vip.
2012 un concourt lancé pour un recueil de nouvelles pour les utopiales dirigé par JC dunyach et Jeanne A Debat trouve écho sur cocy. Je ne découvre l'AT que 48 heures avant l'échéance. 48k sec que j'adresse à une minute de l'échéance. Verdict de Mr Dunyach irl à Nantes. C'est un super syno pour un roman. Travaille!
J'ai mis 7 ans à avaler la pilule, convaincu que j'étais juste un bon lecteur.
J'ai perdu toute envie d'écriture même si ma créativité a encore quelques sursauts.
Mais je remercie Scipion, membre de la mare et candidat de ce concourt parce qu'il a résumé avec perfection mon état d'esprit:
...« à quoi bon passer autant de temps sur des textes qui terminent dans un pauvre dossier de mon ordi ?"
Bonnes chances à vous tous, je croise les palmes pour vous.
Il est toujours facile de plaider pour l'optimisme quand l'adversité frappe à côté de vous. Comme je pense avoir l'âge requis, je vais donc me faire l'avocat du diable. Du haut de mes cinquante balais, je viens de passer deux ans à faire le ménage dans plus de trente cinq ans de notes et d'extraits et de nouvelles et de romans. Au final, une boucherie!

. Parce qu'un certains nombres d'écrits étaient vraiment nuls, parce que certaines idées dans l'air du temps d'une période ont été exploitées depuis et que je n'avais rien de mieux ou même d'équivalent à proposer

, parce qu'une large proportion n'a pas rencontré l'étincelle qui l'habillerait de la note de talent ou d'originalité qui la rendrait attrayante.

(Une technique radicale de ménage, j'ai failli écrire de sélection naturelle, inspirée/copiée d'un article sur Catherine Dufour dans un Galaxies.

)
J'ai condamné sans regret plus de vingt romans, plus de deux cent nouvelles et quatre vingt dix pour cent des notes

. Paradoxalement, je suis riche

. Je n’avais pas de talent sinon j’aurais osé plus tôt, mais j’ai progressé dans tous les autres domaines

. Je n’avais pas la technique, mais j’ai toujours conservé l’envie

. Je ne sais pas si je serai jamais publié, mais je commence à me faire plaisir

. Je visite avec régularité les cent et quelques nouvelles qui ont résisté au massacre pour peaufiner encore un peu le style, (ce n’est pas toujours moi ou pas partout !

), j’avance sur des romans qui à présent s’avèrent au moins cohérents et j’ai enfin trouvé un lieu propice où apprendre, où partager. J’ai sans aucun doute progressé plus en trois ans à votre contact direct ou indirect que depuis que j’ai pensé écrire. Toutes nos idées ne sont pas géniales, et alors ! Certaines le sont ou le deviendront grâce à notre travail. Et comme en plus la passion nous pousse à progresser, un jour, un jour forcément…»
Merci Scipion. Je n'aurais pas eu à ce moment la capacité d'exprimer aussi bien mon ressenti.
J'ai donc passé les 7 années suivantes à reprendre comme il l'avait fait, tous mes écrits. Un tri sans concession, une réécriture systématique de ce que je trouvais exploitable, plus de 3500 textes

. Au final il reste 463 nouvelles ou base solides et une bonne vingtaine de romans. Me reste à attaquer les 5 derniers carnets. À mon sens, les plus aboutis puisque les plus récents. Une soixantaine de textes supplémentaires.
J'aimerais que tu te penches, que tu apportes ton regard sur cette idée de "je ne suis pas légitime", le fameux syndrome de l'usurpateur.
Une idée comme ça!

parce que je suis toujours dans le même doute!